samedi 24 octobre 2015

Que penser des gestes de la BCE et de la Banque de Chine ?




Stéroïdes pour les marchés

Le jugement des marchés a été unanime : le CAC 40 a pris plus de 200 points, dépassant les 4900 points, alors qu’il était tombé à un peu plus de 4300 au cours du mois de septembre, se rapprochant des plus hauts de l’année. Aux Etats-Unis, le Dow Jones a repassé le cap des 17 000 points. Les taux longs sont passés sous le cap des 0,8% en France, au plus bas depuis le printemps. Il faut dire que les politiques monétaires accommodantes des banques centrales profitent doublement au secteur financier. D’abord, en baissant le coût de l’argent, il regonfle les marges des banques et facilite le financement de tous les investissements, ce qui profite aussi au secteur financier par la multiplication des opérations industrielles (AB-InBev ou toutes les opérations de Patrick Drahi) et les restructurations qui en suivent.

Cet argent pas cher finance également les rachats d’action. Bref, parce que l’argent pas cher va d’abord à ceux qui en ont déjà, la réaction des marchés est logique puisqu’il s’agit pour eux, et les multinationales, de l’équivalent d’une baisse du prix de l’essence qui fait tourner la machine du capitalisme dérégulé. Avec les crédits faciles et bon marché, le capitalisme actionnarial dérégulé bénéficie du meilleur des carburants. Bien sûr, il ne faut nier que quelques misérables gouttes retomberont sur l’économie réelle, la bulle produisant un peu plus d’investissement, d’autant plus que l’euro reste bon marché et que les faibles taux ne profitent pas qu’à la finance, mais aussi au crédit à la consommation… Cela compensera temporairement, et quelque peu, les ravages de la désindustrialisation et des restructurations.

Nouvelle alerte à la bulle

Mais tout ceci montre deux choses. D’abord, cela démontre encore la puissance des politiques monétaires. On constate depuis des années que les banquiers centraux ont un impact déterminant sur la conjoncture, et donc sur la vie des citoyens. Quand on dénie de plus en plus aux dirigeants politiques la capacité à mener des politiques qui sortent d’un cadre très étroit (la Grèce en est un exemple criant), la capacité d’action des banquiers centraux ne semble pas avoir de limites : ils peuvent mettre les taux à 0%, voir moins, imprimer des quantités phénoménales d’argent et ils semblent être davantage devenus les boussoles des économies que les gouvernements. Mais, les banques centrales sont indépendantes posent un gros problème car elles sont alors hors du cadre démocratique et mine donc la démocratie.

Ensuite, comment ne pas imaginer que les torrents de liquidités déversés par les banquiers ne gonflent pas une autre bulle, qui éclatera tôt ou tard ? Certes, les turbulences de l’été du marché chinois ont fait baisser la pression, mais ces annonces vont la nourrir. Le bilan des banques centrales a explosé depuis 2008, et le montant des rachats continue à être fort, même s’il a changé géographiquement. Comme le montre bien ce graphique de The Economist, les Etats-Unis ont été les premiers à dégainer, mais s’apprêtent à resserrer les conditions de crédits. La BCE, elle, agit tardivement et petitement, alors que le Japon a accéléré depuis que Shinzo Abe est arrivé au pouvoir. Et après avoir fermé le robinet à liquidités qui nourrissait une spéculation effrénée sur les marchés, la Chine semble changer de position.


Toute la question qui se pose maintenant, c’est de savoir ce qui se passera dans les mois et les années à venir. On peut parier sur un resserrement très lent et très modéré, qui ne commencera qu’aux Etats-Unis, laissant donc tout le temps à la bulle de gonfler, gonfler

12 commentaires:

  1. Votre critique de la BCE indépendante tombe complètement à plat, vu qu'elle permet de financer les états à bas taux, ce que vous évitez soigneusement de mentionner.

    Ce sont les gouvernements élus qui ne font pas ce qu'il faut :

    Mario Draghi en a aussi appelé directement aux gouvernements des pays de la zone euro pour favoriser la reprise, soulignant que la politique monétaire ne devait pas être la seule solution possible.

