lundi 11 février 2013

La chienlit financière continue


La semaine dernière encore, François Hollande et Pierre Moscovici ont répété que la crise de la zone euro était terminée. Même si les marchés restent calmes pendant quelques temps, de nombreux faits montrent qu’il n’en est rien et que le château de cartes financier est toujours aussi instable.

L’incendie n’est pas éteint

Les meilleurs indices de tension sur les marchés sont les taux à 10 ans de l’Italie et de l’Espagne. Et il faut dire qu’ils étaient tombés au plus bas depuis bien longtemps en janvier : 4,13% pour l’Italie et 4,90% pour l’Espagne alors qu’ils avaient dépassés le cap des 6% pour la première et 7% pour la seconde l’été dernier. Cependant, depuis quelques jours, les marchés sont à nouveau nerveux et les taux se sont tendus significativement : 4,46% pour Rome et 5,38% pour Madrid.

Certes, cette poussée de fièvre est pour l’instant légère par rapport aux innombrables crises que nous avons vécues entre l’hiver 2010 et l’été 2012. Mais, comme le souligne Georges Ugeux, la situation est loin d’être stable. Tout d’abord, la troisième banque italienne, Monte Dei Paschi, est proche de la banqueroute. En effet, elle aurait perdu des sommes importantes sur des produits dérivés et elle doit solder le rachat à un prix trop élevé d’une autre banque italienne en 2007.

Georges Ugeux souligne avec malice que « la supervisions de cette opération et de la banque était exercée par le gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi »… Résultat, la banque a perdu 91% de sa valeur en cinq ans et ne vaut plus que 3 milliards d’euros (20% des fonds propres) et le gouvernement a été contraint de lui accorder un prêt d’urgence de 3,9 milliards pour éviter la faillite. Les Pays Bas ont nationalisé a banque SAS Reaal et l’Irlande liquide Anglo Irish Bank.

Des dirigeants politiques aveugles

Le cas de la banque Monte Dei Paschi est particulièrement inquiétant car il est tout de même surprenant que ce soit une acquisition de 2007 qui mette aujourd’hui la banque en difficulté, plus de cinq ans après ! Par quels mécanismes les pertes ne sont-elles pas apparues plus tôt ? Comment les régulateurs, la Banque d’Italie, dirigée par Mario Draghi, et la BCE, n’ont-ils pas identifiés plus tôt les failles qui existaient dans la troisième banque d’Italie, un établissement jugé systémique ?

Bref, contrairement aux promesses des uns et des autres, rien n’a été réglé suite à la crise financière au niveau de l’organisation monétaire, financière et bancaire. L’opacité reste la règle et les gros établissements continuent à mettre le couteau sous la gorge des banques centrales quand ils sont en difficulté pour éviter une faillite désordonnée. Bref, tous les jours démontrent davantage que la réforme du système financier est absolument nécessaire mais qu’elle n’a pas été vraiment entamée.

La dérisoire réforme du gouvernement Hollande n’y changera rien, même si les députés la durcissent un peu. Alors qu’il existe d’innombrables idées pour reprendre le contrôle du secteur financier, les « socialistes » continuent à défendre un projet extrêmement limité. Et ce n’est pas le projet d’union bancaire européenne qui améliorera vraiment la supervision étant donné le laxisme de la BCE, qui prête 1000 milliards aux banques sans leur demander de contre-partie.

Aujourd’hui, le secteur bancaire est totalement hors de contrôle de l’Etat, qui se retrouve contraint de régler l’addition quand cela va mal pour éviter un effondrement économique. Il serait grand temps que nos gouvernements d’attellent enfin à la tâche d’une vraie réforme pour y remettre de l’ordre.

18 commentaires:

  1. Je croyais qu'il y avait eu des stress tests pour vérifier la bonne santé des banques...

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  2. Quand va-t-on traîner nos hommes politiques en justice pour non-respect de leurs promesses ? Cela devient intolérant de voir qu'ils continuent à promettre de façon inconsidérée !

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    1. Cela devient surtout intolérable d'avoir des dirigeants politiques aveugles et incapables au point de vous donner envie de voter pour Marine Le Pen !

