mercredi 10 janvier 2018

Mélenchon, nouveau meilleur ennemi du système ?

En 2017, je me suis sérieusement intéressé à Mélenchon. Au printemps, quand la présidentielle s’est transformée en quadrangulaire, il pouvait apparaître comme la meilleure option des quatre pour la France. Cet automne, il a pris la tête de l’opposition à Macron. Mais par ses excès et ses failles, j’en viens à me demander s’il ne devient pas l’opposant idéal pour Macron...


Peu pédagogique, colérique, et pas si démocratique

Je partage beaucoup des convictions des militants de la France Insoumise, que ce soit sur les inégalités, le caractère oligarchique de notre système économique, la mise sous camisole de la démocratie, le manque de prise en considération des enjeux écologiques ou les dangers du comportement des Etats-Unis. Bien sûr, France 2 est critiquable, avec la différence de traitement entre l’Emission Politique et l’interview courtisane de Macron par Laurent Delahousse, qui revèle un deux poids deux mesures assez incroyable. Mais, cela ne doit pas empêcher de se poser des questions sur la ligne suivie par celui qui incarne sans doute aujourd’hui le mieux l’opposition à la majorité actuellement au pouvoir.

D’un premier abord, la critique des journalistes peut sembler aussi légitime que gagnante. C’est la voie suivie avec succès par Trump, même si la comparaison ne plaira sans doute pas. La profession n’a pas une bonne image, en partie à raison, du fait de son uniformisme idéologique qui ferait parfois passer les média publics chinois pour indépendants. Mais, outre le fait qu’il oublie bien vite les conditions difficiles de ce métier, premier frappé par la disruption digitale, ces charges contre certains journalistes sont extrêmement violentes, au point que le très recommandable site Arrêts sur Images s’est ému de ses propos sur les « liens communautaires » de Léa Salamé. Son papier de suite sur l’émission contient des attaques très violentes contre tous les journalistes avec lesquels il a échangé.

Puis, suite à une tribune de Caroline Fourest au sujet de ses propositions sur les médias, Jean-Luc Mélenchon a repris longuement la plume pour lui répondre d’une manière extraordinairement agressive, affirmant par exemple que « sa conscience et sa plume ont trouvé acquéreur (…) la voici devenue un passe-plat ordinaire de la caste. Parti pris systématique pour l’extrême droite des beaux quartiers de Caracas ». Il évoque une « outrance bouffie de suffisance », affirmant qu’elle « ment sciemment » sans avoir la moindre preuve de cela. Ce qui me frappe ici, c’est la violence du propos, malheureusement un peu trop coutumière du personnage, et qui me semble largement disproportionnée.

Ce faisant, en croisant les deux émissions politiques de l’année, je commence à trouver Mélenchon démocratiquement inquiétant. Il refuse trop souvent le dialogue et réagit avec une violence disproportionnée à tant de critiques alors qu’un vrai démocrate devrait faire preuve de pédagogie (ce qu’il est parfois capable de faire, comme avec le diméthoate sur son blog) et d’ouverture d’esprit. Il me semble devenir un Trump de gauche, plus solide intellectuellement, mais pas moins excessif dans ces réactions médiatiques. Pourquoi si souvent voir le monde en noir et blanc, comme au Vénézuela, où le camp au pouvoir serait des gentils incritiquables, et tous les autres les méchants de l’histoire ?

Ce qui me frappe depuis un an sur le fond, c’est son manque de pédagogie, et même parfois de solidité sur les sujets économiques, comme face à Lenglet le 30 novembre où ses réponses étaient très dilatoires, alors que tant de travail intellectuel est disponible pour répondre au mieux à toutes les interrogations de ses opposants. L’alliance d’une forme volontiers agressive et d’un fond mal expliqué peut dessiner en creux, pour certains, des relents d’autoritarisme volontiers inquiétants. Et ce n’est pas en aboyant à Laurence Debray qu’elle ressort les « éléments de langage de l’extrême-droite vénézuélienne » qu’il rend ses propos ou ses idées audibles par une majorité de la population.