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRKCN0SG1TF20151022?pageNumber=1&virtualBrandChannel=0

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  2. la banque centrale du japon utilise la planche à billets depuis au moins 15 ans et nous prouve que ça ne marche pas à part pour créer de nouvelle dette l 'état japonnais est endettée à quasi 250% les usa l' utilise depuis 2009 pas plus de résultat à part plus de dette 18000 milles milliards aux usa janet jellen nous disait la hausse des taux est inévitable pleine emploi forte croissance résultat rien attendez vous à qe4 !!!taper 3 lettres sur google bls (agence pour l emploi aux usa)dans la case not in labor force 94 millions d "Americain en age de travaillé non pas de boulot + les 7 millions officielles le taux de chomage est épouvantable en réalité comment avoir 3,9 % de croissance avec autant de chomeurs c 'est les chiffres digne de l 'urss complétement bidons pourtant ils les fait les réformes structurelles pas de code du travaille ,pas de35 h ,pas de sociale et pourtant bien plus de chomeurs q'en france et l'Angleterre contrat 0 heure vous etes plus chomeurs mais vous avez 0 heure de travaille et nos média nous sorte les chiffre s brut stupidemment( journaliste embauchés sous le principe de peter) pour en revenir à la planche à billets les assignats des révolutionnaires à fini avec la dictature de napoleon celle de weimar à fini avec hilter celle de milosévic à fini avec la guerre en ex yougoslavie bref dans tous les cas depuis l 'antiquité ça aggrave les choses pour ceux qu 'il ne se souci pas de leurs avenir il serai temps les meme cause produise les meme effets

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  3. Il est tout de meme assez fou que la BCE puisse creer toute la dette grecque tous les 6 mois, pour racheter des actifs foireux aux banques , et que cela ne choque personne apres le fouin qu'ils ont fait sur la grece.

    et tous cela pour si peu de resultats (et si peu d'inflation tres bizarement).

    Aucune idee si cela est bien ou mal.

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  4. En effet, de quoi encore gonfler les bulles d'actifs financiers, ce qui augmentera encore plus les inégalités. On est en fait dans un système de moins en moins capitaliste, et qui se rapproche de l'ex-URSS, avec les BC à la place du Gosplan.

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  5. Je viens de lire que la BCE commence a parler/preparer de taux negatif ( impot sur les depots ?)

    petitie question, les banques centrale enfin la FEd, la BCE ne semble pas totalement avoir toute les fonctions, peuvent et cree des sommes asttronomiques a partir de rien, creation monetaire, sans les habituelles restrictions banquaires.

    Pourquoi il y a t il encore besoin de lever l'impot ? question serieuse, je me pose la question dans ce system fiat ou la creation monetaire est superieur a l'impot.

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    1. juste pour preciser, aux US la creation monetaire est d'environ 1 trillion par an, et l'impot sur le revenu est egalement 1 trillion.La FEd pourrait payer directement tous les impots de l'annee pour le meme resultat.Annee blanche.

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    2. Au niveau justice sociale ce n'est pas pire que de soutenir artificiellement les cours de bourse comme le fait l'ECB / FED.

      l'ECB/FED pourrait egalement rembourse la dette des etats et reduire ainsi de facon dramatique le poids des interest future/relancer l'investissement publique

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  6. @ Trolls anonymes eurolibéraux

    La BCE ne permet pas grand chose puisque contrairement à ses homologues des autres grands pays, son financement des Etats est totalement marginal (l’essentiel de son action consiste à prêter aux banques et à acheter des créances privées). Ce n’est que récemment qu’elle s’est mise à acheter des bons du Trésor (2015) et dans des conditions bien particulières, qui représentent une re-nationalisation des politiques monétaires :

    http://www.gaullistelibre.com/2015/01/berlin-impose-la-bce-une-re.html

    Sur le Japon, le graphique de The Economist montre justement que le pays a changé de braquet avec Abe, et bien des compteurs s’améliorent (fin de la déflation, amélioration de la croissance). Les 250% de dettes publiques sont en partie virtuels puisque la Banque Centrale du Japon en détient 30%. Après, j’ai toujours dit que ces politiques avaient aussi des limites, mais cela vaut mieux que les politiques européennes, bien pires

    @ Lowcarber & Toutatis

    Bien vu. A court terme, cela apporte un léger mieux. A moyen terme, la bulle explose…

    Point juste sur la création monétaire, jusqu’à un certain point (l’excès menant à l’hyperinflation). Mais cette question de la création de la monnaie est au cœur des réflexions d’André-Jacques Holbecq par exemple.

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  7. Passer un court moment à réfléchir sur la crise énergétique pour prendre conscience et agir, c'est possible en écoutant la conférence gesticulée "inculture 4" d'Anthony Brault intitulée "Faim de pétrole Sans Lendemain". Rendez-vous sur radioeveil.com/faim-de-petrole-sans-lendemain/

    DemOs


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  8. à faire la synthèse de nombre de professionnels, on assiste depuis quelques années à une fabrication en masse de monnaie ex nihilo qui soutient le système bancaire en état de faillite virtuel :

    - en reprenant une quantité phénoménale de titres pourris pour une valeur faciale qui n'a plus de sens dans la mesure où les échanges interbancaires étaient bloqués. Un titre qui n'a ni offre, ni demande, est à quel prix ?

