samedi 21 juin 2025

Iran : la nouvelle faute d’Israël et de l’Occident

Non content d’occuper illégalement une grande partie de la Palestine, d’affamer sa population, et de tuer directement des milliers de civils, Israël a décidé d’intervenir en Iran il y a quelques jours, en dehors de tout cadre international. La réaction des pays occidentaux à ce nouvel acte bélliqueux démontre à nouveau à quel point ils pratiquent un double standard dans les relations internationales.


 

Loi du plus fort, arbitraire et cynisme intéressé

 

L’intervention d’Israël en Iran devrait susciter une condamnation forte de nos dirigeants. Israël se permet de bombarder un pays en dehors de tout cadre international, et on peut être assez suspicieux à l’égard des motivations du Premier ministre israélien, tout aussi autoritaire, brutal qu’extrêmement cynique. Sa coalition était en difficulté, la contestation de sa politique de destruction à Gaza grandit, notamment en Israël, ce qui fait honneur à ce peuple. Pire, son parcours est entaché de nombreux scandales et il semble développer un autoritarisme qui contrevient aux principes d’une bonne démocratie. Bref, on peut se demander si cette offensive ne reprend pas le pratique états-unien des années 1990, où un président pouvait intervenir militairement à l’extérieur à des fins de politique intérieure.

 

Certains avaient pointé que les bombardements en Irak de Bill Clinton étaient des distractions utiles pour sortir son administration d’une passe difficile. Et Georges W Bush a trouvé dans les opérations en Afghanistan et en Irak un moyen de donner le change à son opinion après le 11 septembre. A chaque fois, le même mécanisme : le peuple se rassemble plus facilement autour de ses dirigeants lors d’un conflit. Pire, la raison pour laquelle Benyamin Netanyahou justifie les bombardements est la même que celle qui a justifié la seconde intervention en Irak : le développement d’armes interdites. On sait ce qu’il en est advenu : les Etats-Unis avaient sciemment menti en 2003. Et ici, des voix plutôt bien renseignées affirment que l’Iran est loin d’avoir la bombe et qu’il n’y avait pas d’accélération de son programme.

 

Bref, on peut très raisonnablement questionner les véritables motivations de cette intervention qui déclenche un conflit majeur dans une région qui n’en a pas besoin, d’autant plus que Benyamin Netanhayou a souvent crié au loup. La réaction quasiment unanime du camp occidental qui se met du côté de l’agresseur pose un grave problème. Menacer un pays qui vient d’être agressé par un autre et annoncer soutenir l’agresseur n’est pas normal. Quel message les dirigeants occidentaux envoient-ils au monde en se comportant de la sorte ? Et que dire du chancelier allemand qui affirme qu’Israël « fait le sale boulot ». Il est tout sauf évident que cette intervention fasse tomber les mollahs. Cela pourrait les renforcer dans un premier temps, le peuple iranien, même ceux qui s’opposent aux mollahs, ne goûtant guère l’interventionnisme occidental. L’Irak, l’Afghanistan et la Libye nous montrent l’impasse de cet interventionnisme.

 

Bien sûr, certains brandissent la menace d’un Iran armé de la bombe nucléaire. Bien sûr, qu’une dictature ait accès à une arme si puissante est inquiétant. Mais, on peut aussi constater que l’URSS, puis la Russie, ou la Chine, n’y ont jamais eu recours. Cette bombe, dont l’Iran n’est peut-être pas si proche, a-t-elle des fins offensives, ou défensives, dans un Moyen-Orient où Israël fait régner la loi du plus fort ? Et cette intervention pourrait au contraire renforcer la détermination de Téhéran à s’en doter pour se mettre à l’abri d’opérations belliqueuses comme celle que Tel Aviv mène aujourd’hui. Ce qui très critiquable ici, c’est qu’Israël a agi seul, peut-être avec le seul accord de Washington, montrant encore au monde le caractère très arbitraire des pays occidentaux qui respectent les règles qu’ils fixent quand bon leur chante… Même si la guerre d’Ukraine a une ampleur incomparable, la critique de la Russie est affaiblie…

 

Mais surtout, je crois qu’Israël fait fausse route depuis très longtemps, sur la Palestine, et la question de sa sécurité. Bien sûr, le pays vit sous la menace existentielle de pays qui veulent le détruire. Mais les excès d’Israël nourrissent cette menace existentielle, qu’un comportement équilibré, comme respectueux, du peuple palestinien et du droit international pourrait dégonfler. Pire, à force d’appliquer la loi du plus fort dans la région, parce qu’Israël est de facto le plus fort militairement, ses dirigeants créent des précédents à sens unique : le plus fort peut imposer les abus qu’il souhaite à plus faible que lui, sans que la communauté internationale ne cherche véritablement à freiner ses excès. Que se passerait-il si, un jour, Israël n’était plus le plus fort dans la région ? Comment serait-il possible de défendre Israël d’une force devenue plus grande que lui ? Qui pourrait lui faire entendre raison ? Uniquement ceux qui auront vraiment pesé pour faire stopper les trop nombreux abus d’Israël depuis des décennies, en Palestine, et en Iran.

 

Encore une fois, Israël fait fausse route en Iran. Et même si la réaction de nos dirigeants a fini par se modérer, la réaction des dirigeants occidentaux est calamiteuse. Elle fournit une nouvelle raison au reste du monde de vouloir sortir de cet ordre brutal et arbitraire. Bien sûr, c’est un régime brutal et arbitraire qui était visé, mais ce n’est pas en le traitant ainsi que nous servirons nos idéaux humanistes et démocratiques.

1 commentaire:

  1. Laurent
    faites attention à ce que vous écrivez. Vous êtes n France, pas dans un pays tout à fait libre
    Les précédents ne manquent pas

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