samedi 18 octobre 2025

Remettre à sa place la suspension de la réforme des retraites

Le PS avait été clair sur ses exigences. Sébastien Lecornu les a satisfaites, et il a pu échapper à la censure. Ce faisant, certains affirment, un peu vite, que les socialistes et leurs idées seraient au pouvoir. Pourtant, même si le geste politique est fort, la suspension de la réforme des retraites est finalement relativement anecdotique en terme économique pour les deux prochaines années.

 


Les oligarchistes, de France Inter à Europe 1, en PLS

 

Cette semaine, les éditorialistes oligarchistes n’ont reculé devant aucune outrance pour dénoncer la mesure. Olivier Babeau, le co-disciple oligarchiste d’Agnès Verdier-Molinié sur Europe 1 soutient que « la France a congédié l’avenir », parlant de « désastre économique (…) d’ouverture de la boîte de Pandore ». Il conclut en dénonçant un débat économique si biaisé par la démagogie que les Français ne pourraient pas faire un choix éclairé et raisonnable en 2027… Problème, si le débat économique est biaisé en France, c’est en faveur des idées que défend Olivier Babeau, qui sont très proches de celles, de Dominique Seux, sur France Inter, qui parle d’un « résultat d’une médiocrité sans nom », et dénonce notre place de « cancre de la zone euro pour (notre) niveau de déficit public » et le « cadeau aux boomers ».

 

Et son collègue Patrick Cohen, en rajoute dans son éditorial politique du même jour, en dénonçant la « surenchère démagogique (des) oppositions minoritaires » et vante « le courage de la seule grande réforme structurelle des années Macron ». Il est frappant de constater l’alignement idéologique des éditorialistes des média Bolloré avec ceux du pseudo service public, alors même qu’une majorité des Français s’opposent à la pensée médiatique ultra dominante. Pourtant, cet accord politique était malgré tout assez logique. Les macronistes ne peuvent pas gouverner avec LR en ignorant le PS, car cela pousse logiquement le PS à la censure. La seule majorité possible dans l’Assemblée issue de la dissolution, est celle qui va des dits socialistes aux dits républicains. Aucun autre schéma n’est viable.

 

Et cela n’est pas illogique quand on observe que la politique de l’offre a été une première fois théorisée et appliquée suite à la Commission Attali, dont Macron faisait partie, sous Sarkozy. Puis Hollande l’a accentuée, tout comme Macron après 2017. Il y a une grande proximité du PS à LR dans les choix qui sont faits une fois au pouvoir. En outre, la suspension de la réforme des retraites, si c’est un geste fort sur la forme, l’est moins sur le fond. Cette suspension ne coûtera pas plus de 500 millions en 2026, une goutte d’eau par rapport aux choix budgétaires présentés pour le budget de cette année. La force du symbole est inversement proportionnel à son impact budgétaire, et ceux qui crient au loup un peu vite en disent long sur la rigueur de leur discours et de leur raisonnement, que ce soit de France Inter à Europe 1.

 

Bien sûr, certains soulignent que le coût sera d’au moins 1,8 milliards en 2027. Mais c’est le seul engagement qui a été pris par le Premier ministre. Et surtout, il faut savoir que le gel des pensions de retraites en 2026 va rapporter 3,6 milliards par an dès l’an prochain, 7 fois plus que le coût de la suspension en 2026 ! La sous-indexation des pensions va rapporter bien plus que la suspension de la réforme : 3,8 milliards en 2027, 4,9 en 2028 et 6,1 en 2029, près de 20 en tout ! Bref, en réalité, ce sont les retraités actuels qui financent la suspension de la réforme des retraites, et pas les actifs ou les jeunes, d’autant plus que le budget comporte aussi une fin de l’abattement de 10% pour les retraités dont les pensions sont les plus élevés. D’un point de vue purement comptable, ce qu’a annoncé Sébastien Lecornu, c’est une nouvelle mise à contribution des retraités malgré la suspension temporaire de la réforme des retraites.

 

Ce faisant, cette annonce est assez superficielle, ce qui en dit long sur les lignes rouges du PS, qui ne remettaient pas vraiment en cause la ligne directrice du macronisme. Le PS voulait un symbole fort, sans même se soucier véritablement de l’importance de l’impact réel sur la vie des Français. Cette suspension, au coût économique limité pour la fin de mandat de Macron, ne vaut que pour son prix politique, cher pour Macron, comme pour le PS, qui peut, en son nom, ne pas censurer un Premier ministre issu de LR… Bien sûr, certains y voient l’ouverture de la boîte de Pandore, mais c’est seulement de la démocratie : les décisions peuvent être prises sous un mandat, puis infirmées sous un autre mandat. C’est la règle du jeu d’une vraie démocratie. Ceux qui s’en effraient sont-ils seulement de vrais démocrates ?

 

Sur le fond, la suspension est plutôt positive, même s’il ne faut pas surestimer ses effets, notamment avec les 43 ans de cotisations nécessaires pour toucher une retraite pleine. En outre, les retraités sont encore mis à contribution et financeront bien plus que la totalité des effets de ce report. L’hystérie provoquée chez les oligarchistes, et le fait que l’immense majorité des médias abondent dans leur sens en dit long sur ce qui ne va pas dans notre paysage médiatique.

1 commentaire:

  1. Décidément, les français sont vraiment paresseux : travailler pas plus que 35 heures par semaine et partir en retraite le plus rapidement possible! Avec cette attitude, ce n’est pas surprenant que le pays aille mal et soit de plus en plus endetté!

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