dimanche 23 mars 2014

Pour Coralie Delaume, l’UE détruit l’Europe


Après sa prestation de vendredi soir aux côtés de Jacques Sapir et Emmanuel Todd, voici la seconde partie de mon compte-rendu du très bon livre de Coralie Delaume « Europe : les états désunis », qui étudie les mécanismes qui ont mené l’UE à devenir un Frankenstein politique et social.



La grande divergence européenne

Comme elle le note, à l’origine, le projet européen devait faire converger ses membres vers le haut. Mais elle constate que « de grandes divergences se font jour désormais entre ceux qui obtenpèrent parce qu’ils croient n’avoir pas le choix, et ceux qui s’accomodent de la situation parce qu’ils considèrent qu’elle leur est utile, ou, du moins, qu’elle le fut longtemps ». La divergence se lit aussi dans l’évolution du chômage ou de la dette depuis 2007. Les pays du sud de l’eurozone sont les « damnés de l’intégration européenne » car les « plans d’aide » sont des exercices de « répression économique » qui ont mené à une « tiermondialisation de la Grèce ». En même temps, elle note le paradoxe qu’il y a eu à prêter de l’argent à l’Irlande tout en lui laissant conserver son statut de parasite fiscal.

L’auteur note également que même la paix continentale se fissure. Une partie de l’Europe dénonce la fainéantise supposée des pays du Sud. Ce constat indigent a mené à des solutions indigentes, ces plans d’appauvrissement, d’humiliation et de ressentiment. Et tandis que le Bild propose à la Grèce de vendre ses îles, les manifestants défilent en grimant Angela Merkel en Hitler... Dans ce contexte, quand l’UE obtient le prix Nobel de la paix, « on hésite, décidemment, entre l’incrédulité muette et le rire jaune ». Il faut de l’« aveuglement » ou de la « démence » pour croire qu’une « Europe saine puisse se construire ainsi ». En outre, l’auteur constate justement que l’UE a choisi d’aider les banques (les créanciers étant les véritables bénéficiaires des plans) contre les peuples, mis à l’eau et au pain sec.

L’Allemagne, hégémon réticent

L’auteur fait un long développement sur l’Allemagne, évoquant un problème de relation entre pays débiteurs et pays créditeurs. Elle ne croit pas à un dessein prédateur de Berlin, mais à un problème de structures. Berlin refuse logiquement de payer et, en l’absence de monétisation, les marchés imposent leur agenda. Enfin, l’Allemagne est immunisée contre l’euro cher par sa modération salariale, l’ouverture à l’Est, à la main d’œuvre à bas coût, et ses choix industriels. Et avec 75%  d’excédents commerciaux hors UE (contre 35% en 2007), elle est moins dépendante de ses partenaires. Mais l’Allemagne reste un « hégémon réticent » qui mène seulement une politique conforme à ses intérêts et dont la cour de Karlsruhe continue de défendre sa souveraineté, au contraire de notre conseil constitutionnel.

Il y a deus issues. La première, c’est le rejet de la nation et de la démocratie. Jean-Luc Sauron sur le blog de Quatremer dit « ce n’est pas Lisbonne que refusent les tenants du référendum, c’est une plaisanterie. Ils refusent l’UE comme elle est, le monde comme il est, le marché comme il fonctionne ». L’auteur réplique, ironique : « refuser le marché comme il fonctionne, ça, vraiment, c’est impardonnable ». En fait, elle préfère Jaurès qui disait « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ». Elle cite Laurent Bouvet qui distingue trois représentations du peuple : le peuple démocratique, le peuple social et le peuple national pour noter que l’Europe parvient réalise l’exploit d’affaiblir les trois.

Coralie Delaume conclut en notant que le fait que le PS et l’UMP aient constamment soutenu de concert cette mauvaise europe (y compris le TSCG) pose un gros problème démocratique dont le paroxysme a été atteint avec la ratification du traité de Lisbonne, où l’Assemblée Nationale, supposée être le lieu de l’expression de la volonté populaire pour devenir le lieu de son invalidation.

