dimanche 5 octobre 2014

Juppé à Des Paroles et Des Actes : symbole de l'impasse dans laquelle nous sommes





Deux débats sans intérêts

France 2 avait plutôt bien conçu son émission d'un point de vue démocratique avec deux débats, l'un avec Jean-Marie Le Guen, pour le PS, l'autre avec Marion Maréchal Le Pen : la contradiction venait des deux autres grands partis. Mais l'exercice a largement été stérile. Dans un débat très crispé, Le Guen n'a cessé d'insister sur la situation catastrophique dans laquelle le PS avait trouvé la France. Argument un peu juste à mi-mandat, après près de 2 ans et demi passé au pouvoir, comme lui a fait remarquer Alain Juppé. En outre, la thèse de la méchante droite française, alliée à la droite allemande pour mener une austérité trop dure était bien faible : François Hollande a accepté le TSCG (mais ne le respecte pas) et son contradicteur a eu beau jeu de souligner qu'Angela Merkel gouverne avec les sociaux-démocrates...

L'échange avec la députée du FN n'était pas plus productif, même si, étonnament, il a été bien plus posé et calme que le précédent. En 20 minutes, Marion Maréchal Le Pen a été incapable de parler d'autre chose que d'immigration. Et si elle a pris un ton très mesuré, on voyait tout de même des différences. Mais ne parler que de ce sujet alors qu'il y en a tant d'autres (monnaie unique, protectionnisme, finance, monétisation de la dette publique, services publics, éducation, sécurité, questions éthiques, science...) donne une image mono-maniaque et extrêmement limitée du FN, qui n'apparait pas, heureusement, comme une alternative crédible aux deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis des décennies. En outre, elle est très souvent restée à la surface des choses, sans rentrer dans le fond des sujets.

Une triple impasse pour le pays

Du coup, cette émission laisse un goût amer. On a eu droit à un FN, qui, à défaut d'être aggressif, était bien superficiel et léger. Le socialiste, incapable de défendre sa politique, se contentait d'éléments de langage dignes d'un communicant pas très bien inspiré, et adepte du plus c'est gros, plus cela passe. Au final, le spectacle était tellement désolant qu'Alain Juppé en sortait grandi, apparaissant comme plus professionnel et finalement assez modéré, face à des adversaires un ton en-dessous. Mais par-delà son apparence de premier de la classe qui aurait bien vieilli, perdu la dureté des tanins de sa jeunesse et gagné en rondeur, comme un bon Bordeaux, qu'il représenterait bien, le discours d'Alain Juppé, malgré son professionnalisme apparent, est d'une pauvreté intellectuelle absolument affligeante.

Nous avons eu droit à tous les poncifs de la pensée économique actuelle, entre une dépense publique trop élevée de 7% du PIB, soit 140 milliards (sachant que l'on compare des choux et des carottes), une dette trop lourde (on se demande pourquoi la France emprunte à 1,25% sur 10 ans), « la croissance, c’est d’abord la compétitivité des entreprises » (jusqu'où faudrait-il baisser le prix du travail pour être aussi compétitif que les Roumains, les Marocains, les Indiens ?). Alain Juppé se fait le représentant irréfléchi des idées néolibérales d'il y a 100 ans ou des années 1980, alors que même le FMI a mis de l'eau dans son vin austéritaire, et que l'explosion des inégalités ou l'instabilité économiques poussent de nombreux économistes à reconsidérer leurs positions. Pour éviter tout débat, il dit que « la seule chose qui marche, c’est l’économie de marché (…) je suis libéral », comme s’il n’y avait pas une infinité de variantes…

Bref, Alain Juppé est bien le représentant de cette classe politique dans sa bulle, paresseuse et conformiste. C’est lui qui est fermé, à toute remise en question d’une pensée fossilisée malgré les ravages qui sont faits en son nom en Grèce ou ailleurs. 

8 commentaires:

  1. "une image mono-maniaque et extrêmement limitée du FN"

    A vous lire, je me demande qui est mono-manique. Quelles que soient les prestations, on connait par avance vos formulations dont l'objet semble correspondre à cette autre formule indiquant que "la foi vient en croyant", anticipation métaphysique de la méthode Coué. Mais sur quoi donc sont fondées toutes ces fulgurances politiques ?

