lundi 20 mai 2013

Olivier Berruyer dessine une voie de sortie de la crise


Après avoir défini les caractéristiques de la crise que nous traversons et dans laquelle nous nous enfonçons, puis étudié les raisons qui ont mené à cette crise, Olivier Berruyer ne manque pas de faire de nombreuses propositions, notamment dans les domaines institutionnels et financiers.



Un projet de définanciarisation

Il souligne que bien des solutions à cette crise semble avoir été oubliées : « démembrement des banques, limitation drastique de la spéculation, entraves raisonnables à la liberté de circulation des capitaux, limitation du poids du secteur financier, système monétaire international limitant la distribution débridée de crédits, syndicalisme puissant, volonté d’équilibrer les balances commerciales, modèles sociaux généreux, hausse régulière des rémunérations, compression radicale des inégalités ».

L’auteur cite Alain Greenspan, l’ancien gouverneur de la Fed, et Mervyn King, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre pour qui « si l’on pense que les banques sont trop grosses pour faire faillite (…) alors c’est qu’elles sont trop grosses ». Refusant la monétisation, il appelle à mettre fin aux parasites fiscaux. Il propose de « retrouver le principe de prudence » pour les règles comptables et le système financier (en limitant la taille des bilans bancaires à 10 ou 20% du PIB). Il propose de séparer les activités bancaires et d’interdire la spéculation. Très sceptique à l’égard de la taxe sur les transactions financières, il propose une taxe progressive sur les bénéfices financiers. Se rapprochant de Lordon, il propose une socialisation des banques, notant que la monnaie est un service public.

Pour refonder le capitalisme, il propose de supprimer la cotation en continu de la Bourse, pour la remplacer par une cotation unique par jour, de mettre en place une taxe décroissante sur les bénéfices financiers. Il veut aussi récompenser les actionnaires fidèles en ne donnant le droit de vote qu’après deux ans et en augmentant les dividendes au bout de deux ans et cinq ans. Il vante le modèle du capitalisme rhénan « non financier, décourageant la spéculation, privilégiant le long terme, la protection des salariés », s’appuyant sur le livre de 1991 de Michel Albert et note qu’aujourd’hui l’Allemagne est en pointe pour la re-régulation du système financier. Enfin, citant le Général de Gaulle, il fait un plaidoyer pour la participation.

Il dénonce les oligopoles en citant Roosevelt : « Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des Etats-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé ». Il conclut avec le rapport Angelides du Congrès sur la crise financière : « Ce qui est frappant, c’est combien les choses ont peu changé depuis 2008 (…) C’est à nous de faire des choix différents si l’on veut obtenir des résultats différents ».

Protectionnisme, emploi et institutions

Pour le commerce, il propose de revenir aux principes de la Charte de la Havane de 1948, qui veut que les balances commerciales entre pays doivent tendre vers l’équilibre, en faisant porter le poids de l’ajustement sur les pays excédentaires. Il soutient que « ce sont des idées de simple bon sens : étrange conception en effet que d’imaginer une relation (commerciale) durable où l’un gagnerait toujours et l’autre perdrait toujours… Cela nous ferait passer de décennies de dramatiques guerres économiques à un état de paix économique ». Il rappelle que Maurice Allais écrivait : « si les taux de change ne correspondent pas à l’équilibre des balances commerciales, le libre-échange ne peut être que nuisible et fondamentalement désavantageux pour tous les pays participants ». Il propose « une dose de protection de notre économie en limitant le libre-échangisme absolu actuel face aux pays faussant la concurrence par du dumping, salarial, social ou environnemental », cette protection devant être « coopérative, en affectant par exemple le produit de nouveaux droits de douane à l’aide internationale ».

Pour lutter contre le chômage, il propose « dans les secteurs confrontés à des croissances très faibles de décourager ou d’annuler les gains de productivité, sans quoi les ajustements se feront au détriment de l’emploi ». Il propose également des expérimentations concernant la semaine de quatre jours. Il soutient qu’il faut encourager le « pluralisme de pensée en économie ». Il souhaite, « par le biais d’accords internationaux (…) imposer des valeurs de parité monétaire ». Il est également en faveur de la création d’une monnaie commune mondiale pour les banques centrales, basée sur le projet de bancor de Keynes.

