mercredi 14 mai 2014

Elections européennes : la campagne a minima


Le 25 mai auront lieu les élections européennes. Mais entre cette Europe fâchée avec la démocratie et une majorité guère à l’aise après la défaite des municipales et dont le discours européen est assez inaudible, la campagne n’a que timidement démarré dans les médias : un vrai scandale démocratique.



Rideaux de fumée de la majorité

Il faut croire que la défaite aux municipales, qui devrait être encore amplifiée aux européennes, a poussé les stratèges de l’Elysée à opter pour une occultation pure et simple de la seconde élection, en espérant que cela limite la défaite et surtout qu’on en parle le moins possible. En effet, comment ne pas constater que la communication de la majorité a changé, en adoptant la tactique sarkozyste consistant à faire l’actualité tous les jours ? Les nominations au gouvernement ont été étalées dans le temps, ce qui a permis d’occuper les médias pendant une bonne semaine. Puis, nous avons eu la déclaration de politique générale, et l’annonce de la réforme territoriale. Puis a suivi l’annonce du plan d’économie de 50 milliards, le tout entrecoupé de déplacements internationaux du président, pour se présidentialiser.

On peut même se demander si les atermoiements de l’aile gauche du PS (à la nomination de Manuel Valls, puis avant le discours de politique générale, avec le suspens sur leur vote, puis sur le plan d’économie) ne sont pas directement chorégraphiés à l’Elysée et Matignon tant ils se ressemblent et finissent toujours par un retour au bercail. Outre le fait d’occuper les médias, ces discussions internes et publiques sont peut-être un moyen pour la majorité de ratisser plus large en plaçant le gouvernement le plus au centre possible (pour ne pas dire à droite, économiquement) tout en conservant une critique de gauche marquée au sein même de la majorité. Ce faisant, Hollande et Valls ont repris le contrôle de l’actualité politique et l’occupent suffisamment pour occulter le plus possible tout débat sur les européennes.

Reprendre le débat en mains

On peut comprendre pourquoi le PS suit cette stratégie. Il n’a rien à dire sur le sujet, ayant ratifié tous les traités et ne pouvant pas vraiment décemment reprendre un discours sur l’Europe sociale dans le contexte actuel. L’UMP n’a pas non plus un grand intérêt à pousser ce débat, du fait de ses divisions internes entre une aile fédéraliste qui assume le bilan européen et une frange plus critique, représentée par Henri Guaino (qui a déjà déclaré qu’il ne voterait pas UMP le 25 mai, du fait du choix d’Alain Lamassoure comme tête de liste pour l’Ile de France) ou Laurent Wauquiez, à la ligne chaotique sur la question. Les centristes font le service minimum car leur position d’eurobéats est devenue ultraminoritaire en France et les Verts prient pour ne pas trop perdre par rapport aux résultats surprenants de 2009.

Il est assez effarant que l’UMP et le FN aient attendus si tard pour lancer leur campagne, partant sans doute du principe que quatre semaines étaient suffisantes pour débattre de ces questions, quand les listes de Debout la République ont démarré, pour certaines, dès la fin 2013 ! Si certains médias organisent des débats et des interviews qui permettent d’informer les électeurs, beaucoup n’accordent pas la place qu’il conviendrait d’accorder à un tel débat étant données les innombrables questions qui se posent sur l’Europe, que ce soit sur son organisation ou la monnaie unique. Une campagne insuffisante ne va pas mobiliser les électeurs, qui pourraient être tentés par l’abstention, ce qui représenterait un satisfecit pour l’UE actuelle, comme le disent bien 3 jeunes de DLR, du MRC et du FG sur Marianne.

Il est tout de même effarant d’en entendre certains se plaindre de l’abstention aux élections européennes, tout en n’accordant pas une place suffisante au débat sur la question. L’Europe, parlons-en, et nous verrons bien le 25 mai quels projets les Français soutiendront. Gageons que ce ne sera pas l’UE actuelle…

12 commentaires:

  1. Dans l'Organisation des Nations Unies, 197 nations sont représentées.

    Quand nous regardons ces 197 nations, que voyons-nous ?

