lundi 27 mars 2023

Macron et les retraites (3/3) : l’engrenage mortifère de la violence

La semaine dernière avait comme un goût de Gilets Jaunes, avec le très fort rebond de la mobilisation contre la réforme des retraites, pourtant adoptée temporairement avec l’article 49-3. Trois violences se font front : la violence sociale d’un exécutif arrogant et sourd aux revendications, la violence destructrice de casseurs bien organisés, et la violence excessive d’une partie des forces de l’ordre.

 


Vers l’embrasement ?

 

Bien sûr, la fonction du maintien de l’ordre est difficile, la reconnaissance et la considération par la société ne sont probablement pas à la hauteur, avec des amalgames injustes. Certains risquent leur vie pour leur métier face à des délinquants au comportement flirtant avec la criminalité. Et une immense majorité des forces de l’ordre se comporte de manière pleinement républicaine, y compris dans des circonstances extrêmement difficiles, comme cela a pu être le cas la semaine dernière. Dans le moment actuel, il est critique de ne pas réduire le comportement des forces de l’ordre aux monstrueux dérapages de quelques individus, qui ne sont pas représentatifs de la grande majorité. En revanche, se pose quand même la question des BRAV-M mis en place lors des Gilets Jaunes, où la proportion de dérapages semble malheureusement être un peu trop élevée pour ne pas refléter d’une manière la doctrine venue du haut.

 

Nous sommes quand même dans une situation où Emmanuel Todd a fini par reconnaître la bonne gestion des forces de l’ordre par Nicolas Sarkozy lors des émeutes de banlieue de 2005 par rapport à la gestion des manifestations des Gilets Jaunes par Emmanuel Macron, Gérald Darmanin et Didier Lallement. La gestion de l’ordre public par l’exécutif ne cesse d’attirer les critiques d’observateurs comme Amnesty International ou Reporters Sans Frontière, qui a dénoncé les violences commises contre des journalistes. Une tolérance à l’égard de violences commises par certains éléments des forces de l’ordre semble avoir été institutionnalisée, de l’IGPN au Ministère de la justice, en passant par certains médias au parti-pris marqué. Trop de gestes violents, arbitraires et sans la moindre justification semblent avoir été commis par des membres de force de l’ordre dans les derniers jours, même dans un contexte difficile.

 

Bien sûr, les forces de l’ordre affrontent aussi des individus aux comportement quasi-criminels, mais certaines « réponses » ne semblent adressées qu’à de simples passants, et non aux personnes vraiment dangereuses. Et cela pourrait nourrir un cercle vicieux en radicalisant des personnes pleinement respectueuses des autres, tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre. Et ici, difficile de ne pas se demander si l’exécutif ne joue pas le jeu du pourrissement en espérant en tirer profit. En effet, la violence peut doublement jouer en faveur de Macron : disqualifier l’opposition venue de la gauche, et provoquer un réflexe légitimiste d’une partie de l’électorat, notamment les personnes âgées et les classes supérieures. C’est un peu ce qui s’était passé lors des Gilets Jaunes, même si la popularité de Macron avait aussi sombré. Enfin, cela permet d’assimiler abusivement les opposants aux personnes violentes, tout en dissuadant les Français de manifester puisque cela devient dangereux et interdit toute participation familiale.

 

Mais 2023 n’est pas 2019 et le réflexe légitimiste semble se réduire à peau de chagrin. La crispation qui s’est créé dans notre pays pourrait aussi renforcer la mobilisation contre la réforme des retraites, par tous les moyens possibles, jusqu’à son retrait. Et face à la violence sociale, et parfois policière du pouvoir, on peut se demander si cela ne pourrait pas mener à un véritable embrasement.

11 commentaires:

  1. Le silence est total sur le problème de fonds qui explique le recours à la police de manière excessive ,c'est le fait que nous ne gouvernons plus rien, toutes les décisions sont prises ailleurs...D'accord Macron est complice de cette situation,mais que ferait l"européen Mélenchon" voire Roussel de la libre circulation des capitaux....Si on va au fond des choses ceux qui donnent les ordres sont totalement hors de France...C'est un peu comme pour l'Ukrazine ;qui commande notre Attitude????

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  2. À Charleville-Mézières, comme certainement ailleurs, depuis 2 semaines, la flicaille gaze gratuitement à chaque fin de manifestation.
    Leur nombre est sidérant. Ils font quoi, le reste de l'année, quand il n'y a pas de manifs ?

