vendredi 29 mars 2013

François Hollande, entre impuissance, esquives et faux semblants


Hier soir, François Hollande intervenait sur France 2 dans un contexte d’impopularité record. S’il s’est voulu volontiers combatif dans la forme, le pédalo présidentiel continue à tourner à vide sur le fond, rabâchant des mesures qui ne donnent et ne donneront rien. Pas de remise en cause, juste des rustines.

L’impasse de la croissance

Le président de la République a eu bien du culot d’affirmer que « nous n’avions pas anticipé que cette crise allait durer plus longtemps que prévu ». Ce faisant, il se place comme un commentateur de l’actualité et non comme un acteur. Car si on ne peut pas lui imputer la responsabilité du niveau de la croissance pour 2012, en revanche, il est bel et bien responsable de ce qui va arriver en 2013. Et il est bien évident, comme l’a souligné Jacques Sapir sur Twitter, que les plans d’austérité mis en place à son arrivée au pouvoir allaient avoir un impact significatif (et négatif) sur la croissance.

A ce titre, il est risible qu’il ait osé dire que « prolonger l’austérité, c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une bouchée le moment venu ». Si le constat est juste, il faut noter que nous le disions il y a plus de trois ans déjà et surtout que, comme sous Nicolas Sarkozy, le président de la République tient un discours et fait autre chose. Car dans les faits, il a été le premier à prolonger l’austérité, même s’il a fini par renoncer à l’objectif de réduction du déficit public à 3% du PIB dès 2013.

Surtout, ne pas fâcher

Ce qui est assez marquant dans cette intervention, c’est que François Hollande a finalement pris très peu de risques. Toutes les promesses de simplification de l’administration, ou d’amélioration de la politique d’achat de l’Etat ne déplaieront à personne. Il a également promis de ne plus monter les impôts et de réduire les déficits par des économies sur le train de vie de l’Etat. Heureusement, il a annoncé qu’il n’y aura de coupes massives dans le budget de la défense. Il a annoncé le énième déblocage de la participation des ménages pour six mois pour soutenir la consommation.

Sur les allocations familiales, il a logiquement (mais malheureusement) tranché en faveur d’une réduction des allocations familiales pour les ménages les plus aisés, ce qui va rompre le principe fondateur d’universalité de notre système de protection sociale. Devant la grogne des chefs d’entreprise, il a annoncé qu’il va réduire la fiscalité sur la transmission d’entreprise. Et devant les manifestations contre le projet gouvernemental de mariage pour tous, il semble prêt à sacrifier la PMA. En revanche, il a annoncé un probable allongement de la durée des cotisations retraite.

Le mauvais constat

En fait, ce qui frappe avec cette émission, c’est que le président de la République a tout simplement esquivé les sujets qui fâchent. Il n’a fait aucune analyse sérieuse de la crise de la zone euro, appelant seulement à « ne pas prolonger l’austérité » alors qu’il faut le contraire. Rien sur les politiques désastreuses de dévaluation interne qui provoque une immense régression sociale en Grèce, en Espagne, au Portugal ou en Irlande. Et naturellement, rien sur les divergences franco-allemandes.

Illustrant totalement mon papier de la veille, François Hollande a affirmé que « trouver la croissance, c’est être plus compétitif que les autres ». Pourtant, si tous les pays mènent la même politique visant à améliorer leur compétitivité et à réduire le coût de leur travail, alors le continent européen sera en dépression. Et ce ne sont pas les 20 milliards du plan de l’automne qui changera grand chose sachant que le coût horaire moyen du travail en France est de 34,9 euros contre 3,7 en Bulgarie.

Bref, le président s’est contenté de gadgets dans un cadre néolibéral qu’il ne remet pas en cause, faute d’un bon constat. Dès lors, sa promesse d’inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année semble très présomptueuse. En clair, il va dans le mur et il accélère en essayant de ne pas déplaire.