23 commentaires:

  1. @Laurent Pinsolle,

    c'est ma première intervention depuis votre retour :)...
    Encore une fois, pour moi, il n'y a pas de "bonne" ou de "mauvaise" Europe. Cette dernière n'est qu'un continent, pas une entité politique viable...
    DLR ferait d'abord mieux de se préoccuper de ce que devient la France, et il y a du travail: trente année de "construction" européenne ont fait de notre pays une nation peuplée de consommateurs vivant à crédit alliée à une poignée de rentiers inciviques (tant à droite qu'à gauche, d'ailleurs). Je n'aurais jamais crû dire cela un jour, mais je pense que nous devons à nouveau former une nation de travailleurs, et non pas d'hédonistes! Désormais, la France ne compte plus car elle n'a plus d'avis, d'intérêt propre, et contrairement au vibrillon Sarkozy, Hollande ne fait même plus l'effort de le masquer: pour savoir quel projet économique la France doit adopter, il faut téléphoner à Mutti Merkel. Pour savoir quel position diplomatique nous devons adopter dans le monde, appelez Barack Obama. Pour les retraites, faites confiance à Gattaz Junior et/ou à Mario Draghi.
    Bref, c'est une catastrophe, et la seule récupération de notre souveraineté passe d'abord par un restauration de notre sentiment nationale et de notre bien commun. Or, et c'est là où je diverge depuis longtemps avec DLR, cela passe bien par un retour à la souveraineté nationale, donc par une sortie de l'UE. Reformer l'UE, comme veut le faire NDA, c'est une perte de temps et d'énergie considérable, et in fine, cela légitime l'UE, alors qu'il faut la détruire!
    Combien de temps encore faudra-t-il à DLR et ses militants pour comprendre que l'UE n'est que la queue de la comète qu'était la Guerre Froide? Si le traité transatlantique de libre-échange (qui, au passage, signera un véritable retour au féodalisme, puisqu'il mettra LEGALEMENT des états au même niveau que des multinationales), ainsi que le pathétique coup d'état ukrainien, dont on sait désormais qu'il n'avait que pour but d'imposer illégalement aux Ukrainiens le rattachement à venir du pays dans l'UE, ne vous convainquent pas qu'il faut se remobiliser en tant que nation libre et indépendante, alors vous vous faites les complices du système euro-atlantiste.
    Parlez-nous de la France, et de son avenir, pas de celui de l'UE, dont j'espère qu'il sera le sombre et le plus bref possible.

    CVT

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    1. Entièrement d'accord avec vous! Quittons l'UE, et l'OTAN, le plus rapidement possible!
      Antoine

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    2. Entièrement d'accord aussi. DLR reste un hochet pour une "autre europe" parmi des dizaines d'"autres europes". Le petit jeu consistant à noyer le poisson en parlant de l'ordre juridique actuel sent le tortillage de Q à plein nez. Au niveau où en sont les choses et à force de ne pas défendre les intérêts des Français en dénonçant (un peu) les causes du mal, il va falloir se poser sérieusement la question du pourquoi DLR joue ce jeu: inconséquence? malhonnêteté? allégeance à nos maîtres?
      Il n'y a pas 36 solutions, mais une seule: quitter l'UE (et donc l'euro) et l'OTAN.

      Vladimir Vladimirovitch

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    3. @ CVT

      "Je n'aurais jamais crû dire cela un jour, mais je pense que nous devons à nouveau former une nation de travailleurs, et non pas d'hédonistes !"

      Les chômeurs, les SDF et les crève-la-faim des hédonistes, vous rigolez ? Ils n'en ont jamais eu les moyens. Quand aux capitalistes, ce sont parfois des hédonistes bien entendu puisqu'ils peuvent se le permettre, mais vous ne pouvez pas leur demander de devenir "à nouveau" des travailleurs, vu qu'ils ne l'ont jamais été.

