samedi 1 août 2015

Les révélations de Moscovici sur le TAFTA




Les bisounours du commerce

Déjà, comme l’avait relevé Marianne la semaine dernière, Pierre Moscovici avait osé soutenir publiquement que « le TAFTA est plus dans l’intérêt de l’Europe que des Etats-Unis », au motif que le marché étasunien est moins ouvert que le marché européen. En clair, le commissaire européen nous révèle que le bilan de décennies de négociation d’accords de libre-échange, c’est que l’Union Européenne a bien plus ouvert ses marchés que les Etats-Unis. Et on ne voit pas pourquoi l’UE ne les aurait pas plus ouverts que tous les autres pays du globe, pour qui connaît le modèle de développement des pays asiatiques, protectionnistes, ou le mode de fonctionnement de bien des pays d’Amérique Latine.

Voici donc un hiérarque européen qui nous révèle que l’UE, en charge des négociations commerciales depuis longtemps, a très mal négocié depuis des décennies et que nos pays sont les bisounours du libre-échange, la partie du globe où presque tout le monde peut vendre ce qu’il produit sans réciproque. Et il faudrait faire confiance à cette même commission, qui a si mal négocié, pour la nouvelle négociation ! D’ailleurs, Pierre Moscovici a quelque peu corrigé le tir une semaine après, Bruxelles ayant sans doute compris les implications de son discours, annonçant, toujours dans une logique bisounours, que le TAFTA serait un accord gagnant-gagnant pour l’UE et les Etats-Unis !

Le libre échange comme religion

Le commissaire européen poursuit : « je suis persuadé que c’est un accord gagnant-gagnant, possiblement (…) Si ça fonctionne bien, c’est une opportunité d’exportation formidable vers un très grand marché, qui, aujourd’hui, est fermé ». D’abord, il est illusoire de s’attendre à ce que les Etats-Unis s’ouvrent sans contre-parties européennes. Et comme l’a bien indiqué Danièle Favari dans son livre, les contre-parties font froid dans le dos. Le TAFTA comprend un large volet sur les tribunaux d’arbitrage, ces instances qui permettent aux multinationales de poursuivre les Etats défavorables à leurs intérêts (Philip Morris demandant réparation à l’Australie pour ses lois anti-tabac). Même The Economist s’est ému du rôle grandissant de ces instances, dont on peut penser qu’elles remettent en cause la démocratie.

Pire, à un moment où nos agriculteurs souffrent déjà terriblement de la libéralisation des marchés agricoles, comme nous le rappellent les éleveurs cet été, le TAFTA pourrait encore aggraver la situation en ouvrant la porte aux produits agricoles étasuniens interdits d’importation du fait de normes sanitaires plus exigeantes : OGM, lait et bœufs aux hormones, poulet chloré, porc à la ractopamine. Même Jean Quatremer s’était ému des conséquences possibles de cet accord. Voilà qui relativise le discours de bisounours du libre-échange de Pierre Moscovici, complètement déconnecté des conséquences potentiellement sanitaires de cet accord et dont les arguments n’ont jamais été démontré sérieusement.


Voilà pourquoi il faut continuer à se mobiliser contre ce traité négocié dans le plus grand secret. On ne peut pas faire confiance à une europe au bilan commercial désastreux, comme l’a avoué Moscovici en révélant que nos pays sont bien plus ouverts que les autres, les dindons de la farce en somme.

21 commentaires:

  1. @LH,

    Ce traité est un scandale absolu, merci à vous de mettre en lumière la dangerosité de ce texte. Dans les médias, manifestement c'est le blackout.

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  2. Ce traité est l'objectif réel d'une opération commencée depuis 1950 avec la soi-disante construction européenne. Il s'agissait uniquement d'en faire dans un premier temps une zone de libre-échange pour les Etats européens entre eux, tout en faisant croire aux gens que l'Europe allait connaître le même destin que les USA et deviendrait même la 1ère économie mondiale...
    Tout ceci n'était qu'illusion et poudre aux yeux. La réalité apparait et la signature de ce traité scellera notre sort de vassaux éternels de l'oligopole bancaire international. Tout ça pour ça...

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  3. "Gagnant-gagnant" , l'expression des escrocs par excellence !
    Moscovici évite de nous dire dans quel secteur et dans quelle filière les échanges se porteront , le flou toujours le flou...
    Notre agriculture ne sera jamais plus compétitive que l'américaine , l'allemande ou la brésilienne.
    On va leur vendre quoi quand nos bienfaiteurs de la grande distribution proposeront du porc et du boeuf US ,des medocs et des sac Vuittons ?