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    2. Moi je serais à 100% pour donner une valeur juridique aux promesses de campagne. Voir même le mandat impératif. Ca me parait compatible avec la démocratie.
      La liberté pour les citoyens et les contraintes pour les élus, ceux qui se sont prétendus être les meilleurs et ne sont censés être que des serviteurs.

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  3. Il est bien trop tard pour reformer car nous trainerions le casino actuel pendant des dizaines d'année il faut un véritable effondrement pour que l’état reprenne les rênes en faisant une remise a zéro il n'y a pas d'autre solutions

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    1. Exact. C'est la "table rase", chère à la Révolution ( la vraie, celle de 1789 ). Je ne vois bien malheureusement pas le moyen d'éviter ça. La Nature ( pas celle des écolos qui veulent exterminer les chats parce qu'ils mangent les petites souris et les petits zoziaux ) nous enseigne qu'avant chaque redémarrage il faut une période de dissolution complète.

      Sancelrien

      P.S : Ne vous inquiétez pas pour les chats. On a souvent voulu les exterminer à cause de leur détestable tendance à l'indépendance et on n'y est jamais arrivé.

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    2. C'est vrai les chats sont les véritables amis de l'homme les souris auraient bouffé toutes les récoltes et nous aurions disparu depuis longtemps ; mais c'est peu etre le but ultime des verts

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  4. Alors Dieu fit un banquier :

    God said, “And I need somebody who will tell everyone else to stand on their own two feet, but who will then run to the government for a bailout as soon as he gets into trouble — and who will then use that bailout money to help elect a Congress that will look the other way. And then pay himself another bonus.”

    So God made a banker.

    http://articles.marketwatch.com/2013-02-06/finance/36936876_1_bubble-bailout-money-god

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  5. Je fais partie de ceux, nombreux, qui pensent qu'il n'y a rien à attendre des dirigeants actuels et que le changement ne pourra se produire que s'il est contraint.

    Dans l'attente de cette évolution, il est nécessaire de faire entendre un autre discours que les mièvreries ambiantes à la condition que celui-ci soit clair et concret, autrement dit qu'il "parle au plus grand nombre."

    La voie politique ne sera peut-être pas celle qui mènera au succès, mais elle doit être cultivée.

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  6. Une des causes de la chute de l'Ancien Régime était la crise financière due surtout à l'absence d'une administration publique pour percevoir des impôts de façon équitable voire égalitaire. On sait ce qu'il advînt!
    Peut-être faudra-t-il en passer par là! A ce jeu-là les plus radicaux emportent la mise même temporairement c'est l'une des raisons qui me pousse à penser que tu sous-estimes le FN version MLP! En France les choses se traduisent souvent par des révolutions quand le sentiment du caractère intolérable de la situation et les cascades de mépris de la part de l'oligarchie politico-médiatique l'emportent sur tout esprit rationnel et mesuré comme nous essayons de l'être.

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  7. Le dernier sommet européen a montré que le Royaume-Uni était à la tête du camp des pays vainqueurs.

    Les grands vainqueurs du sommet européen de vendredi sont les pays suivants : Autriche, Danemark, Allemagne, Finlande, Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni. Ils ont obtenu une baisse de 3 % du budget européen pour la période 2014-2020. Le budget européen sera au niveau minable de 1 % du PIB de l’Union Européenne.

    Et dans l'autre camp ?

    Les vaincus du sommet européen sont la France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, le Portugal, tous les pays qui voulaient une augmentation du budget européen. Ils ont perdu. Ils ont perdu la bataille. Et leur défaite est d'abord une défaite de François Hollande.

    Dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 février 2013, David Cameron est apparu comme le chef du camp des vainqueurs : l'Autriche, le Danemark, l'Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède se sont tous ralliés à la logique anti-fédéraliste du Royaume-Uni.

    Alors, au milieu de la nuit, ce pauvre Mario Monti a crié contre David Cameron cette phrase historique :

    « On ne peut pas accepter la logique d’un Etat dont nous ne savons pas s’il sera encore membre de l’Union Européenne en 2017 !»

    Et pourtant, oui, ils l'ont fait, les pays européens du nord ont accepté cette logique.

