dimanche 8 octobre 2017

Le budget 2018 de Macron l’embrouille

Bien sûr, désespérée que l’opinion ait compris le caractère profondément oligarchique de son budget, la majorité essaie de bricoler des mesurettes pour allumer des contre-feux. Mais entre amateurisme et caractère dérisoire, elle pourrait bien sortir plus encore affaiblie par ces derniers jours…


Le prestidigitateur du dimanche

Déjà, à la base, le budget 2018 est un tour de passe-passe grossier. Macron n’assume pas complètement de donner autant aux riches et aux entreprises, même si le premier ministre a essayé de défendre cette ligne en se raccrochant à la branche morte d’un ruissellement inexistant selon même le FMI… Du coup, le gouvernement avait concocté deux pare-feux, avec la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages et la baisse des cotisations sociales pour les actifs. Ces deux mesures devaient être les rideaux de fumée camouflant l’accumulation des millards donnés aux plus riches et aux entreprises. Malheureusement pour eux, certains savent encore faire des additions, très parlantes.

En outre, comment accepter que la petite hausse de pouvoir d’achat des actifs, qui sera rabotée de 50% par la seule hausse des taxes sur l’essence, soit financée par des retraités gagnant plus de 1200 euros par mois ou par la baisse des APL, quand on donne un million par an aux 3 000 foyers les plus riches ? Bien sûr, le gouvernement a veillé à édifier un budget complexe, la baisse de l’imposition du capital des ménages les plus riches étant présentée comme un prélèvement à taux unique simplificateur, et la réduction de 80% de l’ISF s’habillant comme une transformation. Il semblerait que Macron et ses équipes aient pris les français pour des imbéciles et qu’ils pensaient que tout ceci ne se verrait pas vraiment.

Finalement, ils démontrent seulement que ce sont eux les imbéciles. Et, après la polémique sur la baisse des APL, le président s’est ridiculisé en demandant aux propriétaires de la compenser, mêlant suffisance, amateurisme et démagogie. Les dernières gesticulations de la majorité, du Modem aux marcheurs présidentiels, s’alarmant du caractère injuste de ce budget viennent trop tard pour être crédibles et ne pas apparaître pour ce qu’elles sont : des gesticulations de personnes, qui, prises la main dans le pot de confiture, essaient de trouver un moyen de détourner l’attention. D’où les propositions encore bien plus dérisoires que la taxe de 75% de Hollande et ses exemptions effarantes.


Avec ce budget, Macron a eu tout faux. Non seulement, sa politique est profondément injuste et à contre-temps complet de la situation actuelle, mais son caractère oligarchique a rapidement été compris et dénoncé par presque tout le monde. Et les gesticulations des derniers jours démontrent un manque de sérieux et une démagogie crasse qui charge plus encore une image déjà bien amochée.

12 commentaires:

  1. https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/incoherences-fiscales/

    Une championne de LREM :
    https://www.facebook.com/100018335892036/videos/137744733513389/

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  2. - La classe moyenne devra payer pour tout le monde: les plus aisés voire les ultra-riches mais aussi les cas sociaux. Et après, on s'étonne qu'elle n'est pas insensible aux chants des sirènes par les intervenants politiques classés populistes;

    - La baisse des APL selon E. Macron est fine comme de la laine de verre. Et demander aux propriétaires de la compenser, est gros comme le nez au milieu de la figure. Néanmoins, il ne serait pas idiot de s'interroger sur l'assistanat qui s'est installé en France et la fraude générée. Et si les classes moyennes ou populaires vont voter à l'extrême-droite, un des motifs est bien cette question de l'assistanat développé depuis les années 80 dans notre pays. Assistanat payé par eux et dont ils ne perçoivent aucun bénéfice lorsqu'ils en ont besoin. Or, dès que l'on touche à ce sujet, haro ! sur celui ou celle qui ose lever le débat. Il ne s'agit pas de faire ce que les Anglais ou Américains ont fait dans les années 80 en bousillant leur système social. Il s'agit de mettre cartes sur table et de discuter. Certains sortiront plein de chiffres sur le fait que la fraude sociale ne coûte que peu au budget par rapport à la fraude fiscale. Honnêtement, je suis très perplexe.

