samedi 19 avril 2014

Quand des journalistes de l’Express et de l’Expansion décryptent le démontage de l’euro


Dans « Casser l’euro pour sauver l’Europe », outre le fait de présenter une bonne synthèse des raisons pour lesquelles la monnaie unique européenne provoque un tel cataclysme économique, les auteurs ont le mérite de présenter une synthèse très recommandable de toutes les questions que l’on peut se poser sur le retour aux monnaies nationales, en s’appuyant sur les nombreuses études disponibles.


L’impasse des variantes de la monnaie unique

Ils citent Michel Aglietta pour qui la zone gagnante « tend à agglomérer les activités les plus productives dans les mêmes pôles et à désertifier les régions (…) les moins industrialisés ». Ils notent que 150 années d’unification italienne n’ont pas permis la convergence du Nord et du Sud et que le fait que les salaires soient la seule variable d’ajustement de la compétitivité mène à une concurrence suicidaire. Ils citent de larges extraits de l’étude réalisée par Jacques Sapir et Philippe Murer pour Res Publica et notent qu’ils prévoient une augmentation de 4 à 10% du PIB des pays du Sud au bout de deux ans seulement (et une baisse de 3,5% du PIB de l’Allemagne). Ils défendent le principe des dévaluations en montrant comment elles ont contribué à la réussite de la Corée du Sud et de Samsung au détriment du Japon, et que Tokyo utilise cette arme à profit depuis l’arrivée de Shinzo Abe au pouvoir.

Ils étudient l’option de scinder l’euro en deux : un euro du Nord et un euro du Sud mais cela reviendrait à créer les mêmes problèmes à des échelles différentes. Ils citent une étude des économistes de la banque centrale Polonaise sur le démontage contrôlée de la zone euro qui évoque la possibilité que l’Allemagne prenne l’initiative de sortir de la monnaie unique. Pour eux, il faut passer d’une monnaie unique à une monnaie commune et ils se désolent que Marine Le Pen en ait fait un de ses chevaux de bataille, souillant l’idée dans le débat public. Pour eux, un retour aux monnaies nationales a deux avantages : économique, en permettant d’adapter le taux de change à la situation de chaque pays, et démocratique, en permettant de redonner aux citoyens une prise sur le cours des choses.

Le démontage de la monnaie unique en pratique

Mais cela pose le risque de la spéculation sur la valeur des monnaies nationales, qui avait poussé à la création du SME dont ils jugent l’expérience « guère encourageante », un peu rapidement à mon goût. En effet cela avait imposé aux pays qui voulaient défendre leur parité des taux d’intérêt punitifs, ou même au tournant de la rigueur en 1983 en France. Mais il y a une issue : « revenir sur la liberté absolue de circulation des capitaux et sur le système pernicieux de vente à découvert ». Barry Eichengreen propose d’imposer un dépôt variable à la banque centrale pour tout placement. Ce fut le choix de la Malaisie en 1998.

Ils développent aussi les idées que Lordon explique dans son livre sur l’euro pour échapper à la tyrannie des marchés sur les taux de change. Pour lui, il faut que toutes les monnaies nationales ne puissent être converties en euros qu’au seul guichet de la BCE à un taux fixe mais révisable, seule la monnaie commune continuant de flotter sur les marchés. D’ou les avantages de la monnaie unique (stabilité des cours au sein de la zone euro) sans les inconvénients (rigidité et course au moins-disant salarial).

Pour couronner le tout, Lordon propose un système inspiré du projet de la charte de la Havane de Keynes, où les efforts sont partagés entre pays déficitaires et pays excédentaires, certains seuils permettant de dévaluer ou imposant de réévaluer. L’intérêt serait de ne pas rendre nécessaire des transferts budgétaires inacceptables. Pour eux « la monnaie commune laisse aux Etats les marges de manœuvre suffisantes pour mener la politique économique de leur choix, à l’abri des forces déstabilisatrices de la spéculation, sans pour autant les obliger à abandonner l’idéal d’une communauté monétaire européenne ».

