lundi 22 mars 2021

Ce Brexit qui disqualifie toujours plus l’UE

Le Brexit est une redoutable épreuve pour l’UE, qui se construisait comme une organisation dont on ne partait pas. Longtemps, une partie de l’UE et certains Bremainers espéraient pouvoir passer outre le vote du peuple britannique, pratique malheureusement coutumière. Non seulement la Grande-Bretagne a persisté, mais les trois derniers mois apportent de l’eau au moulin des opposants à l’UE, en démentant bien des prévisions de ses partisans, de plus en plus décrédibilisés…

 


La calamité économique, la droitisation et le danger sanitaire, c’est l’UE…

 

Petit retour en arrière : il suffit de lire les commentaires faits sur le blog pour retrouver l’argumentaire des Bremainers UE-philes. La sortie de l’UE devait être une calamité économique pour le Royaume Uni, ce serait un Brexit de droite dure. Et pour couronner le tout, The Guardian publiait il y a un an une étude d’experts qui annonçait que le Royaume Uni aurait toutes les difficultés du monde à sécuriser son approvisionnement en vaccins en faisant cavalier seul et en ne passant pas par l’UE. S’opposer au Brexit parce que ce serait un Brexit de droite était un des arguments les plus ridicules du lot. D’abord, le Brexit étant mené par le parti à la droite du spectre politique britannique, il n’était pas illégitime que les politiques menées soient plutôt de droite. En revanche, l’intérêt du Brexit est de laisser une plus grande latitude d’action pour l’avenir, y compris pour une vraie gauche.

 

Mais en plus, la politique économique menée par Boris Johnson est très loin du fantasmé « Singapour sur la Tamise ». Macron refuse tout coup de pouce au SMIC ? BoJo l’augmente de 6,2%, plus haut qu’en France ! La France coupe 11,7 milliards dans le budget des hôpitaux de 2010 à 2019 ? BoJo y investit par dizaine de milliards. Macron baisse l’impôt sur les bénéfices des sociétés ? BoJo le remonte de 19 à 25% ! Et alors que la France se prépare à privatiser le transport ferroviaire, la Grande-Bretagne renationalise des lignes qui avaient été privatisées ! Et il faut aussi noter que l’entreprise en charge du réseau britannique d’électricité a mis la main sur le premier distributeur, alors que Bruxelles veut nous imposer d’aller encore plus loin dans le charcutage d’EDF, avec le projet Hercule… Bien sûr, le contraste est amplifié par l’écart qu’il y avait entre nos deux pays. Mais il est assez révélateur de constater que BoJo mène une politique plus à gauche que Macron, ridiculisant les procès en biais droitier du Brexit…

 

Un peu rapidement, les statistiques du commerce extérieur de janvier ont été prises à partie pour démontrer la nocivité du Brexit. D’abord, il est profondément absurde de tirer des leçons d’un seul mois à une telle période, en plein confinement très strict outre-Manche, et juste après la réalisation du Brexit. Il faudra attendre la fin de l’année pour avoir une vue plus complète de la réalité économique post-Brexit. Et si les exportations britanniques vers l’UE ont baissé de 41%, contre une baisse de seulement 29% des importations, en réalité, le déficit commercial de la Grande-Bretagne à l’égard de l’UE s’est réduit d’1 milliard, les importations ayant davantage reculé en valeur que les exportations… Et plus globalement, le déficit britannique s’est réduit de 3,6 milliards en janvier, au contraire du déficit commercial français, qui a battu des records en 2020, au plus haut de notre histoire

 

Tout aussi gênant, une enquête réalisée par PwC indique que, loin d’être moins attractive après le Brexit, la Grande-Bretagne a gagné une place dans le classement des pays les plus attractifs pour investir, à la 4ème place mondiale, derrière les Etats-Unis, la Chine et l’Allemagne. D’ailleurs, The Economist, radicalement hostile au Brexit, finit par reconnaître qu’il créé des opportunités pour le Royaume-Uni, comme le montre la campagne de vaccination de Londres, pragmatique et rapide, quand l’UE a été aussi bureaucratique que lourde et lente. Et pour couronner le tout, le rebond économique outre-Manche sera sans doute bien plus fort, entre un déconfinement plus rapide, du fait de la réussite de la stratégie vaccinale, et un plan de soutien plus important que le plan chétif et extrêmement tardif de l’UE.

