jeudi 19 février 2015

La loi Macron, révélateur du quinquennat Hollande ?

Ce soir, l’Assemblée se prononce sur la motion de censure déposée par l’UMP et l’UDI sur le projet de loi portée par le ministre de l’économie. Même si l’issue ne fait guère de doute, il s’agit sans doute d’un des moments les plus révélateurs du mandat du président de la République.



Quand le PS fait de l’UMP

Même si le gouvernement a dû mettre de l’eau dans son vin, dans la plus grande tradition de la syntèse hollandienne, ce projet est important car cette collection d’articles ressemble assez furieusement au rapport Attali, commandé par la présidence précédente, à laquelle avait contribuée… le même Emmanuel Macron ! Pendant sa présidence, qui tenait plus du « one man show » que d’un chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy n’avait cessé de critiquer la législation concernant le travail du dimanche en pointant de multiples fois le cas des Champs Elysées, où un côté de l’avenue est ouvert et l’autre pas. Outre ce que cet exemple révélait de la vision de la France du personnage, qu’a-t-il fait en 5 ans ?

Il est tout de même sacrément ironique qu’alors que l’UMP n’a rien changé étant au pouvoir, ce soient les socialistes qui mettent en œuvre les promesses de Nicolas Sarkozy sur le travail dominical. Voici un nouvel exemple de la confusion du débat politique qui voit l’opposition d’hier faire ce que la majorité d’alors n’a pas osé faire, bien qu’en en ayant défendu l’idée pendant tout son mandat ! Pire, le projet de loi Marcon introduit des subtilités qui permettront de réduire le surcoût du travail dominical, qui sera fixé par des accords ad hoc. Et cette loi fourre-tout comporte d’innombrables articles comme la privatisation dogmatique et dérisoire de certains aéroports, dont on a vu les prémices à Toulouse.

Plus politique qu’économique

Bien sûr, le ministre de l’économie, qui joue son nom et une partie de son avenir sur cette loi, affirme qu’elle soutiendra la croissance, par l’ouverture des boutiques le dimanche ou la multiplication des lignes de bus. Outre que le fait de remettre son destin dans la main des riches chinois désireux de faire des achats le dimanche est aussi dérisoire que révélateur de l’état d’esprit de ce ministre, qui souhaite que les jeunes Français rêvent de devenir milliardaire, cette loi n’aura aucun impact sur notre croissance. En revanche, avec un très fort taux de chômage, elle imposera à trop de familles de voir un de leur membre, qui ne le souhaite pourtant pas, de travailler le dimanche, faute de mieux.

Mais cette loi est sans doute plus politique qu’économique. En illustrant le divorce avec la gauche de la gauche, le président et son gouvernement continuent à creuser le sillon eurolibéral plus clairement assumé depuis janvier 2014. On peut se demander s’il ne s’agit pas un moyen de piéger l’UMP et Nicolas Sarkozy en 2017. En effet, dans la campagne à venir, nous nous retrouvons dans l’étrange situation où c’est une majorité dite de gauche qui aura mis en place un projet de libéralisation vantée par l’ancienne majorité de droite que celle-ci n’aura pas osé faire pendant cinq ans. Et le recours au 49-3 peut démontrer une forme de résolution qui contraste avec l’inaction de Nicolas Sarkozy…


La loi Macron est un condensé de tout ce qui ne va pas avec cette majorité : un projet fourre-tout sans véritable projet d’ensemble, bien plus politicien qu’économique, et qui n’apportera rien à notre pays. Mais il ne faut malheureusement pas sous-estimer l’habileté du locataire de l’Elysée…

18 commentaires:

  1. Au-delà de l'objet même de la loi, le recours au 49-3 va au moins avoir le mérite de montrer, au moment du vote de censure, qui s'oppose véritablement à la politique du gouvernement. Et, comme toujours, les "frondeurs" du PS et les Verts vont se coucher lamentablement...

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  2. La seule chance que le travail du dimanche crée des emplois, c'était qu'il soit beaucoup mieux payé que la semaine. En effet l'augmentation des salaires stimule la demande, donc l'activité et l'emploi.

    Et bien justement, c'est là-dessus que le gouvernement n'a pas voulu céder. Il a fait tonner le 49-3 pour refuser toute compensation garantie à ceux qui devront travailler le dimanche. Chapeau, quand on pense que le prétexte officiel de cette réforme, c'était de créer des emplois.