Réponses aux objections

Ils dénoncent ceux qui affirment qu’un démontage de l’euro provoquerait une catastrope en soulignant que « dans l’histoire, plusieurs unions monétaires ont volé en éclat sans provoquer la fin du monde », citant notamment le cas de la Tchécoslovaquie, qui m’est cher… Ils citent les nombreux travaux qui démontrent cela, le lauréat du prix Wolfson, Roger Bootle, qui a présenté un guide de sortie de 200 pages, ceux de Sapir ou de Nikonoff et rappellent qu’il suffit d’aposer un tampon « eurofranc » ou « République Française » sur les euros (comme cela a été fait en Tchécoslovaquie ou en 1959, lors du passage au nouveau franc), pour éviter d’attendre l’impression des nouveaux billets.

Certains affirment que cela provoquerait un cataclysme financier. Thomas Lambert estime que l’Allemagne a une exposition de 1000 milliards d’euros aux pays du Sud (78 prêtés directement via les fonds européens, 328 milliards d’emprunts d’Etat et 544 milliards de la Bundesbank à travers Target2. Mais abandonner 20 à 30% de ces créances avec une dévaluation peut être préférable à Berlin plutôt que de devoir remettre au pot tous les ans… Et cela est d’autant plus valable qu’un doute persiste sur le remboursement des créances… Pour eux « ce n’est donc pas l’esbroufe du Sud, mais la pression des évènements qui devrait conduire un jour ou l’autre ces pays à suspendre leurs remboursements. Et l’Allemagne à accepter la fin de la monnaie unique comme un dénouement convenable à cette affaire sans débouché ».

Ils reviennent aussi sur Benoît Apparu, qui affirmait qu’une dévaluation de 25% du franc nous imposerait de rembourser 400 milliards de plus. Ils rappellent le principe de la « lex monetae » qui fait que tous les contrats de droit français doivent être remboursés dans la monnaie officielle du pays. Le changement serait donc automatique, et sans coût. Ils rappellent que les Etats-Unis ont mis fin à la convertibilité du dollar en or, ou que les créanciers de l’Allemagne d’avant l’euro ont accepté d’être remboursés en euros et non en marks… Selon une étude de Nomura, 93% des créances publiques sont de droit français, d’où un risque faible. Pour les auteurs, la solution est de procéder à un démontage organisé avec les autres pays, et négocié avec les différentes parties prenantes. Ils rappellent aussi que si les banques pourraient perdre 200 à 300 milliards sur les créances du Sud (selon les évaluations de JP Morgan et Nomura), elles gagneraient sur les actifs libellés en marks ou en dollars, ce qui compenserait en partie.

Enfin, ils notent que cela permettrait à l’Etat Français de demander à la Banque de France d’acheter sa dette par création monétaire, comme le font les Etats-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne, et tant d’autres pays en dehors de la zone euro. Ils évoquent aussi l’option de recourrir à l’épagne nationale puisque les ménages placent 73 milliards de plus tous les ans et disposent de plus de 2000 milliards d’actifs financiers. Ils évoquent le contrôle des capitaux et notent que les mesures récentes n’ont pas empêché l’Islande de voir le montant des investissements directs étrangers multiplié par 16 de 2009 à 2012, « miracle de ce capitalisme plastique et opportuniste » pour les auteurs.

Ils soulignent que la dévaluation pourrait avoir un effet cinq fois supérieur au CICE, avec une baisse de 24% par rapport au dollar et de 31% par rapport au mark selon l’étude de Sapir et Murer. A ceux qui évoquent l’envolée du prix de l’essence, ils rappellent que le poids des taxes fait que la hausse serait limitée à 6%. Cela pourrait créer 800 000 à 1,3 millions de nouveaux emplois dans l’industrie. Ils appuient cela sur les cas canadiens et suédois dans les années 1990, qui ont dévalué de plus de 20%, comme l’avait fait le Général de Gaulle en arrivant au pouvoir. Un économiste de Nomura, Jens Nordvig, a évalué l’inflation à 2,5% en France et 6% en Italie. En outre, de nombreux économistes plaident pour un peu plus d’inflation. Selon Aurel Leven, passer à 4% d’inflation permettrait de réduire la dette publique française de 35 milliards d’euros par an et de la faire passer de 92% du PIB en 2017 à 75% ! Contredisant François Mitterrand, ils notent qu’en fait, l’inflation est un impôt pour les riches et une prime pour les pauvres.

Un grand merci aux auteurs pour ce complément rigoureux et étudié à la littérature sur le démontage de la monnaie unique. Un livre qui ne mérite pas le mauvais accueil des moines-soldats de l’euro et qu’il faut d’autant plus promouvoir qu’il peut convaincre les plus hésitants.

