mercredi 6 avril 2016

En Suisse, le gouvernement refuse la nationalisation de la création monétaire

C’est un débat qui progresse, lentement, mais de manière intéressante, dans certaines parties de la planète comme en Islande ou Suisse : faut-il reprendre aux banques privées la création de monnaie, dont on ne peut pas dire qu’elles aient fait un bon usage ces dernières années ? Mais en Suisse, le gouvernement ne goutte guère l’initiative Vollgeld, dite de la monnaie pleine.



Une idée qui finira par faire son chemin ?

L’article de The Economist est très instructif, à plusieurs titres. D’abord, pour tous ceux qui doutent encore du fait que la monnaie est essentiellement créé par les banques privées, il apporte une confirmation sans détour : « beaucoup pensent que la banque centrale transfère la monnaie aux banques privées, qui agissent comme des intermédiaires, poussant la monnaie dans l’économie. En réalité, la plupart de la monnaie est créé par les banques privées. Elles génèrent des dépôts à chaque fois qu’elles font un prêt, un processus que les banques centrales peuvent influencer, mais pas contrôler. Cela en alarme certains, qui craignent que les banques utilisent ce pouvoir de manière étourdie, alimentant, par conséquent, des bulles et des krachs qui perturbe » l’ensemble de l’économie.


Le journal poursuit : « le système serait plus sûr pour les épargnants puisque les banques ne pourraient pas prêter et perdre leur argent. Cela permettrait aux gouvernements de retirer la protection implicite dont les banques profitent comme gardiennes des dépôts des électeurs. Même les grandes banques pourraient faire faillite puisque les pertes ne se transmettraient pas autant au système ». Malgré tout, Berne a émis un avis négatif, jugeant que la hausse du bilan de la banque centrale pour affaiblir la confiance dans la monnaie, ou qu’il faudrait des règles lourdes pour éviter que les banques ne continuent à créer de la monnaie, que cela défavoriserait les banques du pays et qu’une réforme radicale d’un secteur si critique du pays est délicate, sans être sûr de mettre fin à toute forme d’instabilité financière.


Comme elle l’était au 19ème siècle aux Etats-Unis, la question de l’organisation monétaire de nos économies est une question fondamentale posée à nos démocraties. On peut regretter le manque de place accordé à ce thème, tout en notant quelques progrès dans la prise de conscience de son importance ci et là. A nous de porter le thème en France, comme Jean-Baptiste Bersac ou André-Jacques Holbecq.

7 commentaires:

  1. C'est marrant cette obsession monétaire, comme si la monnaie était un truc magique, un Graal de l'économie, une baguette magique. Ce Vollgeld est d'un ridicule achevé.

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    1. C'est probablement que vous ne connaissez pas grand chose aux implications de la création monétaire privée. L'économie toute entière est assujettie à des intérêts privées : s'il n'y a plus de crédit, la monnaie disparait par destruction monétaire, et c'est l'économie qui disparait. Par ailleurs, sur le plan écologique, c'est aussi une catastrophe... Bref, le sujet est trop vaste.

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    2. Même Lordon dit que ce n'est pas un vrai sujet...

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  2. "s'il n'y a plus de crédit, la monnaie disparait par destruction monétaire"

    Il y a des crédits et ils n'ont rien à voir avec de la création monétaire privée, mais avec la création monétaire publique et de l'intermédiation bancaire privée. Manifestement, c'est vous qui ne connaissez pas le sujet.

    Vollgeld est stupide en voulant que l'épargne ne serve pas l'investissement, avec un tel bidule vous asphyxiez l'économie et les épargnants, tout le monde y perd, un remède pire que les problèmes actuels.

    Le blocage en zone Euro, il est budgétaire public, même Draghi le dit depuis longtemps.

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    1. Qu'est ce qui vous fait écrire cette inexactitude " Vollgeld est stupide en voulant que l'épargne ne serve pas l'investissement, " ? La mauvaise compréhension de la "monnaie pleine" ?

      Dans le projet "monnaie pleine", si la Banque Centrale est bien la seule émettrice de NOUVELLE monnaie, l'épargne qui découle de la monnaie existante et de la nouvelle est confiée à l'intermédiation du système bancaire, en particulier pour satisfaire les demandes d'investissement.

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  3. Un des buts de l’initiative suisse est de faire en sorte que l’État ne soit plus pieds et poings liés au système bancaire privé pour son financement, comme cela ressort de cet article de Romaric Godin:

    http://www.latribune.fr/economie/international/les-suisses-voteront-pour-oter-aux-banques-leur-pouvoir-de-creation-monetaire-539180.html

    Ce qui éviterait des situations dramatiques d’esclavage de la dette que connait, par exemple, la Grèce aujourd’hui. Si on regarde l’économie mondiale et plus particulièrement la situation de la France et de la zone euro dans laquelle elle se trouve, on a quoi comme situation ? Globalement on a une situation de surendettement, de faible croissance, de faible inflation, voire de déflation, de chômage élevé, de précarité et d’inégalités grandissantes, de taux négatifs et de quantitative easing de la banques centrale qui servent à maintenir le malade en vie, autrement certains États de la zone euro, surendettés et affaiblis, évolueraient plus rapidement vers des situations de crise grave. A l’inverse les taux négatifs sont un cauchemar pour les investisseurs et le système bancaire :

    http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-130036-taux-dinteret-negatifs-quels-impacts-1106312.php

    Le système financier actuel n’est pas conçu, à mon avis, pour pouvoir tenir éternellement dans un tel contexte caractérisé, pour lui, par des risques d’investissements à perte, de créances douteuses et de défaut liées à celles-ci, engendrant une pénurie de crédits, contribuant, avec d’autres facteurs, aux faibles croissance et inflation, et bien évidemment la nécessité d’un système alternatif va devenir de plus en plus prégnante à mesure que le temps passe.

    En France le changement devra se faire dans un cadre de souveraineté nationale retrouvée, le cadre de l’union européenne et de la zone euro interdisant toute possibilité de changement significatif, vu notamment les conflits d’intérêts prévisibles.

    Saul

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  4. @ Anonyme

    C’est un peu important, non, quand on voit que le Japon monétise sa dette publique à plus de 10% de son PIB par an. Sur 5 ans en France, cela reviendrait diviser notre dette publique par 2.

    @ Saul et André-Jacques

    Merci pour vos interventions. Quel contraste révélateur avec les éructions des ultralibéraux monétaristes

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