    Et les pays européens du sud ont perdu la bataille.

    Je trouve cette phrase de Mario Monti historique.

    Ce sommet des jeudi 7 et vendredi 8 février 2013 est historique.

    La soi-disant "Europe fédérale" est morte avant même d'être née.

    L'idée européenne est morte.

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    1. jusqu'au prochain sommet historique , le coup du sommet historique nous l'entendons a chaque sommet et si l'idée européenne est morte tant mieux cette idée a t'elle vraiement existé hors la tête de journaleux et politicard braillard

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  8. "L'idée européenne est morte" Vive le Grand Marché Transatlantique! l'axe Londres-Berlin donne le "la", au diapason des élites américaines (Trilatérale, Bilderberg, CFR, Paneurope) pour une intégration économique et politique irréversible dans un bloc euro-atlantique. La première phase de ce projet des mondialistes aura été la destruction des nations européennes(au profit des régions)via cette construction européenne à l'oeuvre depuis 60 ans! et là nous y sommes et je crains que se ne soit la fin de notre Histoire...

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  9. @ Patrice

    Pas faux. Même la prochaine crise devrait venir plus vite étant donnée la folie de ce casino. Finalement, le scénario économique que j’avais imaginé en janvier 2009 me semble assez intéressant. J’y prévoyais une grave crise fin 2016 / début 2017 du fait d’une forte hausse du prix des matières premières qui provoquait une crise financière terminale :

    http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2009/01/03/le-grand-choc-de-2017-partie-3-une-sortie-de-crise-illusoire.html

    @ Sancelrien

    Bien d’accord. Il faudra sans doute une nouvelle crise pour pouvoir enfin changer.

    @ Olaf

    Tristement bon.

    @ Démos

    Bien d’accord. Il n’y a rien à espérer du PS et de l’UMP.

    @ Cording

    Oui, mais les Français voudront une alternative crédible, pas seulement un parti protestataire et extrémiste menée par une chef pas vraiment compétente… C’est la limite du FN, qui ne va pas changer. Et c’est pour cela qu’il restera sous le plafond de verre à mon sens.

    @ BA

    Bien d’accord.

    @ Thierry

    Rien n’est irréversible (cf 1940, 1958). C’est la démocratie qui prime et on ne peut pas rayer de la carte les réalités nationales, qui finiront par se venger.

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  10. Protestataire, certes comme tous ceux qui contestent le système!
    Extrémiste, de moins en moins vrai!
    Une chef pas vraiment compétente? C'est quoi la compétence? Quand on voit les résultats des gens compétents qui nous gouvernent depuis 30 ans on peut dire que cet argument n'est guère pertinent.

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  11. @ Patrice

    Protestataire : c'est une question d'équilibre dans le discours. De mon point de vue, ils passent beaucoup trop de temps à protester et pas assez à proposer sérieusement.

    Extrémiste : cf mes papiers sur le sujet rapportant des faits récents impliquant MLP ou Alliot

    Compétence : d'accord sur les élites actuelles, mais MLP n'est pas solide sur les plateaux sur les sujets économiques. Elle esquive, répond à côté, ce qui fait qu'elle n'est pas crédible et que PS et UMP sont ravis de l'avoir comme adversaire car son manque de professionnalisme fait qu'elle n'arriver pas beaucoup plus loin.

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    1. Oui, elle a beaucoup d'efforts à faire pour être prise au sérieux.

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  12. damned je suis en retard sur mes lectures :x
    du coup je réagis en retard de 2 jours, désolé ... j'aurais aimé avoir une précision, lorsque vous rapportez que :

    "4,13% pour l’Italie et 4,90% pour l’Espagne alors qu’ils avaient dépassés le cap des 6% pour la première et 7% pour la seconde l’été dernier. Cependant, depuis quelques jours, les marchés sont à nouveau nerveux et les taux se sont tendus significativement : 4,46% pour Rome et 5,38% pour Madrid."

    Question : quelle était la raison évoquée pour que ces taux descendent, et pourquoi remontent-ils ? s'agit-il de la même logique (y'en a-t-il seulement une ?) ou doit-on y voir encore une fois l'empreinte des croyances de marchés ?

    Merci
    Age

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