mardi 22 décembre 2015

L’Espagne, exemple démocratique




Vitalité démocratique ibérique

Encore une fois, avec ces élections législatives, l’Espagne démontre la vitalité de son débat démocratique depuis la très violente crise qu’elle a traversée à partir de 2008. Avant, le pays était souvent présenté en exemple, avec sa croissance supérieure à 3%, son budget en excédent, sa dette publique retombée autour de 40% du PIB. Mais cela était le fruit d’une énorme bulle immobilière financée au crédit trop bon marché, imposé par des marchés inconscients et une unification monétaire qui ne permettait pas à Madrid de monter les taux pour casser la spéculation. Le krach provoqué par la crise des subprimes a été particulièrement violent outre-Pyrénées, avec un triplement du niveau de chômage, au-delà du quart de la population et des conséquences sociales extrêmement violentes.


Les dirigeants du pays ont réagi avec la potion amère eurolibérale classique à base de coupes budgétaires afin d’équilibrer le budget et de baisse du salaire minimum pour gagner en compétitivité. Après des années de vaches maigres, le pays va très légèrement mieux, mais surtout, il a démontré une superbe capacité à débattre de manière posée mais ferme, avec, dans un premier temps, le mouvement des Indignados, qui a manifesté pour dire son horreur de la déchéance sociale qu’a provoqué l’application de ces potions amères. L’énergie des Indignés espagnols a débouché sur le profond renouvellement de la classe politique du pays : lors des récentes élections municipales, la vraie gauche de Podemos a conquis Madrid et Barcelone et aujourd’hui, c’est le parlement qui prend de nouvelles couleurs.

Que penser de ces alternatives ?

On ne peut que se réjouir de ce profond renouvellement, alors que la France est dominée par les 3 mêmes forces politiques depuis trois longues décennies. Signe de la vitalité espagnole, deux partis ont émergés, à gauche Podemos, au centre-droit Ciudadanos. On peut se demander ce que fera ce dernier : va-t-il devenir l’allié et la caution moderne du Parti Populaire ou sera-t-il le vecteur d’un renouvellement de la vie politique espagnole ? On peut également se poser des questions à l’égard de Podemos, qui s’est affiché avec Syriza. En effet, s’agit-il d’un simple mouvement captant la révolte du peuple, pour finir par mener des politiques à peine différentes de celles menées par la droite, comme son confrère Grec, ou d’un mouvement capable de remettre en question les préjugés trop courants à gauche ?

Mais même si ces partis en venaient à adopter le comportement extrêmement décevant de Syriza, malgré tout, leur émergence a des aspects très positifs. En effet, elle créé un précédent où les partis traditionnels peuvent être bousculés, au point de prendre le risque d’être remplacés par de nouvelles forces, ce qui peut pousser les partis à davantage se préoccuper du bien des citoyens, davantage se remettre en question et adopter une attitude plus ouverte dans le débat public. En ce sens, il faut remercier les espagnols d’avoir voté de la sorte. Ils envoient un superbe message de renouvellement à toute l’Europe, en nous disant que nous pouvons nous aussi remettre en question les partis qui dominent notre vie politique depuis tellement de temps et apporter nos voix à de nouveaux mouvements.


Bien sûr, le chemin du renouveau n’en est qu’à ses débuts. Le pouvoir devrait rester dans les mains du PP et on peut encore se poser des questions sur Podemos, comme le souligne l’Arène Nue. Mais au moins, les Espagnols ont envoyé un profond message de renouvellement.

24 commentaires:

  1. Dans la mesure où ces deux nouveaux partis ne remettent pas en question leur appartenance à la zone euro, ils ne peuvent représenter des alternatives crédibles aux politiques menées par les partis traditionnels. Je ne vois pas en quoi il y a renouvellement. Bien au contraire, ces partis, comme Syriza, vont décevoir et donner l’impression que les alternatives sont impossibles. Tout ce que ces élections vont apporter, c'est de l'instabilité politique.

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  2. Dans votre barre de tweets, vous citez l'article de Chevenement "de Gaulle et la gauche".

    ça commence mal : "La gauche était majoritaire dans la Résistance", c'est tout simplement faux.

    Honte à lui.

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  3. Il n’y a aucun renouvellement notable en Espagne. Tous les partis arrivés en tête à ces élections seront d’accord pour appliquer l’ordre européen quand il faudra l’appliquer, comme Syrisa en Grèce.Leur apparente diversité leur sert principalement pour se faire élire.

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    1. Très juste. Mais le gérant de ce blog s'accroche depuis le début, contre des évidences toujours plus fortes, à l'idée que Podemos et Citoyens représentent un espoir.
      C'était à la rigueur excusable au début, surtout pour quelqu'un qui connaît mal les enjeux politiques espagnols. Mais aujourd'hui, avec le recul qui est théoriquement le nôtre, c'est bien plus dommageable...

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  4. Si vous appelez cela démocratie...
    Allez voir ce qui se passe en Grèce avec les Podemos grecs!
    Le système politique fabrique des partis leurres (FN en France, SYRIZA en Grèce, PODEMOS en Espagne etc.) pour canaliser la colère du peuple.

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  5. Le mode de scrutin est plus favorable à l'émergence de nouveaux parti,pas comme le notre! De plus dans le cadre d'une monarchie parlementaire et démocratique comme la logique institutionnelle voulue par le Général.

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  6. Lisez le livre de Christophe Barret "Podemos,pour une autre Europe" aux éditions du Cerf.

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    1. rien a lire, l'europe ne peut changer qu'a l'unanimite des 28.