    - Nous voyons 28 nations qui ont construit une union : l'Union Européenne.

    - Mais sur tous les autres continents, nous voyons 169 nations qui gardent précieusement le contrôle de leurs lois nationales, 169 nations qui gardent précieusement le contrôle de leurs frontières nationales, 169 nations qui gardent précieusement le contrôle de leur monnaie nationale, etc, etc.

    Bref : nous voyons 169 nations qui sont souverainistes.

    Partout ailleurs, sur tous les autres continents, 169 nations sont souverainistes.

    En Europe, nous sommes l'exception : il n'y a que nous, en Europe, qui ne sommes pas souverainistes.

    Les européistes sont comme les 28 neuneus qui sont montés dans un bus, et leur bus s'est engagé à contre-sens sur l'autoroute !

    A l'intérieur du bus "Union Européenne", les 28 neuneus n'arrêtent pas de rigoler. Les 28 neuneus disent en rigolant : "Regardez tous ces idiots : ils se sont tous engagés à contre-sens sur l'autoroute !"

    Les 28 neuneus ne devraient pas autant rigoler.

    Nous savons comment finissent les véhicules qui s'engagent à contre-sens sur l'autoroute.

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  2. "comme le disent bien 3 jeunes de DLR, du MRC et du FG sur Marianne"

    Voilà une initiative exemplaire, qu'il faut populariser et développer ! La France a trois options possibles : l'UMPS (c'est-à-dire la politique du chien crevé au fil de l'eau), le FN (avec le risque d'une politique de division communautaire de la Nation) et les Républicains dont le texte en question met remarquablement en avant les points communs, au delà des désaccords secondaires. Aussi bien l'UMPS et le FN cherchent à poursuivre leur tête à tête, mettons en avant notre existence et notre convergence.

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    1. Oui il faut développer ce genre d'initiative, mais comment ?

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    2. Déjà en évitant de se présenter comme étant le seul au monde à dire la vérité et à ne pas être un agent de la CIA. ;)

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    3. @bip Hors-sujet, là on parle d'un rapprochement entre militants DLR-MRC-FdG auquel je souscrirais pleinement.

      DLR n'a pas su rassembler pour les européennes, leurs militants seraient-ils prêts à faire preuve de plus d'ouverture par la suite ?

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    4. Mon propos peut se généraliser à tous ceux qui veulent entamer une discussion avec quelqu'un d'autre. ;)


      "Hors-sujet, là on parle d'un rapprochement entre militants DLR-MRC-FdG auquel je souscrirais pleinement."

      Le MRC, c'est Chevènement. Et sa stratégie a l'air d'être de se placer en recours dans le cas d'un changement de politique où Hollande n'aurait plus d'autre choix. Par exemple après un mouvement social d'une grande importance.
      C'est pour ça qu'il ménage un peu Hollande et ne l'attaque pas frontalement.

      Donc pas d'alliance avec un parti de droite qui pourrait lui être reproché par la gauche.

      Le FDG est encore en formation et sa ligne bouge beaucoup. Mais de là à imaginer une alliance dans un contexte d'élection classique avec DLR me semble impossible.
      Les différences sur certains sujets essentiels pour la France sont pas si énormes mais pour des sujets quand même importants comme par exemple l'immigration et les institutions, elles sont immenses.

      Et à part perdre militants et électeurs, je vois pas où ça mène. Surtout que même en additionnant les scores (même un peu gonflés), ça reste loin des 3 gros partis.

      Je vois pas à ce jour d'autre solution pour DLR que d'essayer de grandir pour obtenir une visibilité qui permette de se faire mieux connaître et plus largement.
      Et à ce moment là, se placer de manière à rassembler les électeurs du non de 2005.
      Ce qui aurait par exemple de grandes chances de se passer en cas d'arrivée au 2nd tour d'une présidentielle.

      Le problème qui semble pour le moment impossible, c'est de se qualifier pour le 2nd tour...


