Dans la série des angles morts de l’analyse de notre situation économique, la politique monétaire n’est pas la dernière. Parce que les médias oligarchistes, cosmopolites ou conservateurs, ne remettent pas en cause l’euro et la sortie du cadre démocratique de la politique monétaire, le sujet est ignoré. Le cas du Japon nous montre pourtant bien que c’est une des principales raisons des tensions actuelles.
Quand la BCE nous abandonne aux marchés
Malheureusement, ce questionnement est totalement absent de la sphère politico-médiatique dominante et est confinée à des recoins bien trop discrets. LFI fait largement l’impasse sur le sujet, préférant une posture tristement irréaliste et probablement malhonnête, de changement de l’intérieur. Le RN a largement abandonné la remise en question de l’UE en général, de l’euro et la politique monétaire en particulier. Toute la sphère médiatique de droite ignore largement ce sujet n’étant que des oligarchistes conservateurs, et non de vrais populistes, au sens noble du terme. Il est profondément révoltant pour une personne comme moi, persuadé du caractère profondément politique de la monnaie, de voir ce sujet si important largement ignoré du débat public, les rares bribes étant aussi incomplètes et biaisées que les interventions des banquiers centraux, reçus comme des oracles quasi-devins, et presque jamais questionnés.
Pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur la politique monétaire de la BCE depuis 2022. Non seulement, elle a remonté ses taux d’intérêt trop vite et trop forts. En moins de 18 mois, de mi-2022 à fin 2023, la BCE a monté son principal taux directeur de -0,5% à 4%, du fait du rebond de l’inflation, passée à 5% en 2022-23. Cette réaction s’est révélée excessive, comme on pouvait le prévoir. La forte hausse de l’inflation venait d’une explosion du prix de l’énergie, aussi excessive que temporaire, dont il était prévisible que la stabilisation, voir la baisse qui allait suivre, allait permettre une forte décrue de l’inflation juste après, dans un continent européen où les équilibres économiques restent profondément déflationnistes (fort chômage, austérité budgétaire, poids des importations peu limitées de pays à bas coûts). C’est pour cette raison que la BCE a été contrainte de baisser vite et fort les taux directeurs dès mi-2024, de 4 à 2%.
Problème : les taux ne sont qu’un aspect de la politique monétaire. Dans sa panique monétariste de l’année 2022, la BCE a aussi remis en cause un aspect trop peu connu de sa politique : la monétisation des dettes publiques. La sortie difficile de la crise de la zone euro, malgré des taux directeurs au plancher, a poussé les banques centrales à suivre l’exemple du Japon, et mener une politique de rachat de dettes publiques. C’est ainsi qu’environ un quart de notre dette publique a été détenue par la Banque de France. Cette politique a un double intérêt : non seulement elle pousse les taux auxquels nous empruntons vers le bas (en augmentant la demande), mais elle revient à se payer à nous-même les intérêts de notre dette, et non à des investisseurs. Avant 2022, les banques centrales européennes rachetaient des titres pour compenser ceux qui venaient à échéance, gardant un même volume de dettes publiques monétisées.
Progressivement, les banques centrales ont réduit leur rachat de titres, jusqu’à cesser complètement tout rachat début 2025. Ce choix explique pour une large part l’envolée des taux auxquels les pays empruntent : en revendant leurs titres, les banques centrales pèsent sur l’équilibre offre-demande, poussant les taux à la hausse. C’est ce qui explique la déconnexion entre l’évolution des taux courts et longs. Mais si les banques centrales appuient sur l’accélérateur avec la baisse des taux directeurs, la revente des dettes publiques est un coup sur le frein, un talon-pointe malhabile pour un continent où la croissance s’est effondrée après le rebond de 2022. Rien ne justifie ce choix alors que l’inflation est repassée à l’objectif de la BCE. Les banques centrales devraient a minima maintenir leur portefeuille de dettes publiques, d’autant plus que notre continent est victime des coups de boutoirs économiques des USA et de la Chine.
Ces choix posent de nombreux problèmes. Ils expliquent l’envolée des taux, et donc le renchérissement du service de la dette, qui pèse sur le financement des services publics. Et en propulsant les taux longs à des niveaux trop élevés, cela pèse sur une croissance qui n’en a pas besoin. Il est grand temps de questionner les choix de politiques monétaires des banques centrales.