    RépondreSupprimer
  2. Critiques en Allemagne après l'annonce d'un rachat d'actifs par la BCE :

    Plusieurs voix critiques, dont celle du président de la Bundesbank, se sont élevées en Allemagne dimanche après la décision de la BCE d'ouvrir encore plus la vanne des liquidités en zone euro en lançant un programme de rachats d'actifs. Le dirigeant de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, a jugé dans l'hebdomadaire Focus que la Banque centrale européenne (BCE) achetait des actifs "de faible qualité". Ce faisant, "les risques en matière de crédit pris par les banques privés vont être transférés vers la banque centrale et donc vers les contribuables, sans compensation adéquate", selon le banquier central.

    Article complet  ici :

    http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Critiques-en-Allemagne-apres-l-annonce-d-un-rachat-d-actifs-par-la-BCE-2014-10-05-1216700

    Il y a des gens qui ont dans l'idée que si la banque centrale européenne se trouve en pertes, en fonds propres négatifs, après disons certaines mesures non conventionnelles qu'elle aurait prises, elle fera fonctionner la planche à billets pour se recapitaliser. Et bien non les traités européens imposent que, dans ce cas, la BCE doit être recapitalisée par les États membres de la zone euro. C'est à dire par le contribuable.

    Saul

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les traités imposent ce qu'ils veulent jusqu'au jour où ils n'imposent plus rien du tout. Une crise prochaine, économique ou politique, fera voler en éclats cette politique aussi brutale et contre-productive qu'injuste. Nous pourrons alors nous réjouir que ces inventions de technocrates à la Giscard disparaissent. Patience, patience !

      Demos

      Supprimer
  3. " Il faudrait que Marion Maréchal Le Pen se documente un peu plus sur ces sujets."
    La remarque est amusante. Si celle-ci n'est pas "documentée" aujourd'hui, alors qu'elle est députée depuis plus de deux ans, donc une politicienne professionnelle, on n'appréciera le sérieux de l'engagement en se demandant ce qui pourrait la conduire à se "documenter". Devenir sénatrice ou Présidente de la république, peut-être ?

    Demos

    RépondreSupprimer
  4. « Démos » en fait c'est moi qui ne suis pas sérieux car je ne connais pas son niveau de documentation sur la question. De toute façon si même elle est mal documentée, il n'y pas qu'elle à l'être. François Fillon, par exemple, semble lui même ne pas s'être rendu compte que son programme provoquerait un désastre s'il était appliqué dans un conteste déjà présent de quasi-récession et déflation en France  et plus globalement dans la zone euro :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/propositions-economiques-francois-fillon-programme-consciencieux-mais-qui-manque-realisme-nicolas-goetzmann-1787216.html

