lundi 2 avril 2018

Le Brexit, 21 mois après, partie 2



Des limites de l’article 50

Dans le cas de la Grande-Bretagne, qui avait déjà un pied en dehors de l’UE (notamment d’un point de vue monétaire ou de Schengen), et dont la direction politique, très oligo-libérale, est finalement proche de celle de l’UE, une sortie lente et douce peut avoir du sens. Après tout, les britanniques ne voulaient pas tout changer. Ils voulaient reprendre le contrôle de leur politique migratoire, après l’effarant épisode des migrants de 2015, et avaient soif de démocratie et d’indépendance de cette construction européenne dont les médias locaux, eux, ne manquent pas de souligner toutes les limites. Finalement, l’urgence n’est que relative pour Londres, le calendrier ayant en fait peu d’importance.

Cela explique sans doute l’acceptation assez aisée de ce calendrier à ralonge par les partisans de la sortie de l’UE : 9 mois pour démarrer la procédure, 24 mois de procédure et déjà 21 mois de période de transition, soit a minima, plus de 4 ans pour finalement pleinement sortir de l’UE depuis la décision du référendum. Et encore, il n’est pas sûr que la période de transition, qui ne se terminera que fin 2020, ne soit pas prolongée d’une manière ou d’une autre. Après tout, sur l’immigration, sujet crucial du référendum, la Grande-Bretagne, déjà en dehors de l’espace Schengen, peut déjà faire beaucoup depuis le début, d’autant plus qu’elle est une île, isolée des frontières passoires de cette UE.

Il y a plus de cinq ans, j’avais déjà débattu de la question de la procédure de sortie de l’UE, évoquant « la fausse bonne idée de l’article 50 », puis revenant sur le sujet au printemps 2013. Il y a un an, à la lumière du début du Brexit, j’avais confirmé mon opinion, à savoir que cette procédure est beaucoup trop lente et qu’il n’y avait pas de sens à hypothéquer près de la moitié d’un mandat sans pouvoir changer grand chose, tout cela parce que l’on placerait le fétichisme juridique avant la légitimité démocratique. La France n’est pas une île, et n’a plus sa monnaie, donc elle s’exposerait à tous les inconvénients du Frexit, aussi temporaires et limités soient-ils, sans en avoir le moindre avantage…



Qui plus est, pourquoi cette UE, qui impose des décisions lourdes immédiates aux peuples (ces retraités Grecs, qui ont perdu près de la moitié de leur pension), ne devrait-elle pas, elle-aussi, devoir s’adapter immédiatement à la décision démocratique d’un peuple ? N’est-ce pas le propre de la démocratie de faire primer la volonté populaire sur les règles du passé ?


Mercredi, suite de la série sur le discours à tenir en France

28 commentaires:

  1. Si le Brexit n’apporte au RU qu’un peu plus de liberté pour refuser des migrants, alors il n’est pas l’annonciateur d’un changement de paradigme (c’est-à-dire la sortie du néolibéralisme ouvert dans les années 80 par Reagan et Thatcher). Il me semble que, dans des billets précédents, vous aviez une autre opinion sur la portée de cet événement et de l’arrivée de Trump aux USA.

    Au demeurant, je ne suis pas sûr que May puisse vraiment fermer ses frontières si elle veut conserver l’accès du RU au marché unique européen. Donc, le Brexit risque d’être décevant même sur ce point.

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  2. « Conquête de l'Occident » : une vidéo du président de l'UOIF refait surface, le FN s'indigne.

    Alors que le congrès des Musulmans de France (ex-UOIF) se tient du 30 mars au 2 avril, une ancienne vidéo de son leader Amar Lasfar a refait surface : on y voit celui-ci livrer la vision de la conquête politique de la France par l'islam.

    https://francais.rt.com/france/49334-conquete-occident-video-president-uoif-refait-surface-fn-indigne#.Wr-lDZvVb1U.vk

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  3. Frexit dur dans les plus brefs délais.
    TINA

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  4. L'opinion est très divisée, la sortie de la monnaie représente pour beaucoup de gens un risque dont ils ne veulent pas, il n'y a pas de mouvement passionné pour la sortie de l'UE.

    Dès lors, comment serait-il envisageable de sortir, en plus, des textes ?

    Ce sont des plans sur la comète.

    Commencez plutôt par nous dire avec quel électorat vous envisagez une sortie de l'UE, modestement et de manière réaliste...

