mardi 18 septembre 2012

Violences à l’école : le calvaire des professeurs


La semaine dernière, deux enseignants ont été gravement aggressés par des élèves à Bordeaux et près de Poitiers. Comme d’habitude, les politiques réagissent avec compassion mais aucune mesure concrète ne semble vouloir être mise en place pour mettre fin à cette chienlit.

Des professeurs abandonnés

Comme le rapporte la Dépêche, mercredi dernier, c’est une enseignante de la Vienne qui a été agressée, en pleine classe, par une mère de famille qui n’était pas contente d’une remarque faite à son enfant. Il y a quelques décennies, quand un professeur faisait une remarque à un élève sur son bulletin ou ses copies, les parents demandaient des comptes à leur progéniture. Maintenant, malgré un sérieux relâchement de la notation, ce sont les professeurs qui sont mis en cause !

L’aggression de Bordeaux a été extrêmement violente puisqu’un élève de 18 ans, qui avait contesté la présentation du système politique du Maroc, dont il est originaire, a littéralement passé à tabac son professeur après avoir été convoqué par le principal. Si le papier de la Dépêche dénonce clairement la violence de cette agression, d’autres comptes-rendus laissent songeur. La Nouvelle République affirme que « l’élève aurait voulu approfondir le débat, l’enseignant aurait refusé et sa colère aurait été provoquée par le fait que le professeur a menacé de prévenir son père ».

Certes, il n’y a pas justification de l’aggression mais la mise en perspective n’en est pas loin… Le Parisien rapporte les propos du professeur agressé, qui évoque « un raidissement momentané de son élève, en proie à des difficultés familiales et personnelles. Il ne m’a pas cassé la gueule, mais il m’a brisé le cœur ». C’est à peine s’il n’excuse son agresseur pour son geste pourtant totalement inadmissible. Cette tolérance et ce relativisme à l’égard de la violence des jeunes sont proprement stupéfiants.

Que faire ?

Car comment apprendre à la jeunesse à distinguer le bien du mal si on commence à excuser ou même sembler excuser l’inexcusable ? Bien sûr, il ne s’agit pas d’enfermer tous les jeunes délinquants, mais il est proprement incroyable que soit présenté de la sorte de tels incidents. Il est effarant que plus de la moitié des enseignants en soient réduits à souscrire une assurance pour bénéficier d’une protection juridique et de garanties d’assurances corporelles.

Bref, devant la démission de l’Etat, les professeurs peuvent compter… sur la MAIF. Quelle tristesse ! Il est plus que temps de mener une vraie réflexion sur les moyens de remettre de l’ordre à l’école. Il faut redonner l’autorité aux professeurs en abrogeant la circulaire Lang. Il faut instaurer une impunité zéro contre les plus petites incivilités, qui mènent à des actes plus graves (avec des sanctions appropriées) et éloigner les cas les plus dangereux des établissements classiques.

Plus globalement, il est effrayant de voir la situation de notre éducation nationale se déliter de la sorte. Comme la plupart des études le montrent, le niveau ne cesse de baisser. Et assez logiquement, les professeurs, devant la démission de l’Etat, les coupes d’effectif, des salaires peu élevés et la montée de la violence, sont victimes d’un profond malaise, illustré par la très forte baisse des candidats au concours du Capes, malgré un contexte de chômage de masse.

Ces faits divers illustrent malheureusement le grand dénuement de notre éducation nationale et les dérives du « laisser faire » et du relativisme qui règne vis-à-vis de la jeunesse, effritant notre société comme le dit Philippe Bilger. L’UMP n’a presque rien fait. On peut douter que le PS agisse vraiment.

21 commentaires:

  1. J’avais recensé le pourcentage des actes ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte, tels qu’ils apparaissaient dans la base de données SIGNA pour l’année scolaire 2004-2005 (le mode de signalement a été modifié depuis). Les choses ne se sont pas améliorées depuis, on s'en doute (les chefs d'établissement chargés de renseigner SIGNA s'y montraient souvent réticents, d'où une sous-déclaration patente des incidents).