    - L'ISF....Les riches ont toujours rechigné à payer l'impôt. Sauf qu'avant on avait de l'éducation et une certaine idée de la France. La globalisation, le transfrontalier, la financiarisation des économies, l'affaiblissement du pouvoir politique etc...ont fait sauter le plafond de verre du standing et de l'éducation. Aujourd'hui, on refuse de payer, on le fait savoir ostensiblement, on optimise et on s'en vante en se posant en champion de la rébellion. Tu m'étonnes que beaucoup de mômes et autres ado' rêvent de la maille, sans rien faire, de l'étaler et de faire un doigt d'honneur à toutes et tous.

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  3. Macron pratique une quasi politique de classe qui ne vise qu'à appauvrir les pauvres, et la classe moyenne et enrichir une classe celle des déjà bien riches en raison des politiques libérales depuis 30 ans. Sa réforme de l'ISF en est la plus claire illustration parce qu'elle verra l'exemption de l'ISF du capital financier mobile alors que les détenteurs du capital immobilier donc fixe ancré dans une ville, un pays et non comme le premier potentiellement apatride.

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  4. En même temps, les français qui sont surpris par la politique de Macron sont vraiment des lapins de 6 semaines.
    Et ça n'est que le début. Quand on disait que Sarko était décomplexé, ça n'était qu'un petit joueur en fait.

    Quand on vote comme des moutons, faut pas s'étonner de se faire égorger à la fin de l'histoire.

    ***Jacko***

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  5. Rien de tout ceci ne serait arrivé, Herblay, si vous aviez soutenu son opposant.

    Et vous prétendez repartir de zéro, alors que vous n'avez aucun média vous soutenant...difficile de vous prendre au sérieux.

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  6. @ Anonymes

    Les classes populaires paient aussi largement. Tout le monde paie pour les riches et les multinationales… Je crois que la désertion fiscale (estimée à 60 milliards d’euros par an, estimation peut-être conservatrice) et les réformes fiscales qui ont baissé les taux marginaux et l’IS, pèsent beaucoup plus que l’assistanat, dont il ne doit plus rester grand-chose après les vagues d’austérité

    @ Jacko

    Personne ne me semble supris, à part quelques socialistes qui se disent de gauche et l’ont soutenu…

    @ Anonyme 14h39

    Je pense que vous surestimez quelque peu mon influence politique…

    N’est-ce pas au contraire la responsabilité de son opposante en chef d’avoir permis son élection par toutes les raisons qu’elle donnait de ne pas la soutenir ?

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    1. "Personne ne semble surpris", je ne sais pas en fait.
      Un grand nombre de personnes (famille, amis, boulot) dans mon entourage ont voté aux dernières présidentielles et législatives en ne sachant pas grand chose à part ce que répétaient en coeur TF1, F2, BFM and Co. Ou alors en lisant à l'arrache sur le canap les professions de foi le dimanche aprem avant d'aller voter, Macron, Fillon, Lepen, Méluche (tu parles de choix, tous auraient fait à peu prés la même chose, dans des styles différents)...

      "Personne ne semble surpris", peut-être, mais dans ce cas là, pourquoi on se bat contre des moulins à vents alors que le Mac est élu pour 5 ans, "démocratiquement", qu'il appliqe son programme, a une majorité + que confortable à l'Assemblée, est soutenu par tous les pouvoirs, intérieurs et extérieurs.
      Le mac applique son programme (libéral, européiste, décomplexé), annoncé et assumé, c'est choquant ? C'est bien la soit-disant démocratie non ? Les français l'ont élu, et bien voilà, ils l'ont. Et il fait ce qu'il a dit. Ah ouais, c'est vrai, on n'avait plus l'habitude depuis des décennies. Ben maintenant, faut assumer.
      Ceux qui protestent le plus (pas grand monde en fait, et du bout des doigts, pour la forme) étant en grande majorité les plus privilégiés et encore un peu protégés.

