samedi 15 août 2015

Ce 0% de croissance qui conforte Hollande

L’annonce d’une croissance zéro a été vue comme une « douche froide » et la ligne de défense de Michel Sapin a suscité l’ironie généralisée dans les médias. Pourtant, à y regarder de près, ce chiffre est loin d’être aussi mauvais qu’il n’y paraît, à l’inverse de la bonne surprise du premier.



Une baisse qui cache une stabilité

Bien sûr, au premier trimestre, le PIB a progressé de 0,7% selon les chiffres révisés, ce qui fait apparaître la stabilité du second trimestre comme un fort retournement de tendance. Cependant, chose ignorée par les économistes interrogés par le Figaro, si on exclut les variations de stocks (qui ont contribué à hauteur de 0,3% à la croissance du premier trimestre et -0,4% au second trimestre), il en ressort qu’hors variations de stocks, la croissance a été stable, à 0,4% sur les deux premiers trimestres de l’année. En clair, la bonne performance du premier trimestre venait d’un phénomène de stockage et la contre-performance du second vient du déstockage, comme je l’avais prévu il y a trois mois



Les dynamiques du second trimestre sont très contrastées. L’investissement rechute encore sensiblement, même s’il faut noter que les chiffres du premier trimestre ont été révisés à la hausse. Le commerce extérieur contribue de manière positive, à hauteur de 0,3%, reflétant sans doute les bénéfices de la baisse de l’euro et du pétrole, la croissance de la consommation étant limitée. L’acquis de croissance pour 2015 est de 0,8%. En outre, le fort mouvement de déstockage du 2ème trimestre devrait logiquement provoquer un mouvement inverse de stockage au 3ème trimestre (traditionnel avant les fêtes de fin d’année). La croissance devrait donc être positive au prochain trimestre et l’objectif atteint pour 2015.

Statistiques et myopie

Non sans ironie, les réactions un peu rapides des uns et des autres (dans une période qui y est favorable), illustrent bien le papier d’hier sur cette société myope, qui ne semble même pas capable de regarder les chiffres communiqués par l’INSEE, qui relativisent grandement le 0% de croissance du second trimestre, pour qui passe ne serait-ce qu’une minute à les étudier. Bien sûr, cette croissance est tout aussi insuffisante qu’illusoire, qu’inégale ou temporaire, mais la conclusion à tirer de ces résultats du second trimestre est que la trajectoire de croissance pour 2015 et 2016 semble bel et bien se confirmer, malgré toutes les limites que l’on peut toujours y voir, notamment sur les investissements.

La reprise illusoire que j’annonce depuis quelques temps se réalise. Et ceux qui voient dans la dévaluation du yuan un signe de faiblesse (bien qu’elle soit trois fois moins importante que celle de l’euro), devraient méditer le fait que la baisse de l’euro a permis à nos exportations de progresser légèrement plus rapidement que les importations, cassant (momentanément) la dégradation de notre solde commercial, et améliorant ainsi notre croissance. Ce faisant, même si on peut le regretter, il faut bien comprendre que ce vent plus porteur sera sans doute un atout non négligeable pour Hollande en 2017, qui pourra s’appuyer sur un léger regain de croissance en fin de mandat pour en solliciter un autre.


Contrairement à ce que des analyses trop rapides indiquent, ces résultats ne sont pas mauvais. Ils confirment la légère reprise de l’activité, tendant sur une croissance de 1,5% en rythme annuel, hors phénomène de stocks. Et il est probable que les chiffres du 3ème trimestre seront bons.

16 commentaires:

  1. Le 2e trimestre est décevant dans l'ensemble de la zone euro. Le gouvernement atteindra peut-être son objectif de 1% en 2015 mais je suis sceptique pour 2016 et 2017.

    RépondreSupprimer
  2. D'ici 2017, il peut se passer pas mal de choses n'allant pas dans le bon sens, les prévisions éco sur 2 ans sont à peu près aussi précises que celles météo sur 2 ans.

