samedi 31 mars 2012

The Economist juge notre présidentielle

C’était l’événement d’hier. L’hebdomadaire britannique consacre un dossier à l’élection présidentielle française dans son numéro du 30 mars, affirmant que « la France est dans le déni » et qu’il s’agit de « l’élection occidentale la plus frivole ».

Ce qu’il y a de juste dans leur critique

Si la critique de The Economist est parfois sévère, elle n’en demeure pas moins parfois très juste. Il critique la frivolité des débats abordés (viande halal…) et l’absence de véritable débat économique tirant les leçons de la crise. Il s’étonne de voir les sujets économiques aussi peu abordés, ou alors à travers des mesures plus symboliques que réellement structurantes (comme le taux d’imposition à 75% pour les personnes gagnant plus d’un million d’euros par an).

L’hebdomadaire anglais tire un portrait peu flatteur des deux principaux candidats. Nicolas Sarkozy est particulièrement peu épargné. Même s’il le crédite de quelques réformes positives à ses yeux (retraites, universités), The Economist dénonce ses contradictions en soulignant qu’il avait commencé la campagne en parlant du modèle allemand avant de tourner casaque. Puis, il souligne que le traité de Schengen était en cours de révision et dénonce ses annonces.

François Hollande est également largement critiqué, notamment pour sa proposition de nouvelle tranche d’impôt sur le revenu, même si Olivier Ferrand, président de Terra Nova admet qu’elle est largement « symbolique ». Le journal des élites globalisées apprécie peu la critique de la finance et souligne le double discours de François Hollande à ce sujet, qui avait dit à Londres que « la gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés financiers ».

Une critique également abusive

The Economist souligne également que des grands pays, la France est un de ceux qui est le moins favorable aux marchés libres, comme le souligne une étude de Globscan qui démontre une sacrée exception française. En effet, seuls 31% des Français sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’économie de marché est le meilleur système économique contre 55 à 70% des Allemands, Chinois, Etasuniens et Britanniques.

L’hebdomadaire critique également le niveau des dépenses publiques dans notre pays, qui atteint 56% du PIB, soulignant que les autres grands pays européens tournent entre 40 et 50%. S’il est probable que ce niveau soit excessif, il s’explique en partie par la crise et il serait nécessaire de faire une étude pour bien comparer ce qui est comparable. Enfin, il souligne que les coûts salariaux ont progressé de 20% depuis 2002, contre 5% seulement en Allemagne.

Là, il faut souligner que l’Allemagne est tout sauf un modèle avec ses salaires en baisse, son chômage masqué par les mini jobs et d’autre dispositifs franchement antisociaux. Ensuite, The Economist affirme un peu rapidement que personne n’alerterait les Français sur la situation de nos finances et de notre déficit budgétaire. Il faudra rappeler au correspondant du journal d’écouter Jean-Michel Apathie ou Franz-Olivier Giesbert pour éviter de dire une telle contre-vérité.

Oui, The Economist a raison de souligner les carences des grands candidats mais aussi du débat présidentiel. Mais non le débat économique ne saurait uniquement tourner sur la libéralisation : le passage à une monnaie nationale, le protectionnisme, la monétisation seraient également de bons sujets.

7 commentaires:

  1. Frivole vous-même.

    http://www.malikasorel.fr/archive/2012/03/30/regarder-la-realite-en-face.html

    http://www.marianne2.fr/Jean-Daniel-Le-prix-de-l-independance-algerienne-a-ete-inutilement-cher_a216732.html

    Sur le niveau de dépenses publiques, un élément parmi d'autres :
    Vous savez que le premier budget de l'Etat est l'éducation nationale, à près de 25% des dépenses de l'Etat qui font elles-même dans les 30 % (la principale source sont les dépenses de santé, il y a aussi celles des collectivités).
    Et vous savez qu'à la différence des autres pays européens, la France est à peu près à l'équilibre démographique.
    Si vous faites le calcul, vous verrez qu'on atteint vite 1 ou 2 pourcents de dépense en plus sur ce point, en fonction de la différence de natalité.

    Autre élément : regarder si les retraites passent en petite ou grande partie par l'Etat...

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  2. Le pari que fait Emmanuel Todd sur l'élection d'Hollande n'est pas infondé. Ce dernier ne pourra maintenir sur la même voie le système dont il est l'héritier en raison des circonstances. Plus la grise de l'euro s'aggravera (et elle est en train de reprendre malgré une accalmie de 3 mois due à une injection considérable de liquidités par la BCE pour les banques) plus il sera obligé de le réformer en profondeur sinon il se papandréouisera, le PS sera laminé à de prochaines élections et notre pays aurait perdu 5 ans ce qu'il ne faut pas lui souhaiter quoique l'on pense d'Hollande et du PS.
    Le dialogue par médias interposés entre Emmanuel Todd et Laurent Bouvet n'est pas inintéressant non plus!

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  3. Le débat sur la transition énergétique serait aussi un bon débat car il n'y a pas d'économie sans énergie. Si, par ailleurs, on arrêtait de s'entretuer à grand coups de pollution automobile, on pourrait probablement diminuer les dépenses de santé et réduire la dette en conséquence.

    >> http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/03/31/presidentielles-le-debat-sur-lenergie-ne-doit-pas-sarreter-au-nucleaire/

    >> http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/03/29/42-000-morts-par-an-le-gazole-est-il-assez-cher-pour-nos-poumons/

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  4. comment dit on balayer devant sa porte en anglais ?
    c'est sur que pour un pays dont certains quartiers appliquent la viande halal c'est frivole

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  5. comment dit on balayer devant sa porte en anglais ?
    c'est sur que pour un pays dont certains quartiers appliquent la charia la viande halal c'est frivole !

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  6. The economist ferait mieux de s'occuper de l'Etat encore piteux que la Grèce de son pays, et ce grâce au libéralisme débridé.

    The economist oublie aussi un détail, à son grand damn, la démocratie exite encore un tout petit peu et le peuple français est encore un tout petit peu souverain, pas pour longtemps certes, mais assez pour renvoyer the "economist" à ses publications mortifères.

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  7. Alexandre Damavure3 avril 2012 à 23:03

    Une excellente analyse (pour une fois!) de la presse britannique sur notre déplorable campagne !

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