    Dans les cas de violences physiques sans arme, le taux de plainte des enseignants victimes ne dépassait pas 26 %, celui de l’élève victime ou de sa famille 20%. Le taux de plainte de l’institution était de 3 % lorsque la victime était un élève, 10% lorsqu’elle était un enseignant, 15% lorsqu’elle était un CPE et 24 % lorsq’elle était un chef d’établissement.

    Dans les cas de violences physiques avec armes, le taux de plainte était de 40 % pour les enseignants, de 32 % pour les élèves ou leur famille, tombait à 11 % de la part de l’institution.

    Conclusion : en 2004-205, sur les 26 catégories d’actes graves recensés par SIGNA, seuls 22% des cas signalés avaient donné lieu à une plainte. Les chiffres montrent aussi que la peau d’un chef d’établissement vaut deux fois plus pour sa hiérarchie que celle d’un enseignant.

    Notons enfin que les consommations et trafics de stupéfiants donnaient lieu à plainte de l’institution dans respectivement 6 % et 10 % des cas et les ports d’arme autre qu’arme à feu dans 8 % des cas (ce qui ne signifie pas que les incidents n’aient pas été signalés d'une autre manière). Le fait que ces actes n'aient pas de victimes implique pourtant, comme le soulignent les auteurs de l'étude pour 2004-2005 (Direction de l'évaluation et de la prospective), que l'institution soit la seule habilitée à porter plainte. Ce qu'elle semble manifestement réticente à faire…

    YPB

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  2. L'élève en question ne se disait pas à l'aise avec la laïcité républicaine. Tôt ou tard bcp d'élèves musumlmans du public réjoindront les écoles musulmanes qui continuent, même si a un rhytme très faible à cause des entrâves ici ou là, à naître.

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  3. Il ne s'agit pas d'enfermer tous les jeunes délinquants et pourquoi pas ?
    Les parents agressifs et pourquoi pas ?
    Leur supprimer les allocations et pourquoi pas ?

    Mais surtout d’arrêter de se poser des questions gnans gnans et d'agir

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  4. "Il est effarant que plus de la moitié des enseignants en soient réduits à souscrire une assurance pour bénéficier d’une protection juridique et de garanties d’assurances corporelles."

    Je trouve effectivement effarant que les enseignants souscrivent cette assurance. Dans la mesure où ils assurent un risque dans le cadre de leur métier, donc un "accident du travail", celui-ci devrait être évidemment couvert par leur employeur, c-a-d l'Etat.

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    1. Ce sont bien sur des complémentaires

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  5. Evidemment la déliquescence (faillite ?) morale de notre société est multi-factorielle, comme le sont toujours des phénomènes de cette ampleur. Néanmoins et M. Pinsolle le souligne implicitement : l'Education Nationale, comme le reste de la société d'ailleurs, est aussi et surtout vérolée par une idéologie post soixante-huitarde relativement libérale-libertaire (Clouscard) qui a consisté à détruire toute autorité (hormis éventuellement celle du Marché), et en premier lieu celle de l'Etat.

    D'une certaine façon l'Education Nationale, qui fut l'un des principaux vecteurs de ce qu'on peut qualifier de véritable sida mental, du fait et de la responsabilité des politiques successivement menées certes, mais aussi parce qu'elles ont été influencé en cela par nombre d'éducateurs marxisants acquis aux préceptes d'une pédagogie dégénérée, est en train de périr de par là où elle a principalement pêché. De là à dire qu'il me sera très difficile de me tirer des larmes (de crocodiles) à son endroit, il n'y a qu'un pas que je franchi allègrement.

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    1. Le totalitarisme laiciste


      80% des enfants de France sont sous une école Laique de gauche, être de droite timide, même DLR se démarquant des affreux de mon espèce, c'est être ostracisé par le magistère totalitaire en place. Ecole sans Dieu, ce salaud dont le nom est imprononçable,bonjour la cohabitation avec les muzz, sans morale autre que de droits, bonjour l'esprit revendicateur au lieu de l'esprit de service, sans repères solides, la patrie c'est du fascisme.


      Vous pouvez toujours faire des élections, la gauche possède les esprits. la droite est couchée, tétanisée de terreur. DLR ressemble à l'UMP. Même timidité, même incapacité à être viril. Gentillet. Bisounours.