      Aristippe de Cyrène et Epicure sont totalement innocents des malheurs de la France aujourd’hui.

      L'hédonisme est une doctrine philosophique grecque antique. Laissez le là où il est.

      Ivan

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  2. OUI parlons de la FRANCE. Tant que nous ne ferons rien en FRANCE, comment voulez vous changer l'europe ? Nous devons plaider pour une stratégie de la FRANCE GAGNANTE, POUR TOUS LES FRANCAIS...et son appartenance à une EUROPE des NATIONS....le reste ne sert à rien ? l'allemagne joue gagnant et se fait entendre .....

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  3. Le problème de l'Union européenne c'est qu'elle organise son mode de fonctionnement sur un "ordre économique" défini dans des traités. Or, on sait depuis Agambem qu'en Europe, les théories économiques sont des théories fondées sur le religieux. Pendant longtemps, le mot « économie » désignait « l’économie de Dieu » c'est-à-dire le dessein de Dieu (Tertullien, Saint Augustin, Thomas d’Aquin, …). Même au 18ème siècle, la pensée d’un Adam Smith reste très empreinte d’une dimension religieuse (« la main invisible » forme sécularisée de la providence).

    En choisissant un ordre économique comme base du système constitutionnel (les traités), l’UE se pose comme une institution théocratique. On peut d’ailleurs comparer le système de fonctionnement de l’UE et celui de l’Iran qui sont assez similaires. Dans l’UE la Commission est en charge de l’application des traités (c'est-à-dire de l’ordre théologique), en Iran c’est le guide suprême qui est le responsable de cette fonction. Dans l’UE, il y a un parlement aux pouvoirs limités, en Iran aussi.

    La particularité dans l’Union européenne c’est que la théologie n’est pas la même partout. Les pays protestants et les pays catholiques n’ont pas le même rapport à l’économie. On le voit sur la dette, qui est considérée comme une faute chez les Allemands (« die Schuld) alors que c’est perçu comme quelque chose de juste chez les Italiens (« Debito »). Il est donc absurde – voire dangereux – d’appliquer un ordre théologique sur des peuples qui n’ont pas la même conception de cet ordre. Ce qui caractérise l’Europe c’est sa diversité et non son uniformité. Rigidifier l’Europe par une monnaie et par des normes économiques est un échec parce que, par définition, l’Europe ne peut pas être rigide.

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  4. Je n'ai pas encore lu le livre de Coralie Delaume.
    Est-ce qu'elle exploite également la piste générationnelle ?
    Il me semble en effet que la mystique européenne date beaucoup. Elle a été développée par une génération qui a connu directement les deux guerres mondiales, par des individus qui ont hâtivement assimilé le sentiment national à la haine entre peuples. Il suffirait par exemple de rappeler que l'Allemagne hitlérienne faisait une guerre idéologique pour la domination d'une race, et qu'à la fin de la tragédie Hitler vomissait le peuple allemand incapable de soutenir courageusement son projet, pour se convaincre que le second conflit mondial n'en était pas un entre nations.
    Le seconde génération, celle du baby-boom, a écouté les sirènes antinationistes de la première, et a justifié son mépris féroce des solidarités de classe et de nation par l'approfondissement de la construction européenne et la remise des clés du politique aux forces du marché. La dissolution de la France, et la destruction de son Etat qui en résulte, apparaissent clairement à nos yeux aujourd'hui.
    Cette clique hédoniste et cynique a encore aujourd'hui la main aux manettes.
    Qu'en est-il de la génération suivante à laquelle, j'imagine, les lecteurs de ce blog appartiennent ? Le doute voire le rejet de cette construction sont patents. Pour autant y a-t-il une chance qu'un sentiment national structuré puisse faire retrouver sa souveraineté au pays, en détruisant éventuellement l'UE comme l'espère CVT, ou en transformant suffisamment cette même UE afin qu'en soient désactivés tous les agents qui détruisent les nations européennes et les poussent les unes contre les autres ?

