En quelques
semaines, beaucoup « d’argent
magique » est, heureusement, apparu pour lutter contre la crise économique
provoquée par la crise sanitaire. En France, le déficit est projeté à 9%
du PIB pour 2020, poussant la dette publique à 115% du PIB, des chiffres jamais vus
depuis 1945. Dans cette situation, seule une forte monétisation
permettra d’éviter une austérité violente plus tard.
Besoins
exceptionnels et moyens exceptionnels
Nous entrons
probablement dans la période la plus troublée
pour nos économies depuis la Seconde Guerre Mondiale. La récession de cette
année sera inédite, comme l’indiquent les premiers chiffres à notre
disposition : recul du PIB de la Chine de
6,8% au premier trimestre, 20 millions de demandes de
chômage aux Etats-Unis, recul du PIB de 8% en France. Les records de la violente
dépression de 2008-2009 vont être largement dépassés, et il est clair que si
l’Etat laissait faire, nous serions sans nul doute dans la situation de la
Grande Dépression, si ce n’est pire. Les mesures de confinement, rendues d’autant plus
nécessaires par le manque d’anticipation et le manque de moyens des systèmes de
santé,
provoquent un décrochage encore plus fort et rapide que lors d’une crise
financière.
Heureusement,
l’expérience d’il y a onze
ans a poussé les Etats à agir fort et vite. Aux Etats-Unis, pour une rare fois, démocrates et républicains
se sont rapidement entendus sur un plan de relance de l’économie de 2200
milliards de dollars, 10% du PIB du pays. Au Japon, Shinzo Abe est allé encore
plus loin, avec un plan à 900 milliards de dollars, environ 18% du PIB. Les
deux pays ont décidé de mettre en place un versement d’argent aux citoyens pour
soutenir la demande. Les Banques Centrales sont également à l’œuvre, par des
baisses de taux ou des programmes de rachat d’actifs. La France a mis en place un
plan de soutien dont le coût est passé de 45 à 110 milliards d’euros en
quelques semaines, sans compter les mesures de garantie de prêts bancaires pour les
entreprises en difficulté.
Mais, comme
lors de la précédente crise, ces mesures vont rapidement peser sur les finances
publiques. Les Etats-Unis avaient vu
émerger les Tea Party peu après, et le continent européen s’était enfoncé dans des
politiques d’austérité désastreuses, qui ont laissé les systèmes de santé bien
mal préparés pour gérer une telle épidémie. Avec une situation de départ
sensiblement moins bonne et un choc encore plus fort que celui d’il y a onze
ans, la question de la gestion des déficits et des dettes publiques pourrait
rapidement devenir épineuse. Les austéritaires, comme le gouverneur de la
Banque de France, sont déjà de sortie pour défendre un retournement rapide et fort des
politiques budgétaires. Et si nos dirigeants ne changent pas de logiciel, il est évident que
l’austérité s’imposera rapidement.
Pourtant, il
y a une autre carte à disposition des Etats : la
monétisation de la dette publique par la Banque Centrale. C’est une
politique déjà à l’œuvre dans tous les grand pays occidentaux. Mi-2017, c’était déjà plus
de 20% de la dette publique étasunienne, 30% de la dette publique britannique
et 40% de la dette publique japonaise, mais seulement 12% de celle de la zone
euro, qui avait été rachetée par leurs banques centrales respectives. Ce rachat de grande
ampleur de la dette publique par la banque centrale allège doublement la pression
sur les Etats. D’abord, cela pousse les taux à la baisse, réduisant le coût des
intérêts. Ensuite, cela revient à réduire la dette publique d’autant puisque
l’Etat possède alors sa propre dette et paie des intérêts à lui-même. Une
pratique qui s’est développée depuis 10 ans.
