jeudi 10 mars 2016

Etats-Unis, Europe : cette révolution démocratique qui couve

Les démocraties de nos pays dits développés sont très conservatrices. Les partis dominants dominaient il y a des décennies. Mais devant les échecs de nos gouvernants, un vent de renouveau souffle, en Europe ou même dans les primaires aux Etats-Unis, avec les scores de Donald Trump et Bernie Sanders, qui vient de remporter 4 Etats en quatre jours. Le prélude à un vrai changement ?



Pour changer, il faut changer de dirigeants

Dans quelques pays, à force de promesses déçues, de cynisme affiché ou d’indifférenciation grandissante des partis dits de gouvernement, les électeurs réclament un véritable changement. De plus en plus souvent, cela provoque une remise en question profonde. En Italie, la social-démocratie et la démocratie-chrétienne ont été dépassées par Silvio Berlusconi, avant de donner naissance au mouvement cinq étoiles. L’Espagne a vu l’émergence de Podemos et Ciudadanos bouleverser l’édifice politique, au point de laisser l’Assemblée sans majorité. En Grande-Bretagne, UKIP a imposé aux conservateurs d’organiser un référendum sur la sortie du pays de l’UE. L’Allemagne est pour l’instant peu sensible aux sirènes du changement. En France, la colère contre les élites politiques s’exprime par le vote FN.

Avec son bipartisme quasi institutionnel, les Etats-Unis semblaient relativement à l’abri de tels changements. Jusqu’aux primaires 2016, où les candidats en marge de leur parti s’imposent largement. Malgré un discours très à gauche économiquement pour le pays, Bernie Sanders chamboule le couronnement d’Hillary Clinton, surtout après avoir remporté quatre Etats supplémentaires depuis samedi, poussant la jeunesse à remettre en cause le tout marché, un véritable boulversement outre-Atlantique. Chez les républicains, tous les candidats soutenus par les dirigeants du parti ont fini par sortir d’une course qui rassemble deux candidats qui ne cessent de les dénoncer, Donald Trump et Ted Cruz, même si ce dernier pourrait finir par représenter un moindre mal que l’homme d’affaires newyorkais pour eux…

Cette remise en cause grandissante des partis qui nous gouvernent depuis trop longtemps est légitime et très saine. C’est la sanction logique pour des années d’échecs. Malheureusement, en Grèce, l’élection de Syriza n’a absolument pas apporté le changement que semblait vouloir les électeurs, sans doute parce que les électeurs préféraient eux-aussi une tutelle barbare plutôt que retrouver son indépendance. Mais cela ne saurait pour autant discréditer les nouvelles figures, même s’il convient d’être vigileant sur ce qu’elles sont et ce qu’elles disent. Après des décennies d’échecs et de déception, il est sans doute illusoire de penser que les personnes qui nous mènent dans une impasse sauront trouver une issue, alors qu’ils persistent à ce point dans l’erreur. Pour changer, il faudra changer de personnel.


Voilà pourquoi, malgré les limites immenses de Trump, qui me semble bien peu apte à la fonction, je vois, avec le succès de Sanders aussi, un message d’espoir dans les primaires outre-Atlantique. Il me semble qu’elles démontrent que les citoyens parviennent de plus en plus à cette conclusion.

17 commentaires:

  1. Sanders a peu de chance il me semble d'être le candidat démocrate. Quant à Trump, je doute qu'il soit porteur d'une alternative, c'est juste un vulgaire démagogue. D'une façon générale, je ne crois pas qu'il puisse y avoir une alternative aux USA venant des deux grands partis de gouvernement, de même qu'il ne peut y avoir d'alternance en France avec le PS et LR.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense que Sanders bien qu'il aie ma préférence ne pourra l'emporter face à la Clinton, que les défauts de Trump sont au contraire des avantages dans le cadre d'une lute contre l'oligarchie politique dont le parti républicain. Si l'on veut voir gagner un candidat anti-système il faudra en novembre voter Trump.

      Supprimer
  2. En tout cas, ils ont vraiment le sens du drama et du suspense ces yankees !
    Avec des règles de primaires complexes qui permettent les revirements et les surprises de dernière minute, comme les "super délégués" du parti démocrate qui ne sont pas liés par leur vote et peuvent modifier leur soutien, ou la "brokered convention" du parti républicain ou convention négociée, où les délégués et les barons du parti peuvent chercher une alternative à Trump si celui-ci n'a pas une majorité de délégués.

    Un vrai feuilleton planétaire qui dure une bonne année !
    Chacun peut y voir ce qu'il veut, moi j'y vois du grand cinéma !

    ***Jacko***

    RépondreSupprimer
  3. J'espere vraiment que Trump l'emporte, les US ont vraiment besoin de quelqu'un qui remette les choses en place, arrete l'immigration devastatrice et la des-industrialisation au profit de la Chine.