    Francis Commarrieu.

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    1. @Francis Commarrieu,
      transformer l'UE, c'est une perte de temps: elle est irréformable! Quand je parle de rassembler nos forces pour rétablir la souveraineté nationale (qui, pour moi, en France, ne se distingue pas de la souveraineté populaire, au grand dam d'une certaine gauche euro-sceptique), je sais que nous partons de très loin: tout a été fait pour ce qu'il reste de l'histoire de France, ce ne sont que ses crimes, jamais ses mérites!
      En effet, bien que républicain, je pense qu'il y a un continuum entre la lutte de la dynastie capétienne pour la l'indépendance de l'ancien royaume de France, et celle de ses successeurs républicains, que ce soit durant la Révolution, ou notamment à partir de la fin du XIXè siècle. Oui, les Capétiens ont lutté tant contre les empires étrangers (oui, étrangers!) comme le St Empire Germanique Romain ou la Papauté, que les féodaux et autres hobereaux adeptes des privilèges ("loi privée" étymologiquement) et qui pratiquaient l'arbitraire. Il est étonnant qu'au XXIè siècle, il y ait un certaine résurgence de ce type d'opposition, avec cette fois, dans le rôle des féodaux, les multinationales, et dans celui de la papauté, les institutions bruxelloises.

      Comparaison n'est pas raison, mais il semble que l'histoire soit un éternel recommencement: pour le moment, les Français sont hostiles à l'UE comme institution, mais votent pour des gouvernements partisans de la "construction" européenne. Bref, ils sont encore dévots! J'attends de savoir si DLR ou un autre mouvement saura rallier les électeurs à un projet de retour à la souveraineté nationale, et surtout qu'il expliquera que les Français doivent faire un choix entre l'euro et l'indépendance de la France, qui est pour moi le seul gage d'une future prospérité. Le chemin sera long, même si j'ai bien peur qu'une crise nous précipite plus vite que prévu vers la sortie de l'euro, et dans les pires conditions possibles.

      CVT

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    2. Je suis d'accord avec ce que vous avancez. Je ne porte pas plus que vous l'UE et l'idée de construction européenne dans mon coeur, et l'hésitation entre destruction ou réformation n'est qu'une question de tactique, l'objectif restant d'empêcher un machin de ce genre d'entraver la souveraineté, nationale et/ou populaire, donc la démocratie légitime et fonctionnelle.
      Philippe-Auguste, Philippe le Bel, Louis XI, Louis XIII et XIV font partie d'après-moi du panthéon de ceux qui ont construit le pays, parce qu'ils ont été capable de lutter et parfois en même temps à la fois sur le front intérieur = réduire les féodaux et autres boyards nuisibles et ridicules, et extérieur = défendre le pays contre les tentatives continentales d'hégémonie, religieuse, politique, ou idéologique.
      Pourtant, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'aucune de ces affirmations de souveraineté n'a été populaire sur le moment, notamment parce qu'elles s'accompagnaient d'un contenu de violence politique. Cette dernière, qu'on peut estimer légitime ou tout simplement logique, n'est plus en odeur de sainteté dans nos moeurs individualistes occidentales. La facilité avec laquelle la propagande médiatique présente Poutine comme un croquemitaine l'atteste malheureusement.
      Ensuite il a toujours existé dans les milieux dirigeants et intellectuels en France des gens radicalement incapables de comprendre l'enjeu que représente la défense de la souveraineté face aux constructions impériales et/ou fédérales en Europe.
      Les défenseurs de cette souveraineté ont presque toujours représenté une minorité. Agissante et au final toujours triomphante mais après bien des péripéties voire des violences. La conquête de l'opinion publique par cette thèse a toujours suivi et non précédé ce genre d'événement.
      Mes réserves viennent de ce constat. Sur quelles énergies peuvent reposer aujourd'hui les possibilité de restauration d'une France souveraine, respectée de l'intérieur comme à l'extérieur ?
      FC

