jeudi 16 mars 2017

Quand Bill Gates propose une taxe sur les robots

C’est un paradoxe qui a été trop peu noté dans les média : Bill Gates, le milliardaire fondateur de Microsoft a déclaré être favorable à une taxe sur les robots, une des idées phares de Benoît Hamon. Naturellement, les ultra-libéraux se sont insurgés de cette idée, qui, pourtant, pose de très bonnes questions sur l’avenir de l’emploi et le financement des dépenses publiques.



Automatisation et intérêt général

Bien sûr, les ayatollahs du laisser-faire ne manquent pas d’évoquer les calèches pour caricaturer ceux qui refusent le laisser-faire. C’est pour cela qu’il est intéressant d’écouter Bill Gates, que l’on ne peut pas vraiment soupçonner d’un quelconque passéisme. Pour le fondateur de Microsoft, « un robot qui détruit un emploi doit être taxé », de manière à protéger les recettes fiscales qui permettent d’aider les personnes âgées, les malades ou les handicapés. Une idée d’autant plus actuelle que de nombreuses études disent que 10 à 15% des emplois pourraient être menacés par l’automatisation, alors même que subsiste un fort chômage ou sous-emploi dans tellement de pays.

Bien sûr, il ne s’agit pas de refuser le progrès technologique, qui peut nous épargner des tâches dures, nous permettre de prendre soin de nous, mais aussi créer de la richesse. Il peut servir la condition humaine. Mais, aujourd’hui, ce progrès n’est pas guidé par la recherche d’une meilleure condition humaine pour tous, il l’est uniquement par la quête du profit, quel qu’en soient les conséquences sociales. Après tout, dans un contexte de chômage élevé, pourquoi faudrait-il laisser faire certaines destructions d’emplois. C’est pour cela que je suis favorable à l’interdiction temporaire des caisses automatiques, qui pullulent aux péages ou dans les magasins, sujet qui avait interpellé Joseph Stiglitz.

Bien sûr, certains pointeront la robotisation du Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne. Mais cela doit être mis en perspective : ces trois pays ont un fort excédent commercial industriel, et pour les deux premiers, cela repose sur du protectionnisme. Le cas de l’Allemagne est complexe. D’abord, l’euro est sous-évalué pour le pays (de 21% par rapport à la France selon le FMI), ce qui a soutenu l’envolée de son excédent commercial depuis la fusion monétaire européenne. Ensuite, si le chômage est bas en Allemagne, c’est par la combinaison d’une faible natalité et de salaires si bas qu’il y a proportionnellement plus de pauvres outre-Rhin qu’en France. A quoi bon avoir tant de robots s’il y a tant de pauvres ?

Et c’est pour cela que se pose la question de la fiscalité. Bien sûr, une taxe spécifique sur les robots, serait typique de nos politiques, qui produiset un labyrinthe légal favorisant les plus forts, seuls à même d’exploiter toutes les opportunités offertes par cette jungle. Mais cela pose la question du financement de la protection sociale, qui, en reposant sur les salaires, pénalise les emplois humains par rapport aux machines. Ici encore, une forme de Cotisation Sociale sur la Valeur Ajoutée, jumelée à la TVA, ferait sans doute du sens. Plus globalement, un meilleur équilibre entre la fiscalité du travail et du capital sera critique, alors même que le second ne cesse d’être favorisé, pour l’IS ou les particuliers.


L’automatisation, comme la globalisation anarchique posent de vraies questions sur notre système fiscal, qui ne cesse d’être adapté aux désirs des grandes multinationales, sans que nos dirigeants ne semblent saisir l’énorme injustice de leurs choix, et leur contribution à l’explosion des inégalités. Plus qu’une taxe sur les robots, je crois à une révolution fiscale, permise avec une reprise de contrôle de nos frontières.

8 commentaires:

  1. Faut-il...?

    http://www.xerficanal-economie.com/emission/Olivier-Passet-Faut-il-taxer-les-robots-_3744544.html

    RépondreSupprimer
  2. il y a une assez grande difference entre des robots industriels comme au Japon Allemagne, qui augmentent la productivite mais coutent tres cher en capital, avec l'intelligence artificielle, qui elle est deployable a l'infini pour un tres faible cout, du cerveau gratuit.

    il ne sera pas bon etre en concurrence avec ces cerveaux gratuits.

    RépondreSupprimer
  3. Taxe stupide, Giscard avait comme ca flingué les machines outil en France dans les années 70 pendant que celles allemandes conquéraient les marchés mondiaux.

    La disparition des emplois à cause de l'automatisation, alors que la productivité est presque stagnante depuis des décennies ?

    Par ailleurs, vous devez alors taxer les lave linges aussi sous prétexte qu'ils suppriment des emplois de lavandiéres ou les tracteurs qui suppriment les emplois de laboureurs et de maréchal ferrant ?

    Sans compter qu'il n'y a pas que les robots, mais aussi les nouveaux chimiques ou biochimiques, les nouveaux matériaux plus durables... qui sont eux aussi susceptibles de supprimer des emplois.

    "je crois à une révolution fiscale, permise avec une reprise de contrôle de nos frontières"

    Les frontières sont toutes des passoires et le trafic de drogue pourtant prohibé en témoigne largement, vous croyez au Pére Noel, voilà pourquoi vos idées ne convainquent personne.

    "Mais cela doit être mis en perspective : ces trois pays ont un fort excédent commercial industriel, et pour les deux premiers, cela repose sur du protectionnisme."