14 commentaires:

  1. « trouver la croissance, c’est être plus compétitif que les autres »

    De toute évidence ces mots ne peuvent être prononcés que par quelqu’un qui n’a encore rien compris aux causes de la crise de la zone euro. Dans celle-ci l’Allemagne est actuellement plus compétitive que les autres, on voit aujourd’hui dans quel état sont les « autres ».

    La compétition fiscale et sociale dans une situation où le taux de change ne peut plus servir de variable d’ajustement entre pays membres de la zone monétaire a été repérée comme étant l’une des causes de la crise de la zone euro. Les autres causes étant que la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale, que ce n’est pas un Etat fédéral avec union des transferts, Voyez cette vidéo pour rappel des causes institutionnelles de la crise de la zone euro :

    http://www.youtube.com/watch?v=W1fI_tOHnfM

    Dette: dérapage du déficit de la France en 2012, à 4,8% au lieu de 4,5% du PIB :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20130329.AFP8157/dette-derapage-du-deficit-de-la-france-en-2012-a-4-8-au-lieu-de-4-5-du-pib.html

    Les chiffres devraient continuer à égrener la faillite complète de ceux qui nous dirigent. Avec François Hollande à la tête de l’État français, il faut à l’évidence se préparer au pire, on ne sera pas déçu.

    Saul


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    1. @Saul,
      J.Sapir a vu juste: Hollande connaît parfaitement des causes du marasme! Si vous ou moi, avec nos pauvres moyens, sommes capables de voir que c'est le néo-libéralisme de l'UE qui est à l'origine du marasme économique qui dure depuis 10 ans, alors je refuse de croire que lui et gouvernement ne soient au courant (si on tient compte du fait que la zone euro ne fait jamais mieux qu'1 pour cent de croissance en moyenne, et que depuis 2008, elle est en moyenne en récession...).
      En fait, l'impopularité de F.Hollande vient du fait que tout le monde fait le constat que l'euro est un échec, qu'il le sait en son for intérieur mais qu'officiellement, il refuse de l'admettre. Malheureusement, F.Hollande n'a pas vraiment le choix: il ne rend plus des comptes à ses électeurs, mais seulement à ses créanciers. En effet, admettre publiquement que l'euro a échoué serait mettre la France à genou devant les marchés, car cela créerait une panique financière sans précédent...


      ps: on parle souvent de l'Etat français, mais c'est une erreur. On dit simplement l'Etat. En effet, l'Etat français était le nom officiel du régime de Vichy qui avait remplacé la République Française. J'imagine mal F.Hollande dans les habits de Philippe Pétain...

      CVT

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  2. Je crois cher Laurent que temps qu'en France on persistera à vouloir une relance par l'offre, et que celle là, sans s'occuper de la demande peu de choses évolueront.
    Seule une véritable relance de la demande accompagnant celle de l'offre à l'échelon européen permettra de stimuler l'économie et de générer de la croissance

    Voyons l'évolution de nos principaux clients pour observer que "la croissance en France" n'est pas pour demain matin.
    Bonne journée

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    1. @Jeff,
      il faut arrêter avec ce fantasme de la relance Européenne! Depuis Keynes, on sait que la politique de l'offre n'est possible qu'avec du protectionnisme et du contrôle des changes, et à défaut, avec la dévaluation, donc à un retour à l'échelle nationale.
      Or toutes ces choses sont interdites par les traités européens actuels. L'échec de la dernière relance sous le premier mandat de François Mitterrand provenait justement du refus de contrôler les changes, et du coup, la relance a correspondu à une relance des importations!

      CVT

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    2. Et si on s'assayait sur les traités comme vient de le faire l'eurogroup avec chypre ? Vous pensez qu'ils vont nous envoyer les chars ?

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    3. @Anonyme,
      C'est drôle, Chirac avait jadis posé la même question que vous: la Commission, combien de char? En principe, les traités ne s'appliquent qu'aux états, et mais apparemment, pas aux institutions européennes :-): c'est "faites ce que dit, pas ce que fais". Comme vous venez de le dire, ce sont les gendarmes qui ont eux-mêmes violé la loi :-)!