    Ivan

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  3. La Loi Macron illustre la parfaite continuité libérale et européiste entre l'UMP et le PS puisqu'ils cogèrent l'UE sur ces orientations. C'est plus ses divisions internes et le manque de crédibilité de Sarkozy qui va la piéger et surtout c'est l'électorat de gauche qui ne se retrouve pas dans une telle politique qui va conduire à un nouveau désaveu électoral le 22 et 29 mars prochain comme pour les municipales et européennes de l'an dernier. Les "Frondeurs" restent dans ce cadre-là et subiront le sort de leurs collègues malgré le congrès du PS où ils
    seront minoritaires. Le seul gagnant de tout cela sera le FN.

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  4. La loi Macron, du moins telle qu'elle ressort de la première lecture de l'assemblée nationale, est effectivement une loi fourre tout qui n'est absolument pas à la hauteur de l'enjeu que son titre laissait présager.

    La violence des débats qu'elle a suscité est tout à fait surprenante et s'explique en partie par le mensonge que Nicolas Sarkozy voit, à mon avis à raison, dans la campagne de François Hollande. Le résultat est déplorable, puisqu'il apparaît clairement que la France est irréformable: si des modifications aussi minimes suscitent de telles oppositions, c'est très inquiétant pour notre pays.

    L'inspiration du projet est certes libérale, mais la vérité, c'est qu'elle ne l'est que très timidement et les hurlements de l'extrême gauche ou même d'un partie de la droite sur ce thème sont absolument ridicules, il n'y a pas d'autre mots.

    On dira tout ce qu'on voudra, mais passer de 5 à 12 dimanches ouverts par an dans les commerces, c'est un changement, mais ce n'est pas une révolution ultra-libérale, d'autant que des garanties ont été prises (pour les salariés des grands magasins). Et cette réforme ne touchera au final que les salariés des commerces, soit finalement une frange marginale des travailleurs.
    Là où la loi pouvait être utile, c'était à mon sens sur les professions réglementées et particulièrement les notaires et les mandataires judiciaires, deux professions qui vivent notoirement sur un fromage totalement inadapté aux réalités économiques et coûteux pour les propriétaires/commerçants et sociétés en difficulté. Maintenant, il était évident que ces fromages, si indus soient-ils, étaient totalement insuffisants pour relancer la croissance. Et le pire, c'est qu'au final, le gouvernement a totalement capitulé devant les lobbys!

    Sur la fiscalité des actions gratuites, si je ne m'abuse, l'allègement fiscal va simplement réaliser un retour à la situation d'il y a 10 ans et rendre de nouveau cet outil d'intéressement (à destination des cadres de PME et grosses entreprises) utile alors qu'il avait quasiment disparu. Bref, pas de quoi fouetter un chat, même si c'est libéral.

    Au sujet de la privatisation des aéroports, il faut là aussi raison garder. Normalement, ce type d'infrastructures devraient rester publiques, comme d'ailleurs pour moi l'ensemble des infrastructures de transport. Maintenant, et si les pouvoirs publics encadrent correctement cette privatisation en raison du monopole donné à une personne privée, je ne vois pas pourquoi il faudrait pousser des cris d'orfraie. Les aéroports sont par nature totalement non délocalisables! L'idée selon laquelle les Chinois achèteraient l'aéroport de Toulouse pour pouvoir espionner Airbus me paraît tout à fait fumeuse pour ne pas dire complotiste.

    Sur la libéralisation des autocars, le texte est un peu dangereux dans la mesure où il va fragiliser certaines dessertes ferroviaires. Mais force est de reconnaître que le mal est déjà bien entamé et qu’il est utile de proposer des services de transports collectifs là où il n’y a aujourd’hui rien ou à des prix inaccessibles.

    Sur les taxis ou les avocats, le gouvernement a reculé. Bref, si le texte est indéniablement d’inspiration libérale, c’est libéral, mais pas tant que cela.


    En tous les cas, cette loi me laisse une impression d'immense gâchis, entre l’opportunisme de politiciens de droite qui auraient dû en toute logique la voter, celles des fameux frondeurs qui refusent pourtant de voter la censure alors qu’ils auraient dû aller au bout de la logique.

    Tythan

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    1. Pour ce qui me concerne, je suis toujours étonné, pour ne pas dire plus, de voir que c'est le Parlement, qui décide du nombre d'ouverture le dimanche pour les commerces. Il faut que tout soit décidé de Paris. Une pratique digne du système soviétique.