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  4. Il est assez probable que ce traité ne génère aucune croissance supplémentaire, ou de l'épaisseur d'un trait. C'est surtout l'occasion pour les politicards de se faire mousser dans les médias en nous vendant que c'est un grand pas pour l'humanité.

    En attendant, les problèmes sérieux de la zone Euro ne seront pas réglés.

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  5. pas grand chose à rajouter à ce billet.

    Les USA sont les spécialistes du protectionnisme depuis des décennies, comme le japon d'ailleurs. ; le plus souvent indirectement grâce à une batterie de normes ou autres artifices...

    mais bon, il suffit aujourd'hui de prononcer les gros mots "protectionnisme" ou "souveraineté" pour se voir brandir le carton rouge d'extrèmiste d'on ne sait trop quoi d'ailleurs ; et peut être bientôt de se voir affubler du titre de "haute trahison"....

    à ce jeu là, on n'a pas fini d'accueillir les produits de l'extérieur que nous ne fabriquons plus même si nous pourrions encore rouvrir des filières avant qu'elles ne disparaissent totalement,

    nous pourrons aussi accueillir à bras ouvert toute la merde citée et recitée ici et là dans l'industrie agro alimentaire et

    le plus marrant sera certainement la possiblité pour les groupes d'intenter des procès en chaine à l'état qui refuseraient un produit sans prétexte de danger sanitaire, de barrière aux "circulations de marchandises" , procès que subit déjà le canada je crois ......

    Moscovici est un garçon gentil qui a été recasé à un poste de bon niveau pour ses capacités, il a déjà vendu son corps au marché comme nombre d'autres, il est en train de troquer son âme gratos...

    la population est devenue une variable d'ajustement du marché et du veau d'or...le kilo de barbaque humaine est en train de se brader à grande vitesse par tout un tas de petites frappes politiques et technocratiques..





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  6. Je ne vois pas trop comment on pourrait se mobiliser de façon crédible contre un traité négocié, comme il l'est justement rappelé ici , dans le plus grand secret, donc dont on ignore totalement le contenu final...

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    1. On connait la ligne directrice : libéraliser.

      Donc supprimer des normes.

      L'accord vise à favoriser le commerce... et qu'est-ce que les USA ont à nous vendre ?
      - le porc à la ractopamine, le poule chloré... des OGMs. Etc.

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    2. Non, c'est l'inverse : remplacer les taxes d'importation par des normes communes ; toute la négociation porte sur les normes, et qui elles avantageront ; si elles sont globalement défavorables à l' UE, celle-ci n'aura aucune raison de le ratifier .

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    3. On peut par exemple noter qu'au Sénat américain, pour l'homologue du TAFTA pour l'océan pacifique, un vote négatif a été émis du fait du mécanisme d'arbitrage qui permettrait aux grands groupes d'être sur le même plan que les Etats.

      Si même les Américains s'en inquiètent, il ne restera plus que les demeurés retraités centristes français pour jouer les esprits forts avec la prospérité de leurs enfants...

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    4. @ arié,

      L'inverse de ce que je n 'ai pas dit ?
      L'inverse du raisonnement que l'on attribue d'office aux anti ultra-libéraux ?

      L'U.E. se fiche des normes avantageuses ou non ! l'important pour les eurocrates, c'est qu'il n'y ait pas de normes ET que le dieu marché décide.

      Bref, les discussions portent sur le fait de ne plus imposer les normes locales aux importateurs, point (et bien évidemment pas de taxes non plus) ; qui s'amuse à opposer taxes et normes ici ? pas moi.

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    5. Et je pose la question :

      A-t-on déjà vu l'U.E. s'inquiétait de l'intérêt de l'Europe ?

      Ce n'est pas après avoir ouvert sans conditions et sans réserve le marché européen face à des pays ultra-protectionnistes comme la Corée du sud ou le Japon, que l'U.E. va nous laisser croire que les eurocrates ne vont pas signer un accord des plus désavantageux pour l'intérêt général des pays membres de l'U.E.

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    6. @Elie Arié. Et vous croyez sérieusement que ces normes fusionnées seront alignées sur le plus qualitatif ? Je pense que ce serait bien naïf.

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  7. plus drôle encore, une autre justification avancée est celle qui suppose une amélioration sans précédent de la croissance et "la libération des énergies " qu'il disent.......argument déjà employé pour l'ouverture du dimanche, pour la libération des métiers réglementés et le rajout récent dans le PIB du marché des putes et de la drogue.