      "DLR n'a pas su rassembler pour les européennes, leurs militants seraient-ils prêts à faire preuve de plus d'ouverture par la suite ?"

      Je suis pas militant et je sais pas comment fonctionne un parti de l'intérieur. Mais imaginer que des militants puissent s'unir sans une alliance des dirigeants de leurs partis me semble pas très réaliste.

      Ou alors il faut une situation bien plus dégradée et exceptionnelle qu'aujourd'hui. (malheureusement...)

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    5. "Mais imaginer que des militants puissent s'unir sans une alliance des dirigeants de leurs partis me semble pas très réaliste."
      => C'est pourtant ce qui s'est passé à la Manif pour tous, où ont participé de nombreux militants FN malgré l'abstention de Marine Le Pen. Ne peut-on alors pas imaginer un "Tous contre cette Union européenne ?"

      Cela me paraît en tout cas plus réaliste que de voir DLR accéder un jour au second tour...

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    6. On peut tout imaginer.

      Mais je pense que les manifestants de la "Manif pour tous" auraient tous été d'accord pour dire "n'importe quoi plutôt que cette loi".

      Rassembler plus de 50% de gens sur "n'importe quoi plutôt que l'UE" parait plus compliqué.
      Beaucoup de gens auraient sans doute trop à perdre pour accepter ça.
      Et aussi, contrairement à la "Manif pour tous", ce qu'il y a à perdre est bien plus concret dans le cas de l'UE (vrai ou pas d'ailleurs).
      Et les discours sur la peur toucheront assurément bon nombre de gens.

      L'exemple de la Grèce est à ce titre parlant.
      Malgré leur situation déplorable, la majorité de la population juge le risque encore trop grand pour envoyer tout balader.

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  3. S'il n'y a pas de débats, c'est parce qu'il a été décidé qu'il n'y en aurait pas : cela fait quelques semaines maintenant que les médias nous prescrivent de ne pas nous intéresser à cette élection parce que leur sondages à la c... disent que les français... ne s'y interéssent pas !

    Et quand vous avez, à la télé, des tentatives pour en parler, le débat n'a pas vraiment lieu car très vite parasité par des boules puantes (le passage de NDA chez Ruquier a été exemplaire de ce fait !) ou des interventions quasi-unilatérales d'européistes (voir le passage de Barnier chez Ardisson de samedi dernier...).

    Le point d'orgue sera certainement la "grande soirée" de demain sur France 2. J'ai hâte de voir leur publireportage sur l'Euro et le "débat" qui s'en suivra...


    Olivier

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  4. Extrait de la tribune d'un candidat PS aux élections européennes dans un grand journal régional d'aujourd'hui : "La politique menée par les libéraux européens majoritaires (?) a amplifié la crise et oublié le rêve européen, porté notamment par Jacques Delors, d'une Europe progressiste et citoyenne (sic)". Suit le nombre d'interventions de ce député européen, quelques mots sur ce qu'il a "garanti" (la sécurité alimentaire) et "empêché" (la privatisation ferroviaire).

    La suite, soit un tiers de la tribune, est consacrée à "madame Le Pen, candidate du triple zéro" et "sa proposition irréaliste et dangereuse de sortie de l'euro". No comment.

    La conclusion, hilarante et surréaliste, se termine par : "Ne laissons pas non plus l'Europe continuer à imposer l'austérité ; Faisons de l'Europe le tremplin d'une autre politique". Je suggère à un politicien si inspiré de transmettre sa tribune à Hollande, qui sera surpris d'avoir dans les rangs du PS un type aussi créatif.

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  5. @ BA

    Merci. Très bon !

    @ J Halpern

    C’est pour cela que j’en parle !

    @ Olivier

    Tout ceci est bien triste

    @ Démos

    Le PS ose tout.

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  6. DLR n'est plus, ni pour la sortie de lUE ni de l'euros...j'avais commence de faire campagne pour vous, mais là STOP! Vous etes des imposteurs et nous voterons UPR

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