    RépondreSupprimer
  3. Le commerce extérieur contribue à la croissance à la hauteur de +0.3 %, grâce à l'euro faible. Ce qui signifie que, si l'euro était plus haut, nous aurions une croissance négative. Or qui peut affirmer que l'euro va rester bas ? Par ailleurs, la dévaluation de la monnaie chinoise va réduire le bénéfice de cet euro faible.

    RépondreSupprimer
  4. @ Anonymes

    Bien sûr, les prévisions sont toujours délicates car elles peuvent être remises en cause par de forts évènements extérieurs. Je pense que l'objectif de 1% de croissance en 2015 sera tenu, et sans doute même légèrement battu. Et avec les chiffres des deux premiers trimestres, une tendance à 1,5% en 2016 semble pouvoir se réaliser également, surtout avec la forte baisse du pétrole. Bien évidemment, 2017 est trop loin pour faire des prévisions fiables (c'est aussi un peu le cas pour 2016), mais dans le contexte actuel, je pense que le prochain gros coup de grisou viendra un peu plus tard que je ne l'annonçais en janvier 2009 (l'automne 2016) :

    http://www.gaullistelibre.com/2013/09/et-si-un-grand-krach-avait-bien-lieu-en.html

    RépondreSupprimer
  5. @LH,

    "ces résultats ne sont pas mauvais"

    Il faut donc rester dans l'Euro et l'UE et votez Hollande en 2017. CQFD.

    RépondreSupprimer
  6. Vous vous rendez compte à quel niveau de médiocrité nos élites et les Français se sont habitués. Dans les années 70-80 on considérait qu'on était en crise parce que la croissance était de seulement 3%. Aujourd'hui les mêmes nous racontent qu'on est bien avec moins de 1% et un taux de chômage historiquement record. C'est vraiment une caricature de la grenouille dans sa marmite.

    On perd pratiquement un point de croissance par décennie depuis que nous pratiquons la mondialisation et le libre-échange, c'est à dire depuis 1974 date de l'abrogation du tarif extérieur commun. La France aura certainement une récession permanente dans la prochaine décennie. Et la dévaluation du yuan montre à quel point l'économie mondiale est en panne et n'est pas près de redémarrer. Il faut arrêter de parler uniquement de l'euro, c'est la mondialisation qui est un immense échec qui conduit à une déflation planétaire . C'est une crise de surproduction sans précédent produite par la compression de la demande planétaire. Ce ne sont plus quelques petites dévaluations qui nous sortiront de ce bourbier puisqu'il n'y a plus suffisamment de consommateurs à l'échelle de la planète. Tout le monde veut exporter et personne n'importe faute de salaires suffisamment élevés pour accroître la consommation.

    RépondreSupprimer
  7. yann16 août 2015 00:10

    C'est marrant, mais les élites non françaises de pays d'une autre dimension ne résolvent pas non plus le problème et votre conclusion c'est que la France peut changer une situation mondiale, non mais hallo ?

    La mondialisation n'est pas un échec, c'est un fait objectif comme le réchauffement climatique. La gravité terrestre n'est pas un échec, c'est une réalité. Personne ne peut empêcher la mondialisation, ni la gravité terrestre, ce sont phénomènes ineffaçables.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La "mondialisation" est un courant politique...

      C'est un mode d'organisation qui est décidé. Voulu par ceux qui y gagnent. La "mondialisation" est une plus forte pression des riches pour capter les richesses à leur seul profit.

      Rien de comparable à des phénomènes naturels que l'humain ne crée pas et ne peut contrôler.

      La "mondialisation" est pire qu'un échec ; c'est la faillite totale de la démocratie.

      Les autorités du monde entier se débattent avec la réalité, et certaines autorités sont totalement acquises aux dogmes "mondialistes", et ils se battent avec beaucoup d'énergie pour faire fonctionner la "mondialisation".

      Le problème est que la "mondialisation" est le problème. Pas la solution.

      La "mondialisation" n'est pas un phénomène mondial... c'est l'ensemble des riches des pays développés qui veulent s'affranchir du cadre national et damer le pion des Etats.

