samedi 9 février 2013

Euro, budget : vers la mort de l’idée fédérale ?


Il y a encore quelques semaines, les fédéralistes triomphaient. Certes, avec la hausse du chômage et la récession, cela était indécent, mais six mois de calme des marchés leur faisait dire que la crise de la zone euro était finie. Mais le début de l’année 2013 s’avère être un calvaire pour eux.

Le recul du budget européen

Pour espérer construire un jour les Etats-Unis d’Europe, il faudrait que les pays européens s’accordent pour davantage mettre en commun leurs ressources. La crise de la zone euro a permis à ses avocats les plus farouches de le proposer. Mais jusqu’à présent, à part le FESF et le MES pour sauver les créanciers des pays en difficulté et les camisoles budgétaires, l’unification est au point mort. L’idée des euro obligations, certes relancée par François Hollande, n’avance pas.

Mieux, alors que le budget européen ne représente qu’un maigre 1% du PIB de l’UE (contre plus de 20% aux Etats-Unis), alors que les technocrates de Bruxelles souhaitaient obtenir toujours plus d’argent, les dirigeants européens se sont mis d’accord pour soumettre les eurocrates à la rigueur. Le budget 2014-2020 sera donc en recul de plusieurs milliards d’euros, une première depuis la création de la CEE. Les dépenses somptuaires de fonctionnement de cette Europe sont remises en question, de même que le service extérieur commun. La diplomatie européenne bat de l’aile !

Le débat sur l’euro cher

Pire pour les fédéralistes, le débat actuel sur l’euro cher est en train de saper les fondements de la monnaie unique européenne et d’apporter de l’eau au moulin de ses opposants. En effet, alors que même les très europhiles dirigeants socialistes critiquent (bien illusoirement, certes) l’appréciation de la monnaie unique européenne, Berlin a réagi de manière extrêmement sèche et bien peu diplomatique en rétorquant que le niveau de l’euro était parfaitement raisonnable.

Une étude de la Deutsche Bank a évalué le niveau maximal pour les différentes économies européennes. Pour l’Italie, il ne faut pas aller au-delà de 1,16-1,17 dollar, pour la France 1,22-1,24, tandis que l’Allemagne pourrait supporter que l’euro s’envole à 1,54-1,94 dollar ! Mais ce faisant, cette étude explique que des économies différentes ont besoin de monnaies différentes dont les cours ne sont pas les mêmes, ce que j’explique dans la vidéo tournée pour Debout la République.

L’axe anti-fédéraliste Berlin-Londres

Donc, entre un budget européen en recul et la compréhension que des économies différentes ne peuvent pas partager la même monnaie, ce n’est pas la fête pour les fédéralistes. Mais les dernières nouvelles politiques sont du même acabit. Loin d’un nouveau traité qui pousserait plus loin l’intégration européenne, Londres exige désormais un recul de cette intégration sous peine de quitter l’Union Européenne et met un pistolet sur la tempe de ses partenaires avec un référendum.

Pire encore, l’épisode du Mali a une nouvelle fois montré l’inutilité crasse de l’Union Européenne puisque la France a du tout faire. Le processus de négociation du budget européen a largement ignoré les eurocrates puisque ce sont l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France qui ont débloqué la situation, la dernière acceptant les demandes des deux premières. Et cet axe Berlin-Londres semble profondément hostile à toute intégration supplémentaire, pour le budget notamment.

Bref, malgré le MES et les différentes camisoles budgétaires européennes, le processus d’intégration n’est plus seulement grippé, la marche arrière est désormais enclenchée sur certains sujets. Mieux, si Paris appuyait Londres et Berlin, l’Union Européenne aurait toutes les chances d’être démantelée.  

18 commentaires:

  1. En septembre 2011, il y a eu une information importante :

    11 septembre 2011 :

    Budget de l'UE : neuf pays entament un bras de fer contre Bruxelles.

    Neuf pays européens, dont l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni vont faire savoir lundi à la Commission que sa proposition de futur budget de l'UE (2014-20) est trop élevée face au contexte de rigueur généralisée, selon des sources diplomatiques.

    "La proposition de la Commission européenne est trop élevée. Les hausses de dépenses du prochain cadre multiannuel sont nettement excessives par rapport à ce qui est requis pour une stabilisation du budget européen", indique un projet de déclaration conjointe obtenu l'AFP, qui doit être rendu public lundi.

    Les ministres des Affaires européennes d'Autriche, du Danemark, d'Allemagne, de Finlande, de France, d'Italie, des Pays-Bas, de Suède et du Royaume-Uni doivent approuver ce document lors d'une rencontre lundi à Bruxelles, avant une réunion avec leurs homologues de l'ensemble de l'UE.

    http://www.20minutes.fr/economie/784994-budget-ue-neuf-pays-entament-bras-fer-contre-bruxelles

    Mais ça, c'était en septembre 2011.