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  3. Bla bla bla, tout le problème vient de la V ème république que vous défendez bec et ongles par amour freudien du Général de Gaulle. Cette V ème est une source perpétuelle d'emmerdements. Lisez Guillaume Duval sur sa page FB, il regarde un peu plus loin que le bout de son nez.
    "Pourquoi la 5ème République est un facteur majeur d'instabilité
    Les défenseurs de la 5eme République mettent généralement en avant le fait que ce régime garantit au moins la stabilité politique. Mais en réalité c'est exactement l'inverse : du fait de son caractère fort peu démocratique, il aggrave l'instabilité sociale et politique empêchant ainsi la mise en oeuvre des politiques publiques structurelles, stables dans la longue durée, qui seraient indispensable pour mener la transition écologique, corriger les déséquilibres territoriaux ou encore reindustrialiser le pays...
    En effet, la caractéristique centrale, essentielle de la 5ème République c'est qu'en combinant l'élection présidentielle et les élections législatives au scrutin majoritaire à deux tours, elle permet à quelqu'un qui a reçu en règle générale le soutien de moins de 20 % des électeurs inscrits sur sa personne et son projet au premier tour de disposer de tous les pouvoirs pendant 5 ans, avec en plus un arsenal institutionnel formidable pour squeezer le débat parlementaire s'il le souhaite.
    Sans surprise, le fait que le pouvoir ne représente jamais les préoccupations de 80 % de la population et que les politiques menées ne correspondent à celles souhaitées que par 20 % du corps électoral donne de (très) mauvais résultats.
    D'abord les mesures en question sont très souvent et logiquement fortement contestées. Et comme elles ne peuvent pas rééllement être corrigées au Parlement, elles le sont dans la rue. Ce qui donne ce spectacle immanquablement récurrent qui étonne tous nos voisins et contribue à affaiblir l'image de notre pays. Elles détournent en particulier les investisseurs étrangers alors que ces mesures impopulaires sont souvent théoriquement conçues pour les attirer.
    Ensuite comme le pouvoir a mené pendant cinq ans une politique impopulaire soutenue seulement par 20% de la population, il est en général battu à l'élection suivante (Emmanuel Macron a fait exception cette fois mais du coup il a été privé de majorité au parlement). Et le nouveau pouvoir, lui même très minoritaire, passe les 5 années suivantes à défaire ce que le précédent avait fait.
    Ce qui donne des politiques publiques cahotiques, sans aucun suivi dans tous les domaines essentiels où au contraire stabilité et continuité seraient absolument cruciaux : organisation territoriale, droits sociaux, enseignement et recherche, transition écologique... Comme chacun sait que la loi qui vient d'être votée aura très vraisemblablement une durée de vie inférieure à 5 ans personne n'en tient réellement compte pour agir et le pays est à l'arrêt sur tous les dossiers essentiels pour son avenir...
    Sur ce plan là le bilan de la 5ème République est en réalité bien pire que celui de la 4ème République. Pendant celle-ci en effet, les gouvernements tombaient certes tous les 6 mois mais en réalité les politiques publiques, fondées par nécessité sur un consensus politique assez large, ne changeaient pas. Et durant tout l'immédiat après-guerre le pays avait connu grâce à cette stabilité dans la durée un redressement économique remarquable qui contraste avec la stagnation qui prévaut depuis un demi-siècle."

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  4. Laurent Herblay29 mars 2023 à 20:17

    @ Anonyme

    C’est juste que trop de décisions nous échappent, mais malheureusement, pour beaucoup, nos dirigeaants actuels prendraient les mêmes que celles qui sont prises ailleurs… Bien d’accord sur les contradictions de la NUPES. C’est pour cela que je défends le Frexit depuis longtemps, pour reprendre notre capacité de décider de notre destin.

    @ Rodolphe

    Les témoignages, ou vidéos (avec les limites qu’elles peuvent avoir) de violence gratuite sont affligeants

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  5. Laurent Herblay29 mars 2023 à 20:23

    @ Anonyme du jour

    5ème République facteur d’instabilité ? C’est plutôt la 4ème qui l’était. Dire que c’est la 5ème République qui est responsable du manque de politiques pour assurer la transition écologique, c’est totalement ridicule. C’est le cadre économique actuel, et notamment l’UE qui pose problème. Dans l’UE, la transition écologique est considérablement ralentie du fait de la libre-circulation des biens et des capitaux qu’elle instaure et de son biais en faveur des intérêts des multinationales.

    Ce n’est pas la 5ème République qui a mené un homme pesant 25% des voix au premier tour au pouvoir. C’est aussi le cas chez nos voisins (Allemagne, Italie). Et ces pays ne fonctionnent pas mieux avec des institutions très différentes de la nôtre. Le problème, ce ne sont pas les institutions, mais le cadre économique de l’UE, et cela Guillaume Duval refuse sans doute de le voir…

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    1. En fait, vous n'avez pas lu l'article de Duval, vous êtes bloqué sur votre haine de l'UE et votre amour du protectionnisme, vous êtes ridicule comme une vieille bigote grenouille de bénitier.

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    2. Ah la stabilité de la V ème, c'est sans arrêt des manifs depuis Mai 68, les années 70, 80, 90, 2000, 2010... Y a pas un truc qui cloche, vous avez la mémoire d'un poisson rouge ou bien ?

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  6. Laurent Herblay1 avril 2023 à 10:26

    @ Anonyme

    J’ai bien lu le papier mais le raisonnement ne tient pas : des régimes complètement différents dans d’autres pays produisent les mêmes résultats, ce qui montre que le problème vient d’ailleurs, de notre cadre économique, largement gravé dans le marbre des traités européens, avec le soutien du PS, LREM et LR…

    Et le nombre de président du conseil de la 4ème République, cela vous dit quelque chose monsieur le poisson rouge ?

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  7. "Et le nombre de président du conseil de la 4ème République, cela vous dit quelque chose monsieur le poisson rouge ?" On s'en fout, il y a une continuité des politiques menées.

    "des régimes complètement différents dans d’autres pays produisent les mêmes résultats". Quels pays ?

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  8. Laurent Herblay9 avril 2023 à 18:22

    Comme s'il n'y avait pas de continuité sous la Cinquième République, depuis des décennies... Tous nos voisins européens produisent des résultats assez proches, avec des nuances, et avec des régimes différents

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