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  5. @ Moi

    Le Brexit va donner plus de libertés au Royaume-Uni (et il en donnerait beaucoup plus à la France), en revanche, avec Theresa May et les conservateurs, il n’y aura pas de changement de paradigme et de sortie de l’oligolibéralisme. Il y aura du progrès : une politique peut-être un peu moins oligolibérale, et surtout, par le Brexit, la facilitation d’un chagement dans le futur.

    Theresa May n’aura pas trop de soucis à négocier l’accès à l’UE : elle a dans son jeu deux atouts majeurs, les excédents commerciaux très importants de l’Allemagne sur la Grande-Bretagne et ceux, significatifs, de la France sur son pays. Qui plus est, elle ne veut pas vraiment fermer les frontières aux échanges commerciaux, seulement aux flux de personnes, ce qui n’est pas très compliqué pour une île hors de Schengen.

    @ Anonymes

    Bien d’accord sur le frexit dur (mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon vocable).

    Par sûr qu’une sortie modeste soit plus facile à défendre.

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    1. @LH,

      Appelez ça selon le terme qui vous convient. Sortie brutale et définitive de l'UE me va également. Voilà quel sera le premier et véritable acte politique en France depuis des décennies. Depuis le milieu des années 80 il n'y a plus vraiment de politique en France ; il y a l'UE. Un tel choix exige par ailleurs que l'on sorte de cette vision techno-administrative de la politique en vertu de laquelle un bon politique est un individu particulièrement apte à reproduire la parole de son professeur dans ses copies d'examen - jusqu'à la sortie de l'ENA, Sciences-po ou HEC... Tant que nous aurons comme modèle politique celui du technicien ou techno-manager - la forme et le fond étant liée - nous aurons la même politique de misère de suivisme et de service rendu à l'oligarchie économique européenne. Sortons de cette horreur qu'est l'UE. Il n'y a pas d'autre alternative si nous vouons revoir la liberté.

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    2. « elle ne veut pas vraiment fermer les frontières aux échanges commerciaux, seulement aux flux de personnes, ce qui n’est pas très compliqué pour une île hors de Schengen. »

      Mais l’Angleterre a toujours été une île hors de Schengen, donc la question n’est pas là. La position de l’UE, c’est que la libre circulation des biens et des capitaux va de pair avec la libre circulation des personnes. L’accès au marché unique va donc de pair avec l’acceptation par le RU des décisions de la Cour de Justice de l’Union Européenne. Vous dites que May est en position de force parce qu’elle est en déficit commercial, mais je constate que, jusqu’à présent, elle n’a cessé de reculer et d’accepter les demandes des négociateurs européens.

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  6. Il a fallu 10 ans, du traité de Maastricht en 1992 à l'émission des pièces et des billets en 2002, pour passer du franc à l'euro.

    Et vous dites que les deux ans prévus par l'article 50 c'est trop long pour revenir de l'euro au franc ?

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    1. Oui, beaucoup trop long.
      Faire l'euro exigeait une convergence des pays concernés, des réformes pour satisfaire aux critères, des convertisseurs pour gérer un taux de conversion à 5 décimales.
      En sortir sera beaucoup plus rapide.

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    2. Souvenez-vous de la crise grecque : un pays ne peut pas tenir 2 ans en milieu hostile, avec une banque centrale qui lui couperait les vivres, des marchés qui ne manqueraient pas d'attaquer sa dette et de faire monter ses taux.

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    3. La période de deux ans est justement là pour éviter l'hostilité des marchés financiers. Bon exemple que la Grèce d'ailleurs : un défaut dur l'aurait immédiatement conduite à la ruine, alors que prendre le temps de négocier lui a permis de sortir la tête de l'eau. Sortir de l'euro en deux jours, c'est juste suicidaire.

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    4. Un défaut et une sortie de l’euro auraient permis à la Grèce de sortir de la crise.

      Si Tsipras a capitulé et accepté la poursuite de l’austérité, alors qu’il avait promis l’inverse aux électeurs grecs, c’est parce qu’il a perdu son temps à négocier en position de faiblesse.

      Et pendant ces 6 mois de négociations, les capitaux s’enfuyaient, les spéculateurs spéculaient et la BCE coupait l’accès des banques grecques aux liquidités pour faire pression sur le gouvernement grec. Et ça a marché, malheureusement.

