vendredi 21 mars 2014

Présidence de la Commission : le cauchemar continue


Comme le rapporte The Economist, le résultat des prochaines élections européennes pourrait influencer le choix du prochain président de la Commission Européenne. Les noms qui sont avancés à date montrent que cela ne devrait améliorer en rien la qualité de la personne choisie…


Le trio infernal

Pour l’instant, cela n’a pas encore vraiment pénétré le débat public, mais a priori, si les membres du Parti Socialiste Européen arrivent en tête, ce devrait être Martin Schulz, un social-démocrate allemand, qui remplacerait Barroso. Si c’est l’alliance de centre-droite du Parti Populaire Européen (dont fait partie l’UMP – mais pas le Parti Conservateur de David Cameron depuis 2009, ce qui pénalise lourdement ce groupe), ce serait Jean-Claude Juncker, l’ancien premier ministre du Luxembourg. Enfin, les libéraux ont pris Guy Verhofstadt, un ancien premier ministre belge, comme tête de gondole pour ces élections. Les partis n’ont pas mieux choisis que les chefs d’Etats dans le passé…

Martin Shulz représenterait en effet un choix très malheureux. Alors que l’Allemagne exerce de facto le rôle principal dans l’Union Européenne, comme le démontrent toutes les négociations, que ce soit sur l’union bancaire ou les différents plans, et qu’elle bénéficie déjà de la présence de la BCE sur son territoire, lui accorder en plus la présidence de la Commission renforcerait encore sa position hégémonique. Le choix alternatif n’est guère plus réjouissant. En effet, alors que l’Union Européenne continue à discuter de réglementations financières, il serait pour le moins paradoxal que le président de la Commission soit issu d’un parasite fiscal notoire et qui, de facto, vole ses voisins….

La démocratie impossible

Il ne sera pas inintéressant de rappeler aux électeurs que voter UMP lors des élections européennes de mai pourrait bien revenir à nommer un apparachik luxembourgeois à la tête de l’UE. Pas sûr que cela leur plaise outre mesure… Idem pour les électeurs socialistes, qui ne seront sans doute pas enthousiasmés par la perspective du renforcement de la domination d’un pays qui a construit son modèle sur le moins-disant social et obtenu des plans de dépeçage des pays « aidés » lors de la crise de l’euro… A moins de s’appeler Jean Quatremer et d’avoir la foi européenne tellement chevillée au corps qu’il est possible d’inventer une histoire abracadabrantesque pour justifier le choix de Shultz.

Plus généralement, cet épisode démontre une nouvelle fois, s’il était encore besoin de le faire, qu’il est impossible d’organiser la démocratie à l’échelle européenne. Bien sûr, le PSE et le PPE essaient de tirer profit de leurs nouveaux pouvoirs, mais tout le monde comprend bien qu’il est impossible d’organiser un débat continental pour les élections à venir. Et on voit que ce sont surtout des apparatchiks qui s’imposent, sans apporter la moindre valeur ajoutée par rapport au choix des chefs d’Etat. Car quelle est la différence entre les deux principaux candidats et le président actuel ?

Le seul intérêt de cette tragi-comédie européenne est de montrer le ridicule qu’il y a à nommer le moindre président d’un machin européen. Quelle que soit la manière, cette désignation est totalement artificielle, coupée de la réalité populaire et démocratique. Et elle est au cœur de nos problèmes actuels

17 commentaires:

  1. Au moment de la crise financière, des articles dans le Spiegel se penchaient sur cette question.
    Ils disaient que Merkel, agacée par le poids du président français (à cause du suffrage universel) voulait réformer les institutions européennes pour faire élire le président au suffrage universel afin de faire contrepoids...
    Le Spiegel était allé jusqu'à interviewer Daniel Cohn-Bendit, qui déblatérait que la France était affaiblie et que c'était donc le moment de lui imposer des changements, y compris celui-là, et qu'elle n'oserait pas refuser.

    Plus récemment, on avait ceci :

    http://www.spiegel.de/international/europe/britian-leads-opposition-to-politicization-of-eu-commmission-a-956849.html
    "But British officials are uneasy with the notion that the selection of the next head of the European Commission should be linked to the results of the European Parliament elections. Downing Street isn't alone in thinking that "the whole procedure is an idiotic idea," as one senior British official said last week."

    qui serait effectivement une position de bon sens.

    De toute façon, il n'est pas souhaitable de renforcer les institutions européennes en supprimant le pouvoir de nomination des Etats.
    Le but ne serait-il pas plutôt de subordonner la commission aux chefs d'Etat qui eux sont désignés de façon démocratique ?
    Ne jouons pas le jeu de ceux qui veulent renforcer la commission.

    "Sweden and Spain are as unhappy as Britain with the prospect of Juncker as EU Commission president, while French President Francois Hollande is also thought to be less than keen on him.

    Resistance to Schulz is equally sizeable, with Hungary in particular joining Britain in its unease. In Europe's capitals, there is widespread discomfort about the German Social Democrat, because, as president of the European Parliament, he challenged the European Council and exploited EU treaties to bolster the rights of the parliament. Many don't want a Commission president who is that politically calculating.

    A Need for Consensus

    "Right now, the most likely outcome is that neither Schulz nor Juncker become Commission president," says one high-ranking EU diplomat. Theoretically, a candidate only needs to have the backing of a qualified majority of the 28 heads of state and government before he or she can be put forward, but in practical terms, it is politically untenable that a president would be appointed against the will of several countries.

    Herman Van Rompuy, President of the European Council, agrees with Chancellor Angela Merkel that there needs to be a consensus on the appointment of Europe's top job."