Source : « Casser l’euro pour sauver l’europe », Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger, Béatrice Mathieu et Laura Raim, édition LLL, Les Liens qui Libèrent

25 commentaires:

  1. La bonne nouvelle, c'est que petit à petit le débat s'ouvre.

    "ils se désolent que Marine Le Pen en ait fait un de ses chevaux de bataille, souillant l’idée dans le débat public."
    Moi ce qui me désole depuis maintenant quelques années c'est que médias et politiques (hors très rares exceptions) aient laissé ce cheval de bataille à Marine LePen qui fait que maintenant dans l'esprit collectif sortir de l'€ = FN. Abandon contre productif, car on va probablement devoir en finir avec l'€ d'une manière ou d'une autre, et là, la Marine que toute la classe politique, tous les chroniqueurs pseudo économistes auto proclamés que l'on voit et entend partout qui n'ont cessés depuis des années de la traiter de nulle en économie, que sortir de l'€ est débile, etc.. va avoir un boulevard devant elle et va les exploser.

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    1. Exactement. Il faudrait peut-être commencer à réaliser que la presque totalité de la classe politique ( disons 95% ) est maintenant tellement méprisée et démonétisée ( même Hollande commence à se chercher une sortie "honorable" pour éviter une honteuse déculottée en 2017 ) qu'il devient contre-productif de continuer à présenter MLP comme la Femme Ecarlate, la Grande Prostituée de l'Apocalypse.

      C'est sans doute dommage, mais c'est comme ça.

      Sancelrien

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  2. La dernière blague de 4mer :

    Jean Quatremer ‏@quatremer 12 h

    4 Allemands sur 5 « satisfaits » de la situation de leur pays. Ils ne savent pas que, selon la gauche radicale F, ils vivent l’horreur éco?

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  3. Vincent Brousseau, ex-économiste de la BCE, tête de liste UPR

    https://www.youtube.com/watch?v=SX8-UaORQ2U

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    1. Il dit quelques conneries, en particulier que si nous monétisions les déficits publics nous aurions 20% (ou 25, j'ai pas retenu) d'inflation, ce qui est totalement ridicule puisque l'emprunt actuel sur les marchés extérieurs (65% de la dette) équivaut déjà à une monétisation nette.

      Il confirme néanmoins un point en totale opposition avec Asselineau et que je défends, à savoir que nous pourrions très bien quitter l'euro sans quitter l'UE.

      Mais il est tellement soporifique (et lui aussi a le charisme d'une huitre) que je ne ferai pas l'effort d'écouter deux fois son "interview".

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    2. C'est méchant de dire cela. C'est plutôt une bonne chose que de voir des gens qui ont travaillé pour la BCE sortir du système et soutenir le fait que l'euro est un échec. Pour ce qui est de la vidéo, il faut dire que le montage est assez mauvais et que cela n'aide pas le propos. Quand au monsieur en question il est peut-être plus à l'aise à l'écrit qu'en vidéo. C'est trop court pour connaitre le fond de sa pensée. Sur la monétisation je pense qu'il parlait de la monétisation du déficit courant ce que personne ne propose et qui effectivement conduirait à une forte inflation. Il n'a pas parlé du remboursement de la dette.

      Il a en revanche une vision erronée des analyses de Sapir. Ou plutôt il est resté sur les positions de Spair d'il y a deux ou trois ans. Ce dernier ne croit plus vraiment à l'euro comme monnaie commune, en tout cas il ne pense pas la chose politiquement réalisable. Il prône plutôt une sortie pure et simple.

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    3. Dans son analyse de la question de la question du déficit ne sont pas évoqués les quantitatives effectuées par certaines banques centrales. Voir notamment ces deux liens de l’Agefi :

      Quatre banques centrales, deux stratégies :

      http://www.agefi.fr/fiche-actualite-eclairages/quatre-banques-centrales-deux-strategies-172.html

      Le Trésor britannique bénéficie de la manne de la Banque d'Angleterre :

      http://www.agefi.fr/articles/le-tresor-britannique-beneficie-de-la-manne-de-la-banque-d-angleterre-1244934.html

      Il n’y a pas de crise d’hyper-inflation au Royaume-Uni toujours en déficit budgétaire du fait des actions peu « catholiques » de la banque centrale de ce pays. Néanmoins témoignage intéressant de cet ancien fonctionnaire français de la BCE.