      Et vous, vous voulez que ce supplice dure pendant 2 ans…

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    5. Sortir de l'Euro n'a peut-être pas de raison de durer 2 ans comme la sortie de l'UE par l'article 50.

      Souvenons nous de l'affaire chypriote : la BCE a purement et simplement suspendu l'appartenance de Chypre à la zone Euro sans préavis ni délai ni formalité, et sans que personne n'en tire la moindre conclusion quant à l'appartenance de Chypre à l'UE.

      A l'UPR Vincent Brousseau, en charge de ces questions, pense aussi que ce sont deux problèmes différents.

      Ivan

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  7. @ Tous

    Poursuite du débat mercredi et vendredi par de nouveaux billets

    @ Anonyme

    Ce que je veux dire, c’est que si nous devons être clair sur les conséquences (sortie pleine et immédiate) nous devrons aussi tourner les choses d’une manière plus positive. Bien d’accord sur l’objectif en revanche.

    @ Moi

    Voilà pourquoi elle se contente pour l’instant d’un Brexit doux et lent : les britanniques peuvent limiter les flux de personnes et le reste leur importe moins

    @ Gérard

    Passer de l’euro au franc ne prendra que quelques jours après l’élection d’un président qui le veut et l’aura préparé : conversion automatique + tamponnage des billets en nouveaux francs avant impression des nouveaux billets.

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  8. Ne pas confondre sortie de l'UE et sortie de l'euro.
    Au niveau de la sortie de l'euro, cela doit se faire très rapidement en prenant toutes les mesures qui s'imposent pour protéger l'économie française, la monnaie et les français : contrôle des changes, contrôle des flux de capitaux, redénomination de la dette souveraine, etc...
    Cf : https://www.upr.fr/actualite/retour-sur-quelques-plans-secrets-concernant-la-sortie-de-leuro-par-vincent-brousseau

    Au niveau de la sortie de l'UE via l'article 50, c'est ce qui apparaît comme le + légitime au niveau démocratique et au niveau du droit international, et le + respectueux des autres pays de l'UE avec qui l'on veut somme toute rester en bon terme.
    Le + simple aussi à expliquer d'un point de vue politique.

    Prendre l'exemple du Brexit et le comparer à un futur Brexit est assez délicat car :
    - les rosbeefs ne sont pas les frogs
    - les dirigeants rosbeefs ont peut-être été pris à leur propre piège (des gus comme T May OU B Johnson étaient-ils vraiment pro-Brexit ?, a priori non, d'où la lenteur et les tergiversations)
    - un même outil peut être utilisé de manière totalement différente, voire complètement opposé, ce qui compte, c'est l'état d'esprit.

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    Avoir cette sempiternelle discussion sur article 50 ou pas est totalement contre-productif, bien révélateur de certains courants soit disant souverainistes (archi-ultra minoritaires) qui font le jeu du système en s'opposant le plus farouchement à ceux qui a priori sont le plus proche d'eux.

    @Laurent
    Pourquoi toujours taper de façon tellement dénitive sur Asselineau et sur l'UPR alors qu'ils sont a priori les + cohérents avec tes idées, et dresser des lauriers à n'en plus finir à des Mélenchon (tapin de luxe du système, lol !) ou à des Philippot (pendant des années le no2 du FN double lol !)... après avoir soutenu pendant des années un Dupont-Aignan si rapide à baisser son froc pour garder son siège minable de député et/ou de maire.

    La France a également les soit disant souverainistes les plus bêtes du monde.

    « Savez-vous pourquoi les Français ont choisi le coq comme emblème ? C’est parce que c’est le seul oiseau qui arrive à chanter les pieds dans la merde ! » Coluche

    ***Jacko***

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    1. Prendre l'exemple du Brexit et le comparer à un futur FREXIT est assez délicat car...

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    2. @ Jacko

      Sur le fond de l'absurdité de la discussion sur l'article 50, je pense que nous sommes d'accord : ces discussions n'ont pas grand sens.

