dimanche 6 janvier 2013

Florange, le Vilvoorde de François Hollande


Le 15 janvier, une pétition demandant la nationalisation de Florange à l’initiative des syndicats du site doit être remise à l’Elysée. Ce nouveau développement, bien défendu par Coralie Delaume, démontre que ce dossier symbolique risque d’être l’épine dans le pied du gouvernement pour longtemps.

Le symbole d’un renoncement

En politique, il est des décisions, qui marquent durablement un mandat. Cela avait le cas de Lionel Jospin, quand, premier ministre, il avait renoncé à sa promesse de campagne de sauver l’usine Renault de Vilvoorde. Nicolas Sarkozy, lui, n’a pas pu se défaire de l’image de président des riches, véhiculée par la soirée du Fouquet’s, le séjour sur le yatch de Vincent Bolloré et les baisses d’impôts du paquet fiscal, puis de l’ISF, très favorables aux ménages les plus aisés.

On peut se demander si Florange ne va pas jouer ce rôle pour François Hollande. Bien sûr, aujourd’hui, le site semble sauvé, mais la gestion du dossier et le lourd passif de Mittal font que la solution décidée par Jean-Marc Ayrault ne convainc pas. Et cela est bien logique. Arnaud Montebourg avait menacé de nationaliser le site et évoqué des repreneurs potentiels avant que Mittal n’emporte la décision, signifiant un recul du gouvernement dans son bras de fer avec l’industriel.

Car l’option Mittal est fortement contestée. Tout d’abord, l’industriel indien n’a pas tenu ses promesses dans le passé et a fermé le site de Gandrange, malgré la pression de Nicolas Sarkozy, venu plusieurs fois sur le site, avant et après son élection. Mais surtout, le court accord obtenu par Matignon a déjà été remis en questions puisqu’il évoquait la participation au projet Ulcos, et que, quelques jours après, Mittal a annoncé le retrait de la candidature de Florange au projet européen…

Le renoncement à deux plans B

En fait, pour sauver durablement Florange, le gouvernement avait deux solutions. La première consistait à mettre en place, comme le font les Etats-Unis, des mesures pour protéger leur production d’acier et assurer des débouchés rentables à Arcelor-Mittal, alors qu’aujourd’hui, une partie de la production de Florange est soumise à la concurrence d’importations d’aciers à bas coûts. Mais cela supposerait un 180° idéologique sur les questions économiques, auquel le PS n’est pas prêt.

La deuxième option consisterait à revendre le site à un autre industriel. Mais là, Mittal complique la tâche du gouvernement en ne voulant vendre que les activités les moins profitables pour garder celles qui rapportent le plus. Du coup, la solution pourrait être une nationalisation temporaire de l’ensemble du site, afin de le vendre dans un second temps à une autre entreprise. Après tout, c’est ce que les Etats-Unis n’ont pas hésité à faire, pour Chrysler (et dans une moindre mesure, GM).

En fait, à l’orgine, il n’aurait pas fallu laisser Mittal racheter Arcelor, ce qui était hautement contestable tant d’un point de vue concurrentiel (les deux entreprises étant alors les deux premiers acteurs du marché) que d’un point de vue de l’intérêt national, comme le soulignait alors Nicolas Dupont-Aignan. Mais aujourd’hui, à défaut de prendre l’option protectionniste, le gouvernement peut encore utiliser la carte de la nationalisation ponctuelle pour sauver ce qui reste de notre sidérurgie.

Avec Aulnay, le feuilleton de Florange risque d’être le symbole des renoncements de François Hollande. Car il y a fort à parier que nous aurons de nouveaux rebondissements. Mittal nous y a habitué. Du coup, comme avec le sparadrap du Capitaine Haddock, il est à parier que Florange continuera à hanter le gouvernement.

20 commentaires:

  1. Je ne suis pas contre les nationalisation, je regrette d'ailleurs la privatisation des autoroutes pour réduire la dette. Mais c'est quoi votre truc, le communisme progressif? A chaque fois qu'il y aura un problème nationalisation? Autant le dire toute de suite et mettre en place un régime communiste, car pour le coup ce n'est pas juste que des emplois soit sauvés et d'autres non. On aurait pu aussi nationaliser les châteuux et les vignobles qui vont avec mais les mairies préfèrent le vendre aux énchères au Qatar on va voir si cela va impacter la production de vin. Non je trouve que le problème c'est pas hollande, mais ce que vous avez à proposer. D'ailleurs étrange le silence de Julien le pom-pom boy de Poutine après le pieds de nez de la Russie à la France avec qui NDA voulait renforcer l'alliance.