Bien sûr, les
opposants à la monétisation pourront toujours évoquer l’Allemagne de
l’entre-deux guerres, le Vénézuela ou le Zinbabwe pour en dénoncer à la fois le
caractère hyperinflationniste et déresponsabilisant. Mais l’expérience
des dix dernières années nous montre qu’il est parfaitement possible de
mener de telles politiques sans provoquer de cataclysme inflationniste. Le
cas du Japon est très instructif car Tokyo monétise pour 15% du
PIB de dette publique par an depuis l’arrivée de Shinzo Abe. Son
fameux endettement de 250% du PIB est en réalité bien moindre puisque la
Banque Centrale a racheté près de la moitié de la dette publique ! C’est
ce qui permet au pays de mettre en place des plans de relance sans se soucier
de la réaction des marchés. C’est cet exemple qu’il faudra suivre.
La
monétisation des dettes publiques sera probablement le seul moyen pour
éviter des politiques d’austérité sauvages dès l’an prochain. Parce
que la plupart des pays ont choisi de sortir la politique monétaire du cadre
démocratique, cela sera souvent décidé par des technocrates qui n’ont pas
de comptes à rendre. Pourtant, l’immensité
de l’enjeu devrait imposer un cadre démocratique.
Si la BCE détient une grande quantité de dettes publiques, elle aura un moyen de pression sur les états pour les contraindre à faire des réformes structurelles violentes. On a déjà vu ça à Chypre, en Italie, en Grèce... Par ailleurs, on s'est habitué à un monde sans inflation et l'on pense que ça durera toujours, mais rien n'est moins sûr et la crise actuelle pourrait nous faire basculer dans un nouveau cycle. Si l'inflation repart, la BCE dont la mission principale est de lutter contre l'inflation, se retrouvera devant un dilemme qui ravivera les tensions en son sein entre le Nord et le Sud. Enfin, voyez l'évolution des spreads : il y a un article ce matin dans le Figaro avec un graphique très explicite. L'Italie est dans le viseur des marchés, et si elle sombre elle entraînera par contagion les autres pays d'Europe du Sud, provoquant une nouvelle crise des dettes souveraines, mais cette fois plus grave qu'en 2010.
RépondreSupprimerToujours dans le Figaro, une analyse de Jean-Pierre Robin « La crise actuelle est bien plus violente que ne le serait l’éclatement de l’euro ». L'auteur nous dit que la fin de la zone euro aurait un coût relativement modeste, et en tout cas bien moindre que la crise actuelle du coronavirus. Il en conclut que, après cette crise, la peur d'une sortie de l'euro pourrait être conjurée : « le choc récessionniste du « grand confinement » va-t-il donner une nouvelle force aux opinions publiques européennes, qui n’auraient plus peur d’affronter les secousses inhérentes à l’éclatement de l’euro, puisqu’elles auront eu à supporter celles du Covid-19 bien, plus violentes ? »
RépondreSupprimer@ Moi
RépondreSupprimerBien vu. Non seulement la décision d’acheter ou pas lui donne un moyen de pression, et ensuite, une fois qu’elle a acheté, elle a un moyen de pression – un peu plus délicat à utiliser – en ayant la possibilité de vendre cette dette et faire pression sur les taux. Après, une telle pratique pourrait aussi se heurter à deux écueils : la dépréciation de ses actifs (si elle fait monter les taux, elle fait baisser la valeur des dettes qu’elle a acheté avant) et le caractère très agressif qu’aurait une telle menace, surtout si cela venait à se savoir. Après, nous avons le précédent Grec, où la BCE a agi directement contre les banques du pays pour faire pression sur Tsipras.
Bien d’accord sur l’inflation : toute légère reprise pourrait faire voler en éclat l’euro car la BCE agira vite du fait de son mandat et du biais idéologique de ses décideurs.
Sur les spreads, bien d’accord : l’Italie est dans le viseur. C’est le maillon faible de la zone euro. La sortie de Rome de l’euro devient une option de plus en plus grande (cf papier de lundi dernier).
Papier intéressant de Jean-Pierre Robin, qui fait partie des journalistes à lire.
La monétisation de la dette par la BCE, de même que la mutualisation des dettes du genre "coronabonds" est un piège dangereux. Monétisation ou création monétaire directe ne doivent se faire que dans le cadre d'une monnaie nationale contrôlée démocratiquement. La sortie de l'euro est un préliminaire indispensable à tout redressement.
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