      Pour moi, l'article 50, dont on voit aujourd'hui les difficultés d'application avec le Brexit (puisque l'apport de cet article est très faible en fait, se limitant grosso modo à indiquer ce fameux délais de 2 ans), n'est rien d'autre qu'un droit de retrait qu'on invoque. Son utilisation n'a de sens que si l'UE survit au départ de l'Etat retrayant, et c'est pour cette raison que je pense que c'est une erreur politique que d'en faire l'alpha et l'oméga. Si vous avez d'ailleurs suivi les débats au Royaume-Uni, il en était très peu question (tout au plus le camp du Leave avait publié une intéressante brochure expliquant qu'il serait possible de s'en passer, ce qui avait fait l'objet de quelques débats).

      Maintenant, si l'on se place dans la perspective d'un gouvernement souverainiste ayant pris le pouvoir en France - hypothèse hautement farfelue - et n'étant pas parvenu à infléchir l'UE, il est évident que ce sera l'article 50 qui sera invoqué.

      J'ai depuis longtemps identifié que, pour une raison qui vous appartient, vous tapez méthodiquement et irrationnellement contre Nicolas Dupont-Aignan, que vous accusez si élégamment d'avoir baissé son froc pour garder "son siège minable de député"...

      Je veux bien tout entendre, mais vous avez visiblement oublié l'épisode de l'entre deux tour de la présidentielle 2017 qui, j'en suis désolé pour vous, ridiculise totalement votre prétention.

      Mais si on remonte plus loin, cette accusation se révèle tout aussi fausse. En 2012, Nicolas Dupont-Aignan s'est rien de moins que présenté à l'élection présidentielle. Drôle de manière de "baisser son froc" comme vous dites : un candidat UMP a d'ailleurs été présenté contre lui, obtenant de mémoire un piteux 10%.

      Même en 2007, votre accusation ne tient pas : il est vrai que l'UMP n'avait pas présenté de candidat contre lui, et qu'une fois réélu sous les seules couleurs de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan avait initialement voté la confiance au gouvernement, faute politique si majeure que certains semblent encore lui en vouloir aujourd'hui.

      Personnellement, je pense que si Nicolas Dupont-Aignan a fait cela, c'est parce qu'il voulait se défendre des attaques en anti-sarkozysme primaire dont il faisait l'objet, et que dès le départ, il savait ce qu'il en était. Mais à la limite, qu'importe tout ça. Je pense que, même si on croît comme vous qu'en 2007 Nicolas Dupont-Aignan aurait baissé son froc pour conserver son siège, son action depuis cette date suffit à démontrer son courage politique .

      Un mot encore quant au qualificatif de "minable" que vous accolez à ce qui pour moi l'une des plus grandes dignités de notre système démocratique, un siège à l'assemblée national. NDA a été réélu quatre fois depuis qu'il défend les idées souverainistes au niveau national, et les milliers d'électeurs qui ont glissé son bulletin dans l'urne n'ont que faire de votre mépris.

      Il y a néanmoins un point où je pense que nous serons d'accord : La France peut s'enorgueillir d'abriter chez elles les souverainistes les plus bêtes du monde!

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    3. @Tythan

      Justement je ne suis pas prêt d'oublier l'épisode de l'entre deux tour de la présidentielle 2017 dont vous parlez. Dans l’ordre chronologique :

      1) Avant le 1er tour dans le programme de MLP il y avait la sortie de l’Euro, et parmi les mesures urgentes qu’elle promettait de prendre immédiatement sans attendre la fin du processus de sortie de l’Euro, il y avait la retraite à 60 ans avec 40 ans de cotisation,

      2) Des millions d’électeurs ont voté pour elle au 1er tour à cause de ces 2 mesures indispensables et urgentes,

      3) Entre les 2 tours MLP rencontre NDA et passe un accord de gouvernement avec lui,

      4) Puis, lors du débat avec Macron, elle poignarde dans le dos les millions de français qui ont voté pour elle au 1er tour !

      5) Comment réagit NDA ? Est-ce qu’il hurle, proteste contre cette trahison, survenant alors que l’encre de l’accord de gouvernement avec MLP n’est même pas encore sèche ?

      Non, pas un mot !

      6) Si NDA n’a pas trouvé le moindre mot pour dénoncer une trahison aussi énorme et brutale, difficile de croire qu’il n’en est pas le complice.

      Je crois même qu’il en est l’instigateur et que c’est lui qui a fait définitivement pencher la balance au FN du côté des « identitaires », boutant hors du parti la tendance « souverainiste » incarnée par Philippot, qui jusque-là avait réussi à survivre (mais sans s’imposer)

      Comment croire que NDA a jamais été souverainiste, alors que ce sont justement les souverainistes qui le dérangeaient au FN, pas les « identitaires » (racistes, européistes et régionalistes, donc foncièrement anti-français) ?