 

Face aux fiascos de l’UE, il est assez surréaliste de voir à quel point ses défenseurs refusent totalement d’admettre la réalité, d’Emmanuel Macron à Clément Beaune. Mais ce faisant, ils pourraient bien accélérer la prise de conscience des vertus du Brexit et de la faillite de l’UE, et ainsi, accélérer la fin de cette construction, dont les dysfonctionnements sont tous les jours plus clairs.

5 commentaires:

  1. Interview ce matin dans le Figaro du très europhile Jean-Louis Bourlanges. En substance, il dit que si la France avait dû se débrouiller seule avec les vaccins, elle aurait fait encore pire que l'UE (au regard de ses piètres performances sur les masques, les tests, etc.) et que la compétition pour avoir plus de vaccins que les voisins (ce qu'ont fait Israël et le RU) n'est pas moralement acceptable, puisque ça se fait au détriment des autres. Ce n'est évidemment pas faux. Mais si la France est si démunie et incompétente, c'est peut-être justement parce que depuis 30 ou 40 ans, elle a trop abandonné sa souveraineté. Il s'agit de savoir si l'on doit défendre nos intérêts ou ceux des autres avant tout. Bourlanges semble penser qu'il vaut mieux se sacrifier pour le bien du reste du Monde.

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    1. J'ajoute que si la France avait gardé ses capacités industrielles, elle aurait pu fabriquer son propre vaccin, et non seulement vacciner sa population sans le faire au détriment des autres, mais même en faire profiter le reste du Monde en augmentant la production globale.

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    2. Si on met de coté la politique et si on est pragmatique, on voit que Sanofi Pasteur s'est planté et que la France aurait effectivement eu moins de vaccin si elle avait agi seule que ce qu'elle a actuellement. En effet, le gvt Français aurait tablé sur Sanofi-Pasteur. D'ailleurs, l'UE a aussi tablé sur Sanofi-Pasteur... et cette entreprise Française a fait défaut d'une certaine façon. Je crois que le problème est différent. L'idée de mutualiser les achats pour les 27 était globalement une bonne approche. C'est l'exécution qui a été un échec. Il ressort que l'équipe de négociateurs a cherché a faire baisser les prix de la dose de vaccin. Du genre, passer de 16,80 euro la dose à 15.30 euro. Bref, parfaitement idiot comme approche. Surtout quand on sait que la crise sanitaire coute 4 milliards d'euros par jour au 27 pays membres. Bref, même à 50 euros la dose de vaccin, l'achat était très rentable. Mais il y a un mandat vraiment idiot qui a été donné à l'équipe de négociation. Complètement idiot de négocier les prix dans cette situation là. Absurdissime. Mais bon, je crains que ce soit ce qui s'est passé. Les labos ont alors signé ailleurs, avec les pays qui payent. Israel et la GB ont accepté de protéger les labos de toutes poursuites en cas d'effets indésirables graves. Ici, l'UE a refusé et je pense qu'elle a eu raison sur ce point précis. Et ne pas oublier que chaque pays membre est 100% libre d'approuver les vaccins qu'il souhaite et d'en passer commande. L'achat groupé visait a éviter la foire d'empoigne entre les 27. Et elle se serait matérialiser bien évidement, ne pas oublier cela.

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  2. @ Moi

    Je pense que le discours de Bourlanges ne tient pas, à plusieurs titres. Ce n'est pas qu'une histoire de compétition, c'est d'abord une question d'anticipation. La GB a passé commande de vaccins AZ fin avril, l'UE fin août, quatre mois plus tard. Produire des vaccins, cela demande de la préparation. C'est ce retard à l'allumage qui explique la situation de l'UE. Si nous avions été séparément aussi rapide que la GB, nous aussi nous aurions des vaccins. Agir à plusieurs, cela ralentit.

    Bien d'accord sur le second point.

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  3. @ Troll dont j'ai effacé le commentaire

    Comme précisé sur le blog, les détournements de débat, qui plus est pour dire des choses complètement fausses, n'ont pas leur place ici. Libre à vous d'ouvrir un blog pour déverser votre fiel. Je pense avoir été plus que tolérant ici, mais je n'ai plus envie de perdre du temps dans des échanges stériles basés sur des assertions complètement fausses.

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