      Saul

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    4. @Yann
      Je ne suis pas de ton avis .
      Penser qu'une monétisation de <100 milliards par an conduirait à une _forte_ inflation n'a à mon avis aucun sens compte tenu du chômage et de la marge de production des entreprises.
      100 milliards représentent 5% de la masse monétaire française, ce n'est pas une monétisation massive.
      (essaye de voir aussi le point de vue néochartaliste sur ce sujet)

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    5. @ Yann

      "je pense qu'il parlait de la monétisation du déficit courant ce que personne ne propose et qui effectivement conduirait à une forte inflation"

      Absolument pas d'accord avec toi ! Le déficit courant est déjà une injection de monnaie dans le circuit économique, qu'il s'agisse de crédit domestique ou étranger. Le monétiser ne changerait pas grand chose en terme d'inflation (d'ailleurs il me semble avoir lu dans le programme de DLR une proposition de contribution de la Banque de France aux finances publiques de l'ordre de 5 % du PIB).
      En fait si on raisonne dans un circuit monétaire fermé, il faudrait viser une croissance moyenne du crédit anticipant la croissance des la production et des prix, soit au moins 6 ou 7% du PIB, à répartir entre l'investissement privé et le déficit primaire courant de l'Etat. En période de dépression, rien ne s'oppose donc à un déficit massif financé par la Banque de France, qu' il faudrait évidemment réduire lorsque le crédit privé prendrait le relais.

      Quant aux 20% d'inflation qu'annoncerait Brousseau, ils relèvent à l'évidence de la pure fantaisie. Même s'il faut se faire à l'idée qu'on ne sortira pas du marasme actuel sans quelques dérapages contrôlés...

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    6. @Yann
      Excuse moi, je viens de comprendre avec retard (pas fait attention après la sieste ;-) ) que tu pensais que Vincent Brousseau parlait des déficits courants ( des biens et des services plus solde des revenus financiers ). Tu as raison dans ce cas, personne ne propose de monétiser ces déficits là qui ne peuvent être réduits que par une baisse de la valeur du "franc" amenant à un équilibre des échanges.. on ne parle tous que des déficits des Administrations Publiques et je ne crois pas que Brousseau parlait d'autre chose.

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    7. Je plussoie Joel Halpern

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    8. @A-J Holbecq

      Oui c'est ce que j'avais cru comprendre des propos de Brousseau. Je ne suis pas contre la monétisation progressive de la dette, j'en avais même parlé sur mon blog. Mais j'avais cru comprendre que Brousseau faisait référence à une monétisation des déficits courant ce qui effectivement poserait de graves problèmes à long terme.

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    9. Son calcul me parait bidon, embêtant pour un économiste...

      Le déficit budgétaire de 4% du PIB si il est entièrement monétisé augmente de 4% la masse monétaire correspondant à la création de richesse, le PIB, donc un surcroit d'inflation de 4% ajouté à l'inflation actuelle qui est inférieure à 1%, hors immobilier...

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    10. Vincent Brousseau parle du déficit budgétaire. Pour ma part n’étant un spécialiste de ces questions je connaissais déjà la notion de monétisation de la dette mais je n’étais pas au courant d’une notion de monétisation du déficit. La France est dans le cas signalé par M. Vincent Brousseau d’un Etat qui gagne plus d’argent qu’il n’en dépense, c’est-à-dire qui doit être en déficit primaire aggravé bien sûr par la charge de la dette. Ce déficit il faut bien qu’il soit financé. L’Etat français emprunte aux banques et aux établissements financiers pour le financer. Maintenant s’il empruntait à la banque centrale à des conditions plus intéressantes, ce qu’il a déjà fait par le passé, qu’elle serait le problème ? qu’il fasse des bêtises qu’il ne ferait pas s’il est obligé d’emprunter aux banques, telles que recruter une armada de fonctionnaires et augmenter leur rémunération, qu’il fasse des dépenses clientélistes tous azimuts ? Ce qui finirait par créer la fameuse crise d’hyper-inflation ? Mais s’il n’est pas stupide et qu’il utilise des conditions de financement plus intéressantes pour faire disparaitre le déficit global en prenant le temps qu’il faut ?