      Cdlt

      Ivan

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    4. @ Jacko

      Je suis d’accord : sortie de l’UE et sortie de l’euro ne sont pas les mêmes choses, mais je trouve assez paradoxal de vouloir absolument passer par l’article 50, à l’exception de la monnaie. Cela laisserait une bonne partie de l’arsenal euro-oligo-libéral en place pendant 2 ans, limitant grandement les bienfaits d’un retour à la monnaie nationale (théoriquement, pas de contrôle des flux de capitaux, pas de protectionnisme, pas de protection des services publics, pas de protection de nos agriculteurs…etc)

      Plus respectueux des autres pays ? Voir… Plus respectueux des intérêts des actionnaires des multinationales où la démocratie leur est seconde, oui, pas des autres pays.

      Par principe, il est intéressant de comparer le Frexit au Brexit, même si je reconnais dans mes papiers que ce serait différent. Ils testent l’idée de l’utilisation de l’article 50. Et si cela me semble pouvoir répondre aux besoins actuels des britanniques, mon analyse est que cela ne répondrait pas aux nôtres. Je ne pense pas que les britanniques soient uniquement pris à un quelconque piège. Je pense que cela répond plus largement à leur contexte (hors de l’euro, hors de Schengen, sur une île, avec une conception économique assez proche de celle des textes de l’UE), mais du coup, beaucoup moins au nôtre.

      Celui qui a fait le jeu du système, c’est bien plus le FN

      Enfin, je ne centre pas mon papier sur Asselineau et l’UPR. Il se trouve que sur ce point fondamental, je suis en désaccord avec lui. Je ne vais taire mon désaccord. Dire que je dresse des lauriers à Mélenchon est factuellement complètement faux. C’est le contraire que je fais (« nouveau meilleur ennemi du système »). Pour l’instant, je ne parle pas beaucoup de Philippot.

      Sur NDA, ces choix, même si j’y suis opposés, ont plutôt failli lui coûter son siège, comme le dit Tythan.

      @ Tythan

      Ces discussions sont au contraire importantes car toute position visant à sortir du cadre de l’UE imposera des précisions sur la façon dont on souhaite le faire, et donc, vis-à-vis de l’article 50. Soit on est d’accord avec la procédure décrite, soit on ne l’est pas, ce qui est mon cas.

      Et si son utilisation n’a de sens que si l’UE survit, je crois aussi que son utilisation permet à l’UE de survivre, mais aussi de mettre en place des moyens de survivre, alors que sa non utilisation serait probablement bien plus létale pour Bruxelles.

      @ Ivan

      Pas sûr que ce soit NDA qui ait tant fait pencher la balance. MLP a montré qu’elle ne croyait pas vraiment aux idées que lui poussait Philippot en étant incapable de les défendre. Je crois qu’elle avait cela en elle.

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    5. @ Ivan

      Merci pour votre commentaire.

      Je me permets de dissocier la question de la retraite à 60 ans pour l'évacuer tout de suite : pour moi, il s'agissait d'une mesure attrape-gogos, irréaliste et impraticable, qui n'avait aucune chance d'être mise en oeuvre si par miracle Marine Le Pen parvenait au pouvoir. Je ne savais même pas que Marine Le Pen avait finalement renoncé à cette mesure, et si c'est le cas, je m'en réjouis. Je ne pense en aucun cas que c'est une trahison (bien évidemment, je ne ferme pas la porte à ce que la retraite soit possible plus tôt pour les professions pénibles et aménager à la marge le système).

      Sur l'euro en revanche, ce que vous prétendez ne correspond pas à la réalité. D'abord parce que contrairement à ce que vous dites, Nicolas Dupont-Aignan n'a en rien tu l'évolution de Marine Le Pen sur l'euro que vous fustigez. Il a au contraire prétendu en être à l'origine.

