samedi 4 avril 2015

Quand le chômage tue

C’est Jacques Sapir qui a dégotté cette information sur son blog : une étude de l’INSERM estime que le chômage provoquerait 10 à 20 000 décès de plus par an, à mettre en perspective avec les plus de 3000 victimes de la circulation routière. Un chiffre qui fait froid dans le dos.



Des conséquences du chômage

L’étude de l’INSERM est effrayante. Déjà, « entre 2008 à 2010, 584 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage ». Suite à une étude sur « 6000 volontaires pour observer les effets du chômage sur la santé cardiovasculaire et la mortalité globale », Pierre Meneton, de l’INSERM, affirme que le chômage tuerait « entre 10 000 et 20 000 personnes par an ». La surmortalité des chômeurs serait « trois fois supérieure à celle des non-chômeurs » du fait d’accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques, liés à leur condition. Les chômeurs ont davantage de comportements à risque, consommant plus d’alcool, moins de fruits et légumes et un apport calorique supérieur.


Munich social, énième saison

Tout ceci montre à nouveau à quel point il est essentiel de garantir le plein emploi, ou de s’y rapprocher le plus possible, chose inconnue dans notre pays depuis plusieurs décennies malheureusement. Il est pour le moins suprenant que nous ne parvenions pas à comprendre à quel point l’assurer est important. Le plein emploi est si important aux Etats-Unis que la politique monétaire de la Fed en dépend, quand, dans la zone euro, la BCE ne regarde que le niveau de l’inflation. Il est vrai néanmoins que le marché du travail n’est pas conçu de la même manière que dans beaucoup de pays européens, entre un salaire minimum plus faible et une protection des travailleurs beaucoup moins développée.

Philippe Séguin avait raison de dénoncer, il y a plus de vingt ans, le « Munich social » d’une classe politique qui semble ne pas vraiment se soucier du niveau du chômage, se contentant de mesurettes désiroires et d’attendre les courants favorables de la conjoncture, venus des hoquets imprévisibles et irrationnels des marchés, des monnaies ou des matières premières. L’étude de l’INSERM donne une réalité concrète aux souffrances que créé le chômage de masse dans lequel la France vit depuis bien trop longtemps. Pire, la situation risque de se détériorer, entre automatisation à tout crin et une possibilité sans cesse accrue de délocaliser les emplois dans des pays à bas salaires.


Merci donc à Jacques Sapir de faire connaître cette étude capitale de l’INSERM qui montre à quel point nos dirigeants devraient faire de l’emploi l’objectif numéro de leurs politiques (sans remettre en compte le niveau des salaires). Que de souffrances du fait du chômage de masse !

7 commentaires:

  1. L'espérance de vie des SDF est encore plus basse :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Sans_domicile_fixe_en_France

    D'autre part beaucoup de jeunes restent au chômage faute de permis, lequel est devenu un parcours du combattant hors de prix, alors que le chômage tue beaucoup plus que la route, ce qui est absurde quand on pense que c'est justement sous prétexte de réduire la mortalité routière qu'on a rendu le permis inaccessible aux plus jeunes et aux plus pauvres.

    Ivan

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    1. La France est en train d'étouffer sous le poids des corporatismes à tous les niveaux, le permis de conduire en est un des exemples. Aux USA, si vous avez déjà le permis français, il vous en coutera 40 $ pour passer l'examen qui est très simple. Un américain en France devra payer plusieurs centaines d'Euros pour obtenir un permis français. Les questions de l'examen du code de la route français sont souvent complètement ubuesque, un vrai foutage de gueule...

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    2. La France est entrain d'étouffer sous le poids d'un seul corporatisme : la finance !

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  2. Pourquoi s'en plaindre ? 10 à 20000 chômeurs-assistés morts par an, autant d'économie pour l'es caisses de l'État, non ? Tous ces libéraux, sarkozystes, wauquiéristes, rebsamenistes, hollandistes, etc, doivent s'en réjouir ! Les comptes sociaux, donc une partie de la dette, s'amenuise de cette manière. Même pas besoin d'aligner ces fainéants d'assistés de chômeurs (de ceux qui "viennent le matin dans mon bistrot et qui en partent le soir tout en gagnant mieux leur vie que moi", une tenancière de bistrot et candidate FN dixit) : on économise une balle !!!
    J'ai juste un regret : l'étude de l'INSERM est en retard par rapport à une étude américaine (2011) qui indique :
    1) le chômage est tout aussi important que le tabac, le diabète, l'hypertension et l'alcool dans la survenue de l'infarctus (35% de risques en plus par rapport à une population de référence)
    2) cet effet morbide du chômage est CUMULATIF ! Plus vous cumulez de périodes de chômage, plus vos risques cardiovasculaires augmentent et ne demeurent pas à 35% !!!
    http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1392492
    http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/11/23/19478-chomage-augmente-risque-dinfarctus

    N'oubliez pas qu'au dernier pointage de la DARES, 6,250 millions de personnes sont inscrites à Pôle EMploi, plus 1,2 millions de personnes au RSA et non inscrites à PE (car suivies par des organismes indépendants de PE). Je ne parle même pas des centaines de milliers de personnes, au chômage qui se sont désinscrites de PE parce que :
    1) sans aucune indemnité (plus de 52% des inscrits ne perçoivent strictement rien : ni allocations, ni ASS, ni RSA, ni rien d'autre : pas certain que les Sarkozy, Wauquiez, Rebsamen, Hollande, Valls et tous les autres abrutis du même acabit aimeraient être assistés de cette manière et à ce point !!!)
    2) surtout, sans aucune espérance et sans aucune attente de la part de la broyeuse sociale, économique et financière : c'est le cas d'une de mes amies, mariée, plus de 50 ans, avec un revenu de 1000 euros pour le couple, mais largement supérieur aux seuils d'un RSA pour un couple, et un loyer de 550 euros/mois ! Et sans aucun suivi de la part de PE (elle n'en veut pas aux salariés de PE, mais bel et bien à l'institution et à nos politiques, ces VRAIS assistés !)

    Mais nos politiques ont raison : un chômeur coronarien coûte encore plus cher à la société !!!
    Je voudrais les voir se démerder avec 16,35 euros/jours (ASS) et encore moins (448 euros/mois au RSA) juste pendant un mois, surtout en hiver, sans pouvoir se chauffer ! Grandes gueules incompétents !

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    1. Ce sont les mêmes "grandes gueules" qui augmentent nombre de postes et avantages, comme dans le cas des élections départementales : 4108 nouveaux conseillers pour 2054 cantons sous prétexte de développer la parité. Choix de caste d'autant plus scandaleux que le pouvoir ne fait rien pour l'emploi des femmes (temps partiels nombreux et revenus inférieurs). Les "grandes gueules" ont mis en place des contrefeux avec la collaboration des médias qui qualifient celles et ceux qui critiquent leurs maîtres de populistes, de corporatistes conservateurs ... A ce rythme-là, rien ne changera avant longtemps si nous ne tapons pas sur la table.

      DemOs

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  3. Le plus grave, c'est que ce gouvernement d'abrutis est en train de s'attaquer aux droits des salariés des PME, les moins payés, les plus précaires...

    Tout ça en réaction au vote FN, alors que ces triples connards de Bercy ne font qu'encourager le vote FN avec leurs mesures stupides. On va droit droit dans le mur. Valls et Hollande sont des crétins dangereux, il faut les virer le plus vite possible.

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  4. @ Ivan

    Merci pour ce complément

    @ CanluCat

    Merci pour ces compléments

    @ Anonyme

    Malheureusement, cela risque de durer…

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