    Les US ce ne sont pas les noirs, ce ne sont pas les latinos, ce sont les WASP et la Chine ne represent qu'1% des echanges.

    l'Europe n'a pas la chance d'avoir des dirigeants qui pensent au bien de leur population, pas aux debilites mondialiste/europeistes

    RépondreSupprimer
  4. Peut on être assez stupide pour croire que "le système" n'est pas capable de nous envoyer un leurre pour continuer leur petite affaire en coulisse?

    RépondreSupprimer
  5. En Grèce Syriza n'avait pas vraiment un programme de rupture avec l'Europe et sa monnaie sous tutelle germanique en conséquence Tsipras a cru pouvoir négocier avec des gens plus forts que lui et qui s'étaient jurés d'avoir sa peau au moins politiquement. Dès le début la BCE a contribué à étouffer économiquement la Grèce par distribution de liquidités monétaires au compte goutte. Ils ont gagné. En France le programme économique et politique de sortie de l'euro existe notamment grâce à Jacques Sapir mais il manque des forces politiques susceptibles d'arriver au pouvoir l'an prochain pour l'appliquer. A moins que cela nous plaise ou non cela soit le FN version Marine Le Pen et son mentor Florian Philippot.On ne peut l'exclure complètement sauf à préférer le maintien du système oligarchique.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Toujours ce propos abject : refuser la menace frontiste ferait de gens des supporters actifs de la menace libéral ou/et des eurocrates !

      En tout cas, continuez ainsi... c'est le meilleur moyen d'entretenir notre dégoût du F.N.

      Le front national n'est pas anti-libéral... et n'est pas pour une sortie de l'€uro. C'est important de le rappeler.

      Supprimer
    2. Il n'y a pas de menace frontiste ni libérale eurocratique.Il n'y a qu'une hypothèse que le FN version MLP-Philippot soit le seul moyen de vaincre la réalité de l'Europe et de sa monnaie néfastes. Du moins tant que Mélenchon, patron du Parti de Gauche, n'aie pas élaboré une claire stratégie de rupture avec tout le système eurocratique, sans faire diversion avec une inutile perte de temps que serait la soi-disante nécessité d'une 6è république.

      Supprimer
    3. J'ajoute qu'en ce qui me concerne il ne s'agit d'entretenir ni un dégoût du FN ni un goût pour ce dernier mais d'une analyse rationnelle des faits, et d'énoncer des hypothèses politiques.

      Supprimer
  6. Mr Herblay

    excusez moi, mais j'ai l'impression que le trump est complétement barré...(ce que signifie en langage new âge qu'il est bon pour la salle à carrelage et le gilet sans manche..
    :-D

    mais bon, c'est l'amérique, lui n'est pas encore tombé dans les pommes à cause d'un bretzel qui est parti de travers à l'insu de son plein gré...

    Stan

    RépondreSupprimer
  7. @ Moi

    Assez d’accord, malheureusement pour Sanders, même s’il s’accroche plus qu’on ne pouvait le penser. D’accord sur Trump. Justement, les résultats montrent que même aux USA, les choses pourraient changer

    @ Jacko

    Pas faux. Un sacré blockbuster à 2 milliards de dollars

    @ Anonyme

    Le FN est un leurre depuis plus de trente ans. Pourquoi serait-il le seul moyen de changer alors qu’au contraire il bloque le système depuis 3 décennies ?

    @ Stan

    En effet, il n’a sans doute pas le caractère pour le poste qu’il prétend occuper. Mais son succès montre une volonté de changement très puissante

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mr Herblay

      Vous êtes un sage, j'aimerais avoir votre modération et votre optimisme raisonné.

      Vous noterez que je n'ai pas évoqué son caractère, mais plus clairement le fait que l'araignée gratte assez fortement sous son scalp..

      J'avoue ne pas suivre les campagnes électorales, elles sont d'un convenu qui me fatigue assez rapidement ; surtout aux USA où le fric l'emporte par dessus tout, et là le trump il est plutôt bien doté..

      je n'ai pas la même lecture de son succès que le vôtre, s'il devait avoir lieu, il doit avoir épousé depuis longtemps les us, codes et habitudes de la population du décile le plus fourni en oseille.
      Que les américains aient envie de changement est possible, mais il est difficile pour moi d'imaginer la manière dont ils rêvent leur mieux vivre qui doit bien différer du nôtre dans la mesure où comme en Allemagne, les américains ont dans leur culture l'acceptation de l'inégalité et du risque comme une réalité du destin individuel. Il faut y ajouter un zeste de "sauveteur" du monde au nom de ce qu'on veut et vous avez une idée à peu près correcte de la politique générale du pays dans tous les cas...

      A partir de cette simple observation, il me semble que quel que soit le vainqueur, la politique mise en œuvre restera à peu près celle que nous avons toujours observé

      Il est vrai que quand il s'agit de politique, je ne suis pas forcément le plus objectif sur la qualité des individus qui s'y lancent ; et je ne suis pas un sage non plus....