La première affirmation fausse de votre message est que l'inflation de 2022-3 aurait été due aux prix de l'énergie.
RépondreSupprimerLe contre exemple le plus simple est le cas de l'Espagne et des Pays Bas, où l'énergie n'a pas du tout augmenté en 2022, mais l'inflation a été bel et bien présente.
Ceci parce que l'inflation trouve toujours sa source dans l'accroissement de la monnaie disponible pour la consommation, qui a gonflé en toute Europe suite aux "quoi qu'il en coûte" décidés en réaction à la grippe Covid (financement du chômage partiel, allocations aux entreprises, aides au restaurants et commerces...)
La deuxième affirmation fausse est que la Banque de France devrait acheter la dette de l'état.
L' article L-141-3 du statut de la Banque de France dit verbatim que "Il est interdit à la Banque de France d'autoriser des découverts ou d'accorder tout autre type de crédit au Trésor public ou à tout autre organisme ou entreprise publics. L'acquisition directe par la Banque de France de titres de leur dette est également interdite."
>le cas de l'Espagne et des Pays Bas, où l'énergie n'a pas du tout augmenté en 2022, mais l'inflation a été bel et bien présente.
Supprimer2€ ont été déposés sur votre compte par East Stratcom, le shill.
Dur de raconter des mensonges alors que recherche de chiffres est faisable par tout le monde.
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/pays-bas-l-inflation-depasse-10-pour-la-premiere-fois-depuis-1975-20220804
>l'Office central néerlandais des statistiques (CBS). «La hausse de l'inflation s'explique principalement par l'évolution des prix de l'énergie et des loyers des logements», a précisé l'Office.
>«L'énergie est actuellement un contributeur majeur à l'inflation globale», a rappelé le CBS. La progression des prix de l'énergie (électricité, gaz et chauffage urbain) était de 108%, contre 84% en juin.
Date: 4 août 2022
Quant à l'Espage:
https://www.europe1.fr/economie/pourquoi-le-prix-de-lenergie-va-baisser-en-espagne-et-au-portugal-et-pourquoi-pas-en-france-4111768
>Grâce à une dérogation de l'Union européenne, la péninsule ibérique va voir son prix de l'énergie chuter de manière importante. Bruxelles va en effet autoriser l'Espagne et le Portugal à fixer eux-mêmes le prix de l'électricité et du gaz. Une dérogation exceptionnelle valable un an à laquelle la France n'aura pas accès.
>tout simplement une dérogation de la part de l'Union européenne qui va permettre à l'Espagne et au Portugal de fixer eux-mêmes le prix de l'électricité et du gaz pour les ménages et l'industrie. Un mécanisme qui fait espérer à Madrid et Lisbonne une baisse de 25% à 30% sur la facture énergétique.
>Concrètement, pendant 12 mois, les deux Etats vont faire baisser le prix du gaz, ce qui leur permettra de produire de l'électricité moins chère. Et donc de réduire la facture pour les ménages et pour l'industrie qui a beaucoup souffert de la flambée des prix.
Date 17 mai 2022
Scheibe, der währung n'est pas neutre et n'est pas le seul composant impactant les prix.
@ Troll,
RépondreSupprimerComme d'habitude, vous racontez n'importe quoi :
- Oui, les prix de l'électricité domestique se sont bien envolés en Espagne : 0,1358 euro / kWh en juin 21, 0,2966 18 mois après... L'Espagne est ensuite sortie du mécanisme européen de fixation des prix, ce qui lui a donné un avantage compétitif
Source (je ne sais pas si vous savez ce que c'est, vous qui éructez des contre-vérités non vérifiées) : https://fr.countryeconomy.com/energie-et-environnement/electricite-prix-domestique/espagne
Sur le rachat des titres, si votre article est correct, cela n'empêche pas le rachat sur le marché secondaire et je vous renvoie au lien de mon affirmation, qui illustre mon point avec un article du Figaro qui décrivait comment la Banque de France avait fini par détenir plus d'un quart de notre dette publique
Vos chiffres sur les prix de l' énergie en Espagne sont fantaisistes.
