samedi 29 avril 2017

L’urgence de contrôler la robotisation

Dans les contes de fée ultralibéraux, la robotisation est un bienfait que seuls les arriérés voudraient réguler. Mieux, parce qu’il faut les concevoir, les produire et les entretenir, ils ne détruiraient pas d’emplois, comme le montreraient le Japon et l’Allemagne. Sauf qu’une étude de deux chercheurs du MIR et de Boston montre justement au contraire que les robots détruisent bien des emplois.



Faux semblants et réalité

C’est un sujet que la proposition de Benoît Hamon de mettre en place un revenu universel a contribué à introduire dans le débat public, même si cela était d’un point de vue finalement assez pessimiste, comme s’il n’y avait rien à faire d’autre que de les taxer pour financer un revenu d’existence pour ceux qui n’auraient plus d’emploi, signant une forme de résignation à la persistance du chômage. Bien sûr, certains évoquent le Japon ou l’Allemagne pour contredire cela, mais ces pays sont très spécifiques. D’abord, ils ont tous les deux une démographies déclinantes qui réduit la taille de la population active. Ensuite, ils dégagent de forts excédents commerciaux et se sont justement spécialisés dans la production de ces robots, ce qui rend leur situation totalement non reproductibles à l’échelle du monde.


En réalité, et c’est bien normal, comme le montrent ces chercheurs, les robots détruisent des emplois. Bien sûr, cela peut contribuer à nous enrichir, si d’autres emplois sont créés, tout en contribuant à augmenter la productivité, et donc la richesse par personne. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les péages automatiques ne font que détruire des emplois pour un pays comme le notre qui importe les machines qui remplacent les emplois du passé, ce que confirme cette étude qui parle de 6,2 postes supprimés par robot pour mille ouvriers et d’une baisse de 0,7% des salaires. Bien sûr, il ne s’agit pas de revenir à l’âge de pierre, mais la robotisation doit être régulée dans un contexte de chômage de masse, car alors, elle est un accélérateur des inégalités et d’enrichissement du capital au détriment de la grande majorité au travail.

5 commentaires:

  1. C'est quoi un robot ? C'est un dispositif avec au moins un capteur, une chaîne d'action et une autre de rétroaction, donc un frigo est un robot, un système de freinage ABS aussi...

    Même les espèces vivantes sont des robots dans la mesure où ils rétroagissent sur leur milieu.

    L'Allemagne a une industrie forte et 3 fois plus de "robots" industriels que la France.

    Si vous créez de nouveaux matériaux qui permettent de fabriquer des maisons ou des voitures qui durent 3 fois plus longtemps, vous allez aussi supprimer aussi les emplois de ceux qui auront à fabriquer moins de maisons ou de voitures.

    Ce fétichisme du robot est ridicule, ce qu'on taxe c'est la valeur ajoutée produite, pas une technologie spécifique.

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  2. Un des problèmes de la robotisation est certes qu'elle détruit des emplois, souvent moyennement ou bassement qualifiés, et elle en produit aussi. Mais il y a un gros décalage entre la formation des travailleurs et l'avancée technologique de ces robots (et on pourrait étendre cela au secteur de la conception, du marketing, de l'achat-vente etc...qui gère, développe, maintient cette avancée industrielle robotique). Comme vous le soulignez très justement un pays comme l'Allemagne et le Japon ont une démographie en berne avec répercussion sur la population active. Or, ce n'est pas le cas de la France qui elle a une démographie dynamique mais un chômage chronique. Je ne dis pas qu'une véritable révolution dans la formation réglerait tous les problèmes : chômage chronique, avancée robotique non maîtrisée etc...mais cela permettrait d'avoir une population active plus en adéquation avec cette mutation technologique que nous subissons depuis les années 70. Or, la France a aussi fait un choix de politique industrielle catastrophique. Alors que l'Allemagne a compris que la production-fabrication n'était plus l'avenir de l'Europe, elle a redéployé son industrie en misant sur l'assemblage et la maintenance. Et cela a payé. La France a préféré miser sur les activités de service en laissant tomber l'industrie. Grosse erreur car les services ont vite révélé leurs limites et notamment ont révélé que la majorité étaient des services de moyenne ou basse valeur ajoutée. Sans tomber dans la paranoïa ni le rejet, il faut que cette robotisation soit prise en main en France par l'Etat. Pas à dire que l'Etat doit tout contrôler, tout interdire, nationaliser etc...mais il doit accompagner, réguler et corriger quand il le faut. La définition même de l'économie libérale.
    Florian

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  3. L'Allemagne a surtout misé sur la R&D, la conception, la qualité, la logistique qui tous demandent beaucoup de moyens humains.