      Sauf que cette prétention était factuellement fausse : si le système de la monnaie commune a été en 1er lieu adopté par Debout la France (http://www.debout-la-france.fr/actualite/article/nda-et-des-economistes-de-tous-bords-pour-un-plan-b), le principal auteur de cette proposition était Philippe Murer, qui a ensuite rejoint le Front National (avant de partir pour les Patriotes). Je ne suis pas spécialiste des évolutions du FN, mais il était clair que Marine Le Pen, sous l'influence de Philippe Murer, avait déjà, avant le 2nd tour des présidentielles, mis de l'eau dans son vin s'agissant de l'euro (pour un ex : https://francais.rt.com/economie/31773-marine-pen-veut-remplacer-euro-ecu).

      Si Marine Le Pen n'a pas rétabli la vérité au moment de l'entre-deux tours, je pense que c'est parce qu'elle a jugé qu'elle y avait intérêt : cette histoire lui permettait de créer un choc dans l'opinion pour casser l'image de brutalité anti-euro (pas forcément infondée) tout s'appuyant sur celle plus lisse de Nicolas Dupont-Aignan.

      Sur le FN, il y avait de longue date un tiraillement entre les lignes souverainistes et identitaires. Ce tiraillement n'est pas propre à Florian Philippot, bien que sa personnalité clivante ait sans doute mis de l'huile sur le feu (en gros, de ce que j'ai compris, il traitait un nombre conséquent de cadres importants de nullards incultes tout en promouvant des jeunots parfois intéressants mais enfin tout de même un peu tendres caractérisés par leur orientation sexuelle et la dévotion qu'ils avaient à son égard). Car avant que Florian Philippot ne rejoigne le FN, c'est Marine Le Pen elle-même qui avait théorisée l'adoption de la ligne souverainiste (notamment dans son livre à contre flots, publié en 2006).

      Bref, je ne veux pas me lancer dans une discussion à ce sujet, je ne connais pas assez les méandres du FN et pour tout vous dire, je m'en contrefous un peu. Simplement, imputer à NDA ce revirement est complètement faux. Florian Philippot lui-même avait d'ailleurs très chaudement salué le soutien de Nicolas Dupont-Aignan à sa candidate (bien que dès cette époque, on sentait les tensions entre lui et elle).

      Pour en revenir au sujet de fond sur le FN et Philippot, je pense que ce dernier a quand même commis une erreur politique en étant parfois un peu monomaniaque sur l'Europe, responsable de tous les maux de la terre, alors que les méfaits de l'immigration incontrôlée que dénonçaient avec constance le FN (même s'il y a eu, j'en conviens volontiers, certains excès) sont des idées de plus en plus partagées et ont permis à des partis d'extrême droite de parvenir au pouvoir (et je pense à l'Autriche, où pourtant le passé est autrement plus lourd à porter que la France). Sur ce point, je partage (avec plus de nuances bien sûr) l'avis émis par Eric Zemmour à ce sujet.

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    6. @ Laurent

      Je ne suis pas aussi sûr que toi quand tu écris que des précisions sur les modalités de sortie du cadre de l'UE sont nécessaires.

      Pour une raison simple : parce que ces modalités seront négociées, et qu'on ne peut pas préjuger du résultat de ces négociations. A mon sens, il faut au contraire indiquer le but, lancer quelques grandes idées sur le comment mais surtout sans appesantir sur les détails. Parce que si on le fait, c'est là où justement l'on risque de se trouver confronter à un problème de légitimité : fatalement, plus on va dans le détail, et plus ce que l'on a indiqué risque de ne pas se réaliser, sans compter que les partenaires de la négociation, au courant de votre plan, vont disposer de toutes les armes pour déjouer vos plans. Dans une négociation, mieux vaut ne pas dévoiler ses batteries tout de suite.

      Il y a d'ailleurs eu d'intéressantes discussions à ce sujet au Royaume-Uni et à la house of commons, dont à mon avis tu es plus au fait que moi.

      J'ajoute que la position du "Leave" était officiellement qu'on pourrait ne pas utiliser l'article 50 (bien que ce point ait été complètement marginal dans le débat : la preuve en est que j'ai essayé de retrouver le lien internet... et je n'ai pas réussi!). Juridiquement, je pense qu'ils avaient tort, et à mon avis eux aussi en étaient conscients. S'ils l'ont fait, c'est à mon avis dans un but purement tactique : montrer qu'ils étaient prêts à tout, et que si les juristes européistes étaient prêts à la rupture brutale, eux-aussi.

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    7. @Tythan

      Merci pour votre réponse.

      Je maintiens que MLP a eu raison de promettre la retraite à 60 ans avec 40 ans de cotisation dans son programme officiel et qu'elle a eu tort de se renier sur ce point aussi.