      La "mondialisation" n'est pas le commerce mondial, c'est un programme politique ultra-localisé mais qui prétends être mondial.

      La situation mondiale est comme le dit Yann16 ; tout le monde veut exporter, personne ne veut importer.

      Supprimer
    2. Il faut bien comprendre que dans le cadre de cette "mondialisation", les acteurs s'échinent à produire les problèmes qu'ils essaient de combattre en fait.

      Supprimer
    3. Votre commentaire est idiot et typiquement libéral à vouloir naturaliser les choix économiques. La mondialisation c'est l'abaissement des frontières commerciales, rien d'autre. Ce n'est pas une loi physique, les frontières ne s'abaissent pas toutes seules, il s'agit d'un choix politique. En Europe le libre-échange a été décidé en 1974. Un choix politique inverse peut donc tout à fait se faire. Je vous ferai remarquer au passage que l'action de quelques agriculteurs a récemment suffi à bloquer les échanges commerciaux du pays. Imaginez ce que l'on peut faire avec les douanes et la police. Les marchandises transitent physiquement par les routes et les ports. Rien n'est plus simple que de contrôler la circulation des marchandises. Encore faut-il le vouloir.

      Et puis toute la planète de participe pas de la même façon à la mondialisation. Des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine sont fortement protectionnistes dans leurs pratiques commerciales. Ils ne pratiquent le libre-échange que lorsque cela favorise leurs intérêts et ils ont des populations qui sont plus promptes à pratiquer l'achat nationaliste contrairement aux Français ou aux Américains. Quand la Chine a décidé unilatéralement de taxer les importations du charbon australien, cela s'appelle comment ? Vos propos montrent simplement que vous avez intériorisé le discours libéral qui vise à extraire les grands choix économiques de la volonté politique. C'est une escroquerie intellectuelle qui vise à protéger les intérêts de la finance, des multinationales et de la rente.

      Supprimer
  8. Avec 1 % de croissance en 2015, le chômage va encore augmenter. Et il y aura sans doute une nouvelle crise avant 2017 (bulle, crise grecque...) Et avec la déflation, la dette publique va augmenter également.

    RépondreSupprimer
  9. @ 1984

    Bien sûr que non. Votre « citation » est bien trop parcellaire. Ce que je voulais dire, c’est que les résultats du 2ème trimestre ne sont pas aussi mauvais que certains le disent, ce qui ne signifie pas que j’approuve la ligne prise, comme je l’ai précisé

    @ Yann

    Merci pour cette précision. Je me demande si le commentaire de l’anonyme n’était pas ironique… Merci pour la réponse cependant

    @ Moi

    Oui, mais si la croissance tend vers 1,5% (après tout, 0,7% sur 2 trimestres, c’est cela), le chômage pourrait se stabiliser. Et je pense qu’il faudra attendre un peu pour la prochain grande crise

    RépondreSupprimer
  10. Désolé de doucher l'optimisme ambiant, mais certains devraient revoir leurs théories économiques. Pour faire 1,5% de croissance en 2015, c'est 0,9% de croissance au T3 ET au T4 qu'il va falloir faire (voir l'étude précise de Philippe Waechter à ce sujet). Vu que ça fait bientôt 20 ans que cela ne nous est pas arrivé, ne vous emballez pas trop.

    RépondreSupprimer
  11. @ Pierre Rollin

    Pas d’optimisme ici : je parle de croissance illusoire, inégale, temporaire…

    Je dis « tendant sur une croissance de 1,5% en rythme annuel, hors phénomène de stocks ». Si on exclut les effets de stocks sur le premier semestre, la croissance atteint 0,8%, soit 1,6% en rythme annuel. CQFD

    RépondreSupprimer
  12. Blabla...mais non ! pas blabla ! blablabla voyons ! c'est limpide.

    RépondreSupprimer
  13. super, et maintenant on en est à commenter l'épaisseur du trait!
    normal, c'est la rentrée et le crayon B c'est nettemet plus gras que le crayon H

    RépondreSupprimer