dimanche 4 février 2018

Croissance : excellente conjoncture, mêmes mauvaises fondations

1,9%, après le 1,1% de 2016. L’an dernier, la croissance a accéléré. Mais derrière le discours superficiel sur le retour de la France que permettrait Emmanuel Macron, que penser de cette accélération de la croissance en 2017 : véritable amélioration structurelle ou simple passade ?


Derrière les statistiques

1,9% de croissance est un vrai progrès. Mieux, tous les moteurs semblent allumés : l’investissement accélère, avec une croissance de 3,7%, après 2,7% en 2016, plus que les dépenses de consommation des ménages, qui progressent de 1,3%. Mieux, même l’industrie manufacturière progresse de 2%. Bref, au premier abord, on pourrait presque penser que tout va bien dans le meilleur des mondes macroniens… Naturellement, cette interprétation est superficielle. D’abord, la croissance est très inégale, comme le montre l’envolée des profits du CAC40. Ensuite, elle repose aussi sur une bulle financière, certes moins excessive qu’outre-Atlantique, mais aussi réelle qu’inquiétante à terme.


Quelle meilleure preuve de cette bulle que la croissance de 2,4% des dépenses de construction, nourries par les taux très faibles et l’évolution consécutive des prix de l’immobilier. Mais ce genre de reprise disparaît en cas de tension sur les taux… En outre, beaucoup d’éléments tempèrent ces bons chiffres. D’abord, il ne faut pas oublier que, sur l’année, la hausse des stocks a boosté le PIB de 0,4 point. En clair, hors effets de stocks, nous ne sommes passés que de 1,2% à 1,5% de croissance en un an. Bref, nous sommes plus dans la continuité d’une situation guère satisfaisante dopée à des taux au plancher. D’ailleurs, le commerce extérieur a encore plombé notre croissance de 0,4 point

En clair, hors effets de stocks, et à même progression des importations que des exportations (ce qui devrait être un objectif en soi), la croissance tournerait plutôt autour de 2% depuis 2 ans, ce qui montre l’effet délétère du laisser-faire commercial suicidaire de nos dirigeants. Année après année depuis des décennies, ils laissent cette idéologie mortifère amputer toujours un peu plus notre richesse. Bien sûr, cela peut sembler dérisoire, mais l’effet cumulé depuis des décennies est colossal sur le marché du travail, accentuant toujours le déséquilibre en faveur des entreprises et abîmant notre tissu industriel, ce que les relatifs bons chiffres de 2017 ne doivent pas faire oublier, après le nouvel épisode Alstom.


Bien sûr, ce léger regain de croissance est préférable car quelques miettes pourraient parvenir à la majorité. Mais quelle ironie de voir à quel point la croissance de notre pays semble liée aux dépenses publiques, en hausse de 1,5%, les élections et la baisse des taux ayant desserré un peu la camisole européenne. Mais qui notera le rôle déterminant de l’Etat dans cette reprise ?

4 commentaires:

  1. L'inflation est surtout à nouveau en baisse avec une montée de l'euro vs dollars :
    https://lc.cx/MnrE

    à cause des politiques austéritaires salariales et publiques de l'UE qui impacte négativement l'ensemble de l'économie mondiale, dont la France profite lors des embellies grâce à son secteur touristique.

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  2. J'ai du mal à croire que la baisse des taux suffise à relancer les dépenses de construction, en tout cas la construction nette, déduction faite des dépenses de destruction.

    En effet le contexte réglementaire ne s'y prête pas. Quand les normes d'urbanisme malthusiennes (zones inconstructibles, vues imprenables, hauteurs limite de construction, densités maximales d'occupation des sols...) interdisent la résorption de la pénurie de logements, il faut d'abord démolir un logement pour avoir le droit d'en construire un autre.

    Certes dans ces conditions l'effort de construction devient vain, inutile et la tentation est grande de le décourager, mais cela conduit un peu vite à oublier qu'un effort de construction (nette) massif est nécessaire et urgent, et que ce serait un authentique investissement productif qui profiterait à l'ensemble de l'économie nationale.

    Ce serait aussi le seul moyen de dégonfler la bulle financière dans l'immobilier. Au fur et à mesure que la pénurie se résorbera on verra baisser les loyers et les cours de l'immobilier.

    Et non ce n'est pas le problème, c'est la solution !

    Ivan

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  3. A propos de la faillite de l'entreprise multinationale Carillion, qui comptait 43 000 employés :

    L'entreprise Carillion faisait certifier ses comptes par le cabinet d'audit KPMG. Pendant des années, KPMG a toujours certifié les comptes de l'entreprise Carillion !

    Dans le milieu des entreprises multinationales, tout est du mensonge, tout est du pipeau :
    - les bilans comptables sont faux et mensongers,
    - les cabinets d'audit le savent parfaitement, mais ils certifient quand même les comptes truqués,
    - tout ce petit monde passe sa vie à mentir,
    - comme d'habitude, les victimes sont les employés, qui perdent leur travail, et les retraités, qui voient le fonds de pension de l'entreprise Carillion faire faillite.

    Lundi 29 janvier 2018 :

    KPMG visé par une enquête du régulateur britannique.

    Le cabinet d'audit KPMG s'est occupé, entre 2014 et 2017, des comptes du géant du BTP Carillion, au coeur d'un vaste scandale financier.

    La pression était devenue trop forte. Pressé par Londres depuis des jours, le Financial Reporting Council (FRC), le régulateur britannique des cabinets d'audit, a annoncé ce lundi l'ouverture d'une enquête sur KPMG.

    Le FRC s'intéresse au rôle de KPMG dans le scandale de la faillite du groupe Carillion, que le cabinet d'audit a contrôlé pendant des années. Le géant du BTP a fait faillite le 15 janvier 2018, laissant potentiellement sur le carreau 43.000 employés, dont 20.000 Outre-Manche.

    Le régulateur va passer en revue l'examen des comptes de Carillion réalisé par KPMG entre 2014 et 2016 ainsi que sur une partie de 2017 en analysant en particulier la valeur des contrats et du fonds de retraite.

    A l'issue de l'enquête et s'il y a matière, le FRC peut infliger une pénalité financière ou porter l'affaire devant la justice. KPMG a de son côté indiqué vouloir coopérer pleinement avec le FRC et répète avoir agi avec Carillion de manière « appropriée et responsable ».

    L'annonce de cette enquête intervient alors qu'une commission parlementaire britannique accuse ce lundi le groupe d'avoir privilégié les dividendes sur le financement des retraites de ses salariés. Les rémunérations des dirigeants, jugées excessives, sont elles aussi pointées du doigt.

    Etranglé par une dette de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d'euros), Carillion avait vu sa situation financière se dégrader brutalement ces derniers mois. L'administrateur du fonds de pension de Carillion a annoncé lundi que pourrait subsister un déficit d'environ 990 millions de livres (1,12 milliard d'euros).

    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0301220347783-kpmg-vise-par-une-enquete-du-regulateur-britannique-2148954.php

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  4. Les chiffres de la croissance ont toujours été sans aucun intérêts ! Cela ne sert qu'à mesurer combien le dieu du sacro-saint marché , le veau d'or à reçu comme offrandes. Rien à voir avec les besoins réels de la population.

    Scandale du jour , Amazone , qui ne payant ses impôts devrais être très durement sanctionné , vient de négocier un accort sur ses arriérés d’impôts avec Bercy pour un montent secret !

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