    La qualité par exemple nécessite de plus en plus de salariés aptes à répondre aux normes et lois qui sont en croissance permanente, fiabilité, sécurité, pollution environnementale... domaines que les "robots" sont actuellement incapables de gérer pour un bon moment encore.

    Jorion, repris par Hamon, prône obsessionnellement la taxe sur les "robots" et c'est complètement stupide.

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  4. @Florian et @Anonyme 19:39

    J'ai travaillé 5 ans en Allemagne après mes études (2004 à 2011). Aujourd'hui, je travaille en Belgique pour une société allemande (transports-logistiques-commissionnaires en douane). Je suis tout à fait d'accord avec vos avis qui se complètent bien et reflètent en grande partie le réalisme industriel de l'Allemagne. Néanmoins, de façon un peu puzzle, quelques remarques :
    - la France souffre effectivement d'un décalage de formation professionnelle vs robostisation/numérisation/dématérialisation de l'économie et du marché du travail. En fait, ce décalage est partiel. En France, à la différence de beaucoup de critiques, classement et autres outils de mesure du niveau de nos universités, écoles etc..., il y a une grande partie d'étudiants français qui sortent bien formés. Personnellement, j'ai fait un double cursus en choisissant la voie technologique puis professionnelle : commerce international/transport-logistique dans un institut universitaire professionnel en province puis j'ai passé mon double master (1&2) en banlieue parisienne. D'entrée de jeu j'ai misé sur l'étranger. J'ai fait des stages en Angleterre et en Suisse puis je suis partie travaillé en Allemagne. A chaque fois, je suis passée devant le nez d'étudiant(e)s formé(e)s dans des pays qui font rêver la France : Angleterre, Scandinavie et....Canada/USA. Car à chaque fois on m'a servi le discours de la bonne formation transversale, généraliste et théorique française. De plus, une bonne maîtrise d'une autre langue que l'anglais (en l’occurrence l'allemand). Là où la France est quasi bloquée c'est sur la possibilité de se former, de se réorienter en cours de carrière (et on doit y songer car on passera tous sûrement par une réorientation voire une reconversion professionnelle au moins 1 fois dans nos carrières). Or, la France a mis en place via ses (lourdes) cotisations tout un système (CIF,DIF....) qu'il semble difficile à mettre en place. La France va finir par perdre son système. En Allemagne, ce système est pas super développé ou mal foutu par rapport à ce que la France peut proposer (un pays comme l'Angleterre n'est pas dans son optique);
    - tout comme en France, l'Allemagne sait très bien se séparer dans ses entreprises de ses seniors notamment via les lois Hartz. En France, tu perds ton job à 50 ans, c'est la galère. En Allemagne, c'est la fin définitive de ta carrière et t'as plutôt intérêt d'accepter le p'tit job (même raisonnement qu'en Angleterre).;
    - il existe encore pléthore d'emplois bassement qualifiés en Allemagne. La directive européenne sur les travailleurs détachés tournent à plein régime. Si bien que la main d'oeuvre moyennement qualifiée en Allemagne se retrouve sur le carreau (elle est trop chère !);
    Donc l'Allemagne a été plus rationnelle et plus réaliste que la France. Pas de doutes mais attention à l'arrière-boutique ! Par exemple , L'Allemagne a vu son taux de pauvreté augmenter fortement et la prise en charge de la pauvreté en Allemagne est franchement pas enviable. La France a un taux "élevé" mais pas une augmentation constante et forte.
    Bon 1er mai
    Cecilia

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    1. Correctif car faute de frappe à la première ligne :
      "j'ai travaillé 7 Ans en Allemagne après mes études (2004 à 2011)"
      C'est plus logique ainsi :-)
      Cecilia

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