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    3. @FC

      [Pourtant, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'aucune de ces affirmations de souveraineté n'a été populaire sur le moment, notamment parce qu'elles s'accompagnaient d'un contenu de violence politique]
      OK pour la violence politique, mais pas d'accord sur la caractère non populaire. A partir du moment où la cause est celle de l'intérêt des Français à long terme (je songe à Richelieu et à sa lutte contre les princes protestants, ou plus récemment, à l'abandon de l'Algérie par De Gaulle), les Français, particulièrement ceux des classes populaires, sont capables de comprendre les enjeux, et souvent mieux que les classes moyennes (CSP+, bobos, etc...) car elles sont plus au contact des conséquences des décisions qui sont prises.
      Sinon, je serais curieux de connaître la popularité de Poutine en France: je suis certain qu'il ferait un malheur! Bien que très brutal, si je me fie aux divers commentaires sur les sites et blog parlant de la crise ukrainienne, il a énormément de défenseurs! Un sondage serait ravageur pour nos médias, qui nous rejouent la guerre froide, avec vingt ans de retard...


      [Ensuite il a toujours existé dans les milieux dirigeants et intellectuels en France des gens radicalement incapables de comprendre l'enjeu que représente la défense de la souveraineté face aux constructions impériales et/ou fédérales en Europe.]
      Là encore, rien de très neuf: la Révolution est encore porteuse d'exemples... Cela n'est jamais qu'une sombre question d'intérêts personnels, le plus souvent sonnants et trébuchants. Pourquoi même les forces de gauche soutiennent l'euro, alors même que cette monnaie euthanasie notre économie? C'est parce que, depuis 1983, nous avons fait le choix, plus ou moins conscient, de renoncer à créer et à fabriquer des produits industriels par nous-mêmes, pour faire le choix de la consommation et de la rente, et que par conséquent, une monnaie forte est adaptée à ce type de choix.
      Je suis d'accord vous, ça ne va pas être simple de revenir sur ce choix, mais là, on parle de vie ou de mort de notre pays: voulons-nous devenir un pays de gardiens de musée (ou guide touristique), ou un pays de créateurs?

      CVT

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    4. @ Francis Commarrieu

      Vous faites erreur sur la génération du baby-boom. Seule l'avant garde des baby-boomer a profité des Trente Glorieuses. Les gros bataillons qui ont suivi n'ont jamais rien connu d'autre que la misère, le chômage, le désespoir, le déclassement.

      Le baby-boom a culminé en 1967, année record. Il n'y a pas plus baby-boomer que ceux qui sont nés cette année là.

      Quand ils sont arrivés sur le marché du travail (et du logement) 18 ans plus tard en 1985 cela faisait déjà 10 ans que tout était bouché.

      Aucune génération n'a jamais été ainsi sacrifiée chez nous en temps de paix. Sauf les suivantes, bien entendu.

      Ceux qui ont profité des Trente Glorieuses étaient les parents des baby-boomers. Ils sont aujourd'hui à la retraite.

      Les baby-boomer sont maintenant trop vieux pour avoir une chance de se refaire. Ils sont condamnés à finir leur vie dans la même misère qu'ils l'ont commencée. Si on en était resté à 37 ans et demi de cotisation, ils auraient encore pu espérer, malgré leur jeunesse saccagée, autre chose que le minimum vieillesse à 67 ans. Même pas !

      Il fallait absolument les assassiner jusqu'au bout.

      http://www.slate.com/blogs/business_insider/2014/03/10/baby_boomers_retirement_why_boomers_are_doomed.html

      Ivan

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  5. Le problème de l'UE c'est qu'il n'y a pas d'état européen, seulement une nébuleuse économique. Contrairement à ce que pensent certains libéraux, le libéralisme, l'économie, ne peuvent fonctionner sans état, comme le souligne M Gauchet.

