vendredi 14 avril 2017

Les salaires font de l’UE un ensemble bien trop différent pour être unique

C’est un fait que l’on ne rappelle pas suffisamment : les écarts considérables des salaires dans le continent européen. Comme l’a rappelé Le Figaro, le prix du travail varie de 1 à 10 dans l’Union Européenne. Un fait qui rend la concurrence totalement déloyale entre les pays et les travailleurs, et fait de ce marché unique une course infernale au moins-disant social et salarial.



L’UE : une machine à délocalisations et travailleurs détachés

Les chiffres sont accablants : le prix moyen du travail n’est que 4,4 euros en Bulgarie et 5,5 en Roumanie, quand il atteint 42 euros au Danemark, en passant par 35,6 euros en France et 33 euros en Allemagne. Les écarts ne sont pas moins importants quand on constate que le SMIC mensuel dépasse à peine 150 euros en Bulgarie ou en Roumanie… Bien sûr, quelques ultralibéraux peuvent évoquer une différence de productivité, quand ils ne défendent pas une forme de rattrapage, sans jamais prendre en compte les conséquences pour les classes populaires des pays dits les plus développés. Mais dans la réalité, les différences de productivité sont faibles dans bien des activités, notamment dans les multinationales industrielles qui savent parfaitement transférer les meilleures pratiques dans le monde entier.

Résultat, dans un climat de laisser-faire, ces écarts de salaires produisent des délocalisations massives et des migrations (légales – comme dans le cas des travailleurs détachés - ou pas) dont sont victimes les ouvriers et salariés dont les emplois peuvent être, soit délocalisés, soit remplis localement par des étrangers qui coûtent moins chers. Ici, la concurrence sauvage permise par les traités européens produit destructions d’emplois et pression sur le pouvoir d’achat pour les nationaux de pays dits développés, par le transfert dans des pays à bas coûts, ou par une concurrence locale d’étrangers qui acceptent des salaires plus bas du fait ceux de leur pays sont plus faibles que les nôtres. En clair, un marché unique dérégulé, c’est une prime au moins-disant social et salarial. L’UE, pour nous, c’est la régression.


Bien sûr, certains évoqueront le cas allemand, mais il bénéfice de forts particularismes non reproductibles (outre un vrai protectionnisme normatif et attitudinal). Bien sûr, le développement des pays d’Europe de l’Est est souhaitable, mais dans la loi de la jungle de cette UE, leur progrès se fait au détriment de bien d’autres pays, les principaux gagnants n’étant que les multinationales et les plus riches.

15 commentaires:

  1. Le cas des USA avec ses immigrés mexicains dément complètement vos préjugés.

    RépondreSupprimer
  2. Sauf que les USA sont un seul pays. En Europe jusqu'à preuve du contraire nous avons plusieurs pays avec chacun son drapeau, sa langue, son système social.

    C'est donc une hérésie de partager une économie et monnaie commune en croyant pouvoir maintenir notre système et maintenir des emplois...

    RépondreSupprimer
  3. "nous avons plusieurs pays avec chacun son drapeau, sa langue, son système social."

    La Suisse, par exemple, a plusieurs langues, des fiscalités et des lois différentes selon les cantons...

    Contrairement à la légende promue par Herblay d'une UE grande ouverte aux flux commerciaux :

    "parmi les pays du G7, les Européens sont en effet ceux qui appliquent le droit de douane moyen le plus élevé : 5,5 % en 2016, comparé à 3,4 % aux États-Unis, 4,9 % au Japon, 2,7 % en Australie, et 4,2 % au Canada, d’après l’OMC."

    http://theconversation.com/conversation-avec-sebastien-jean-lunion-europeenne-est-elle-na-ve-dans-sa-politique-commerciale-75971

    RépondreSupprimer
  4. Tout est fait pour contraindre cette union a devenir un melting-pot sans identité!

    RépondreSupprimer
  5. Le malentendu de l'UE est d'avoir été vendue aux Français comme une protection contre la mondialisation alors que c'est une mondialisation miniature s'ajoutant à l'existante.