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  2. La nationalisation de l’industrie auto aux US n'est pas vraiment le bon exemple, puisqu'elle a été accompagnée de licenciements.

    On peut nationaliser, mais encore faut il que l'activité soit tenable à terme, sinon ce n'est que de la subvention publique, ce qui correspond à une forme de paradis fiscal aux dépends d'autres pays européens qui ne le font pas, et au détriment du contribuable qui doit payer les impôts.

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  3. Je comprends pas tout ce bruit sur Florange, les emplois sont conservés alors que le site est mal situé, loin de la mer.

    En quoi, la sidérurgie est elle un enjeu stratégique, est ce ça le problème ?

    Apparemment, les ouvriers ne veulent pas changer non plus de région. C'est tout de même incroyable, quand tant de gens déménagent pour travailler ou faire des études.

    Le projet ULCOS est très hypothétique quant à son intérêt réel.

    C'est vraiment beaucoup de temps perdu cette histoire, alors qu'il y a d'autres urgences comme l'incitation des salariés à innover et créer des emplois. Aucun ténor de la politique ne s'en occupe, alors que c'est fait en Allemagne, en Chine et dans d'autres pays. En France tout le monde s'en fout, Montebourg, les syndicats qui se bougent quand le navire prend l'eau, incapables de prévisions stratégiques. C'est le même genre d'agitation inutile qui a accompagné la fermeture des mines. Quand d'autres perdent leur emploi tous les jours, on ne fait pas tout ce ramdam. Quand je me suis fait viré, personne n'a fait de bruit, seul un salarié m'a aidé, tous les autres se sont planqués. La justice m'a été très peu favorable avec un jugement de Salomon qui m'a coûté une fortune en frais d'avocats.

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  4. Pendant plusieurs années, les politiques nous ont rabattu les oreilles avec leurs lubies sur le poids et l'importance des services, notamment des services à la personne, dans l'économie française sans jamais se poser d'autres questions. Et tout à coup, ces mêmes politiques prennent conscience de l'intérêt pour un pays de disposer d'un tissu industriel. Je rappelle qu'à l'origine, l'Union européenne était la Communauté du Charbon et de l'Acier et que de démissions en renoncements, cette industrie a été réduite en miettes, d'abord par la droite dans les années 60-70, puis par les socialistes dans les années 80-90. Notons au passage que les industriels, n'est-ce-pas cher baron Seillière, ont été largement dédommagés et que des dispositifs de fin de carrière ont permis de liquider l'industrie aux frais du contribuable. Remarquons également que le souci de Mauroy a été de privilégier l'industrie dans le Nord de la France, comme celui d'Ayrault est aujourd'hui de privilégier la Loire Atlantique. Merci pour Saint-Nazaire.

    Enfin, si la sidérurgie n'est plus un enjeu stratégique, elle l'a été et elle a été sacrifiée ou bradée pendant que, dans le même temps, l'Allemagne maintenait son industrie dans la Ruhr.

    Et je pose deux questions :

    1. Quelles sont les industries qui représentent un enjeu stratégique ? Dassault, peut-être, avec ses avions de combat qui sont entièrement subventionnés par l'Etat français sans trouver acquéreur en dehors de l'armée française alors que leur propriétaire ne cesse de prôner la dérégulation ? Renault ? La construction navale ?

    2. Etant donné que la France ne fait pas le poids dans le domaine industriel, quelle que soit le secteur d'activité choisi, la solution est-elle de faire de notre beau pays, si richement doté en patrimoine culturel et en environnemental, devenir un vaste parc Astérix ?

    @ Olaf : arrêtez de nous présenter l'innovation comme une panacée, un remède, comme l'ont fait et continuent à le faire nombre de politiques. Ce n'est qu'une baudruche et ressemble à s'y méprendre à la ritournelle sur le développement des services, à moins que vous ne fassiez référence à l'innovation sociale.