      A un moment donné, si le peuple via le suffrage exprimé est con et maso, et bien tant pis pour lui. C'est ça la soi-disant démocratie. On ne les a pas obligés à voter pour le Mac avec un pistolet sur la tempe. Ils n'avaient qu'à s'informer.

      Si les français n'ont pas envie de s'informer ou de prendre un peu de recul et que leur but ultime dans la vie c'est d'avoir 3 gamins, 2 chiens, une maison de maçon avec 2 garages et un boulot de lèche-botte et de "challenges", un canap pour s'affaler devant les merdes yankees ou les consoles de jeux, de la bouffe vegan pour faire genre, une bagnole puissante, écolo, diesel ou bi selon les modes du moment, des bars lounge pour rencontrer ses "amis top cools" qui pensent comme eux, "qu'est-ce qu'on s'est bien amusé ce soir, ouh ouh", et des crédits à vie, et bien tant pis pour eux. Ils ont voté et ils se sont fait bai*** dans les grandes largeurs. A la bonne heure. On va les pleindre d'être cons ?

      Et pendant ce temps là, le système rigole en attendant la prochaine crise ou la nouvelle guerre.

      ***Jacko***

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    2. Désolé le bouton ajouter un commentaire ne marche pas sur ma bécane, j'utilise le bouton répondre du dernier commentaire. Un article intéressant du Figaro :

      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/10/03/20002-20171003ARTFIG00306-fiscalite-les-americains-accidentels-engagent-un-recours-aupres-du-conseil-d-etat.php

      Ce que ne dit pas le figaro c'est que les ressortissants états-uniens résidant en France n'étaient redevables vis-à-vis de l'oncle Sam que de la différence entre l'impôt qu'ils auraient payé avec les mêmes revenus aux USA et celui qu'ils ont payé au fisc français (et encore on vient de leur faire une fleur à ce sujet)

      Les mêmes médias nous racontent qu'il faut absolument baisser l'impôt sur le revenu des plus riches pour les dissuader de s'exiler dans la silicon Valley et féconder la Californie de leur génie, et en même temps nous apprennent que les américains qui vivent en France hurlent comme des cochons qu'on égorge au motif qu'on voudrait leur faire payer l'impôt sur le revenu au tarif américain et se sont constitués en association.

      Comment les journalistes font-ils pour voir ce qu'ils croient au lieu de croire ce qu'ils voient, alors qu'ils ont tout sous les yeux ?

      Ce que ne dit pas non plus l'article du Figaro c'est qu'aux USA le droit du sol est en vigueur, et pas en France. Il suffit d'être né sur le sol des USA (ou dans leur espace aérien) pour être citoyen du pays.

      Mais je ne me fais aucune illusion. La propagande qui martèle que le droit du sol est un tabou qu'il faut remettre en cause pour faire comme les autres et afin de résoudre les problèmes qui accablent la France va se poursuivre comme si de rien n'était.

      Ivan

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    3. A part cela je trouve pas top du tout que les USA imposent leur juridiction, comme disent les shériffs dans les westerns, si loin au-delà des frontières de leur juridiction.

      Ivan

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  7. http://piketty.blog.lemonde.fr/2017/10/10/isf-une-faute-historique/

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  8. @ Jacko

    Même s’il a annoncé ses réformes avant, on peut les dénoncer et se battre contre car elles ne rassemblent pas une majorité. C’est la démocratie. Les Français l’ont élu par défaut, ce qui était frappant dans les résultats du printemps

    @ Ivan

    Merci pour l’info

    @ Anonyme 13h48

    Je l’ai posté. Il a raison, mais l’UE qu’il défend pousse à cela…

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