      Evidemment, je suis d'accord avec vous: depuis 2008, l'UE en tant qu'institution sui generis viole ses propres règles pour sauver son existence, comme le ferait n'importe quel état souverain :-). Par contre, la violation des traités par un ou plusieurs états est impitoyablement sanctionnée par la Commission Européenne, qui elle-même est quasiment irresponsable!
      En fait, à quelque chose, malheur est bon: si les institutions UE agissent ainsi, cela démontre qu'en plus d'être illégitimes, elles commettent des forfaitures! Or imposer des règles qu'on viole à la première occasion est une forfaiture.


      CVT

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  3. Une anecdote,mais pas tant que cela finalement.Dans le Thalys(ce n'est pas récent)j'ai surpris une conversation de Moscovici avec un interlocuteur non identifié,mais visiblement d'une institution Européenne ou autre.En résumé,le discours de Mosco était:''jamais la France ne prendra le risque de rompre avec l'Euro(alors que nous savons tous que ça ne marche pas et ne marchera jamais),car elle serait mise au banc des nations pour des dizaines d'années,elle serait LE pays qui a brisé l'Euro et peut être l'UE si les choses tournent mal''.Donc je crois qu'on assiste juste à un très lent jeu de positions entre Allemagne et France,c'est le premier qui va craquer qui sera considéré comme 'le' responsable aux yeux du monde.Donc jamais aucun gouvernement PS ou UMP ne prendra ce risque,ils préfèrent faire semblant de gérer,gagner du temps,mais ils ne sont pas idiots,ils savent qu'il n'existe aucune issue.Quitte à atteindre la barre des 7 ou 8 millions de chômeurs ou plus.
    Et comme l'Euro profite beaucoup plus à l'Allemagne et à ses alliés du Nord,je crois qu'on est pas prêt de sortir de cette catastrophe,ils ne bougeront qu'à la dernière seconde ou ils comptent sur un incident 'ailleurs'(Italie?)pour 'suivre',car la ils pourront dire:c'est pas de notre faute c'est tel pays.....on est obligés de suivre...pour 'sauver' l'essentiel.

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  4. le résultat de l'élection partielle de la 2è circonscription de l'Oise de dimanche dernier est plus important et moins convenu que l'intervention "présidentielle" puisque j'ai eu l'impression d'avoir eu affaire à un premier ministre qui décline sa politique économique et "sociale".

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  5. Hollande bricole... tout comme ses ministres. Aucun député de l'UMPS, aucun ministre, ni même Montebourg, n'ont daigné répondre au courrier envoyé concernant les inventeurs salariés pour favoriser l'innovation, ce sont des charlots.

    Je suis en France 2 semaines et me suis arrêté une nuit dans un Campanile à 110 km de Paris dans une petite ville, une chambre clapier, pas vraiment de charme, 73 euros la nuit sans petit déjeuner, dans les restaux de la ville, un plat tourne vers les 20 euros. Pour comparaison, dans le Bade Wurtemberg, région touristique, 30 euros la chambre chez le fermier avec énorme petit déjeuner inclus. Au restau ne grosse omelette avec pommes de terre et grosse salade mixte, 7 euros, idem pour une grosse pizza.

    Juste pour dire que les prix en France sont très élevés, idem pour le matériel électronique ou le logement souvent 20 à 30% plus cher qu'en Allemagne, sans compter les autoroutes où c'est gratuit. Pas de quoi attirer le touriste peu fortuné.

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    1. En matière de tourisme, la compétitivité française est en effet dans les choux. On est loin derrière l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, etc.

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  6. Hollande sort sa petite boite a outils rouillés là où il faudrait sortir l'artillerie lourde... bref...
    Je n'attendait rien, j'ai pas été déçu... désespoir.