      Notez que certains économistes ont parfois avancés des notions plus audacieuses que des prêts remboursables sans intérêt de la banque centrale à l’État pour traiter la question de l’endettement publique. A cet égard voir de Patrick Artus : « Comment faire un « haircut doux » sur les dettes publiques de la zone euro ? »

      http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=68014

      Saul

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    11. @ Anonyme19 avril 2014 20:31

      Il n'y a pas de lien direct entre la quantité de monnaie et l'inflation tant que les entreprises tournent à 70 ou 80% de leurs capacité de production et qu'il y a > 10% de chômage.

      L'idée c'est de faire passer l'augmentation souhaitée de la masse monétaire - en gros un peu plus que le déficit public) par le Trésor Public (afin d'éviter l'appel à l'emprunt) et que le supplément soit investi dans les besoins collectifs (ie transition énergétique, R&D, etc)

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    12. Qu’en pense Laurent Pinsolle ? Sauf erreur de ma part il s'agirait tout simplement d’avances non remboursables de la Banque de France au trésor pour éviter à l’Etat de recourir à l'emprunt. Donc une idée audacieuse comme l'haircut doux de Patrick Artus qui est différent et qui dit, extraits : « Il pourra être nécessaire de réduire dans le futur les taux d’endettement public de la zone euro pour éviter le « debt overhang ». Il existe une technique qui permet d’éviter des pertes dramatiques pour les investisseurs et les banques : faire acheter la quantité nécessaire de dettes publiques par la BCE puis annuler ces dettes, ce qui nécessite de ne pas recapitaliser les pertes alors subies par la BCE » « Pour passer à un achat-annulation de dette par la BCE, il faut évidemment changer les règles de fonctionnement de la BCE, pour qu’elle puisse perdre son capital en annulant des dettes détenues sans devoir être recapitalisée par les Etats de la zone euro, ce qui régénèrerait immédiatement la dette publique détruite ».

      Saul

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    13. J'ai pris le temps d'écouter et de réfléchir à ce que dit exactement Brousseau. Il parle bien du déficit BUDGÉTAIRE courant. Nous entrons dans un débat assez technique. Je retranscris ses propos sans les déformer, je pense :

      "Le déficit budgétaire divisé par la quantité de monnaie qui a pouvoir libératoire nous donne le surcroît d'inflation, que j'estime à 25%. Cette "monnaie à pouvoir libératoire" est constitué des billets plus les réserves obligatoires des banques."

      Donc, pour lui,le déficit devrait être considéré comme de la base monétaire, qui serait multiplié par le multiplicateur de crédit pour aboutir au supplément de monnaie final.
      Je n'avais pas encore entendu cet argument, mais il me semble erroné : il n'y a aucune raison que ce financement s'incorpore à la base monétaire, à moins que les titres de la dette publique acquièrent eux-même un pouvoir libératoire.
      Il est vrai que les bons du trésor constituent une contrepartie pour l'endettement et une ressource sûre pour les banques, mais c'est d'hors et déjà le cas.
      Et de surcroît, une contribution de la Banque de France ne serait pas nécessairement titrisée, elle ne gonflerait donc plus la masse des actifs disponible pour l'effet de levier.

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  4. @Laurent

    Pour ce qui est de l'influence sur le prix du pétrole, il faudrait peut-être aussi rappeler à nos concitoyens qu'il va falloir de toute manière apprendre à vivre sans cette énergie. Que ce soit à cause de la dévaluation ou de l'explosion du prix international, le pétrole va se raréfier. Plus tôt nous nous débarrasserons de cette énergie, mieux nous nous porterons. C'est l'un des grands problèmes de ces 20 prochaines années.

    Sinon je ne crois pas du tout à la possibilité de changer l'UE ou de transformer l'euro en monnaie commune. D'ailleurs même s'il propose cette idée qui est théoriquement vraie Sapir n'y croit pas vraiment non plus. Même chose pour Lordon. Je pense qu'il vaut mieux affirmer la fin de l'UE actuelle et proposer un projet à postériori comme l'union latine dont j'ai parlé récemment sur mon blog et que l'on avait déjà abordé à plusieurs reprises. Toute tentative de sauvegarde ou de transformation de l'UE actuelle est à mon sens une impasse.