    L'UE semble également conçue pour susciter des spécialisations économiques de pays membres (pays à bas salaires focalisés sur l'industrie à faible valeur ajoutée, services ou industries à forte valeur ajoutée pour les autres). Or la spécialisation économique est souvent le produit de l'histoire d'un pays (industrie à forte valeur ajoutée allemande, passage sous Thatcher d'une spécialisation industrielle à une spécialisation services pour le RU). Sauf que : 1) Les Tories semblent s'être rendus compte de l'intérêt de ramener un peu d'industrie au pays. 2) Un pays comme la France, avec un pied dans une économie de services dynamique et l'autre dans une industrie déclinante, a-t-il vraiment intérêt à liquider totalement son industrie? Peut-on transformer les ouvriers victimes de délocalisation intra-UE en salariés de l'industrie des voitures de luxe?

    L'UE parie également sur la mobilité des salariés lorsqu'il n'y aurait plus de travail correspondant à leurs compétences dans leur pays. Mais se déplacer de Detroit à Los Angeles n'est pas la même chose que se déplacer entre deux pays différents ne parlant pas la même langue. D'autant que ce type de déplacement est socialement sélectif: les Espagnols et Grecs partis en Allemagne sont-ils réellement les plus pauvres de leurs pays?

    JZ

    RépondreSupprimer
  6. "pour contraindre cette union a devenir un melting-pot sans identité!"

    C'est quoi l'identité d'un corse ou d'un alsacien à ton avis ?

    RépondreSupprimer
  7. C'est tellement bien l'UE que les gens en ont assez d'être pris pour des billes !
    Un peu de mémoire svp.
    Pourquoi devant le mécontentement des gens, Chirac en son temps (et d'autres dirigeants tout aussi incapables) répondait "c'est la faute à l'Europe !". 15 ans plus tard les UMPS nous disent "il faut plus d'Europe !". Basta !

    RépondreSupprimer
  8. "C'est tellement bien l'UE que les gens en ont assez d'être pris pour des billes !"

    Vous allez voir le Brexit, ça va être top, on va bien rigoler.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement les anglais vont bien rigoler !

      Supprimer
  9. "Effectivement les anglais vont bien rigoler !"

    Oui, ils vont rigoler jaune, comme vous à ce moment là.

    RépondreSupprimer
  10. Le prétendu protectionnisme US selon Herblay, Sapir ou Lordon, voilà ce qu'il en est :

    "Si les États-Unis appliquent des taux plus élevés en moyenne dans leurs procédures antidumping dans le secteur sidérurgique, ceux utilisés en Europe suffisent à réduire drastiquement les importations sur les produits ciblés, qui s’en trouvent en moyenne réduites des trois-quarts. Il est d’ailleurs difficile d’y voir un gage d’efficacité pour les États-Unis : la production d’acier de l’UE est supérieure de 50 % à celles des États-Unis (166 millions de tonnes contre 111 en 2015) et ils sont lourdement déficitaires sur ce secteur, dans lequel leurs exportations ne représentaient que 54 % de leurs importations en 2015, contre 104 % pour l’UE (Source : Chelem, CEPII)."

    https://theconversation.com/conversation-avec-sebastien-jean-lunion-europeenne-est-elle-na-ve-dans-sa-politique-commerciale-75971

    RépondreSupprimer
  11. @ Anonyme

    Sauf que même The Economist a admis que l’afflux de migrants pèsent sur les salaires (avec le cas de Cuba à Miami). Il ne vous aura pas échappé que la Suisse est plus petite que l’UE, et que son histoire date de quelques siècles… Sur le pseudo protectionnisme européen, une moyenne n’est pas un bon indicateur car le protectionniste peut être ciblé : plus de 200% de droits de douane sur le riz en Corée, plus de 300% au Japon, les USA interdisent les pneus chinois, pas l’UE….

    @ Unknown

    C’est juste

    @ JZ

    Merci

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Sauf que même The Economist a admis que l’afflux de migrants pèse sur les salaires (avec le cas de Cuba à Miami)."

      Oui, voir sur ce point les travaux de l'économiste de référence, George J. Borjas (lui-même d'origine cubaine) : We wanted workers. Unraveling the immigration narrative, Norton, 2016

      YPB

      Supprimer
  12. "les USA interdisent les pneus chinois, pas l’UE"

    Et c'est un échec complet pour les US en termes économiques et d'emploi, un coup dans l'eau !

    RépondreSupprimer