vendredi 27 juillet 2018

Protectionnisme, discrimination : les fausses nouvelles du service public

Le service public médiatique devrait être un modèle de rigueur intellectuelle, mais aussi d’ouverture. Malheureusement, la théorie est souvent battue en brèche par une attitude extraordinairement dogmatique de défense des idées oligo-libérales, jusqu’à nier la réalité. Nouveaux exemples avec les annonces protectionnistes de Donald Trump ou de ses mesures contre la discrimination positive.


Caricatures et préjugés oligo-libéraux

Premier exemple sur France Inter, où les journalistes se font les porte-paroles des marchés et de leurs intérêts au sujet des annonces protectionnistes du président étasunien, qui fait du bruit et dont les mesures restent bien plus timides que ses mots. Voilà donc un journaliste qui affirme que « le protectionnisme des années 1930 a provoqué la grande dépression » : déjà, aurait-il échappé au journaliste que le déclencheur de la grande dépression a été le krach financier et que ce qui a transformé la crise en grande dépression a été la politique austéritaire. Le protectionnisme n’a été qu’une conséquence de la crise, et non la cause, une conséquence souhaitable qui plus est pour Keynes

C’est ce qu’expliquent des économistes renommés, comme James Galbraith, qui a publié un livre éclairant sur la grande dépression, ou des « prix Nobel d’économie » comme Maurice Allais ou Paul Krugman. Bref, il est totalement effarant que, parce que Donald Trump fait des déclarations protectionnistes fracassantes, qui n’ont toujours pas été suivies sérieusement des faits, le service public médiatique se lève comme un seul homme pour défendre l’agenda du grand patronat, au point parfois d’en faire un chemin vers la guerre, une lecture ridicule des évènements de l’entre deux guerre mondiales. Un nouvel exemple du fait que le mauvais avocat d’une bonne idée peut profondément l’affaiblir…

Autre exemple criant : Donald Trump a pris position contre la discrimination positive et annoncé que la couleur de peau ne sera plus un critère d’admission dans les universités. En effet, à Harvard, pour rééquilibrer les résultats, les Asiatiques partent avec un handicap de 140 points, les Hispaniques un bonus de 130 points et les Afro-Américains un bonus de 310 points. Pour une fois, les républicains hexogonaux sincères devraient soutenir une telle décision, conforme à notre modèle de société. Difficile de ne pas y voir une forme de racisme institutionnel, une telle règle gravant de facto dans le marbre une forme de supériorité intellectuelle des Asiatiques et d’infériorité des Afro-Américains.



Bien sûr, le dit service public mérite une condamnation ferme pour ce traitement aussi partiel que partial de l’information, qui en dit long sur le conformisme, l’intolérance et le manque de réflexion de journalistes pourtant mieux protégés que les autres par la révolution numérique. Mais cela montre aussi les limites qu’il y a à avoir un mauvais messager pour de bons messages…

10 commentaires:

  1. Le protectionnisme de Trump sur le métal est en train de faire plonger l'industrie auto US, donc ses salariés, à part ça... Herblay, le protectiolâtre persiste la tête dans le guidon à raconter ses salades fanées.

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    1. En voilà un qui a regardé le journal de 20 h à la TV !

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    2. Toi, tu ne dois regarder que la TV pour raconter de telles idioties.

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    3. La lucidité dérange et vexe le crétin !

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    4. Keynes : http://www.gaullistelibre.com/2018/06/du-protectionnisme-des-reactions-des.html

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    5. Troll du 27 juillet à 08:23

      Épargnez-nous votre pseudo-expertise. On sait depuis longtemps que l'année 2018 risque d'être décevante pour le secteur automobile américain, pour des causes qui sont sans aucun rapport avec le protectionnisme. Le fait est tout simplement que le marché automobile actuel est saturé, après les résultats exceptionnels de 2015, 2016 et 2017. Parallèlement, les analystes constatent que de nouvelles habitudes de consommation se mettent en place, comme l'autopartage ou la location de longue durée, qui devraient avoir un impact à long terme sur les ventes : https://www.lesechos.fr/10/01/2018/lesechos.fr/0301119853662_l-industrie-automobile-en-butte-a-une-saturation-du-marche-americain.htm

      YPB

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  2. Les Danois s'apprêtent à prendre des mesures "non républicaines" :

    https://francais.rt.com/international/52958-immigration-mesures-choc-danemark-lutter-contre-guettos-ethniques
    "Une des mesures phares du plan consiste en l’obligation pour les étrangers d’inscrire leurs enfants à la crèche dès l'âge d'un an, afin qu’ils apprennent la langue et les valeurs danoises, alors que les enfants des Danois eux-mêmes n’y seront pas contraints. Une assimilation au forceps, dont l'esprit se retrouve également dans des cours obligatoires ou des tests pour vérifier le niveau de langue. Les absences à l'école ou aux examens pourront être sanctionnées par des baisses d'allocation parentale.

    Les parents ne seront pas autorisés à envoyer leur enfant dans leur pays d’origine pour les détourner de l’éducation danoise ou les marier. Les contrevenants s’exposeront à une peine de quatre ans de prison."


    Ont-ils raison, ont-ils tort ?

    En tout cas, dans quelques années, cela ne servira plus à rien de se poser la question en France, car il n'y aura plus de majorité politique possible pour appliquer une politique plus ferme.

    L'horloge tourne...