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  7. @ Saul

    Tout à fait. Ceci est navrant.

    @ CVT

    En fait, tout le problème vient du fait qu’il pense qu’il n’y a pas d’alternative possible.

    Je vais traiter exactement ce que vous dites demain dans un papier sur le discret plan d’aide de la BCE à l’Irlande…

    @ Melclalex

    Très juste. C’est ce qu’avait compris Henry Ford. Mais aujourd’hui, une relance par la demande doit se faire avec protectionnisme, comme le dit CVT.

    @ Anonyme

    Assez probable.

    @ Olaf

    Il y a clairement un problème d’ajustement monétaire…

    @ Alain34

    Très juste

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  8. Charles Gave : « Petite Leçon d’Economie appliquée à Chypre »:

    « Une monnaie a deux prix, un prix extérieur (le taux de change) et un prix intérieur (le taux d’intérêt).
    Si le pouvoir politique bloque le taux de change avec un deuxième pays « plus productif », alors le commerce extérieur du pays le moins productif va commencer à se dégrader avec le temps et l’on assistera à une chute de ce qu’il est convenu d’appeler le taux de couverture des importations par les exportations. Dans une situation « normale » où le premier pays aura conservé sa souveraineté monétaire, on assiste à chaque fois à une lente montée des taux d’intérêts dans le pays le moins efficace, cette hausse du taux de l’argent anticipant en quelque sorte l’inévitable dévaluation qui clôt le processus et remet les pendules à l’heure, ce qui se serait passé si Chypre avait conservé sa souveraineté.
    Au lieu de cela, comme rien de tout cela n’est possible dans l’Euro, le pays le moins efficace voit son activité ralentir structurellement, mais ne peut rien faire pour corriger les déséquilibres. Activité en baisse veut dire déficit budgétaire en hausse (plus de dépenses, moins de rentrées, conséquences inéluctables de la perte de compétitivité). Ces déficits toujours croissants se financent sans difficultés, au moins au début, sur les marchés financiers.
    Malheureusement, les déficits accumulés se transforment petit à petit en dettes, et il arrive toujours un moment ou les marchés commencent à prendre peur sur la capacité de l’Etat du pays faible à rembourser sa dette dans ce qui est en fait la monnaie du pays fort. De ce fait, l’ajustement nécessaire ne se fait plus par la dévaluation, mais plus brutalement par la faillite de l’Etat qui a collé son système économique dans une situation d’infériorité. En Economie, comme le disait Bastiat, le meilleur économiste que la France ait eu, il y a ce que vous voyez, la possibilité de se balader en Europe et de payer partout avec les mêmes billets, et ce que vous ne voyez pas, l’inéluctable faillite des Etats Chypriotes, Italiens, Espagnols, Portugais que cette possibilité entraine. Texte complet ici :

    http://institutdeslibertes.org/petite-lecon-deconomie-appliquee-a-chypre/

    Le processus décrit s’applique aussi parfaitement à la France qui peut être ajoutée à la liste des pays en faillite à venir comme le montre les derniers chiffres sur la dette.

    Saul




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  9. AQMI SMS IRAN EXIGE
    http://mob.dz.over-blog.com/article-ahmed-ouyahia-quitte-l-alliance-presidentielle-96643059-comments.html#anchorComment
    AOUYAHIA KTOUMI ET MHAMMOUCHE
    http://islamic-intelligence.blogspot.com/2008/01/operation-november-1950-la-france-est.html
    LE MAINTIEN DES SITES
    http://islamic-intelligence.blogspot.com/2008/02/operation-november-1950-sarkosy-olmert.html
    JOINTS
    http://www.facebook.com/khalida.toumi.50
    EN ECHANGE DE NE PAS DENONCER
    http://www.facebook.com/jean.pierreraffarin.5?fref=ts
    ET LA VIDEO ASSASSINAT M. GERMANEAU
    http://www.facebook.com/people/Khalida-Toumi-Sadeqt/100002557966022

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