samedi 27 septembre 2025

Reconnaissance de la Palestine : trop tard, trop peu

Lundi, Emmanuel Macron a reconnu la Palestine à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Un geste qui aurait pu être fort s’il avait été fait avant, mais aujourd’hui, 158 pays sur 193 la reconnaissent, signe que la France a sans doute trop tardé pour le faire. Pire encore, cette reconnaissance, si son symbole est important, risque de ne rien changer au triste sort du peuple palestinien, martyrisé par Israël.


 

L’heure n’est plus au symbolique, depuis longtemps

 

Il y a au moins quatorze ans que je suis favorable à la reconnaissance de la Palestine. Après tout, c’est une solution à deux États que tous les acteurs raisonnables du sujet défendent, ainsi qu’une partie des Israéliens. En somme, il était plus que temps que la France rejoigne les rangs de la grande majorité des pays des Nations Unies. Et il est malheureux que nous ayons tant tardé, alors que la France avait su faire partie de l’avant-garde des pays occidentaux en 2011 en votant à l’UNESCO pour l’adhésion de la Palestine, avant de soutenir un statut de « non membre permanent » en 2012. Attendre treize longues années pour la reconnaissance n’est pas très glorieux même si c’est un (petit) pas dans la bonne direction. Cela place Washington et Berlin dans une position de plus en plus minoritaire internationalement.

 

Malheureusement, on peut craindre que cette reconnaissance reste surtout symbolique, pour de multiples raisons. L’occupation tentaculaire et grandissante d’une immense partie de la Cisjordanie prive en réalité les Palestiniens d’un espace géographique souverain, d’autant plus qu’Israël garde une partie de l’administration. Entre une bande de Gaza sans cesse bombardée, et qui ressemble de plus en plus à un mouroir, où même les journalistes ne sont pas en sécurité, et une Cisjordanie façon gruyère dont les trous ne cesse de grandir, Israël martyrise le peuple palestinien et l’éloigne tous les jours davantage de la perspective de constitution d’un véritable État. Bien sûr, Israël dit vouloir préserver sa sécurité de la sorte, mais en réalité, ses dirigeants ne font que souffler sur les braises du feu terroriste qui couve.

 

Et l’installation des colonies est tout simplement inadmissible. C’est déjà une chose qu’Israël bombarde régulièrement le territoire Palestinien pour éliminer des terroristes, mais le nombre de victimes collatérales atteint une proportion qui devrait poser des questions aux descendants d’un peuple victime d’un génocide. Rien ne justifie le mitage du territoire cis-jordanien, et tous les corollaires : expulsion violente de palestiniens qui perdent terres et maison, difficulté de déplacement dans un territoire façon mosaïque. La complaisance des pays occidentaux à l’égard de la colonisation du territoire palestinien est un sujet qui me heurte depuis longtemps, et qui devrait pousser les chancelleries à des mesures bien moins symboliques et beaucoup plus marquantes pour enfin faire reculer les dirigeants d’Israël.

 

Ne faudrait-il pas envisager un boycott pur et simple d’Israël pour lui tordre le bras sur les colonies ? Ce serait un moyen de contribuer à l’apaisement de la situation en montrant aux Palestiniens que nos pays ne sont pas indifférents à leur triste sort et aux abus monstrueux des dirigeants d’Israël. Voilà qui pourrait ouvrir la voie à une véritable discussion pouvant aboutir à une solution à deux États. En l’absence de toute action forte de notre part, nous laissons faire les dirigeants actuels d’Israël et abandonnons les Palestiniens à leur sort. Voilà pourquoi je pense que si la reconnaissance va dans la bonne direction, elle est très tardive, et bien trop faible pour changer quoique ce soit à ce qui se passe dans la région. On peut même craindre qu’il s’agisse d’un acte de communication de Macron, pour lui, plutôt que de la diplomatie…

 

Bien sûr, l’existence même d’Israël a été menacée et pourrait l’être encore. Mais les abus d’Israël en Palestine, loin de protéger le pays, entretiennent la haine destructrice des plus radicaux et des terroristes qui ont sévi le 7 octobre, pour le plus grand malheur du peuple israélien. Il est temps que l’Occident agisse pour sortir du cercle vicieux de la violence dans la région, et cela passe par des actions plus fortes.

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