    Ensuite, il y a eu mai 2012, l'élection de François Hollande. Et la France a changé de camp. Après mai 2012, la France a rejoint le camp des Etats européens favorables à une augmentation du budget européen.

    Enfin, il y a eu le vendredi 8 février 2013 : les chefs d'Etats et de gouvernements d'Autriche, du Danemark, d'Allemagne, de Finlande, des Pays-Bas, de Suède et du Royaume-Uni ont gagné une bataille historique.

    Ils ont obtenu une baisse de 3 % du budget européen.

    Et la France se retrouve dans le camp des vaincus.

    Pour la période 2014-2020, le budget de l'Union Européenne sera au niveau minable de 1 % du PIB de l'Union Européenne.

    Et il reste des bisounours qui croient encore à "l'Europe fédérale" ?

    J'éclate de rire !

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    1. Oui jean Quatremer de Libé,l'Idiot utile de service.

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  2. Les allemands notamment ont parfaitement compris que la Création d’un État Fédéral pour remplacer l’union monétaire actuelle est parfaitement irréaliste. Elle suppose des transferts de souveraineté, des transferts budgétaires beaucoup plus importants des États membres pour le budget fédéral, de nouvelles institutions pour un État Fédéral avec un gouvernement et une administration de celui-ci composé de gens parlant diverses langues, idem pour le parlement, le tout avec la nécessité de transferts financiers importants qui demeura des pays riches (Allemagne surtout) vers les pays actuellement en crise. Rien de tout de cela ne semble réaliste.

    Mais l’Allemagne veut maintenir l’euro car elle préfère que les autres pays membres de l’union monétaire n’aient pas une monnaie dévaluée par rapport à la monnaie nationale allemande en cas de retour de celle-ci. Pour l’instant l’Italie, l’Espagne, la France, la Grèce, le Portugal etc. préfèrent rester dans ce piège à cons et je crains qu’ils y restent encore un moment, au vu de ceux qui les dirigent.

    Saul

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    1. Cela dit, quand je vois l'évolution des balances commerciales des pays dits "du Sud", par exemple, je constate que c'est plutôt franchement la France qui se fait piéger (je ne parle pas de la Grèce, cas particulier). D'ailleurs, l'Espagne a obtenu hier un certain nombre d'avantages financiers. Une fois de plus, ceux qui se font avoir, ce sont les Français...

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    2. En janvier 2013 il y a 132 055 chômeurs de plus en Espagne qu’à la fin décembre 2012. Il ne faut pas se faire d’illusions sur l’efficacité des dévaluations internes pratiquées par l’Espagne et d'autres pays de la zone euro. On aura l’occasion d’en reparler.

      http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/02/04/le-chomage-espagnol-repart-a-la-hausse-en-janvier_1826588_3234.html

      Saul

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  3. Le President Hollande a laisser passer la chance qu'il avait d'entrer dans l'histoire par la grande porte après sa tenu dans l'affaire du Mali qui était de claquer la porte au nez des rossebiffes et des scleus c'est redevenu flambi ; nous risquons encore d'en baver pendant quelques temps mais cette histoire est terminée et c'est tant mieux . Ecoutant France Inter le matin pour prendre un bain de bienpensance certifiée j'ai l'impression que les soutiens de cette europe se raréfient

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  4. Que pouvons-nous attendre de tels dirigeants ? Comment pouvons-nous accepter une telle stupidité, une aussi grande lâcheté et une soumission inconditionnelle aux exigences de la finance ou de Berlin ? La politique ne consiste-t-elle plus qu'à faire des discours grandiloquents en prenant une posture martiale ou solennelle ?

    Notre pays, comme d'autres en Europe, est ouvert aux quatre vents, livrés pieds et poings liés à ceux qui pratiquent le dumping ou/et la spéculation. Pour ma part, les multinationales et nombre de dirigeants politiques ont déjà fait le deuil de l'Europe. Les premières sont bien plus intéressées par les BRICS, qui leur offrent un potentiel de développement sans commune mesure avec le nôtre. Les seconds ont, comme nos "élites", une vision internationaliste que leurs moyens leur permettent d'assumer sans inquiétude.

    Contrairement aux Français qui prennent cette crise ("qui est finie") de plein fouet.

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  5. Ces gens(UMPS)sont disposés à sacrifier une génération(voire plus),plutôt que de reconnaitre leur erreur,car cela les brulerait à vie.Leur seul but:gagner du temps,jusqu'à leur retraite caviar..et après moi le déluge.

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  6. Mince comment va-t-on pouvoir parler ça ds les médias europhiles ? Leparmentier va en dire quoi ? Mince, et Libé ? Et Quatremer comment avaler une couleuvre pareille ?