Ce faisant, d’une manière différente du FN, bien sûr, j’en viens à me demander s’il n’est pas en train de remplacer ce dernier comme le nouveau meilleur ennemi du système, fort, mais purement protestataire et sans la moindre perspective de pouvoir. Qui pourrait imaginer aujourd’hui que Mélenchon pourrait la moindre chance au second tour face à Macron ?

18 commentaires:

  1. S'opposer a "Macron" c'est s'opposer aux GOPE imposé par Bruxelles et dont il a fait son programme! Où se trouve cet opposition?

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    1. L'UPR remplacé son inexpérience politique évidente par un viatique : les GOPE. Intéressant mais encore un peu minimaliste pour prétendre incarner autre chose qu'un lobby souverainiste crédible sur la scène politique en termes de capacités à gouverner cad à fédérer...

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    2. Vous devriez prendre la peine de vous intéresser aux démonstrations de l'UPR autrement que de façon superficielle.
      Ceci étant dit, je vous l'accorde, cela prend du temps et cela nécessite un effort intellectuel nettement plus important que de pondre un commentaire.

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  2. Quand on voit le nombre de "marcheur" sans expérience qui sont dans l'hémicycle on peut remercier les médias pour leur promotion.. les inconnus du jour sont dans la lumière le lendemain par "l'esprit saint" de la médiatisation. D'autres sont mis a l'index et restent dans l’obscurité.

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  3. En disant que Mélenchon est le meilleur opposant (ou l’opposant rêvé) à Macron, vous ne faites que reprendre le discours du PS et des médias anti-LFI. C’est en effet ce que l’on entend partout.

    Mélenchon est sans doute colérique, et souvent il a de bonnes raisons de l’être devant tant d’attaques immondes et tant de mauvaise foi contre lui.

    Mais il faut dépasser Mélenchon et regarder ce qu’est LFI. C’est aujourd’hui la seule vraie alternative à la politique néolibérale menée tant par la « gauche » que par la droite et le centre. Et c’est sans doute la vraie raison de toutes ces attaques, le mauvais caractère de Mélenchon n’étant qu’un prétexte. S’il avait bon caractère, ils trouveraient d’autres angles d’attaques. Ils trouveront toujours quelque chose : qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage.

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    1. Le programme de l'Avenir en commun n'es pas un programme anti libéral. Il ne propose rien sur les nationalisations et encore moins sur celles bancaires et propose un impôts sur les sociétés à 25%...
      Bref un vrai programme social-démocrate bien loin de ce que nous annonce les médias.
      Mais pour cela il ne faut pas compter sur les Apathie Lenglet Cohen et compagnie avec objectivité , ils préfèrent faire "peur" en le présentent comme un programme de la gauche de gauche ou même d’extrême-gauche...

      Petite pub pour un "Youtubeur" que je trouve intéressant "Trouble Fait"

      https://www.youtube.com/watch?v=KTIczvHPX2U&t=1s

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    2. https://www.youtube.com/watch?v=mQwP2Dwvu9M

      Analyse du programme l'avenir en commun.

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  4. Je pense que François Ruffin dans sa façon d'être a un potentiel d'empathie populaire bien plus important que Mélenchon.

    Contrairement à ce dernier, il est incisif sans être agressif. Il pointe les responsables du système inégalitaire sans être dans la distribution d'insultes.

    C'est une personnalité à encourager...

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  5. Mélenchon qui critique les autres en parlant de "passe-plat ordinaire de la caste" ou évoquant une « outrance bouffie de suffisance », trop drôle, il parle de Fourest, de lui ou des deux ?
    Le bouffon de la caste, le tartuffe du système, le lèche-botte des élites, c'est bien lui !