    Rajouté à ça une conception monétaire aberrante, pactes de stabilité sans queue ni tête, BCE bridée... Le cocktail parfait pour la sortie de route.

    olaf

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    1. Au passage merci pour votre réponse d'hier que j'ai tardivement lue et exploitée.
      FC

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    2. @olaf,

      justement, l'ordo-libéralisme (une invention que vous devriez bien connaître, puisqu'elle est allemande) est le cadre qui définit le libéralisme européen, et dont l'UE est l'émanation.
      En fait, le juridisme européen est tel chez les eurocrates qu'ils pensent que ce cadre juridique suffit à générer un état en soi. D'après eux, sincères ou non, puisqu'il y a des institutions, un drapeau et une monnaie, cela est bien suffisant. Sauf que, bien sûr, ce n'est pas vrai: sans puissance militaire, à quelque exception près, il n'y a pas de nation ou d'empire; or, la puissance militaire, il faut la chercher... En Amérique!
      On en revient donc à cette fameuse citation de De Gaulle: le fédérateur de l'Europe n'étant pas européen, il faut donc à nouveau se poser la question des fins de l'UE. Or c'est bien ce à quoi se refusent les eurocrates, et autres européistes, mais avec ce qui vient de passer en Ukraine, j'ai bien peur que nous avons déjà une réponse, pour ceux qui en doutaient encore...


      CVT

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    3. L'ordo-libéralisme ne me parait pas être une invention particulièrement allemande, il est plutôt issu de l'étalon or.

      L'Allemagne n'a fait que l'appliquer depuis la fin de la WW2 avec parfois du succès en raison de son mode de détermination syndicale des salaires et de la réunification. Mais si tout le monde le fait, ça ne peut pas marcher. C'est un peu comme un train sans locomotive...

      Certains économistes allemands actuels ne sont pas du tout de cette école, comme autrefois Georg Knapp, fondateur de l’école Chartaliste.

      olaf

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    4. @olaf,
      pour la petite histoire, l'ordo-libéralisme vient d'une revue économique allemande qui paraissait à la sortie de la deuxième guerre mondiale intitulé "Ordo", et dont l'un des rédacteurs en chef était l'économiste Walter Eucken. C'est une variante "continentale" du néo-libéralisme, qui s'opposait à l'école anglo-américano-autrichienne de Friedmann et Hayek.
      Si vous avez le temps, vous pourrez consulter le livre de Dardot et Laval intitulé "La nouvelle raison du monde" sur le néo-libéralisme (attention, car c'est un ouvrage assez ardu).

      CVT

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  6. Les choix de Sarkozy et Hollande, notamment dans le domaine militaire, indiquent clairement le nom du pays dont nous sommes le vassal. Et le traité transatlantique, sur le point d'être signé, ne fait renforcer notre soumission à ce pays au prétexte que ce contrat est favorable au développement des échanges, à la croissance. Le même discours que celui qui a été servi au moment de Maastricht avec le résultat que nous vivons au quotidien : une France ouverte aux quatre vents, qui a perdu sa souveraineté et qui va se trouver dès l'été à égalité avec les multinationales.

    Demos

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    1. Le pire c'est qu'on a jamais semblé être autant à leur botte qu'au moment où les USA déclinent de plus en plus nettement et où la Chine et la Russie sont entrain d'équilibrer les rapports de force.

      Et le plus ridicule pour les européistes, c'est que ça intervient 20 ans après Maastricht.
      Alors qu'ils présentent leur UE comme nécessaire pour avoir la taille et la puissance suffisantes pour pouvoir jouer un rôle important sur la scène internationale, plus l'intégration s'accentue et plus on s'affaiblit sur le plan diplomatique.