      Stan

      Supprimer
  8. LH ou la cécité volontaire. Il a une vision statique du FN en ne voulant pas voir que sous l'égide de Marine Le Pen Florian Philippot procède à un aggiornamento idéologique du FN dont le dernier aspect est le changement à propos de la fête traditionnelle du 1er Mai. On peut le critiquer quant à la forme et le fonds, douter de sa profondeur et de sa réalité mais à mes yeux il existe que cela nous plaise ou non.

    RépondreSupprimer
  9. Sanders est défavorisé par les minorités qui aux É.U comme en Europe pratiquent le communautarisme doux ou dur c'est à dire le religieux. H.Clinton s'est associé là comme pour l'économique, des lobbys qui ceux là communautaires invitent les latinos ou les afro-américains à suivre le mot d'ordre de leurs leaders pour voter Clinton.

    Comme si l'oligarchie des minorités était l'intérêt de celles ci. Au Michigan. les noirs se sont davantage émancipés de ces réflexes de suivre aveuglément Clinton qui ne s'intéresse ont le sait qu'à son pouvoir personnel.

    Tandis que Sanders est un nostalgique du new deal de Roosevelt et de l'État d'intervention social et qu'il a le projet de défaire l'Amérique de Reagan dont les présidents suivants ont tous maintenu l'héritage.

    Quoi qu'il arrive pour les jeunes actuels qui le suivent aux USA, Sanders est un précurseur qui laissera des traces et sa remontée est évidemment plausible à la condition que les minorités comprennent plus avec les blancs démocrates que Clinton ne représente que le statu quo le plus éprouvant et désespérant qui soit.

    D.Trump lui on ne sait comment balancer ses convictions au moins protectionnistes de celles marquées sur l'immigration qui vont loin sans oublier l'ego de ce type d'individus qui font douter de leurs soucis pour le bien commun.

    Trump est directement dans l'orbite de la prédation capitaliste dans l'immobilier: cela ne fait pas bien commun a priori.

    Évidemment, on comprend qu'avec Hilary bien enrichie avec son mari depuis la présidence et obsédée d'être la première femme présidente que les Américains optent pour Trump à défaut pour les jeunes de voir Sanders président.

    Trump ou Sanders président c'est aussi le haut le coeur de voir une nouvelle dynastie présidentielle (les Clinton) s'installer à travers le conformisme et la médiocrité politique optimale!

    Non à Hilary et à son narcissisme forgée par les lobbys!

    RépondreSupprimer
  10. @ Stan

    Il est tout sauf évident que les choses changeraient vraiment si Trump gagnait (au contraire de Sanders), mais son succès, contre tout l’établissement du pays, démontre, à mon sens, une salutaire révolte démocratique, qui couve. Certes (et c’est un gros certes), le véhicule d’expression de cette révolte côté républicains, n’est pas bon, mais au moins, il y a cette envie de changement.

    @ Anonyme 22h43

    Bien sûr qu’il existe le FN, pour le plus grand profit du PS et des dits Républicains

    @ Anonyme 3h33

    Bien d’accord, mais il semble que Sanders commence à faire bouger les choses, sans doute trop tardivement

    RépondreSupprimer
  11. Jeudi 23 juin 2016, il y aura un référendum au Royaume-Uni. Ce jour-là, le peuple décidera de rester ou de sortir de l'Union Européenne.

    Mais il y aura peut-être un autre référendum.

    En Finlande, par référendum, le peuple finlandais décidera de rester ou de sortir de la zone euro ...

    … sauf si le parlement finlandais refuse d'organiser ce référendum.

    Alors ?

    Le parlement finlandais va-t-il accepter de consulter le peuple ?

    Ou alors le parlement finlandais va-t-il refuser de consulter le peuple ?

    Devinez !

    Vendredi 11 mars 2016 :

    L’abandon de l’euro a de plus en plus d’adeptes en Finlande.

    L’euroscepticisme gagne du terrain en Finlande. Une pétition signée par plus de 50.000 citoyens, et déposée jeudi 10 mars devant le Parlement, va forcer les députés à débattre de l’éventualité d’un référendum pour que le pays abandonne l’euro.

    http://www.lesechos.fr/monde/europe/021757794054-labandon-de-leuro-a-de-plus-en-plus-dadeptes-en-finlande-1206154.php

    RépondreSupprimer
  12. S'imaginer que le changement peut venir d'un cas comme Trump, ça me laisse sans voix...
    Quand à Sanders, je vous conseille de lire l'article "Bernés par Bernie" du site les Crises "http://www.les-crises.fr/le-mouvement-illusoire-de-bernie-sanders-par-chris-hedges/".

    Leurre, leurre, quand tu nous tiens


    ***Jacko***

    RépondreSupprimer