      Un hors-sujet d'autant que le pouvoir actuel ne prend pas le sujet à bras-le-corps et qu'il se contente de mesurettes aussi incohérentes qu'inefficaces. Il est vrai qu'il faudrait du courage, une vision politique et le sens de l'intérêt général pour infléchir les choses, ce que les "socialistes" n'ont pas. Dès lors qu'on n'a ni courage, ni convictions, la seule issue est de faire du bricolage à grand renfort de communication sur telle ou telle décision. Ce qui compte, c'est surtout d'occuper l'espace en donnant l'illusion d'agir, n'est-ce-pas M. le premier secrétaire du PS ?

      DemOs

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    2. @ Demos

      Sur le point précis du pouvoir décisionnel local, en fait c'est le maire de chaque commune qui pourra autoriser les commerces de sa ville à passer de 5 à 12 semaines par an (5 restant le minimum qu'il doit accorder).

      Je vous cite in extenso la présentation du projet de loi:

      "En premier lieu, la loi permet aux maires de disposer du pouvoir d’autoriser le travail non plus cinq mais douze dimanches dans les commerces. Cinq dimanches seront ouverts de droit, avec la possibilité d’aller jusqu’à douze.

      En deuxième lieu, sur la proposition des élus, intercommunalités et communes, le système d’ouverture dans les zones commerciales disposant d’un potentiel d’activité est réformé, de manière à rendre possible des adaptations plus souples et davantage sécurisées que ne le permet aujourd’hui le système des PUCE. Un cadre clair est donné aux élus, détenteurs de l’initiative. Les zones touristiques et les périmètres d’usage de consommation exceptionnelle (PUCE) sont transformés respectivement en zones touristiques (ZT) et en zones commerciale (ZC).

      En troisième lieu, des zones touristiques internationales (ZTI) sont créées. Pour ces zones qui sont d’intérêt national sur le plan touristique et économique, la loi prévoit qu’un décret détermine les critères de ces zones, et qu’un arrêté des ministres compétents prend l’initiative de les créer après concertation avec les élus. Il est d’intérêt national que ces zones attractives ouvrent leurs commerces, le dimanche et en soirée, dans des conditions protectrices des salariés.

      La loi apporte également une réponse à la question du travail du dimanche dans les commerces des gares, qui sera rendu possible soit lorsque les gares feront partie d’un des périmètres évoqués plus haut, soit lorsqu’elles figureront dans un arrêté des ministres compétents. "

      Je vous avoue ne pas avoir le courage d'aller vérifier que c'est bien ce qui est sorti après les amendements, mais je pense que c'est le cas.

      Sur ce sujet précis, mais cela ne veut pas dire que parfois Paris se mêle de ce qui ne le regarde pas, les pouvoirs locaux seront donc bien consultés.

      Tythan

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    3. Très bien, la précision est utile.
      Concernant ma réaction, elle tient au fait que le pouvoir s'occupe de régenter tout et n'importe quoi et n'importe comment. Alors que le Medef et bien d'autres veulent en finir avec le Code du travail, alors que l'économie s'est effondrée, alors que le social régresse, que le pays connaît une crise politique, les socialistes donnent un coup de pinceau par ci par là, font du bricolage, se perdent dans les détails sans jamais aborder les questions structurantes. Il est, bien sûr, inenvisageable pour eux de toucher au cadre et aux règles mis en place par les libéraux avec leur collaboration. Mieux vaut bricoler des programmes inefficaces et sans cohérence en prier la sacro-sainte croissance. Une nouvelle religion est née.

      DemOs

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  5. M. Le Foll, Ministre de l'agriculture et porte-parole du gouvernement, qui passait hier soir sur Canal + dans "le petit journal", a clairement dit ce que fait que le Parti socialiste est ce qu'il est aujourd'hui, une UMP bis : en parlant de Mélenchon, il a expliqué que les élections ne se gagnent pas à gauche et, de manière plus générale, que les politiques ont des convictions. Cela donne un PS qui occupe la droite du terrain politique en captant les programmes et les thématiques des partis de droite et une politique qui s'appuie sur des "convictions" libérales. Tout le contraire de ce qu'Hollande avait promis en 2012, comme le déclare avec justesse son prédécesseur à l'Elysée (un comble !) : "Quand on a expliqué pendant toute une campagne qu'on ferait une politique de gauche, qu'il n'y avait pas de crise dans le pays, que tout était dû à un certain Nicolas Sarkozy, on crée les conditions de la révolte". On ne saurait mieux dire.