    Car, dans ce domaine, il est vrai que les Chinois et les Allemands ont innové en baissant les salaires et les cotisations sociales au profit des ménages aisés et de leurs entreprises.

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  5. Démos

    L'innovation est mal traitée en France, si vous croyez que c'est comme ça que ça va s'améliorer, alors bon courage. Autant pisser dans un violon.

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    1. Si l'innovation est nécessaire, elle n'est pas suffisante. Etes-vous d'accord avec cela?
      L'effondrement économique d'au moins la zone euro est très proche, j'espère que dans deux ou trois ans, vous nous direz ce que fait l'Allemagne pour s'adapter à la nouvelle done. J'en suis très curieux.
      jard

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  6. jard

    D’Allemagne se barre de l’Europe, c'est simple.

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    1. @ Olaf. Ma question est extrêmement simple. Plutôt que de répéter ad libitum les mêmes lieux communs, je vous invite à avancer des arguments et des preuves de ce que vous préconisez. Quels sont donc les avantages concurrentiels de l'Allemagne, puisque ce pays constitue aujourd'hui pour nos soi-disant experts et de nombreux hommes politiques le modèle économique indépassable à dupliquer partout en Europe ?

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  7. Mais vous verrez d'ici peu que l'Allemagne peut très bien se passer de la zone euro. Elle le fait par l'innovation, que les français ne comprennent toujours pas. Le jour venu où la France sera dans le fossé, vous comprendrez que je ne dis pas que des lieux communs.

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    1. Olaf, sur ce blog la pluspart des gens souhaitent,y compris pinsolle, que la France se pete la geuele pour prendre le pouvoir et sortir de l'Unione Européenne et de l'euro. Que l'Allemagne puisse se passer de la zone euro je n'en suis pas aussi sûr par contre, il faut faire attention à montrer en exemple des modèles étrangers ce fut le cas de l'espagne ou de l'angleterre jadis, chaque pays a ses propres problèmes.

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    2. L'Allemagne peut se passer de l'euro, c'est certain, comme beaucoup de pays voir tous. Elle avait plus d'avantages que d’inconvénients jusqu’à maintenant, c'est vrai, mais arrive un moment où ils auront peut-être plus d’inconvénients que d'avantage s'ils doivent renflouer les pays pour qu'ils gardent l'euro dans l'unique but qu'ils puissent ensuite leurs acheter des produits allemands, ça pourrait devenir un jeu à somme nulle à la charge des contribuables allemands, voir un jeu qui leurs coûtent.

      Les partisans de l'UE fédérale ont tout fait foiré en élargissant, s'il avait l'UE avec les 6 ou 12 premiers Etats il n'y aurait pas de problèmes (ou en tout cas beaucoup moins et en moindre mesure) et ils auraient même pu convaincre les peuples de créer les Etats-Unis d'Europe. Mais là...

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  8. On ne sait tojours pas s'il faut nationaliser à chaque fois que des emplois sont menacés. Après l'interdiction de caisse automatique pourquoi pas directement l'interdiction des linceciements.

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  9. Laurent Pinsolle a fait un distribution de pain a l'ergot de seigle ?

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  10. Fiorino

    On verra ce qu'il en est pour l'Allemagne, je me réfère aux études d'Artus. Mais je crois que la France est à côté de ses pompes et qu'elle va s'en rendre compte douloureusement. Et que de décréter des nationalisations ne changera rien. Mon sentiment est que les français roulent des épaules, mais il n'en sortira rien.

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  11. @ Olaf. La "réussite allemande provient, non seulement de l'innovation, mais également d'une politique de longue haleine menée par les gouvernements successifs dans un pays où la cohésion sociale n'a rien à voir avec les rapports sociaux dans notre beau pays. Voici quelques lignes de l'analyse faite par des spécialistes dans "Regards sur l'Allemagne" : "Combinant successivement modération salariale et flexibilité, réforme du marché du travail et allègement des coûts sociaux, consolidation des finances publiques,
    baisse de la fiscalité des entreprises et promotion de l’innovation, cette stratégie allemande de compétitivité globale a procédé d’une démarche conséquente et fait la preuve de son efficacité". On est bien loin de l'innovation, moteur unique de la réussite économique.