    - les titres pourris ont été rachetés en échange de liquidités qui devaient permettre de restaurer l'offre de crédit pour l'économie réelle, or un éconoclaste Ph. Béchade, estimait il y a quelques mois que les flots de liquide des banques centrales partaient à 95 % dans les marchés financiers et 5% environ à l'économie réelle.

    Si personne ne sait où en est le marché financier, il est clair que tout le monde voit où en est l'économie réelle. Les marchés émergents n'émergent plus, la chine, les usa et le japon ont de bien minces résultats par rapport aux masses d'argent déversées pour faire repartir l'économie.
    Les stats du chômage sont bidonnées, les chiffres de croissance idem, les dividendes sont parfois maintenus en s'endettant et une grosse partie des bénéfices passent dans le rachat de ses propres titres...tout est fait pour rêver une situation économique qui n'existe pas.

    Si la masse de liquidité est énorme, la hausse des valeurs des titres la rend illiquide en quelque sorte in fine.
    Aux niveaux actuels, celui qui achète des actions ou des obligations peut craindre de se retrouver à poil très rapidement, c'est à dire au moment où les moutons traders vont ouvrir les yeux en même temps...
    bonjour à votre épargne si vous en avez....

    Ne pas oublier qu'il y a peu, les obligations d'état avaient des taux d'intérêt négatifs, c'est à dire que les acheteurs payaient pour placer leur argent, ce qui revenait en clair aussi à siphonner l'épargne..

    Stan

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  9. Pendant ce temps on assiste à une accélération des politiques de privatisations des biens publics un peu partout en europe et peut être dans le monde, au titre bien senti d'une efficacité du secteur privé par rapport à celui du public (sans rire même si les exemples abondent avec le recul pour démontrer le contraire) ...mais bref

    En réalité, il me semble bien qu'il s'agisse d'un sauve qui peut organisé d'officines et d'institutions financières ou non, pour transformer une masse de monnaie de singe en "sonnant et trébuchant" si je puis dire...


    qu'y a t'il de plus sûr que de bons bâtiments souvent historiques, des infrastructures payées par des générations de pékins contribuables, des industries stratégiques, et de la bonne et vraie épargne de ce bon vieux citoyen-consommateur-producteur de richesses-testamentaire à sa disparition d'économies à ses enfants...(tout le monde n'a pas assez d'argent pour placer son héritage en Belgique pour l'exonérer des taxes et impôts adhoc...)

    - Il faut rajouter à cela, une démographie vieillissante, un chômage qui augmente (ou plutôt une offre d'emplois qui baisse, une politique économique de dévaluation interne qui fait baisser les salaires par rotation du personnel (rotation appelée à l'accélération aussi par le MEDEF), qui conduit à des restrictions budgétaires sans fin, donc des diminutions des prestations sociales, retraites...etc...

    donc in fine à une baisse de consommation...

    donc aux faillites d'entreprises qui occasionnent une augmentation des impayés

    - des prix de n'énergie à la baisse qui redonne de la vigueur aux risques sur titres, aux créances pourries, etc.....

    - les masses d'argent publiques qui se placent en CICE et pacte pour financer l'emploi à entre 150 000 et 250 000 € net quand un employé de la classe moyenne "coûte" 40 000 € /par an.....tout ça aut titre de la compétitivté à l'export quand l'euro semble revenu à une parité normale et au moment où les pays hors EU et europe émergent moins...

    C'est long mais tout se tient Mr Herblay. Qui peut encore croire que ce cycle ne va pas finir minablement par s'écrouler comme un vulgaire château de carte après avoir été rêvé comme un château en Espagne...

    Stan

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    1. "on assiste à une accélération des politiques de privatisations des biens publics un peu partout en europe et peut être dans le monde" (Stan).

      Hey, Stan, ce mouvement que tu observes est la conséquence de décisions politiques. C'est l'application d'un programme de l'OMC que l'UE a entériné et que ses dirigeants, nos dirigeants devrais-je dire, déploient.
      Suite au prochain épisode avec le TAFTA qui est censée créer des richesses (même rengaine que lors de la présentation du traité de Maastricht), alors qu'il conduira inévitablement à une concurrence exacerbée et à une mise au rancard des normes européennes dans les domaines de la santé, de l'alimentation, de l'environnement en mettant fin au principe de précaution "nuisible au commerce".

      DemOs

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