    DemOs

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  6. A quelque chose malheur est bon, le gouvernement ne pourra plus dégainer le 49-3 pendant le reste de la session (sauf pour les lois de finance ou de financement de la sécurité sociale)

    Ivan

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    1. Si c'est pour balancer une loi totalement idiote, c'est effectivement une bonne chose mais en soi, le fait de ne plus pouvoir utiliser le 49-3 n'est pas forcément une bonne chose.

      Le gouvernement sera encore plus paralysé qu'il n'est aujourd'hui, et ce n'est pas peu dire...

      Tythan

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    2. @Tythan

      Et vous avez vu passer des lois qui n'étaient pas "idiotes"? (dans le sens de l'intérêt et de l'indépendance de la France)

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    3. Heureusement, oui, il y en a!

      Il y a des lois idiotes, comme par exemple la loi Duflot tellement mal faite qu'elle a dû être réécrite, ou bien encore l'absurde obligation d'information de tous les salariés d'un projet de cession d'entreprise (loi hamon) pour ne donner que quelques exemples récents.

      Ceci étant dit, il ne faut pas tomber dans le poujadisme et le tous pourris, les parlementaires font parfois du bon boulot. Par exemple avec la loi sur le choc de simplification administrative, qui a proposé certaines avancées (qui d'ailleurs ne relevaient pas toutes du domaine législatif).

      Tythan

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    4. Vals s'en fout comme de sa première chemise : rien ne l'empêche, comme par exemple pour le vote sur l'ANI, d'employer le vote bloqué. Et autant qu'il le veut ! Ce qui revient quasiment au même que le 49.3 !
      On nous enfume avec ce 49.3 qui ne peut être utilisé qu'une seule fois par session. Certes... Mais il existe tout une série de moyens pour passer outre le désir des parlementaires !

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  7. Les choses sont pourtant simples. Face à axe Bruxelles/Berlin qui lui demande de faire du Schröder et de satisfaire des objectifs comptables, le gouvernement ne peut pas faire plus de hausses d'impôts (à cause de l'opinion publique) ni de casse des services publiques et de l'Etat Providence (à cause de ses électeurs). La loi Macron, du nom d'un gars qui était dans les bons papiers d'Angela avant d'être ministre, est alors un moyen de jouer la montre: on gagne du temps en donnant des gages réformistes en attendant des jours économiques meilleurs. Et on reporte la fessée du maître d'école aveuglé par son dogme comptable. Il est à noter aussi que la dite Loi Macron fait partie de la partie d'échecs de la Chancelière: la France fait mine de donner un gage réformiste, Berlin fait mine d'être satisfait... et le deal permet d'éviter que Paris prenne le parti des Grecs dans le bras de fer Berlin/Athènes du moment. Je sais que tout le monde rabâche la puissance économique germanique. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a aussi un problème de leaders: Merkel joue aux échecs alors que Sarkozy et Hollande jouent à la pétanque. Bien avant Hollande, Sarko s'était fait rouler dans la farine: croyant obtenir une grosse concession avec un FESF qui n'est qu'une coquille vide, il a cédé sur un contrôle budgétaire bien réel. A moins qu'il ait réellement (et c'est pas à son honneur) détruire au nom de bonnes intentions comptables la possibilité qu'une alternance soit suivie d'un changement de cap économique.

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    1. Bien d’accord, les frondeurs sont des faux frondeurs.
      A voir : serrurier paris 20

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  8. @ L’ami

    Bien d’accord, les frondeurs sont des faux frondeurs

    @ Tythan

    Le travail du dimanche est un symbole important, même s’il n’est qu’un élément, parmi bien d’autres de la libéralisation et nous ne sommes pas dans le cadre d’une grande révolution, mais si la tonalité générale est tout de même bien libérale.

    Sur la privatisation des aéroports, on voit bien avec les autoroutes que l’Etat ne parvient pas à encadrer les nouveaux propriétaires.

    Merci pour les précisions.

    @ Démos

    Très juste, et Bathès a eu raison de faire un parallèle avec Thatcher et son TINA

    @ Anonyme 16:53

    Sans doute assez bien vu

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