      Dans les années 1980 on a dit aux baby-boomers que s'ils étaient condamnés au chômage, à la galère et à la précarité c'était pare qu'ils étaient victimes de la malédiction d'être nés trop nombreux. C'était le discours officiel.

      Plus tard les baby-boomers qui s'en sont sortis ont promis à leurs enfants qu'ils ne connaîtraient pas la même horreur, parce que quand ils arriveront sur le marché du travail leurs parents partiront à la retraite (leurs enfants sont arrivés plus tard et moins nombreux, et pour cause)

      Cette promesse n'a pas été tenue parce qu'au dernier moment, celui où le chômage des jeunes aurait enfin dû commencer à baisser, la retraite des vieux a été repoussée, puis sans cesse à nouveau par la suite.

      Les jeunes générations se sont vues confisquer à l'avance le bénéfice du retournement démographique, et pourquoi ?

      Parce que comme le chômage des jeunes ne coûte rien vu que les jeunes n'ont droit à rien, la résorption du chômage des jeunes n'était pas une raison suffisante pour laisser les vieux partir à la retraite, il était plus lucratif de changer traîtreusement les règles du jeu au dernier moment pour empêcher cela.

      Ivan

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  9. "Maintenant, si l'on se place dans la perspective d'un gouvernement souverainiste ayant pris le pouvoir en France - hypothèse hautement farfelue - et n'étant pas parvenu à infléchir l'UE, il est évident que ce sera l'article 50 qui sera invoqué. "

    Non,ce n'est pas si évident. Jacques Sapir vient d'écrire un article qui préconise une autre stratégie:

    https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-la-sncf-la-greve-et-lue-par-jacques-sapir/

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    1. Merci pour le lien. Je n'aurais effectivement pas dû dire évident.

      En tous les cas, l'article 50 serait une possibilité : je récuse les monomaniaques de l'article 50 mais je n'y suis pas hostile a priori, c'est là mon point.

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  10. Je constate que vous refusez de nous dire avec quel électorat ces fabuleuses réformes pourraient être soutenues.

    Vous refusez également, à votre habitude fumiste ("pas sûr que...") d'admettre que demander aux citoyens français non seulement de sortir de l'UE, mais encore de le faire en se fâchant avec les autres pays (puisque sans respecter la procédure des traités) rendrait la tâche plus difficile.

    J'en conclus que vous manquez de réalisme :
    - le réalisme devrait vous faire constater qu'il sera difficile de seulement empêcher l'UE de prendre encore plus de pouvoir, notamment en cassant encore plus le pouvoir de la France.
    - le réalisme devrait donc vous faire conclure qu'il ne faut pas laisser passer les occasions de bloquer l'UE, comme en mai dernier.

    Libre à vous de pratiquer l'onanisme politique, en vous imaginant des Français tels qu'ils ne sont pas. Mais attention, l'onanisme rend sourd à la réalité...

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    1. "non seulement de sortir de l'UE, mais encore de le faire en se fâchant avec les autres pays (puisque sans respecter la procédure des traités)"

      Dites-vous bien que, de toutes façons, si la France décidait de quitter l'UE, elle se fâcherait, non pas avec tous les pays, mais avec tous les dirigeants de l'UE.

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    2. Et ce, quelle que soit la façon dont elle procéderait (article 50 ou pas)

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  11. @ Moi

    Un très grand merci pour la référence à ce papier de Jacques Sapir, encore une fois remarquable

    @ Anonyme

    L’électorat ? Les classes populaires, les classes moyennes ; la France périphérique comme la partie plus popoulaire de la France métropolitaine ; des gens qui votent pour de vrais alternatives (la moitié des suffrages au premier tour des présidentielles) plus une partie de ceux qui votent pour les partis du système parce que les alternatives ne sont guère attirantes. Cela fait du monde.

    Peut-être plus difficile dans un premier temps de proposer une sortie pleine et immédiate de l’UE sans passer par l’article 50, mais je crois que l’avancée du débat public inverserait sans doute la situation. Je crois aux vertus du débat public, comme l’a montré 1992 ou encore 2005.

    MLP, bloquer l’UE ? Quelle blague. Elle a fait du Tsipras avant même le second tour, autant dire qu’après, cela aurait sans doute été pire qu’en Grèce…

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