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    1. Je viens de lire votre billet "Au-delà de l'Europe".
      Voilà enfin une vision, une proposition de l'après-après !

      C'est précisément ça qui manque aux analyses et discours critiques sur l'UE et l'Euro : les constats sont justes, pessimistes comme vous l'écrivez, mais ils ne sont quasiment jamais assortis d'une vision sur l'après !

      J'apprécie particulièrement votre idée de communautés économiques et culturelles (les latins, les scandinaves, les germains...) plus "petites" et cohérentes de par leur histoire.
      Et effectivement, ce n'est pas simple pour l'Europe de l'est à envisager...

      J'espère qu'un jour cette idée sera reprises par nos intellectuels et politiques hétérodoxes. Au moins on aura une base de discussion pour une vraie vision positive de l'après-après.


      Olivier

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    2. Cette idée d' «union latine/romane ou/et méditerranéenne » est attrayante, mais il ne faudrait pas oublier dans cette coopération, ni les Grecs (profondément méditerranéens) ni les Roumains/Moldaves (profondément latins).

      Concernant les Roumains (trop méconnus en France) :
      Histoire de la Roumanie: https://www.youtube.com/watch?v=ox2wdjzWHw4#aid=P7i7geIxqPA
      La Roumanie aujourd'huy: https://www.youtube.com/watch?v=OOg3u7j3Cqw

      Levelche

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    3. @Olivier

      Ce n'est pas ma propre idée. Disons que c'est quelque chose dont on avait discuté sur d'autres blogs et qui semblait assez naturel en fait. Des penseurs et des économistes divers ont d'ailleurs déjà envisagé la chose suivant divers scénarios. Il me semble qu'effectivement penser a après l'UE et des plus urgents pour rassurer les gens. On peut présenter ainsi l'UE comme un brouillon d'une idée par forcément mauvaise, mais bien mal mis en pratique et mue par des pressions, des intérêts essentiellement extérieurs aux nations européennes. C'est pour cela d'ailleurs que l'UE est plus américaine qu'européenne dans sa logique et son organisation.

      @Levelche

      Pour ce qui est de la Roumanie, pourquoi pas? Mais je pense qu'il y aurait peut-être plus de sens dans une association d'Europe centrale. Il reste à la définir.

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  5. Qui avait dit un an après la dévaluation italienne de 1992, intervenue sous pression spéculative, qu’elle avait bien le plus grand bien à l’Italie ? Un bien un certain Mario Monti devenu sans doute amnésique depuis.

    http://www.forexinfo.it/Claudio-Borghi-e-l-uscita-dall

    Quant à la remarque de Jean Quatremer que les allemands sont plutôt contents en majorité, ça n’a rien d’étonnant. Le système de monnaie unique avec taux de change surévalué dans la zone euro devait logiquement renforcer les économies performantes et compétitives de ladite zone, l’Allemagne surtout, et affaiblir celles qui ne l’étaient pas qui devaient connaître quelques problèmes. C’est exactement ce qui s’est passé et ce qui se passe encore.

    Saul

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  6. Les allemands en ont bavé donc ils en font baver aux grecs, italiens, espagnols, portugais... qui à leur tour veulent en faire baver aux français :

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/04/19/20002-20140419ARTFIG00023-comment-paris-a-perdu-la-bataille-europeenne-du-deficit.php

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  7. L'express et l'expansion ? A ce que vois, les rats quittent le navire : même les acolytes de l'infâme Christophe Barbier lâchent leur maître... Ça sent vraiment la fin de régime.

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  8. @ Alain34

    Pas de boulevard devant elle car elle défend bien mal cette idée.

    @ A-J H & J Halpern

    Merci pour ce premier avis sur cette personne. On jugera le 25 mai. En effet, cela est aberrant.

    @ Saul

    Merci pour les liens (celui sur Monti est excellent)

    Concernant la monétisation, je pense qu’il ne faut pas forcément passer par un rachat sur le marché secondaire, mais qu’il faut prévoir des mécanismes plus directs où le bénéfice de la création monétaire va directement à l’Etat. Il me semble totalement illusoire de vouloir faire cela avec la BCE.

    @ Yann

    Pas faux sur le pétrole. D’accord pour dire qu’il faut repartir d’une feuille blanche. Il ne faudra pas essayer de réforme l’UE.

    @ Levelche

    Merci

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