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    1. Bonjour,

      Le post que vous avez posé sur le Danemark n'est pas une nouveauté en matière d'immigration au Danemark ! Je m'explique ! Le Danemark exerce une politique d'immigration que d'aucuns considère stricte. En fait les Danoises et les Danois appliquent les textes internationaux sur les réfugiés politiques, de guerre, les demandeurs d'asile etc...à la lettre. Ils mettent à mal les textes européens concernant les autres ressortissants des autres Etats Membres en appliquant des textes de lois nationaux imposant des règles quant au séjour de ces ressortissants au Danemark sans pour autant être hors la loi vis-à-vis de l'UE (et c'est ce qui ne plaît pas à Bruxelles). A cela s'ajoute l'alternance politique c'est à dire quand la droite est au pouvoir, elle n'hésite pas à suspendre les accords de Schengen et d'appliquer avec une certaine rigueur la libre circulation des personnes. Quand la gauche revient on se détend dans les bonnes proportions. Expérience personnelle maintenant : il y a 7 ans j'ai passé un master I puis je suis parti un an travailler en Suisse. Aucun problème pour m'installer là-bas, pour bosser etc... Je suis revenu en France et hop ! j'ai repris le chemin de la fac' à l'étranger. Je suis parti un an au Portugal pour passer un master II (bon...pas de gros problèmes mes parents viennent de là-bas). Je suis revenu en France et le marché du travail pas génial. Fort de mes expérience suisse et portugaise (sans compter les 2 mois de stage l'été après ma licence en Hollande....) je me dis que l'étranger reste un bon plan. Une société de transport maritime-logistique et de déclarant en douane anglaise cherche du monde. Je passe les entretiens et je suis pris. On m'explique qu'en fait la société est anglo-danoise et que je ne suis pas recruté pour aller bosser en Angleterre comme je le pensais mais pour aller au Danemark à Copenhague. Va pour le Danemark ! et là surprise ! tous les papiers, les justificatifs qu'on m'a demandé pour m'installer là-bas. On ne m'avait pas demandé autant de choses pour la Suisse quant au Portugal que dalle ! Là....heureusement que la société qui m'a recrutée m'a aidé car sinon je n'entrais pas au Danemark ! Je suis français de parents portugais (on ne peut pas faire plus UE à la maison). Et c'est parce que j'avais un contrat avec une société anglo-danoise à la clef que je suis entré dans le pays. Une fois là-bas : cours de danois obligatoires payés par mon employeurs, l'accès à certains services publics pas prioritaires etc...et cela ne choque pas les Danoises et Danois. Et les Danoises et Danois ne sont pas d'horribles fachos ou autres tordus de la droite ultra extrême. J'ai même été très surpris de voir que le Danemark accueille un nombre toujours plus croissant de réfugiés politiques, de guerre etc...que c'est un pays qui attire les étudiants européens fortement etc...La société est beaucoup plus libérale qu'en France par exemple etc...Le centre de la question : le contrôle de leurs flux et le maintien de l'harmonie et du consensus danois. Après le Danemark j'ai été effectivement envoyé en Angleterre. Et le transfert c'est fait sans souci car tout était géré par ma société. Aujourd'hui, après le vote du Brexit, je ne me sens pas menacé d'expulsion ou je ne sais pas d'autres maux promis par l'Angleterre vis-à-vis des ressortissants européens. Rien...que dalle ! Et l'inverse est vrai aussi. Certains de mes collègues ont envoyé leurs enfants en France, Belgique, Luxembourg ou Allemagne pour les études ou des stages longue durée. Pas de représailles !

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    2. Oui, c'est bien ce que je voulais dire.

      Le Danemark exerce une politique migratoire plus ferme, et la France aurait intérêt à en faire autant (de manière adaptée à ses caractéristiques) quoi qu'en disent ceux qui répondent de manière réflexe (et bien peu réfléchie) que ce ne serait pas "républicain".

      L'auteur du billet, un seguiniste qui se prend pour un gaulliste, a tendance à tomber dans cette ornière, et il faut donc l'aider à en sortir, pour son propre bien.

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  3. Herblay,

    Vous invoquez, une fois de plus, de supposés principes républicains.

    Un point d'histoire : dans tout l'entre-deux guerre, une partie des hommes politiques souhaitaient renforcer le rôle du chef de l'Etat, mais la majorité des autres s'y opposait au nom des "principes républicains".

    Ainsi, dans Vichy capitale, cet extrait de l'historienne Michèle Cointet :

    "André Tardieu, un des plus efficaces des chefs de gouvernement de la République, avait quitté, écoeuré, la direction de la vie parlementaire pour promouvoir l'idée d'une réforme des institutions. Il se mourait dans un asile, volontairement oublié de tous. Gaston Doumergue avait consenti à sauver une république que Daladier était impuissant à préserver de la vague antiparlementaire du 6 février 1934. Il promettait une réforme d'un Etat indifférent aux malheurs des ouvriers et des classes moyennes, en proie à la grande crise économique et incapable de faire face aux menaces contre la paix du chancelier Hitler. Les milieux politiques l'avaient empêché au nom des immortels principes et des règles fixées à Bordeaux, soixante ans plus tôt, de renforcer le pouvoir exécutif, et l'avaient renvoyé, sous les accusations d'Edouard Herriot et Pierre-Etienne Flandin coalisés, à sa retraite de Tournefeuille."

    Comme vous le savez, c'est finalement DG qui renforcera le rôle du chef de l'Etat puis son élection au suffrage direct, avec une forte opposition des politiciens professionnels qui lui opposaient les "principes républicains".

    Pourriez-vous donc nous expliquer quels sont les bons principes républicains qu'il faut conserver, et les mauvais principes républicains qu'il faut faire évoluer ??

    Alternativement, certains de ces usages comme la promotion au mérite sont clairement menacés à l'heure actuelle, sous l'effet de l'évolution de la population électorale. N'y voyez-vous pas une nouvelle contradiction dans votre argumentation ? (souhaitez-vous garder l'absence de discrimination positive, ou le fait de ne pas mener une politique migratoire différenciée...? Vous ne pourrez manifestement pas avoir les deux).

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