      Cordialement

      Olivarus

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    2. Vous êtes définitivement un bon, comme cela ne se fait heureusement plus... Après avoir conchié la république dans un premier message, maintenant vous nous faites la classique victimisation typique de l’extrême droite voyant des gauchistes partout, même dans les simples fonctionnaires faisant tant bien que mal leur travail. Si les valeurs patriotiques ne sont clairement pas du fascisme votre discours, lui s’en approche dangereusement…

      Que DLR et Laurent Pinsolle prennent conscience que ce n'est pas en se rapprochant d'individu tel que cet Olivarus qu’on fera avancer le smilblick et sortira notre pays de l’ornière actuelle. Déconnez pas et restez ferme SVP sur votre ligne républicaine, dans les heures difficile qui s’annoncent pour notre pays, on aura besoin de vous !

      red2

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    3. Vous avez raison,

      Vous êtes définitivement un bon, comme cela ne se fait heureusement plus...

      Merci, je rougis de plaisir.

      Il faut être contre révolutionnaire pour me rejoindre, vous êtes dans 1789. Tout est là.

      Vous êtes donc dans la logique de mort. Laurent et NDA sont des pseudo-réactionnaires ils seront digérés par la Bête. Ils sont réalistes en économie mais impuissants en politique car de gauches mais pas assez.

      Dinosaure encore en vie.

      Cordialement

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  6. Deux articles nuancés sur l'affaire bordelaise :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120914.OBS2461/laicite-autorite-le-prof-agresse-a-bordeaux-veut-briser-l-omerta.html

    http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/09/14/le-professeur-agresse-a-bordeaux-veut-secouer-le-cocotier_1760435_1473688.html

    Il est important de noter la relation très particulière de l'élève et du professeur bordelais. Il y a dans cette affaire des choses qui relèvent de l'air du temps, de ses petites et de ses grandes lâchetés, certes, certes ; mais aussi quelque chose de très personnel et d'un peu atemporel (on met souvent, ça n'a rien de nouveau, dans l'acte d'enseignement une intensité érotique - au sens très large que Socrate indiquait déjà il y a beau temps - intensité qui quelquefois dérape).

    Apparemment l'enseignant jouait aussi avec cet ado un rôle très particulier (pas loin de celui d'un père de substitution, si je comprends bien) et quand il dit qu'il en a eu "le cœur brisé", ça n'a rien a voir avec une excuse, il s'agissait bien de décrire précisément sa perception. Le professeur n'a d'ailleurs rien apparemment d'une personne sans principes. La manière dont il décrit les événements me paraît même au contraire particulièrement courageuse.

    Ce type de faits divers est évidemment intéressant à interroger, mais comme toujours en ne retenant que ce que les médias sélectionnent rapidement selon une grille réductrice, on risque d'aplatir la réalité en une caricature peu loyale envers les protagonistes. Peut-être avez-vous, pour une fois, donné dans ce travers, cher Laurent?

    Emmanuel B

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  7. Il faut souligner que le changement d'attitude des parents, qui avant demandaient des comptes à leur progéniture, est exactement le même qu'au USA. Qui n'a pas vu dans les films américains les directeurs d'écoles et professeurs se faire pourrir par des parents venus défendre leur enfant ? (souvent accompagné d'une menace de ne plus faire de don à l'école, chose qui heureusement n'est pas encore arrivé chez nous).

    Les parents sont devenus les avocats de leurs enfants, Zemmour le dit très bien : "avant les enfants devaient séduire leurs parents, aujourd'hui ce sont les parents qui veulent séduire leurs enfants."

    Post-68, la philosophie de l'enfant roi a peu à peu gagné les esprits. On laisse l'enfant être "le propre artisan de ses connaissances" au lieu de l'instruire à l'école et on défend son enfant tel un avocat au lieu d'accompagner le professeur dans sa démarche de recadrage lorsqu'il y a un problème.

    L'école doit revenir à ce qui marchait et les parents doivent se remettre grandement en cause. Mais ce n'est pas le PS qui changera ça et l'UMP a montré qu'ils n'ont pas grand chose.

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    1. Vous ne pouvez contester la révolution de 68 sans contester celle de 1917 et vous ne pouvez contester 1917 sans contester 1789.

      La fille, la mère et la grand mère.

      J'en reste là pour ce mois çi pour ne pourrir la vie des républicains. Vous avez le droit de rester dans votre logique.

