Après de
nombreuses péripéties, et un premier allégement concédé par la majorité lors du
processus législatif, le
Conseil Constitutionnel vient de censurer des éléments majeurs de la loi visant
à protéger les sites industriels de fermeture. Une décision révélatrice
d’un état d’esprit.
Interdit
d’interdire ?
Depuis
quelques années, la
multiplication des fermetures de sites industriels a révélé que certaines
entreprises ferment des sites pourtant rentables, mais moins que ceux de
pays où les coûts du travail sont largement inférieurs. Ce débat s’était imposé
lors de la présidentielle, poussant le candidat du PS, pour résister à la
montée du FG, à proposer d’interdire « les
licenciements boursiers ». Mais les deux dernières années révèlent que
cela est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Déjà, lors
des échanges parlementaires, le PS avait renoncé à l’idée d’imposer la revente
du site pour passer à l’idée d’imposer de rechercher un repreneur. L’obligation
de résultat devenait obligation de moyens.
Mais cela
était encore trop pour le Conseil, qui
a estimé que les sanctions envisagées sont « contraires à la liberté d’entreprendre et au droit de propriété »,
que cela « prive l’entreprise de sa
capacité d’anticiper des difficultés économiques et de procéder à des
arbitrages économiques ». En effet, des sanctions étaient prévues
dans la loi, pouvant aller jusqu’à 20 SMIC par emploi supprimé, dans la limite
de 2% du chiffre d’affaire de l’entreprise, dans
le cas où elle n’aurait pas respecté l’obligation de chercher un repreneur ou
qu’elle aurait refusé une offre sérieuse. Une offre ne pouvait être refusée
qu’en cas de « mise
en péril de la poursuite de l’ensemble de l’activité de l’entreprise ».
La
protection de la jungle