Il prend position pour une Sixième République, avec interdiction de cumul des mandats, renouvelables une fois seulement, un scrutin proportionnel à prime majoritaire (assurant 52% des sièges à la liste arrivée en tête), un référendum d’initiative populaire, le remplacement du Sénat par un Conseil économique et social avec un quart des élus issus de partis politiques et un quart tiré au sort. Il propose également de ressusciter le Commissariat au Plan, d’étendre la responsabilité des dirigeants aux administrateurs, de limiter le cumul des mandats, de mettre en place des actions de groupes de consommateurs, d’avoir des représentants des salariés dans les conseils d’administration. Il veut limiter la cupidité en instaurant une taxe à 75% pour les revenus des dirigeants d’entreprises cotées au-delà de 500 000 euros. Il envisage de mettre en place un ratio maximal entre le salaire des dirigeants et celui des salariés.

La crise européenne

Pour lui, « il apparaît comme une évidence que l’euro est une erreur gravissime. Une espèce de pari fou, tenté par des dirigeants imprudents, pour essayer de forcer, par la monnaie, la constitution d’une fédération européenne en quelques années, et dont personne et surtout pas ses dirigeants, ne veut assumer les conséquences ». La survie de la monnaie unique lui semble impossible car la désinflation compétitive est néfaste et plonge l’Europe dans la dépression. Il ne croit pas non plus que l’Allemagne sera prête à l’effort financier que supposerait une évolution fédérale, et que l’intégration ne se ferait pas sur le mieux disant : « les peuples y sont-ils vraiment prêts, sachant que les alignements ne se feront jamais sur les niveaux les plus protecteurs des salariés, et qu’il y aura donc des régressions dans beaucoup de pays ? ». Il plaide pour la transformation de l’euro en une « monnaie commune ».

Pour lui, « l’idée d’intégration européenne et de solidarité transnationale est une belle et grande idée. Mais cela ne veut pas dire accepter n’importe quelle ânerie proposée par des technocrates sautant sur leur chaise en criant ‘Europe, Europe, Europe’, pour mieux nous faire accepter d’imbéciles politiques régressives à rebours de nos intérêts (…) une monnaie unique n’est pas une fin en soit, c’est juste un moyen au service d’une politique ». Il dénonce l’entêtement des élites : « errare humanum est, perseverare diabolicum ». Il dit regretter avoir voté « oui » au référendum de 2005. Il souligne le côté post-démocratique de cette Europe qui méprise les peuples en citant Ludwig von Mises : « à la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets ».



L’auteur voit dans l’évolution des soldes Target 2 entre banques centrales nationales une illustration des déséquilibres commerciaux au sein de la zone euro et de la crise bancaire qui impose aux banques de se refinancer auprès des banques centrales. Mais pour lui, même s’il « faudrait réellement solder les comptes Target 2 en cas d’explosion de l’euro, contrairement aux fantasmes propagés, cela ne poserait aucune difficulté de résolution (on peut le faire demain), car il suffirait de réaffecter internationalement les créances sur les banques commerciales, qui sont par nature toujours supérieures aux soldes Target 2 ». Pour lui, il faudrait mettre en place une « règle d’or commerciale » qui imposerait que les soldes commerciaux soient à l’équilibre entre pays de la zone, citant Keynes : « le problème du maintien de l’équilibre des balances de paiement entre pays n’a jamais été résolu (…) L’échec à résoudre ce problème a été une cause majeure de l’appauvrissement et du mécontentement social, voire de guerres et de révolutions ».

Même si je ne suis pas d’accord avec toutes ses positions (taxe Tobin, monétisation), il faut souligner la rigueur analytique de la démarche d’Olivier Berruyer et la noblesse de sa démarche d’économiste citoyen. « Les faits sont têtus » sont, à ce titre, un livre extrêmement recommandable.

Source : « Les faits sont têtus », Olivier Berruyer, Les Arènes

12 commentaires:

  1. Ca part un peu dans tous les sens et fait l'effet d'un inventaire à la Prévert assez antinomique avec des vœux de règles mondiales quand on ne parvient même pas à s'entendre en Europe sur comment faire les choses et selon quel agenda. Les politiciens français ont un double discours en clamant l'Europe et en marchant à reculons quand l'Allemagne a plusieurs fois proposé une union politique de type fédéral. Védrine est le représentant idoine de cette classe politique française incohérente aussi sur bien d'autres sujets.

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    1. D'accord avec vous sur le caractère d'inventaire à la Prévert des propositions d'OB même s'il me semble que cette impression est mécaniquement produite par le (très bon) résumé de Laurent. Il vaut mieux lire son livre. D'accord aussi bien entendu sur l'incohérence de la classe politique française.
      Mais quand l'Allemagne a-t-elle proposé honnêtement une union politique de type fédéral, impliquant pour elle un effort réel de solidarité financière envers d'éventuels Etats faillis au sud de l'Europe ? Si vous évoquez des projets vieux de 10 ou 15 ans, on aura du mal à vous suivre, car hors période de crise grave, il est toujours très facile de proposer un peu n'importe quoi de généreux en apparence, puis se raviser en couinant au moment où ça commence à chauffer. Les dirigeants allemands me paraissent très habiles dans ce domaine.
      Je les trouve certes plus malins que les nôtres, ce qui n'est pas très compliqué. Mais pas honnêtes. Les citoyens français n'ont d'ailleurs pas à faire confiance aux dirigeants des autres pays puisque ces derniers ne leur doivent strictement rien. Seuls comptent les rapports de forces entre Etats, et les obligations que ces rapports ont fini par créer.
      Francis Commarrieu.

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  2. Une classe politique prompte à donner des leçons aux archaïques que nous sommes, mais surtout acharnée à défendre ses nombreux avantages sonnants et trébuchants. Et je ne vous parle même pas de la vision, ni de l'envergure de ses représentants.

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  3. Démos

    Ils n'ont aucune vision, ils gèrent le chien crevé au fil de l'eau, c'est consternant. C'est sophisme et hypocrisie autiste à tous les étages.

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  4. Dimanche 19 mai 2013, à 0 heure 24, sur son blog, Olivier Berruyer répond à un internaute :

    Vous avez dû ni lire mes livres, ni écouter mes interventions, j’ai déjà expliqué que pour moi, l’euro ne pouvait que disparaître (et peu importe qu’on soit « pour » ou « contre », les conditions à son maintien ne peuvent être réunies).

    http://www.les-crises.fr/allemagne-ennemie-publique/#comments

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  5. Commarrieu

    Le n'importe quoi existe aussi en période de crise, quant à l'honnêteté des dirigeants français qui nous devraient quelque chose, laissez moi rire, on en a des exemples tous les jours qui sortent du placard.

    Je trouve curieux que la politique soit réduite à un rapport de forces entre Etats.

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    1. Je ris avec vous au sujet de l'incompétence comme de la malhonnêteté de certains des dirigeants français, mais vous changez de sujet...
      En matière de régulation des flux commerciaux et financiers, sujet dont traite Laurent dans cette série de billets à partir des analyses d'OB, je ne vois effectivement rien d'autre que le cadre de relations internationales, qui passent par des contacts soit au niveau de structures internationales, supranationales, soit bilatérales.
      Et si deux Etats ne sont pas d'accord sur les objectifs ou bien les moyens pour les atteindre, le rapport de forces s'exerce et apparaît déterminant.
      J'ai l'impression que vous jouez le naïf.
      Lorsqu'il s'agit d'évoquer le comportement des dirigeants allemands le ton acerbe que j'apprécie dans vos commentaires a tendance à s'adoucir. Quand on cherche à comprendre, les uns ne sont pas plus à respecter ou protéger que les autres, même en raison de leurs qualités.
      FC.

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  6. Il n'y aura pas de sortie de crise en tous cas pas par les moyens de O Berruyer qui sont sympathiques de bon aloi et qui fonctionneraient certainement si l'homme était une machine en ce cas il n'y aurait pas eu crise ; non cette crise est le dernier carburant qui permet au capitalisme fou de vivre encore . Il me semble que la majorité des économistes sont comme Fabrice a Waterloo ils voient la boue le sang les cadavres la fumée des canons mais n'y comprennent rien . Nous devons tourner notre regard vers Michéa Alain de Benoist même Bourdieu Jaurès ou M Weber et la causalité

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  7. D'abord, il y a la cause.

    La cause, c'est ça : les banques européennes ont dans leurs livres 1500 milliards d'euros d'actifs pourris. En clair : en Europe, il va y avoir une cascade de faillites bancaires.

    La BCE s'inquiète du poids des créances douteuses en zone euro.

    La Banque centrale européenne (BCE) s'inquiète de plus en plus de voir le poids des créances douteuses dans les portefeuilles de prêts des banques européennes entraver le redémarrage du crédit dans un contexte de priorité donnée au renforcement des fonds propres, selon plusieurs responsables de l'institution.

    Selon KPMG, les créances douteuses des banques européennes atteindraient près de 1.500 milliards d'euros, dont 600 milliards pour les seuls établissements britanniques, espagnols et irlandais.

    Ensuite, il y a la conséquence de ces faillites bancaires en Europe.

    La conséquence, c'est ça :

    Un projet européen prévoit de moins protéger les gros déposants.