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  7. @ CVT

    Je suis d’accord pour dire qu’il faut rééquilibrer le discours prédominant, qui n’évoque que les « droits » en n’oubliant pas les « devoirs », qui sont leur pendant obligatoire. Le retour à la souveraineté nationale est la pierre angulaire de notre programme depuis toujours. C’est ce que nous disions en 2009 comme en 2014. Ce n’est pas parce que l’on n’est pas opposé à tout projet de coopération européenne que l’on transige sur la souveraineté nationale… Relisez notre projet de 2009 ou de 2012. Même celui d’il y a 5 ans a à peine besoin d’être modifié et sa pierre angulaire est le retour plein et entier à notre souveraineté et l’élimination des organisations européens qui l’usurpent aujourd’hui.

    Je suis bien d’accord que l’UE est irréformable. Il faudra partir d’une feuille blanche car tout « l’acquis communautaire » est vicié de l’intérieur. D’ailleurs, c’est exactement ce que faisait notre projet de 2009, qui ne s’encombrait pas du passé.

    @ Gilco56

    Il est important de décrypter pourquoi ce projet européen doit être abandonné. Et c’est tout le bienfait de ce livre que de le faire, d’une manière audible pour les personnes qui se posent des questions aujourd’hui, et ne ciblant pas uniquement les personnes déjà convaincues.

    @ Léonard

    Merci pour ces compléments

    @ Francis

    C’est un bon point, longuement évoqué par F.Lenglet dans son dernier livre, mais pas ici.

    @ Demos

    Bien d’accord. Non seulement cette Europe est un monstre, mais en plus, c’est un monstre étasunien.

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  8. Les dirigeants europeens sont des fous furieux.

    EU's plans for growth to bring shadow banking in from the cold
    http://www.reuters.com/article/2014/03/24/us-eu-regulations-idUSBREA2N08U20140324

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  9. Plus d'infos sur le sujet:

    Securitization Hyman P. Minsky and L. Randall Wray
    http://www.levyinstitute.org/pubs/pn_08_2.pdf

    Securitization, Deregulation, Economic Stability, and Financial Crisis, Part I
    http://www.levyinstitute.org/pubs/wp_573_1.pdf


    Securitization, Deregulation, Economic Stability, and Financial Crisis, Part II
    http://www.levyinstitute.org/pubs/wp_573_2.pdf


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  10. Plutôt bon article , qui met en perspective les résultats du FN et relativise son "triomphe" du 1er tour . Mais la comparaisons avec le front de gauche n'est pas si justifier que cela , il me semble . Notre vie politique est organisée autour de 4 élections . Le Fn a historiquement ciblé la présidentielle et les élections européennes , se complaisant dans un rôle de contestataire du système , cherchant plus des revenus que véritablement la victoire . Il a longtemps négligé son enracinement local ( Le Pen père se permettant toutes sortes de scandales qui l’empêchaient de se crédibiliser et supportait très mal la " concurrence " de barons locaux "élus alors qu'il ne l'était pas lui même) et le schisme mégrètiste n'a pas arrangé l'affaire . Pour le PCF ( et il est la colonne vertébrale du front de gauche) c'est l'inverse , il s'est peu à peu réduit à cette présence locale , c'est sa carte maîtresse , celle qui justifie les alliances nationales avec le PS . Il y a vraiment une différence importante dans la manière d'aborder les municipales pour les deux partis . Si ils ont réalisé des résultats comparables , C''est une performance pour le FN ! Je suis plutôt d'accord avec la théorie du plafond de verre pour le FN , notamment pour la dernière présidentielle, mais ce plafond de verre n'est pas le même pour toutes les élections . Et je crois que le FN a bien brisé celui des municipales , tout semble l'attester : nombres de listes, résultats en pourcentages , diffusion sur l'ensemble du territoire , nombres de ville gagnables au second tour , nombres de conseillés municipaux élus . Le Fn n'est pas un parti jeune mais sa stratégie actuelle l'est , et elle semble porter ses premiers fruits . Je pense qu'un observateur pas trop partisan peut l'admettre .
    De Gorze

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