    Pour ce qui concerne "l'Allemagne, qui peut fort bien se passer de la zone euro", à ce que je sache, l'Allemagne doit une bonne partie de ses bons résultats à ses "partenaires" de l'Union européenne, qu'il s'agisse du commerce intra-communautaire ou du marché du travail avec les travailleurs de l'Est employés en Allemagne.

    Cessez de faire des complexes vis-à-vis de l'Allemagne ou de penser que le modèle est entièrement transposable en France alors que la culture est radicalement différente. La France a ses propres forces, qu'elle peut mettre en oeuvre à condition d'avoir de vrais leaders et une vision claire et lucide de ce qu'il faut entreprendre.

    Malheureusement, ce ne sont pas les socialistes, après un Sarkozy aussi inconstant, vélléitaire que bavard, qui vont sortir notre pays de l'ornière. Laurent Pinsolle le démontre quotidiennement sur son blog en proposant des alternatives à leur politique suiviste et suicidaire.

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    1. Je ne suis pas sûr que Florange fasse partie des atouts de la France.

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  12. Démos

    Ah mais moi je n'ai aucun complexe.

    Je signale ce qui marche, pour moi et l'Allemagne.

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  13. Ah bon, il ne s'agit donc que de chanter les louanges d'un modèle, qui laisse plusieurs millions de personnes appauvris sur le bord du chemin. N'oublions pas ces travailleurs, qui ont employé pour un euro de l'heure, une idée à retenir.

    Ceci dit, en dehors de quelques contrevérités, comme le fait de proclamer que "l'Allemagne peut se passer du reste de l'Europe", j'attends toujours le début du commencement d'un premier élément convaincant.

    Pour faire de grandes déclarations, des voeux pieux ou des appels solennels, je pense qu'on a nul besoin de portevoix, qui n'apporte rien au débat si ce n'est dénigrer notre pays. On a tout ce qu'il faut en France, notamment dans les médias pour le faire.

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  14. C'est sûr, la France est une grande réussite avec 2 fois plus de SDF qu'en Allemagne.

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  15. @ Fiorino

    Bien sûr que non (sur la nationalisation pour chaque problème). Néanmoins, dans le cas de la sidérurgie et de l’ancien Arcelor, c’est une solution à étudier. NDA avait bien raison de s’opposer au rachat d’Arcelor par Mittal en 2006. Ne confondez pas l’alliance avec la Russie avec une alliance avec Poutine. Ce n’est pas pareil.

    En aucun cas je souhaite que la France s’effondre. Cela fait juste des années que je dénonce des politiques délétères, et, malheureusement, les faits démontrent en grande partie que nous avons raison…

    @ Olaf

    Oui, mais si on met en place du protectionnisme sur la sidérurgie, cela permettrait d’éviter les licenciements. L’activité est parfaitement tenable à cette condition. Je crois que c’est une activité importante qu’il faut conserver sur notre territoire car on ne peut rien faire sans sidérurgie. ULCOS, il faut au moins essayer.

    Il est logique que l’on se préoccupe des plans de licenciements dans un pays où le nombre de chômeurs augmente autant tous les mois…

    D’accord sur le fait que l’Allemagne puisse se passer de l’euro. Bien sûr, il y aurait une forte réévaluation du mark, mais c’est un pays qui peut le supporter (cf exemple de 1993), du fait de sa spécialisation industrielle.

    Si l’Allemagne est sans doute un modèle sur l’innovation, elle n’en est pas un dans d’autres domaines, et notamment le nombre de travailleurs pauvres.

    @ Démos

    L’ensemble de l’industrie est stratégique. Maurice Allais soutenait qu’il fallait produire au moins 80% de sa consommation… Ce n’est pas une question de taille critique. La Corée du Sud est plus petite que nous. Avec des protections, on peut parfaitement garder toutes les activités sur notre territoire.

    Certes, l’Allemagne fait de gros excédents sur le reste de l’UE, mais je crois que sa position dominante sur un certain nombre de marchés la protègerait en cas de démontage de l’euro (il n’y aurait pas ou peu de substitut) et l’exemple de 1993 montre que ce choc serait gérable pour le pays (avec des dévaluations des pays du Sud de plus de 40%).

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