samedi 8 novembre 2025

La bulle Tesla, toujours plus extravagante

1000 milliards de rémunération variable dans 10 ans si Tesla atteint un certain nombre d’objectifs : c’est ce que le conseil d’administration de l’entreprise a accordé à son PDG Elon Musk, malgré l’opposition de quelques actionnaires, après un plan précédent déjà extravagant. La bulle boursière autour du titre a repris, malgré les mauvais résultats enregistrés depuis 2024. Jusqu’à quand ?

 


Des marchés financiers en roue libre

 

Près de 300 fois les profits réalisés depuis un an ! L’action Tesla s’échange aujourd’hui à un niveau totalement délirant. Par comparaison, Nvidia, première capitalisation boursière, s’échange à 50 fois ses bénéfices… Et cette entreprise a affiché sur le dernier trimestre un chiffre d’affaires de 46,7 milliards, en hausse de 56% en un an, et des profits de 26,4 milliards, en hausse de 59%. Tesla, a affiché une croissance de 12% pour son dernier trimestre (en progrès après les reculs des précédents), à 28,1 milliards, et des profits de 1,4 milliards, en recul de 37%. Bref, Tesla réalise près de 20 fois moins de profits que Nvidia, profits en baisse depuis deux ans, alors que ceux de Nvidia ne cessent de progresser. Qui plus est, Nvidia a une avance technologique bien plus grande sur ses rivaux que ce que Tesla peut avoir.

 

La valorisation des GAFAM varie entre 25 et 35 fois leurs bénéfices annuels, 10 fois moins que Tesla… Pourtant, tant Nvidia que les GAFAM affichent une croissance plus forte, une rentabilité bien plus importante, et en croissance, ainsi que des positions compétitives pas moins fortes que celle de Tesla. Bien sûr, les fans de l’entreprise pourront objecter que le troisième trimestre a permis de renouer avec la croissance, au point d’atteindre un chiffre d’affaires record. Mais ce rebond a été permis par la fin d’une aide publique pour les véhicules électriques aux États-Unis, le marché où Tesla a les plus fortes positions. Autant dire que les résultats du quatrième trimestre devraient repartir à la baisse. Enfin, malgré des ventes records, Tesla n’est pas parvenu à inverser la tendance sur ces profits, en fort recul. Depuis fin 2023, le résultat net de Tesla a été divisé par 3, passant de 15 à 5 milliards sur les 12 derniers mois

 


Un résultat d’autant plus marquant que les ventes liées à l’énergie et aux services ont progressé fortement au troisième trimestre. Mais la marge, certes en progrès par rapport au reste de l’année, reste inférieure à son niveau il y a un an, et atteint seulement 18%. A contrario, les dépenses opérationnelles ont progressé de 50% en un an, ce qui explique le nouveau recul des profits, qui se situent à moins de 5% des revenus, un niveau pas spécialement compétitif dans l’automobile. Bref, les comptes de Tesla au troisième trimestre sont ceux d’un constructeur automobile qui a bien vendu, mais qui ne semble pas avoir retrouvé une croissance durable, et dont les profits, autrefois élevés, continuent de plonger. Qui plus est, la concurrence continue à se renforcer sur les voitures électriques, et sa part de marché recule

 


Bien sûr, il y a le pari de l’IA et des robots, mais pour atteindre les objectifs fixés pour sa rémunération délirante de 1000 milliards, il faudrait vendre beaucoup plus de voitures. Mais le dernier lancement, le Cybertruck, pourtant fait pour le marché états-unien, est un fiasco complet, et le restyalge des Model 3 et Y n’a que légèrement relancé leur vente, posant la question de la suite. Le rebond de l’action depuis quelques mois est totalement délirant et ne repose que sur une bulle extravagante. Il est assez incroyable de voir des personnes encore soutenir que l’action Tesla aurait encore un potentiel de hausse aujourd’hui, alors que sa capitalisation boursière équivaut à près de 300 fois ses profits, un niveau en décalage complet avec sa performance économique depuis près de 2 ans. Plus dure sera la chute…

 

Historiquement, l’excès est le propre de toutes les bulles et il est souvent impossible de faire entendre raison à ceux qui y cèdent. La majorité des actionnaires de Tesla semblent atteints d’un hubris délirant, ou du syndrome du prisonnier, pour avoir voté le plan à 1000 milliards pour Elon Musk. L’histoire ne sera pas tendre avec cet épisode qui finira par rejoindre la longue liste des bulles du capitalisme…

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