      En plus Podemos ne peut s'appuyer que sur les vieux, ils n'y a quasimement pas de jeunes en Espagne, ils ont arrete de faire des gosses il y a 25 ans et 500k jeunes ont quite le pays.

      Autant dire le changement ne viendra pas de l'Espagne ;-)

      Seule a la France peut arreter le cauchemar EU, et un seul parti a les couilles de le faire.

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  7. "ne remettent pas en question leur appartenance à la zone euro"

    Comme si c'était ca le problème, encore un qui n'a toujours pas compris que le fonctionnement de l'Euro qu'il faut remettre en question. Vous êtes l'exemple même de l'immaturité de nombreux francais.

    Heureusement, les opposants espagnols actuels ont un peu plus de jugeote que vous.

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    1. Oui, oui, on connait la chanson : il suffit (c'est très simple) de changer le fonctionnement de l'euro. C'est sûr que les 18 pays de la zone euro seront tous d'accord, que l'Allemagne acceptera de payer pour la Grèce, l'Espagne, le Portugal... D'ailleurs, la réussite extraordinaire de Syriza a bien montré comme il est facile de changer l'UE !

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  8. Ils sont tous d'accord pour mettre en application les directives de Bruxelles, que peut il y avoir de nouveau sans une opposition au dogmatisme de l'UE?

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  9. "l'europe ne peut changer qu'a l'unanimite des 28."

    C'est faux, des accords de coopération renforcée peuvent exister entre quelques pays des 28, l'Euro en est déjà un qui ne concerne pas l'ensemble des 28 pays. Mais manifestement vous parlez de choses que vous ne connaissez pas...

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    1. "accords de coopération renforcée"

      Ce qui n'a rien a voir avec "changer l'europe"

      merci d'avoir joue

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    2. Une coopération renforcée permet à quelques pays d’aller plus loin dans l’intégration, mais ne change pas le cadre général qui s’applique aux 28 pays (ou aux 18 pays pour la zone euro). Donc, ça ne peut pas être une solution efficace pour améliorer l’ensemble du système.

      Par exemple, si vous faites une coopération renforcée pour harmoniser fiscalement une dizaine de pays, mais que l’Irlande n’en fait pas partie et continue de faire du dumping fiscal, votre coopération renforcée ne servira à rien du tout.

      Si vous faites une coopération renforcée pour harmoniser les systèmes sociaux mais que les pays de l’Est n’en font pas partie, votre coopération renforcée ne permettra pas de mettre un terme au dumping social.

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  10. "Ce qui n'a rien a voir avec "changer l'europe""

    Décidément, vous ne comprenez rien de rien à la construction européenne, aux accords multilatéraux, ce qui vous permet de raconter à peu près n'importe quoi.

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  11. Moi22 décembre 2015 à 16:04

    Et si vous sortez de l'UE vous croyez sérieusement que ce sera mieux qu'une coopération renforcée qui elle pourra faire pression sur l'Irlande bien mieux pour que celle ci ne joue pas au passager clandestin.

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    1. Vous ne pouvez pas faire pression pour obliger un pays à entrer dans une coopération renforcée s'il ne le veut pas. La coopération renforcée, par définition, repose sur l'adhésion volontaire et chaque pays est libre d'y entrer ou non.

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  12. @ Moi

    A défaut d’avoir un changement complet sur le fond, il n’est pas inintéressant de voir un tel renouvellement politique, nécessaire, de toutes les façons pour pour changer sur le fond. C’est un pas (insuffisant bien sûr) dans la bonne direction
    @ Jules

    De manière inconsciente

    @ Anonyme

    Merci. Ou alors, vous pouvez lire l’interview du blog l’Arène Nue, vers laquelle je mets un lien

    @ Cording

    Il suffirait d’un Sénat en partie à la proportionnelle

    @ Lowcarber

    D’accord pour dire qu’il faut en sortir. Sur la fin de votre commentaire, pas sûr

    @ Anonyme

    Les accords de coopération ne permettent pas de changer la nature de l’UE

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  13. "Les accords de coopération ne permettent pas de changer la nature de l’UE"

    Affirmation totalement péremptoire et sans fondement, comme d'habitude...

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  14. Pour les fans du FN, le nationalisme hongrois, magnifique :

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2011/12/22/wauquiez-en-a-reve-orban-la-fait/

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    1. a l'origine, le RMI c'est ca avec Rocard, il y avait une obligaion de se lever certain matin a une heure de boulot normale.

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  15. Il est intéressant de lire cet article avec le recul que nous offrent les mois passés depuis lors mais aussi de constater que M. Herblay a totalement passé sous silence ce qui s'est déroulé au cours de l'année 2016 en Espagne.
    Non seulement Podemos et Citoyens ne représentent en rien une nouvelle politique (tout juste offrent-ils de nouvelles têtes, mais c'est insuffisant) mais, en plus, leurs options de prendre le pouvoir ont été singulièrement réduites en assez peu de temps.
    Finalement, par une sorte d'effet pervers que l'on observe dans plusieurs autres pays, l'émergence d'une "gauche" (entre gros guillemets) alternative a soit été un échec par absence totale de courage des principaux concernés (SYRIZA en Grèce), soit un moyen pour la droite de se renforcer (Parti populaire en Espagne, Parti conservateur au Royaume-Uni, etc.)

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  16. Au passage, comme vous semblez lire le blog "L'arène nue", je vous conseille cette très bonne interview qui met les choses au point : http://l-arene-nue.blogspot.com/2017/01/espagne-ceux-qui-croient-que-podemos.html

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