    Ridicule, ces pays ne sont pas protectionnistes et fondent leur économie sur le développement technologique depuis des décennies.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Espèce de bouffon, tu es toujours aussi CON !
      L. Herblay a raison et te l'as prouvé à de multiples reprises. Ce sont les frontières de l'UE qui sont des passoires, pas celles des pays asiatiques qui réussissent. Degage donc de ce forum et va voir tes potes du Taurillon and co. Ignare !

      Supprimer
  4. "L. Herblay a raison et te l'as prouvé à de multiples reprises."

    Abruti ignare, Herblay ne démontre rien, le protectionnisme n'est pas le facteur important de ces pays, car il y est quasi inexistant. L'Allemagne s'en sort aussi et pas par protectionnisme. Il n'y a que les connards du FN dans ton genre pour avaler des conneries aussi énormes qui démontrent à quel point la France est intoxiquée par des trous de balle comme Herblay.

    La Corée, le Japon, l'Allemagne ont des produits qui se vendent car des dirigeants d'entreprises dignes de ce nom, qui investissent, font de la qualité et innovent quand le patronat français est une bande de bons à rien chouineurs, comme toi imbécile, et subventionnés par l'état pour des résultats ultra médiocres et aucun protectionnisme ne changera ça, bien au contraire.

    Bref, t'es con et tu crèveras con, c'est ton destin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pauvre tâche va. Je ne suis pas du FN mais toi tu n'y connais RIEN en économie. Les pays asiatiques sont protectionnistes, tu dis vraiment n'importe quoi. Quant à l'Allemagne, c'était le protectionnisme des normes. Tu n'apportes rien. Casse toi pauvre c.n !

      Supprimer
  5. @ Lowcarber

    C’est juste.

    @ Troll

    S’il y a bien une personne qui ne démontre rien, c’est vous, si ce n’est votre dogmatisme, votre fermeture d’esprit et votre vulgarité. Même The Economist est plus ouvert que vous sur la question du protectionnisme alors que ce magazine a été fondé pour défendre le libre-échange en 1843. Ils ont reconnu que les pays asiatiques fondaient leur développement économique sur le protectionnisme :
    http://www.gaullistelibre.com/2013/07/quand-le-modele-asiatique-contredit-le.html

    Et quelle meilleure preuve que des droits de douane, allant jusqu’à trois chiffres sur la première industrie du monde (l’automobile, où plus de 90% des véhicules vendus au Japon, en Corée du Sud ou en Chine sont produits dans le pays en question) ou sur leur premier aliment, le riz (droits de douane de plus de 200% en Corée et de plus de 300% au Japon). Et le développement a été également guidé par l’Etat, ce qui n’exclut pas de bons entrepreneurs.

    RépondreSupprimer
  6. Ce texte doit être lu en entier, il faut dépasser les premières impressions.

    Il n' y a pas de développement d'entreprises sans d'une part la culture qui le permet, pas de capitalisme, s'il
    n y a pas de développement national autocentré.

    L'anthropologie dit que les cultures sont différentes et créent des rapports à la nature qui empruntent à une interprétation originale chez l'humain. Historiquement, l'Afrique n'a pas suivi le développement technique qui plus artisanal chez les Celtes a connu un bond important dans le monde romain. Les prédispositions techniques de l'Europe qui se sont relativement maintenues dans le christianisme médiéval et renforcées après la Renaissance et surtout la révolution industrielle n'ont données aucunes chances dans le reste du monde pour s'en relever.

    Le reste du monde a subi la colonisation d'Amérique à l'Asie en comprenant aussi l'esclavage des noirs par les Européens qui est du même mouvement.

    Ni l'Afrique noire, ni le monde musulman malgré un niveau de développement plus important n'ont imaginés le capitalisme. Les Amérindiens d'Amérique non plus, l'Asie des cours impériales et du féodalisme non plus.

    Il ne s'agit pas de répéter le discours minable de Sarkozy sur l'Afrique. Il s'agit de voir la spécificité historique du monde européen qui a développé l'abstraction davantage que toutes les autres cultures jusqu'à l'invention d'une froideur occidentale qui donne maintenant l'Union européenne et dont la technocratie devient un modèle d'oligarchie renforcée.

    D'autre part, lorsque le capitalisme devient industriel, il a besoin d'un développement national autocentré pour exister et se développer. Le libre échange infini ne développe rien. Le capitalisme demande une base territoriale ce que les marxistes ont reconnus. De la Grande Bretagne en 1785 à la Corée du sud des 25 dernières années, l'État a garantit des mesures protectionnistes.
    Le libre échange total est le produit des multinationales qui ont une visée impériale. Les PME pour devenir de grandes entreprises ou pour ne pas se faire acheter ont besoin souvent d'une aide de l'État. Le problème des petites nations avec peu de population se trouve dans le fait que leurs PME les plus fortes se font souvent acheter par des grandes entreprises.

    L'économie pure n'existe pas, elle est une idéologie. La Corée du nord n'est pas capitaliste, elle est une dynastie communiste. La Chine est un hybride communiste du parti avec le capitalisme national et libre échangiste opportuniste. La Corée du sud est capitaliste et libérale.

    Les néolibéraux escamotent beaucoup de réalités parce que ce sont des idéologues mais qui ont le pouvoir.

    On redécouvrait l'Atlantide sur la planète et on verrait que l'Atlantide aurait de la difficulté à faire sa marque capitaliste sans pratiquer le protectionnisme pour son industrie nationale ou que comme l'Afrique de la décolonisation, il faudrait qu'elle évite les élites corrompues afin que l'industrie chinoise et allemande n'envahisse ses marchés créant ainsi le mal développement.

    Le capitalisme est un ogre capable de tout manger aussi efficace qu'il soit pour la création des ampoules électriques jusqu'aux ordinateurs.

    Le positif rencontre le négatif c'est aussi notre condition.

    RépondreSupprimer