    Laurent, arrête tout de suite de te poser des questions existentielles sur Mélenchon. Aux prochaines élections présidentielles il aura plus de 70 balais. C'est un suppot du système qu'on laisse jouer car en effet il le sert bien.
    FI, c'est du PS bo-bo-isé à outrance (la révolutionnaire Raquel Garrido chroniqueuse sur C8, aux côtés de Jerem Star, lol, ça résume tout), un pot pourri de récupération du système, du canada dry ultra light.

    Mélenchouille, l'opposant rêvé du Mac effectivement. Il ne pourrait pas rêver mieux.

    Ruffin un peu plus malin en effet, qui a tout de suite dit qu'il n'était pas FI (il doit se dire ouf tous les jours) et qu'il gardait son indépendance.
    ça n'est pas le pire effectivement, loin de là.

    ***Jacko***

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  6. Ancien adhérent de la FI (2 ans exactement). J'ai pas mal participé à des meetings, réunions et même actions. J'en suis parti car....La FI c'est quoi ? Ce sont des ex-PS, des personnes "qui votent à gauche de la gauche mais pas à l'extrême gauche " (dixit un des gars que j'ai croisé dans le mouvement. Finalement qui sont-ils ? Des bobos, des petits bourgeois en mal de je ne sais quoi, peut-être mai 68. Je ne dis pas qu'ils ne sont pas sincères mais quand même ils jouent aux rebelles bon ton. Dans le précédent billet de Laurent, un des commentateurs ou commentatrices (désolé...trou de mémoire et trop feignasse pour aller voir) a écrit que JL Mélenchon souffrait d'une méconnaissance des classes populaires et précaires et surtout de la classe ouvrière. C'est vrai. Le logiciel de la FI sur le monde ouvrier est resté quasi à la bête humaine de Zola quant le monde ouvrier a muté. Toujours la même personne je crois qu'elle évoque le bâtiment et les TP comme étant le dernier vraie bastion ouvrier et que la FI ne le connaît absolument pas. Vrai aussi. Or moi je viens de ce milieu, mon père, mon grand-père, mes oncles sont tous venus en France et on tous fini sur les chantiers à Paris et Lyon (les 2 villes ayant accueilli ma famille). Or, aujourd'hui (mais comme hier) AUCUN PARTI ne s'occupe de ce secteur et encore moins la FI. Quant aux étrangers, bah...on est dans le droit à la différence introduit en France lors des années Mitterand et qui ravage bien la France et ses quartiers sensibles. Ce droit à la différence qui la fracture. Pariel...je viens de ces quartiers et je l'ai vu ce droit à la différence bien en action dans les années 90 au pied de mon immeuble HLM. Et aujourd'hui au sein de la FI ? Même discours. J'ai jeté l'éponge car je ne me sentais pas en phase avec ces enfants de bourgeois qui jouent aux révolutionnaires. Moi qui suis un enfant d'immigrés, des quartiers qui a dû bosser pour me payer des études à la Sorbonne qui sait ce qu'est in vivo le mérite républicain que la Franc a si longtemps défendu et proposé aux gens comme moi.

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  7. Vous êtes bien gentils, mais que proposez-vous ? Asselineau qui fait moins de 1% ? NDA qui fait moins de 5% et qui soutient MLP ? Mélenchon est aujourd'hui la seule alternative.

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    1. Il est vrai que si l'on médiatiser autant les uns que les autres la configuration ne serait pas la même! Vous entendez encore Asselineau sur les grands médias? Non! On évite toute publicité au contradicteur!