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  2. Pourquoi l'euro n'a que des qualités et aucun défaut :

    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140318trib000820541/pourquoi-l-euro-n-a-de-que-des-qualites-et-aucun-defaut.html

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  3. Devrions-nous être surpris?
    Toute cette Union Européenne n'est qu'une imposture. Une sorte de déguisement qui voudrait faire croire que la Démocratie guide leurs pas.
    Dans la réalité, la Finance dirige et elle s'appuie sur la théorie néolibérale (autre imposture datant du siècle dernier) pour tondre comme des moutons ce qui reste des "classes moyennes" européennes avec la bénédiction de ceux qui préparent le festin en pensant qu'ils seront invités.
    Il est plus que temps de les envoyer à la retraite afin qu'ils puissent méditer sur leurs rêves passés.

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  4. Pas un mot sur José Bové et Alexis Tsipras ?

    Talisker.

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  5. On est dirigés par des nuls qui claquent des bennes de pognon dans des ronds points, des hôtels régionaux et conseils régionaux sous prétexte de décentralisation :

    Si rien n’avait été fait, cela serait plutôt mieux, ou au pire équivalent. Cette situation est tellement flagrante que la commission par exemple ne tient même pas compte de cette mesure dans ses prévisions.

    Le « volontarisme » illustre bien plus une agitation, un théâtre, destiné à masquer le manque de résultat. On met un casque et on visite une usine en bougeant les bras. Le rôle d’encadrement consiste avant tout à se préoccuper de macroéconomie, de fixer un cap clair avec des actions qui ont des effets perceptibles par la population. Cela a été le sens de la campagne menée au Japon par Shinzo Abe. Grandes réformes, grands projets, quelques points clés et un cap clair et net : le « renouveau ». Suite à son arrivée au pouvoir en décembre 2012 et avec une ou deux réformes, la croissance du pays atteignait près de 4% pour les deux premiers trimestres 2013.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/quel-impact-pour-croissance-gouvernements-cessaient-mener-politiques-economiques-reponse-chiffres-depuis-crise-2008-nicolas-goet-1017714.html#FtxvPYaSyyV8Xbor.99

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    1. "On est dirigés par des nuls qui claquent des bennes de pognon dans des ronds points, des hôtels régionaux et conseils régionaux." Des nuls ? Pas si nuls que ça, car vous n'avez a priori pas conscience qu'il y en a une partie qui tombe dans leurs poches. Travaux publics, lycées, salles polyvalentes ... par ici les dividendes nets d'impôts !

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  6. Ce qui est très étonnant avec Abe c'est qu'il est issu du sérail, qu'il a déjà était aux commandes et que pourtant il est revenu au pouvoir avec des idées neuves. C'est pas très japonais comme attitude, mais visiblement ça marche.

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  7. Il est donc fondamental de dresser un constat troublant : à savoir que nombre de pays d’Europe périphérique auraient de toute manière été aujourd’hui en récession, avec ou sans crise de l’euro. Le péché originel de l’Union européenne étant précisément et nommément ce Pacte de Stabilité qui, contre toute attente, a éclipsé la discipline fiscale !
    http://www.gestionsuisse.com/peche-originel-leuro/

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  8. @ Anonyme

    Merci pour ces rappels : que de temps passer à des choses inutiles !

    @ Cliquet

    Bien d’accord

    @ Talisker

    Leur chance de voir leur groupe arriver en première position est limitée tout de même. Et puis Bové a retourné sa veste sur l’Europe…

    @ Karg se

    En effet, ce qui intéressant avec Abe, c’est qu’il fait partie du sérail mais a su faire sa révolution idéologique

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  9. C'est qui est tragi-comique avec ces guignols, c'est que quand on allume sa télé et qu'on voit leurs bobines, on se demande si c'est du sérieux ou si on est tombé sur une émission de télé-réalité. Le niveau des fonctionnaires de l'UE, qui, eux, sont pléthore, justifie que quelqu'un se dévoue pour écrire un petit fascicule "la politique ... pour les nuls".

    Demos

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  10. Démocratie: le pouvoir du peuple; or, il n'y a pas de peuple européen, comme l'a constaté le tribunal constitutionnel allemand; toute organisation qui n'est pas intergouvernementale en Europe ne peut être qu'une imposture. Seule attitude logique aux "élections" européennes, l'abstention.

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    1. En 2004 et en 2009, on a frôlé les 60% d'abstention : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abstention_en_France#.C3.89lections_europ.C3.A9ennes

      Si vous trouvez que ça y a changé quelque chose...

      D'autant qu'il n'y pas de seuil minimal de participation à atteindre pour valider une élection.
      Suffit qu'une seule personne vote (au hasard, le candidat lui-même) pour qu'il y ait des élus.

      Sur le principe, s'abstenir pourquoi pas. Mais si l'objectif c'est de changer quelque chose, ça sert strictement à rien...

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    2. S'abstenir est proprement ridicule. Cela ne servira à rien, tant en termes de résultats que d'analyse. Il faut voter contre l'UMP et le PS. Il y a d'autres choix possibles, non ?

      Demos

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  11. Comme en URSS le centralisme "démocratique" de l'UE fonctionne bien.

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  12. Dans ma ville je n'aurai pas le choix, faute de liste Pirate ou DLR je voterai PNG.

    Au 2ème tour je m'abstiendrai ou je voterai nul. Pas question de laisser passer l'allongement de la durée de cotisation, même en cas de triangulaire avec le FN.

    J'ai déjà cédé au chantage en 2002 et je m'en suis mordu les doigts. Une fois, pas deux.

    Ivan

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  13. Lire FDG, et pas PNG.

    Désolé, il se fait tard.

    Ivan

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