lundi 7 septembre 2015

L’Europe en crise (billet invité)

Billet invité de Ludovic Bessede

L’Europe connaît une crise sans précédent. Les difficultés économiques d’hier et d’aujourd’hui ne sont plus les seuls sujets de préoccupation des peuples européens. Leurs identités culturelles sont mises à mal par un multiculturalisme de plus en plus pressant. Les migrations se font de plus fortes et des difficultés sociales émergentes. Quant à l'Union européenne, qui devait nous apporter prospérité, beaucoup ont compris qu’il ne s'agissait que d’une illusion d’euros béats. Le continent européens doit aujourd’hui faire face à une multitude de crises, par toujours perceptibles.

A gauche, des migrants passant la frontière macédonienne par train. A droite, une manifestation de Pegida en Allemagne.

Les effets destructeurs du libéralisme mondial

La mondialisation a entrainé une explosion des échanges commerciaux, conduisant à une interaction toujours plus croissante des économies nationales - avec le risque de propagation des crises comme en 2007. Le système européen est mis à mal par cette organisation économique. Les entreprises sont mondiales, les multinationales conçoivent désormais des euros-produits, pour des euros-consommateurs, à qui on vend des biens et services avec des caractéristiques identiques par tous dans l'Europe, voire dans le monde. Les produits régionaux, fabriqués localement disparaissent petit à petit, engloutis par la logique du village monde, qui ne conçoit qu'un type de production, celle qui satisfait le consommateur. Celui-ci ne voit à court terme que l'intérêt qu'il a à utiliser un produit qui se doit d'être le moins cher possible. Logique justifiant pleinement les délocalisations dans les pays pratiquant le moins-disant social. Le consommateur consomme, jusqu'aux jours où il ne peut plus, appauvri par une conjoncture économique qui s'enlise, ne créant ni croissance, ni emploi.

Voilà où en est arrivée la France, mais aussi toute l'Europe, guidées par des institutions aux politiques d’austérités et mondialiste, laissant les comportements anarcho-libérales - prônant le sans frontiérisme - faire la loi du commerce international. Nier l’importance d’une stratégie nationale sur les questions économiques, a, in fine, remis en cause notre propre système de solidarité nationale, reposant sur les entreprises et la population active. Or, les politiques économiques des dernières décennies, en France comme partout en Europe, ont cherché à dépasser le cadre national, faisant fi de la solidarité qui en découlait et laissant les acteurs économiques subir les concurrences déloyales.

À cela, il faut ajouter les effets dévastateurs qu’un tel modèle économique implique sur les identités culturelles. Les multinationales dans leur stratégie produit, incluent une standardisation – pour être commercialisées au plus grand nombre et permettre des économies d’échelles -, qui, poussé à l’extrême, amène à la disparition des diversités culturelles.

Le mal être migratoire

À cela s'ajoute une incapacité patente à mener à bien une politique d'immigration, créant des situations de tension partout en Europe. Les événements de Calais en sont un exemple médiatique pour la France, mais cachent d’autres réalités, celle d'une perte d'identité. On voit la crainte d'une partie de la population, que ce soit, en France ou chez nos voisins européens, de voir leur culture devenir minoritaire dans leur propre pays. L'Allemagne a vu naître le mouvement protestataire Pegida, qui sut rassembler nombres de ses concitoyens sur un discours anti-islam et anti-immigration. Un Allemand sur huit s’est même dit prêt à participer à ces rassemblements, soit 12.5 % de la population. Il suffit de traverser la frontière pour aller aux Pays-Bas, où l'on pourra une nouvelle fois constater le succès du discours anti-islam, en observant les bons résultats du parti de la liberté, de Geert Wilders.

À la contestation d'une politique d'immigration incontrôlée, s'ajoute le rejet d'une religion, qui suscite de part l'actualité internationale, de fortes inquiétudes partout en Europe. L'incapacité de nos dirigeants à répondre à ces appréhensions, engendre la répulsion, tout en donnant une vertu laïque à des partis, qui ne sont en réalité, seulement qu'anti-islam. Et, force est de constater que les divers attentats ou tentatives de ces derniers mois, ne jouent pas en la faveur de l’apaisement, tout comme l’immobilisme des dirigeants en place.

Il n'y a ni extrémisme, ni anormalité, à vouloir préserver une identité, une culture, sur un territoire doté d'une histoire. Mais telle n'est pas la volonté d'une élite bien-pensante qui veut nous faire croire à une société multiculturelle en paix, même quand celles-ci sont dangereuses. Il n'y a qu'à voir les récents événements outre atlantiques, pour s'en assurer. Les populations noires manifestent contre les dérives de certains blancs à leur encontre. Les communautarismes y sont tellement présents, que ça en devient un sujet de stratégie politique, pour « s'attirer » le vote des communautés. Un clientélisme poussé à l'extrême, au détriment d'un pays profondément divisé. Personne ne veut d'une France qui perdrait sa cohésion nationale – mais existe-t-elle encore ?

L’Union Européenne, l’échec d’un modèle politique

L'Union Européenne, quoiqu'en disent ses défenseurs, est bel et bien en crise de modèle politique. L'UE s'est constituée d'institutions hybrides, qui ne reposent que sur une chose, la souveraineté. Doit-elle appartenir aux oligarques européens non élus, ou aux peuples qui l'exerceront dans le cadre de leurs démocraties nationales ? La question reste à trancher, mais est surtout éludée par des euros-béats qui ne veulent pas voir le fond du problème. Tenir un tel discours consiste pour eux à soutenir les thèses extrémistes, amalgamant quiconque de modéré à des idéologies dangereuses, isolationnistes, voire pires. On agite le chiffon zemmourien du repli national, accessoirement, on le censure, pour, in fine, accentuer le radicalisme de certains de nos compatriotes, qui ne se sentent ni compris, ni entendus. L’impotence politique de l’Union Européenne n’est pas à relayer au second plan. Elle est le corollaire des crises précédemment évoquées. Par son insuffisance à réguler les flux migratoires et économiques, elle s’est fait le propre moteur de la déliquescence des États nations européenne.


Aux patriotes républicains de rappeler que les fondements de notre constitution, passent par la souveraineté nationale et populaire. Si le peuple estime qu'il est nécessaire d'en transférer une partie, soit, mais que cela se décide à une large majorité populaire et non en catimini, comme en 2007, ou actuellement avec l'accord transatlantique. C’est à cette seule condition qu'on pourra construire une Europe en paix et pérenne, en accord avec la volonté des peuples et enfin amorcer une sortie de crise.

1 commentaire: