mardi 17 décembre 2013

Le Monde rejoint The Economist pour dénoncer le niveau du SMIC





Le grand assaut contre le SMIC

C’est sous la forme d’un dessin innocent que Le Monde avance son agenda néolibéral : deux personnes qui commentent deux graphiques, l’un indiquant une hausse du salaire moyen, l’autre la hausse du nombre de chômeurs, faisaint le lien que tous les néolibéraux font, à savoir que des salaires trop élevés entraineraient une augmentation du nombre de chômeurs. L’article souligne que les salaires ont augmenté en moyenne de 1,6% sur un an et les prix de 0,7%. Le directeur de Rexecode affirme qu’alors que le PIB a augmenté de 9,7% entre 2007 et 2013 et le salaire par tête a progressé de 13,6%.

Dans un argumentaire digne du patronat le moins social, le Monde poursuit en valorisant la baisse des salaires de 10% de 2010 à 2012 en Espagne, « recul salué par le chef du gouvernement espagol ». On se demande comment la journaliste ne voit pas l’immense contradiction qu’il y a à évoquer l’Espagne comme un bon exemple. L’Espagne et la Grèce ont baissé leurs salaires, mais elles ont le taux de chômage le plus élevé, alors qu’elles avaient déjà des salaires assez faibles pour l’Europe de l’ouest. S’il y avait un lien, le chômage devrait être plus bas que la moyenne à Madrid et Athènes.

En outre, la journaliste donne l’impression que le pouvoir d’achat progresse alors que cela est faux. D’abord, elle ne prend pas en compte la hausse des impôts, qui réduit le revenu disponible. Puis, elle oublie qu’une moyenne peut être illusoire et tirée par les plus hauts revenus : le salaire médian baisse en France depuis le milieu des années 2000, dans un phénomène proche de celui à l’œuvre aux Etats-Unis. Enfin, le directeur de Rexecode prend des chiffres hors inflation, une présentation biaisée.

La gauche social-traître

Mais ce papier montre à nouveau qu’il n’y a plus rien de social au Monde aujourd’hui. Pourtant, le vieux fond catholique de gauche devrait immuniser le journal des dérives néolibérales. Que nenni, le pseudo journal de référence adhère aujourd’hui à une libéralisation et une mondialisation décomplexées, quitte à critiquer le niveau du salaire minimum. Il rejoint ainsi The Economist, qui plaide pour un salaire minimum fixé à 50% du revenu médian. En France, cela reviendrait à une baisse de 20% du SMIC… Pire, il demande à ce que le SMIC soit fixé par des technocrates pour éviter la pression démocratique.

En effet, comme même The Economist le souligne (mais pas le Monde !), la hausse des inégalités pousse à l’instauration d’un salaire minimum. Même le Figaro titrait de manière plus humaine en 2012 en disant « en Europe, le salaire minimum pâtit de la crise ». Le Monde déborde le Figaro par sa droite sur le niveau des salaires ! Drôle de monde… La situation actuelle est d’autant plus inacceptable que les dernières années n’ont profité qu’aux plus riches. Olivier Berruyer a montré que 30% des Allemands ont vu leur salaire baisser de plus de 15%. Et le revenu de 99% des étasuniens stagne depuis 40 ans

Le raisonnement est doublement vicié. D’abord, et surtout, il est inhumain. Comment accepter que les salaires stagnent ou baissent pour la majorité de la population alors qu’ils explosent pour les plus riches ? Une société ne pourra pas avancer longtemps ensemble si seule une petite minorité va de l’avant. Ensuite, le lien entre niveau des salaires et chômage est loin d’être évident. Les pays scandinaves cumulent hauts salaires et faible chômage. L’instauration d’un SMIC en Allemagne va augmenter la demande intérieure et donc la croissance, ce qui, au contraire, pourrait faire baisser le chômage.


Comme en 2012, quand François Hollande avait accordé une obole dérisoire de 0,6%, trois fois moins que Jacques Chirac en 1995, le gouvernement a tranché pour une hausse a minima du SMIC. Pas étonnant que les classes populaires désertent le Parti Socialiste. Il a perdu le Nord social. 

22 commentaires:

  1. Merci pour cette explication très interessante.

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  2. Dans cet article du Telegraph :

    http://www.telegraph.co.uk/finance/financialcrisis/10224099/IMF-sees-no-end-to-French-jobless-crisis-this-decade.html

    on indique :
    "France has seen a chronic erosion of labour competitiveness against Germany under monetary union due to higher wage deals. Pay has jumped 53pc in France and 35pc in Germany since 1999. French hourly wage costs are now 5pc higher at €36.40, even though German productivity is better."

    Et sur le site de l'Insee :
    http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=NATnon04145

    on voit que le Smic horaire a augmenté de 52% depuis 1999.

    Donc, d'une part il n'y a pas décrochage du Smic par rapport au salaire moyen français (hors effet 35h) et d'autre part si on est en mauvaise posture par rapport à l'Allemagne c'est effectivement à cause de salaires ayant augmenté plus vite.

    Même s'il y a de bonnes raisons à cela (hausse de population donc hausse des prix immobiliers) il y en a aussi de mauvaises, et on est bien obligé d'en tenir compte.
    Car, même si vous souhaitez sortir de l'euro, cela prendra du temps, et dans ce cas la question est aussi de conserver une base industrielle suffisante à cette date.

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  3. Peut-on faire un lien entre le virage à droite du Monde et celui du PS? La gauche deviendrait folle et serait le véritable ennemi. L'UMP, parti d'électeurs âgés, peu diplômés, relativement calmes. PS et FdG, partis de très diplômés déchaînés? Ou, pour le dire autrement, les très diplômés veulent maintenant se débarrasser ouvertement des sans diplômes.
    jard

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    1. Un lien. Oui, un parallèle.
      En effet, à qui appartient le journal Le Monde ? A des socialistes, non ? Rien d'étonnant à ce que le journal passe et repasse leurs plats.

      Demos

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  4. En régime de libre-échange, les salaires ne sont que des charges pour des entreprises qui visent l'export. La relance par les salaires aboutit à la hausse des déficits commerciaux. Ou on met des entraves au libre-échange, ou il faut baisser les salaires et les dépenses publiques au niveau du Bengladesh. Le Monde a choisi. Merci de nous tenir au courant de leur décadence.

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  5. C'est le SPD qui a mené la politique sociale la plus dure sous Schröder et qui d'ailleurs a été sanctionné aux élections qui ont suivi, Merkel ayant un peu lâché du lest par la suite. C'est grâce à bien d'autres aspects qui datent d'avant Schröder que l'économie allemande s'en sort un peu mieux, pas grâce à cette austérité sociale.

    Mais pour faire comprendre ça en France aux journalistes du Monde...

    "Parallèlement, avec les lois dites "Hartz", au début des années 2000, l'Allemagne a considérablement flexibilisé et précarisé son marché du travail. Mais les effets de cette politique sur la performance économique allemande sont beaucoup plus incertains. Ce qui est sûr, c'est que cela a provoqué une explosion des inégalités et des très bas salaires."

    http://www.alternatives-economiques.fr/index.php?ogn=MODNL_284&prov=&cat=&lg=fr&id_article=66196&id_publication=1266

    olaf

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  6. Le problème du salaire minimum est bien plus compliqué que l'équilibre offre demande simpliste. D'abord il ne concerne que les salariés peu ou pas qualifié, d'où son plus grand impact dans les pays peu productif (Espagne, Portugal, Grèce).

    Ensuite le coût du travail relatif dépend normalement de la monnaie: compresser les salaires n'est qu'une forme bâtarde de recalage de la monnaie, qui normalement doit filer en cas de crise de compétitivité (ou qu'on dévalue manuellement si le marché ne fait pas son travail).

    Dernier point ces faux libéraux vrais rentiers ne prennent absolument pas en considération la forte érosion de la capacité de remboursement des emprunteurs et les difficultés de paiement des charges fixes (loyers et autre factures contractuelles). Une forte baisse des salaires peut entraîner une crise bancaire, immobilière et de la déflation. Tout ça pour sauver les rentiers. Pathétique. Friedman aurait dévalué.

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  7. Sur Friedman :

    http://www.les-crises.fr/entetement-suicidaire-2/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+les-crises-fr+%28Les-Crises.fr%29

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  8. Ils ont un train de retard, quand enfin l'Allemagne fait un effort de relance :

    http://www.slate.fr/economie/81253/groko-europe

    Quand à l'impact du SMIG, allemand par exemple :

    "l'instauration d'un salaire minimum peut avoir des effets bénéfiques pour une entreprise (ou tout du moins un effet global quasi-neutre). (1) Selon la théorie du salaire d'efficience, un salarié touchant un salaire minimum et voyant son salaire augmenter pourrait en effet faire davantage d'effort (hausse productivité) ou bien (2) changer de boulot moins fréquemment (baisse de la vitesse de rotation de l'emploi = baisse du coût de recrutement et de formation pour l'employeur). De plus, (3) une hausse du salaire minimum peut créer une augmentation de la consommation de la part des employés ayant reçu une hausse de salaire, permettant de booster la demande agrégée et donc la production des entreprises. Enfin (4), il est possible que les entreprises passent simplement cette hausse du coût des salariés au SMIC en augmentant moins rapidement les autres travailleurs en compensation, ou bien en réduisant les autres avantages pour les employés (et hop, les tickets-restos passent à 5,50 euros et fin de la sortie bowling du week-end... )."

    http://www.captaineconomics.fr/theorie-economique/item/384-salaire-minimum-allemagne-merkel

    olaf

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  9. Article de Jacques Sapir qui explique pourquoi la politique de déflation salariale nous mène droit dans le mur : http://russeurope.hypotheses.org/1829

    Extraits (larges ;) ):

    « Prenons l’exemple des dévaluations internes, autrement dit de ces politiques qui consistent à baisser les salaires brutalement, à la fois directement et indirectement par le biais de fortes réductions des avantages sociaux, dans le but, dit-on, d’accroître la compétitivité de ces pays. Que ce passe-t-il alors ? La baisse importante de revenu des ménages provoque une contraction de la croissance (Grèce, Espagne, Italie, Portugal). Cette contraction engendre une chute de la production, mais aussi des marges bénéficiaires des entreprises. Le chômage y dépasse alors les 25% (Grèce et Espagne). Si la compétitivité s’améliore, ce qui est le cas en Espagne, c’est essentiellement au détriment des autres pays du Sud, soit essentiellement la France. La production industrielle se stabilise pour un temps. Mais cela ne dure pas. En effet, la chute des marges globales, et l’incertitude sur le niveau de la demande, entraînent une forte chute de l’investissement. Sans investissement, les entreprises ne peuvent exploiter le gain en compétitivité. Pire, les entreprises ont du mal à renouveler leur appareil productif. Ce dernier vieillissant, la productivité du travail cesse de s’accroître, puis commence à diminuer. »

    « Il faut alors pousser plus loin la baisse des revenus pour maintenir la compétitivité par rapport aux autres pays. Progressivement, l’économie devient complètement extravertie car la demande intérieure disparaît. Les économies en dévaluation interne ne peuvent trouver leur salut qu’au dépens des autres, car il n’y a plus de marché intérieur. »

    « Aujourd’hui, l’effondrement de l’investissement (qu’il s’agisse de l’investissement productif ou de l’investissement en logement) est le signe le plus tangible que la crise n’est pas derrière mais devant nous. »



    Avoir l'exemple de 1929 et militer pour appliquer la même politique, c'est au minimum de la folie...

    Le Monde est en tout cas irrécupérable : http://www.arretsurimages.net/chroniques/2013-12-16/Louis-Dreyfus-patron-sandwich-du-Monde-id6376

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    1. Conclusion de l'article de Shneidermann :

      "La pathétique transformation du directeur du Monde en homme-sandwich ne serait qu'anecdotique, si elle ne marquait pas une étape symbolique dans l'asservissement accéléré aux exigences de la pub d'une presse en panique. Il ne lui suffit plus, à la pub, de s'infiltrer dans les articles (un maroquinier de luxe à Libé, la compagnie nationale d'électricité au Parisien, le dernier produit de télécoms un peu partout), de se camoufler en articles (avec ou sans citations de marques, d'ailleurs, comme le montre l'édito du journal pro-vente en ligne). Il lui faut s'emparer des corps après les âmes, les marquer toujours davantage."

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  10. Ce n'est ni nouveau ni surprenant de la part du quotidien vespéral des marchés financiers. Même pas stipendiés par les eurocrates pour leur eurolâtrie.

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  11. Les problèmes de la France commencent à attirer l’attention ailleurs que chez nous :

    http://intermarketandmore.finanza.com/la-nuova-malata-deuropa-60389.html

    Certains commencent à se rendre compte que notre pays va dans le mur. Je ne serais pas étonné que les pressions s’accentuent dans les mois qui viennent pour tenter d’imposer une dévaluation salariale en France, à l’instar de ce qui se fait déjà en Grèce, au Portugal, en Espagne, etc. Comme les dirigeants politiques (et certains journalistes) ne sont plus que des valets de pouvoirs d’argent et de sphères d’influence qui sont au-dessus d’eux, je pense qu’on va aller dans ce sens. Mais dans la zone euro, comme expliqué par Jacques Sapir et d’autres, ça ne peut pas être une solution pour un pays désormais en crise grave comme la France. Attendons le défaut grec pour commencer, ça ne prendre pas dix ans avant qu’il intervienne même si le «système» fera tout pour le retarder.

    Saul

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    1. Selon certains, il parait probable un krach boursier début 2014, là ça rebattrait les cartes autrement.

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  12. Je crois que la situation s'apparente exactement aux dérives qu'anticipé Schumpeter sur le libéralisme. Ce système à termes tombe dans le travers de concentrer les richesses et le pouvoir aux mains d'une minorité.

    http://enfantdelapatrie.blog4ever.com/schumpeter-face-a-la-crise

    Le système économique actuel a totalement oublié à quoi sert l’économie, qui est de répondre aux besoins des hommes. Aujourd’hui on ne créait plus de richesse avec de l’innovation, non, avec des hommes qu’on exploite aux quatre coins de la planète, et encore cela ne représente qu’une majorité des richesses créées, la grande majorité c’est de la spéculation et de la dette. Dans un documentaire qui s’appelait (il me semble) « la pompe à finance », des économistes expliquait que la finance n’étant en réalité que constitué de dettes et qu’à moyen et long terme cela n’apporterait rien de profitable. Autrement dit un krach bientôt oui c’est possible. Rien n’a changé depuis 2008, à part plus de chômeurs.

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  13. http://www.express.be/business/fr/economy/ce-graphique-montre-que-la-crise-dans-la-zone-euro-est-pire-que-la-grande-depression/199919.htm

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  14. @ L

    Merci

    @ Anonyme

    En effet, il faudra conserver et surtout reconstruire une base industrielle. Sur les salaires, les ajustement peuvent se faire à travers la valeur de la monnaie.

    @ Rieux

    Bien d’accord. C’est pour cela qu’il faut du protectionnisme

    @ Olaf

    Très juste sur le SPD. Bien d’accord sur l’Allemagne

    @ Karg Se

    Complètement d’accord.

    @ Bip

    Merci ces extraits

    @ Saul

    J’en tendance à penser que la crise passera avant par l’Espagne ou l’Italie. Bien d’accord sur la Grèce.

    @ Anonyme

    Pas d’accord sur le krach. Je pense que cela prendra plus longtemps.

    @ Enfant de la patrie

    Bien d’accord

    @ Anonyme

    Merci

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  15. Il y a aussi cet article du Nouvel'Obs', le journal des faux-zintellos à lunettes : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1082565-1-1-pour-le-smic-l-augmenter-plus-c-etait-prendre-le-risque-de-detruire-des-emplois.html

    Là-dessus, évidemment, on se fait censurer exactement comme sur lefigaro.fr . Une vraie saloperie journalopière.

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  16. Pour la baisse du pouvoir d'achat, n'oubliez pas les causes cachées :

    - Obsolescence programmée, appareils conçus pour péter le lendemain de la garantie ; les gens subissent panne sur panne, pas un mois pour souffler : tantôt la chaudière, tantôt la bagnole, tantôt le four, tantôt la télé (c'est pourquoi ma femme garde une vieille télé de 21 ans).
    - Augmentation des frais incompressibles (comme les abonnements) face aux frais maîtrisables ;
    - Bagnoles bourrées d'électronique, réparables uniquement dans une concession avec valise électronique et non plus chez un garagiste (c'est pourquoi je ne roule qu'avec des vieilles gimbardes que me refourgue mon poujadiste de garagiste, spécialisé dans le sabotage de l'électronique pour réparer lui-même).
    - Sans compter tous les prix qui sont restés les mêmes en francs et maintenant en euro. Genre colle super glue, 3 francs en 1985, 5,5 euros maintenant (exemple qui me vient en tête), le passage de 3 à 5,5 pour suivre le SMIG.
    La journaloperie ne sert qu'à camoufler cette réalité : c'est justement ce qu'ils me censurent tant sur le nouvel-obs' que sur le figaro. Les journalopards, il faudra les tondre à la libération.

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  17. Pour ce qui concerne la France le chômage a dépassé dès les années 1980 ses pires niveaux de l'époque de la Grande Dépression.

    (le rapport Milloz, distribué gratuitement dans les boîtes aux lettres, l'avait d'ailleurs signalé à l'époque. Il a bien entendu suscité de vives réactions -à juste titre- puisqu'il était distribué par le FN, mais personne n'a contesté les chiffres qu'il donnait sur le chômage)

    Je ne comprends pas comment on peut encore douter en 2013 du fait que la crise actuelle, qui a démarré en 1974, est bien pire que celles des années 1930, alors que c'était déjà flagrant dans les années 1980.

    Elle est bien pire à tous points de vue :

    -par sa durée : déjà 40 ans, et on n'en voit pas encore le bout. En 1970 il y avait longtemps que la crise des années 1930 était terminée, et même oubliée.

    -par sa dureté. Les chômeurs se comptaient chez nous par centaines de milliers dans les pires années de la soi-disant "Grande Dépression" et par millions dès la fin des années 1970, 6 ans après le début de la crise en 1974 : c'est dix fois pire, et depuis le début.

    -par sa gestion. Dans les années 1930 les seuls qui se sont retrouvés au chômage chez nous étaient les vieux, les malades et les handicapés. A aucun moment les forces vives de la nation, les jeunes en bonnes santé, n'ont été sacrifiées.

    Tout le contraire du choix qui a été fait dès les premières années de la crise actuelle :
    Dernier arrivé, premier licencié.
    Indemnisation du chômage réservée aux vieux
    et subventions à l'embauche réservées aux chômeurs indemnisés !

    Un piège mortel pour les baby-boomer, dont beaucoup n'ont jamais réussi à se relever.

    Les jeunes n'avaient absolument aucune chance, et on en est déjà à la 3ème génération sacrifiée depuis 1974 car ce choix n'a jamais été remis en cause, comme on peut le voir maintenant avec l'allongement incessant de la durée de cotisation et les reculs successifs de l'âge de la retraite.

    Le modèle économique est d'un cynisme qui fait froid dans le dos. Même modeste la pension d'un retraité coûte chaque mois un petit quelque chose tandis que le chômage d'un jeune ne coûte rien puisqu'il n'a droit à rien, même pas au RSA ! (pas avant 25 ans)

    Voilà pourquoi la retraites des vieux est un problème et le chômage des jeunes une solution.

    On peut dire tout le mal qu'on veut des politiciens des années 1930, ils n'étaient pas lâches et méprisables à ce point. Ils n'auraient jamais échangé la retraite des vieux contre le chômage, non indemnisé !, des jeunes.

    Quelquefois je me dis que les économistes qui parlent de la Grande Dépression sont comme ces anciens combattants de 14-18 qui ont toujours appelé le 1èr conflit mondial la "Grande guerre" même en 39-45 alors que se déroulait sous leurs yeux une guerre bien plus grande encore.

    Cette crise est même tellement longue et grave qu'il est légitime, si on se place d'un point de vue marxiste, de se demander si ce n'est pas la crise finale du capitalisme prophétisée par le grand économiste du XIXème siècle.

    Il y a aussi des arguments contre. Marx pensait que le capitalisme s'effondrerait quand la rémunération du travail ne suffirait plus à assurer la conservation et la reproduction de la force de travail.

    Or nous en sommes manifestement là. Sans les allocations familiales, les allocations logement ou encore la prime pour l'emploi le patronat ne parviendrait plus, avec les seuls salaires qu'il verse, à entretenir et reproduire la force de travail qu'il exploite.

    Et pourtant le capitalisme ne s'est jamais aussi bien porté. Marx s'est-il trompé ?

    Ivan

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    1. « On peut dire tout le mal qu'on veut des politiciens des années 1930, ils n'étaient pas lâches et méprisables à ce point. Ils n'auraient jamais échangé la retraite des vieux contre le chômage, non indemnisé !, des jeunes. »

      1930 : une majorité d'électeurs jeunes et une minorité de vieux
      Aujourd'hui : une majorité d'électeurs vieux et une minorité de jeunes

      Donc d'un point de vue « démocratique » y a rien à dire de nos politiciens actuels... Du point de vue de l'intérêt général, ça peut se discuter.
      Mais du point de vue de l'intérêt de la France, c'est une catastrophe...

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  18. Décidément, l'Allemagne est en train de construire une Europe allemande.

    Lisez cet article :

    Europe : austérité, acte III en vue !

    Berlin va proposer des "contrats de compétitivité et de croissance". Une façon de modeler encore l'Europe à l'image de l'Allemagne.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20131217trib000801475/europe-austerite-acte-iii-en-vue-.html

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