    Saul


    Saul

    RépondreSupprimer
  5. Il y a plus désolant que le FN c'est l'anti-FN, que Marion-Maréchal Le Pen insiste sur l'immigration -sujet qu'elle connait bien- est tout à fait dans son role, et ce n'est pas sur les bords de l'Adour que l'on peu comprendre la détresse, identitaire, oui j'ose l'écrire, de millions de Français. Mono-maniaque, peut être, encore que sans la loupe sélective des médias on se rendrait compte que le FN parle de beaucoup d'autres choses; de culture et de patrimoine par exemple. Les bonnes âmes de la droite souverainiste propre-sur-elle seraient bien inspirées d'en parler aussi ; avec leur tripes si tant est qu'elles en aient, parce que la France est entrain de crever, par les blessures de ses ennemis -euro-mondialistes, libéraux- mais aussi faute de soins de ceux qui disent l'aimer mais la méconnaissent des lors qu'elle sent l'ail et la transpiration.
    Je crois que c'est toi Laurent qui a écrit ce texte alors je te redis ce que j'avais dis dans une intervention au conseil national de DLR : quelle France voulons-nous ? Si par notre vision économique nous la sauvons sous la forme d'une grosse Suède alanguie au soleil magrébin, à quoi bon ?
    Et si ceux que vous traitez de mono-maniaques, les toisant de votre savoir académique, agissant comme les sectaires de gauche, toujours persuadés de votre magistère moral, et si donc ils étaient moins conditionnés que vous ? mais enfin vous ne voyez donc pas ce qui se passe, que lorsque 140 000 migrants illégaux et visibles sont comptabilisés par l'Italie en moins d'un an cela est le signe d'une invasion. Avez-vous oublié l'histoire, celle de l'Empire Romain croulant sous les invasions barbares, non par le défaut des légions -qui peu ou prou on toujours vaincu- mais par le déferlement de populations attirées par une richesse dont elles étaient incapables de comprendre l'origine laborieuse et séculaire.
    Parce que nous sommes là, comme les légions nos armées ne sont plus assurées de la loyauté de cetains soldats si d'aventure le bon dieu est du camp d'en-face. Déja il faut abandoner le français dans certaines parties du territoire et pour tenter d'exister l'admnistration républicaine se courbe aux exigences communautaires. La rue est aux mains de la violence, vénale pour le moment, avant de devenir civile entrainée par les pleutres et les démissionaires gauchistes. Tout lobby dicte sa loi, les homos, les délirants du genre, les anti-nucléaire, les anti-corridas, les anti-France et l'état n'est plus rien, sa tête toute entière vendue au roi de Prusse.
    Et vous ne voyez rien !
    Tout comme les musulmans sont les premières vicitimes du système archaique et totalitaire -un exemple contraire ? - qui leur tient lieu de pensée, le migrant est avant tout un pauvre hère utilisé, pressuré d'avant son départ à aprés son arrivé, il sert toutes les causes contraires à notre interet et à notre morale ; c'est une arme contre nous que nous finançons sur nos propres deniers.
    L'immigration n'est pas le sujet principal, non, c'est le loquet primordial ; par sa dimmension économique (couts, sous-qualification, solde création/dépense de richesse, etc.) mais surtout dans sa terrible implication sociologique.
    Vous reprochez aux "autres" de s'aveugler sur l'euro, d'en faire une icone indémontable, de ne pas avoir le courage de reconnaitre leur erreur, de nous précipiter dans l'abyme par l'archarnement ... que faites-vous donc d'autre lorsque vous refusez l'évidence d'une immigration folle, d'une assimilation désormais impossible, d'un islam retrouvant son antique vigueur de prédateur de civilisation.
    Vous pouvez toujours gloser, et faire de beaux calculs politiques, sans le courage d'affronter ce qui détruit l'identité nationale vous ne pourrez, bientôt qu'entendre la France dire, comme Voltaire agonisant : en somme je meure guérie.

    RépondreSupprimer
  6. @ Saul

    Intéressant. J’ai cité l’article de Sapir dans mon papier du jour. Merci pour l’info.

    @ Démos

    Bien vu

    @ Charles

    Ce genre de commentaire n’a aucun intérêt. Je supprime.

    @ Gérard

    Consacrer 100% de son intervention à une seule question en 20 minutes, c’est quand même effarant.

    L’immigration est un sujet important, mais qui n’est pas le seul à l’être. Je n’ai jamais prôné une immigration dérégulée, je dis qu’il faut viser un solde net proche de zéro. Comment débattre quand on tombe dans une telle caricature. Le problème est que quand les Français doivent choisir entre ta vision et celle du PS et de l’UMP, ils choisissent les seconds. Il faut proposer une vision apaisée mais ferme. C’est ce à quoi je crois.

    RépondreSupprimer
  7. Concernant l’immigration, si le même degré de propagande que les français subissent -y compris par ta position inapplicable - était appliqué aux Inuits nous habiterions tous dans des igloos !
    Et encore sondage après sondage l'on voit bien que les choses se tendent au fur et à mesure que la réalité de l'islam se fait jour. Parce que l'immigration actuelle ce n'est pas celle des polacks - digérée en 15 ans- ni les deux italiennes qui à part quelques incidents type "lutte des classes" ont été si fructueuses que dans les années 70 un français sur quatre avait un italien parmi les 3 générations de ses ascendants. Quand aux hispaniques bien que cela ne me plaise pas notre premier ministre et le maire de Paris -excusez du peu- sont là pour témoigner d'une excellence qui n'a rien à voir avec notre sénatrice loukhoum !
    Oui Rachida et Najat, je sais, mais sommes nous bien sur de la qualité réelle des donzelles ? Clinton n'est pas Sarkho, quand à l'autre à part une fabuleuse propension au mensonge et à la langue de bois, on la voit voilée, courbée à Rabat et féministe à Paris; toc et taqqya à tous les étages.
    Tu as donc raison ce n'est pas l'immigration qui est un problème, c'est cette immigration là, celle qui à 95% est musulmane.

    RépondreSupprimer