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  8. @ Tous

    Macron doit aussi son élection au fait que les autres alternatives ne suscitaient une adhésion suffisante pour empêcher son accession au pouvoir, malgré un manque d’enthousiasme fort pour son élection (cf nombre d’abstentionnistes et de vote blanc aux présidentielles comme aux législatives). Il n’a pas été très bien élu, et cela en dit long sur les autres alternatives

    @ Moi

    On ne peut guère me soupçonner de connivences avec les média anti-LFI. Spontanément, je penche contre leur jugement. Il m’en coûte généralement beaucoup de temps et de travail pour dire quelque chose qu’ils disent aussi (d’ailleurs, je n’ai pas réagi à chaud à l’émission). LFI a aussi des limites, dans son programme notamment. En effet, quelle alternative ?

    @ Vincent

    Très juste. Lui fait preuve de pédagogie et travaille sur le fond, même s’il verse parfois dans des coups vestimentaires contestables

    @ Anonyme 11h32

    Merci pour votre témoignage

    @ Anonyme 12h31

    Asselineau ne représente pas un courant important aujourd’hui

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  9. @Laurent

    Je suis assez d'accord avec pas mal de vos arguments comme avec ceux évoqués plus haut sur le côté "révolutionnaires bobos" d'une grande partie de sa clientèle. Cependant,quelque chose me gêne encore plus que cela :
    Au printemps 2017, Mélenchon a mené une campagne extraordinaire dont le moteur principal était de prendre le contre-pied du discours dominant sur :
    - l'UE et l'Euro (malgré quelques pas de danse assez drôles)
    - La Russie et son président
    - La Syrie et son président
    - l'alignement atlantiste et l'OTAN

    Et que s'est-il passé 15 jours avant le premier tour, au moment où il atteignait les 20% d'intentions de vote ? Qui s'en souvient ? Et bien, ce gentil garçon, lors des meetings à Nantes, Dijon et Marseilles a fait volte-face sur presque tous ces sujets. A partir de ce moment, il était sûr de ne pas passer car, finalement, dans ce qui restait de son programme, qu'est-ce qui le différenciait de B. Hamon?
    Comportement à rapprocher de celui de M.Lepen qui s'est suicidée politiquement entre les deux tours.
    Bon, chacun en tirera les conclusions qui lui paraitront pertinentes.
    Une dernière chose pour ceux qui m'ont soutenu que ces voltes-faces étaient de la fine tactique : Vous croyez qu'un type qui "finasse" sur ses convictions et couche avant l'élection a l'envergure d'un président ?

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    1. J'ai beau réécouter les discours dont vous parlez je ne vois rien de tel ni avant l'élection, ni après... Vous prenez vos désirs pour des réalités. Et sur la Russie comme sur la Syrie tout le monde peu ou prou s'aligne sur ses positions !!

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  10. Tant qu'Asselineau sera black-listé par les médias "aux ordres" il lui sera difficile de se déterminer comme un courant malgré ses 29000 adhérents réel! D'autre avec aucun adhérent mais de gros moyen financier, ont pu accéder a la présidence!

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  11. Jean-Luc Mélenchon assure qu'il ne veut sortir ni de l'Europe ni de l'euro.

    Mardi 18 avril 2017 :

    Jean-Luc Mélenchon assure qu'il ne veut sortir ni de l'Europe ni de l'euro.

    En meeting ce mardi à Dijon, Jean-Luc Mélenchon était également présent dans six autres villes grâce à des hologrammes. Et a assuré qu'il ne souhaitait pas sortir de l'Union européenne.

    Même si sa spectaculaire dynamique semble avoir atteint un palier ces derniers jours, le candidat de La France insoumise est de nouveau devancé par François Fillon selon notre sondage, l'ancien leader du Front de gauche a refusé de renoncer à cinq jours du premier tour de la présidentielle. Et a tenté de se montrer rassurant, notamment sur la question européenne. "Ne croyez pas ce qu'ils vous disent : « il veut sortir de l'Europe, de l'euro », allons, un peu de sérieux", a ainsi déclaré Jean-Luc Mélenchon.

    http://www.rtl.fr/actu/politique/direct-video-meeting-melenchon-ses-6-hologrammes-7788190620

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