    Bon je vais pas voir j'ai pas de temps à perdre

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  7. Les fédéralistes n'ont pas encore perdu la bataille car il se dit que le parlement ne votera pas ce budget.

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  8. @ Monsieur Pinsolle,

    Le déroulement de la dernière réunion européenne révèle la faiblesse actuelle du pouvoir en France. En effet, la plupart des observateurs s'accordent à dire que c'est la France qui a cédé devant les exigences de Berlin et Londres. Nos principaux partenaires étrangers ( Allemagne, Grande -Bretagne) n'ont pas manqué de relever cette faiblesse et tenteront d'affaiblir davantage encore l'influence française au sein de l'UE
    La solidarité européenne à laquelle rêve certains est , devant les faits, une utopie.

    Une des décisions du dernier sommet européen qui a marqué est la baisse de l'aide alimentaire aux plus démunis. Or le taux de pauvreté dans tous les états de l'union européenne ne cesse d'augmenter. Nous risquons d'assister à une situation où la classe moyenne sera réduite à peau de chagrin et où les deux classes populaires subsistantes seront les riches et les pauvres .

    Que faire ? Abandonner l'Euro qui n'est pas responsable de tous nos malheurs mais qui en est l'une des causes principales. Encore faut- il que le pouvoir en place le veuille ... . Espérons qu'aux prochaines élections présidentielle et législative, notre pays ne soit pas trop affaibli économiquement et politiquement pour se sortir du pétrin européen dans lequel il est plongé.
    Questions:
    1)Un référendum d'initiative populaire est-il possible actuellement pour interroger le peuple français sur l'abandon ou non de l'Euro ?
    2) Quel est actuellement le taux de pauvreté en France, Allemagne, Grande Bretagne et Italie ? Quel a été son évolution depuis l'instauration de l'Euro en 2002?
    3) Avez-vous déjà publié un article sur le thème de la pauvreté dans la zone Euro ? Si oui, pouvez-vous me donner les références ? Merci d'avance.

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  9. @ BA

    Merci pour ce rappel historique.

    @ Saul

    Complètement d’accord. L’Allemagne préfèrera sans aucun doute la fin de l’euro à un budget fédéral…

    @ Anonyme

    La France n’a pas comprimé sa demande autant que l’Espagne, la Grèce…

    @ Patrice

    Bien d’accord. L’UE dans sa forme actuelle est morte. C’est un canard sans tête qui marche encore mais qui ne va tarder à s’effondrer.

    @ Démos

    100% d’accord. Mais je crois que le masque tombe.

    @ Anonyme

    100% d’accord.

    @ Keskizpass

    Bien vu.

    @ Anonyme

    Oui, mais le parlement européen est un parlement fantoche et ce sont les dirigeants européens qui auront le dernier mot.

    @ Anonyme

    La France est le dernier pays à croire à l’Europe fédérale… Bien d’accord sur l’aide alimentaire : cela montre bien les priorités de cette Europe.

    Nous pourrons nous en sortir. Nous nous sommes sortis de situation encore plus dure.

    1- je ne suis pas sûr que les décrets d’application soient sortis et de toutes les façons, il faut que quelques dizaines de parlementaires le soutiennent et il faut des millions de signatures…
    2- bonne question : il faut que je regarder ce point
    3- non en effet : c’est un papier à faire. J’ai fait des papiers sur les inégalités, sur les travailleurs allemands pauvres :

    http://www.gaullistelibre.com/2012/02/les-illusions-du-modele-allemand.html
    http://www.gaullistelibre.com/2012/03/le-retour-vers-le-futur-des-inegalites.html
    http://www.gaullistelibre.com/2012/09/joseph-stiglitz-decrit-la-montee-des.html (lire les 3 papiers suivants)

    Il y a beaucoup de papiers sur les plans d’austérité en Europe.

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    1. Laurent, le masque est peut-être en train de tomber, mais les électeurs en mesure de comprendre ce qui se passe et ce qui devra être accompli seront-ils assez nombreux pour faire basculer les choses ? Il faut donc continuer à faire preuve de pédagogie, expliquer encore et toujours pour convaincre, mais le jeu en vaut la chandelle.

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  10. Attention, pas trop d'optimisme quand même: l'UE est un hydre dont les têtes repoussent à moins d'être coupées toutes en même temps.

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  11. @ Démos

    Très juste. Il y a encore du boulot en France.

    @ A-J H

    Pas faux, mais il me semble que l'Allemagne et la GB nous évitent tout gros dérapage fédéraliste et sont prêts à enterrer cette UE dont ils se sentent de plus en plus lointains.

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  12. Mais il faut bien sur toujours se mefier la destruction des nations par le régionalisme est toujours en marche les fédéralistes peuvent revenir par ce biais surtout que les régionalistes sont très discret

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