      A plus mes compatriotes formatés par deux siècles de soumission, je vous aime.

      Dinosaurus.

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    2. bêtises 1968 1917 1789 sont des révolutions de pacotille la seule c'est aout 1792 la déchristianisation
      " La mort est un éternel sommeil "

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    3. Querelle d'expert

      1794 génocide vendéen, en attendant les autres.

      la république est révisionniste et même négationniste.

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  8. http://www.guardian.co.uk/world/2012/sep/18/eu-foreign-defence-policy-overhaul

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  9. Attention au vocabulaire que vous employez dans l'article. "violence des jeunes" ça ne veut rien dire. Je suis moi-même un jeune et je n'aime pas ce genre de discours généralisant. Soit c'est un adolescent violent, soit c'est un jeune adulte violent (à 18 ans on est majeur), voire selon les cas c'est un délinquant.

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  10. @ YPB

    Merci pour ces compléments, guère réjouissants cependant.

    @ Olivarus

    Désolé, mais quand les réactions d’un vieux dinosaure réactionnaire dépasse certaines limites, je les supprime. Le catholicisme a charrié suffisamment d’horreurs pour éviter ce genre de déclarations.

    Pas du tout d’accord avec le second commentaire. Je pense au contraire qu’il y a une prise de conscience de la société. Et bonjour le simplisme de l’agumentation…

    @ Patrice

    Je pense qu’il faut adapter les réponses, sans en exclure aucune. Je suis partisan des centres fermés éducatifs pour les cas les plus dangereux. D’accord sur le fait d’agir surtout.

    @ Julien

    OK sur la première partie, mais la seconde est inutilement violente. Nous devrions tous être concernés par ce grave problème de société.

    @ Red2

    Ne vous inquiétez pas, ce ne sont pas le genre de personne dont j’ai envie de me rapprocher. Vous avez raison. On ne fera rien avec un tel discours extrémiste, nihiliste et caricatural, si ce n’est servir les tenants de l’immobilisme qui peuvent les mettre en avant pour justifier de ne rien faire. Ce n’est qu’en s’en éloignant qu’on parviendra à faire des choses.

    @ Emmanuel B

    On n’est jamais à l’abri d’une simplification, c’est juste. Mais je trouve que la façon dont cela est rapporté tend à exonérer en partie le jeune de ses actes violents. Et je pense que c’est justement une des principales racines de nos problèmes d’aujourd’hui.

    @ Anonyme

    Si je parle de jeunesse ici, c’est parce que je parle de la violence à l’école.

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    1. Cher Laurent,

      On ne se refait pas.

      Je quitte votre forum par antigaullisme viscéral.je préfère Hélie Denoix de saint Marc et cie et je regrette qu'il n'est pas mis hors d'état de nuire qui vous savez.

      je reconnais que pour le reste il y a de bonnes choses de dites. Bonne continuation.

      Je suis fidèle à mes amis.

      Cordialement

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    2. «même incapacité à être viril»
      «deux siècles de soumission»

      «antigaullisme» ou gaulisme il faut choisir!

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    3. @ LP,

      "OK sur la première partie, mais la seconde est inutilement violente."

      Ce n'est pas moi qui suis violent, c'est la réalité qui l'est.

      "Nous devrions tous être concernés par ce grave problème de société."

      Bof.

      Les mêmes exactement - petits-bourgeois encore (pour quelques temps) relativement préservés de la chienlit généralisée - qui font mine de déplorer ce "grave problème de société" qu'est en effet l'insécurité croissante, et ressentie comme tel par nos concitoyens, seraient les premiers à s'insurger demain si l'Etat le prenait réellement à bras le cops (en s'en donnant les moyens matériels, humains, et légaux), en ne manquant pas d'en dénoncer le cas échéant les dérives sécuritaires de type néo-fascistes.

      Je les laisse donc à leurs insolubles contradictions, et in fine leur médiocrité.

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  11. @ Laurent,

    Oui bien sûr, mais on pouvait se demander si c'était la manière dont le fait était rapporté dans les médias ou le propre discours tenu par le professeur que vous mettiez sur la sellette. Sur le second point, il me semble justement que l'enseignant a été parfaitement clair.

    Emmanuel B

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