    Un projet de législation européenne approuvé lundi par une commission du Parlement européen prévoit que l'épargne des petits déposants sera protégée à concurrence de 100.000 euros, tandis que les titulaires de comptes disposant de soldes supérieurs risqueront de devoir passer des pertes en cas de faillite bancaire.

    Ce projet fait écho à la solution retenue dans le dossier chypriote dans le cadre duquel les déposants les plus fortunés avaient été contraints d'accepter de passer des pertes pour éviter un naufrage du système bancaire local.

    Pour entrer en vigueur, ce projet doit encore être approuvé par les 27 ministres des Finances de l'Union européenne et par les Parlementaires européens.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20130520.REU4530/un-projet-europeen-prevoit-de-moins-proteger-les-gros-deposants.html

    Des Chypriotes.

    Nous allons devenir des Chypriotes.

    Ce qui s'est passé à Chypre va être étendu à toute l'Europe.

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  8. Berruyer se dit pour une confédération européenne, sauf que quasiment toutes confédérations on finit par devenir des fédérations, comme la Suisse malgré le terme obsolète de confédération.

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  9. @ Olaf

    O.Berruyer propose beaucoup d’idées mais il leur donne sans doute une meilleure perspective dans son livre et sur ses écrits que la façon dont cela transparaît dans mon résumé, qui les énumère sans forcément donner la logique de l’auteur. Il me semble que son discours est cohérent, même si je ne suis pas d’accord sur tout. Un livre que je recommande. Complètement d’accord sur notre classe politique UMP-PS.

    OB n’est pas aussi souverainiste que nous. On sent qu’il regrette quelque part que l’euro ne puisse pas fonctionner mais son pragmatisme n’en est que plus respectable à mon sens.

    @ Francis

    Bien d’accord sur les rapports de force, ce que les bisounours internationalistes français semblent incapables de comprendre

    @ BA

    Merci pour ce rappel qui montre qu’OB est un pragmatique raisonnable.

    Merci pour l’info. Après, ces créances douteuses peuvent être compensées par une bulle boursière…

    @ Patrice

    Vous êtes un peu durs. OB a sa logique. La mise en place de ses solutions améliorerait grandement les choses (il va loin sur les banques, jusqu’à les découper en petits morceaux, limitant drastiquement la spéculation), même si je pense que sur certains sujets, on peut aller plus loin (taxe Tobin, monétisation entre autre).

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  10. Vendredi 24 mai 2013 :

    Jens Weidmann souhaite qu'un pays de la zone euro puisse faire défaut à l'avenir.

    Le président de la Bundesbank (Buba), Jens Weidmann, a plaidé vendredi pour qu'un pays de la zone euro puisse à l'avenir faire défaut, une option que les Européens ont à tout prix cherché à empêcher pendant la crise.

    "Avec la crise, nous avons fait très attention à éviter les risques de défaut, par crainte d'un effet de contagion", a expliqué M. Weidmann, réputé pour sa défense stricte de l'orthodoxie monétaire et budgétaire, lors d'une conférence organisée par la Banque de France et la banque centrale d'Allemagne.

    Il a, en revanche, laissé ouverte une telle possibilité à l'avenir.

    "A long terme, nous devons faire en sorte qu'un Etat puisse, en dernier ressort, faire faillite", a relevé le patron de la Buba, ajoutant que cette possibilité était un élément clé pour permettre de discipliner les marchés.

    "C'est pour cela que nous travaillons au fait de découpler les Etats et les systèmes bancaires", a-t-il par exemple fait valoir.

    1- Médaille d'or : la Grèce. Dette publique de 303,918 milliards d'euros, soit 156,9 % du PIB.

    2- Médaille d'argent : l'Italie. Dette publique de 1988,658 milliards d'euros, soit 127 % du PIB.

    3- Médaille de bronze : le Portugal. Dette publique de 204,485 milliards d'euros, soit 123,6 % du PIB.

    4- Irlande : dette publique de 192,461 milliards d'euros, soit 117,6 % du PIB.

    5- Belgique : dette publique de 375,389 milliards d'euros, soit 99,6 % du PIB.

    6- France : dette publique de 1833,810 milliards d'euros, soit 90,2 % du PIB.

    7- Royaume-Uni : dette publique de 1387,436 milliards de livres sterling, soit 90 % du PIB.

    8- Chypre : dette publique de 15,350 milliards d’euros, soit 85,8 % du PIB.

    9- Espagne : dette publique de 883,873 milliards d’euros, soit 84,2 % du PIB.

    10- Allemagne : dette publique de 2166,278 milliards d’euros, soit 81,9 % du PIB.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-22042013-AP/FR/2-22042013-AP-FR.PDF

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