    Et c'est vrai qu'il y a croissance paraît il, comme celle du chômage , on est prié de ne pas trop regarder comment, il faut croire sur parole,


    EN revanche la planche à billet est vraiment en pleine croissance dans le monde, elle, mais les biftons nous passent tous devant nos yeux, peu de chance qu'ils viennent jusqu'à nous. Là où de plus en plus d'individus se demandent comment finir le mois à partir du 2, une minorité d'immenses fonds de pension ou de groupes internationaux crachent les centaines de milliards en titres, en dividendes ou s'endettent même pour profiter des effets de leviers de taux proches de zéro...

    pendant que les groupes privés continuent de s'endetter sans crainte puisque c'est le pékin de base qui paie, tout le monde regarde les dettes publiques...


    je me demande encore pourquoi tous ces cerveaux, vantés par les médias, ne s'occupent pas de négocier d'ores et déjà des traités avec les martiens, les vénusiens et autres peuplades intersidérales....

    Stan

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  8. Même face à la petite Corée du Sud, les négociateurs de l’énorme UE se sont débrouillés pour signer un accord défavorable à l'Europe.
    On nous avait pas vendu que l'UE était censé nous donner plus de poids dans le monde ? ( ce qui en passant, est une vision du monde pas très réjouissante, où le gros est censé tirer sa prospérité de écrasement des petits )
    Alors face aux USA, toujours très favorable à l’élargissement de l'UE ( étrange pour une union censée faire contrepoids, étrange n'est ce pas ? ), c'est même pas la peine d’espérer quoi que ce soit en notre faveur.

    Le commerce international est de plus en plus intense avec les années, et pourtant la croissance mondiale à tendance à baisser, chercher l'erreur.

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    1. Vous ne précisez pas assez quand vous écrivez : défavorable à l'Europe.

      Cet accord est favorable aux riches des pays membres de l'U.E, ce qui est le but. Et pour que cet accord soit favorable aux riches, il faut que l'accord soit défavorable aux autres couches sociales.

      Gardez bien à l'esprit que la "mondialisation" n'est pas une intensification des échanges marchands (importations & exportations), même si le terme a été choisi afin d'induire une idée justement d'échanges !

      La mondialisation est l'intensification exclusivement des importations par les riches de l'U.E. des biens produits par les pauvres des autres pays.

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    2. Les riches ont même profité de la pseudo-crise, qui n'est qu'un montage destiné à nous faire croire qu'il y a crise pour s'enrichir...en 1929, les patrons sautaient des gratte-ciels américains parce qu'ils avaient perdu des milliards en quelques minutes et qu'ils étaient ruinés...€n 2008, vous en avez vu combien des riches qui se suicidaient?...des salariés, oui, il y en a eu, mais des patrons...il n'y a pas de crise, elle est téléguidée par les grandes fortunes...

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    3. En 2008 les Etats sont beaucoup plus interventionnistes qu'en 1929, ils n'avaient pas alors les connaissances et les structures pour sauver les riches.
      Depuis, Keynes et les trente glorieuses sont passés par là, mais en 2008 l'interventionnisme à été détourné de son but initial pour sauver les patrimoines des possédants.

      Quand c'est eux qui sont menacés, ils comprennent très bien la puissance de l'Etat pour diriger les flux financiers.
      2008 c'est la confiscation de la puissance publique à leur profit.

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    4. Excellente définition de l'ultra-libéralisme :

      - confiscation de la puissance publique au profit exclusif des plus riches.

      Ce que les ultra-capitalistes appellent "libéralisme" est en fait un retour à la Fronde ; quand les nobles contestaient au roi le monopole de la puissance politique, et que les nobles voulaient gouverner avec le roi, OU à sa place.

      Les nantis d'aujourd'hui disputent le pouvoir au gouvernement...

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  9. @ Cliquet

    Rien ne scelle le sort. On peut toujours en sortir, si jamais cela était signé.

    @ Stan

    Tristement juste

    @ Elie Arié

    Et comment faire confiance en l’UE quand un de ses porte-voix reconnaît qu’elle négocie mal depuis des décennies ? Le risque est de permettre à toutes les normes (y compris le moins disant) de s’exporter

    @ Abd_Salam

    Assez d’accord.

    @ TeoNeo

    Très juste

    @ Axel

    Je ne pense pas que cela soit téléguidé du tout. Plutôt le produit des esprits animaux classiques…

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  10. electricien Savigny le temple pas cher

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