RépondreSupprimerInstruisez vous sur le lien suivant:
https://www.energynomics.ro/en/spain-the-only-oecd-country-where-energy-prices-fell-in-2022/
Si, les règlements européens empêchent bel et bien la Banque de France de racheter de titres de dette étatique sur le marché secondaire de sa propre initiative
La Banque de France ne peut acheter de titres sur le marché secondaire que au nom et pour le compte de la BCE, et à la suite d'une décision de la BCE.
@ Troll
RépondreSupprimerMes chiffres ne sont en aucun cas fantaisistes : ils reflètent l’évolution des prix de l’électricité. Les vôtres, intéressants, sont sur le prix de l’énergie, au sens large, et l’article (intéressant), explique que la baisse du prix de l’énergie en Espagne vient du mécanisme de plafonnement du prix du gaz (le pays n’avait pas encore agi sur l’électricité). En outre, la baisse vaut de décembre 2021 à décembre 2022, avec le contexte très particulier d’une forte baisse de l’inflation en Espagne, qui passe de 6,6% en novembre 2022 à 5,7% en décembre. Il serait plus intéressant d’avoir une vue sur l’année complète 2022 par rapport à 2021.
Mais ce faisant, votre papier n’infirme aucunement ma thèse, à savoir qu’aussi forte soit-elle, l’inflation des prix de l’énergie, et notamment de l’électricité et du gaz, a provoqué un choc purement conjoncturel des prix, qui n’allait pas durer. Et ce n’est pas tellement la politique monétaire qui en est la cause, c’est le pseudo marché de l’énergie européen, avec son mécanisme délirant de fixation du prix de l’électricité, et les sanctions consécutives à la guerre en Ukraine.
Si la politique monétaire avait été la responsable, nous aurions eu une crise d’inflation au début des années 2000, quand la masse monétaire de la zone euro progresser d’environ 10% par an…
Comment les règlements européens pourraient empêcher le rachat sur le marché secondaire tout en le permettant : c’est un peu alambiqué comme raisonnement (outre le fait que vous changez de version par rapport au premier commentaire) ? Ces titres sont essentiellement au bilan de la Banque de France, et non pas de la BCE, suite à la volonté allemande de ne pas monétiser ensemble, mais de laisser chaque banque centrale racheter les titres, suite à une décision centrale de la BCE (des points que j’ai détaillé il y a longtemps).
herblay
RépondreSupprimerau début des années 2000 l'inflation s'est en effet manifestée dans le prix immobiliers .
Il n'y a rien d'alambiqué dans le fait avéré que les banques centrales nationales ont le droit d'acheter de titres de dette seulement sous ordre de la BCE
@ Troll
RépondreSupprimerSouvent troll varie :
- 1er commentaire : la Banque de France ne peut pas acheter la dette de l’état
- 2ème commentaire : elle ne peut pas le faire de sa propre initiative. Elle doit le faire au nom et pour le compte de la BCE
- 3ème commentaire : elles ont le droit d’acheter des titres de dette seulement sous ordre de la BCE
Il vous a donc fallu trois interventions pour finir par admettre la réalité. Bien sûr, c’est sous l’ordre de la BCE, ce que je n’ai jamais contesté (j’ai détaillé il y a 10 ans les négociations pour venir à cette situation). En revanche, cela signifie que la Banque de France peut acheter de la dette de l’état (contrairement à votre premier commentaire). Et cela signifie qu’elle peut le faire à son compte (et non au compte de la BCE, puisque la grande majorité des rachats sont faits au bilan des banques nationales, et non de celui de la BCE), contrairement à votre 2ème commentaire.
HERBLAY
RépondreSupprimerVous vous complaisez à pinailler pour mettre à défaut votre interlocuteur.
mais vous avez écrit, verbatim, : "Il est grand temps de questionner les choix de politiques monétaires des banques centrales."
Or, "LES banques centrales", en Europe, ne peut que faire référence aux banques centrales nationales, vu que de BCE il y en a une seule.
Et précisément, LES banque centrales nationales n'ont pas "les choix" que vous évoquez, du moment que c'est la BCE qui décide des achats de titres par les banques nationales.
Vous vivez sans doute encore dans un monde imaginaire où Paris décide de sa politique monétaire, mais ce n'est plus le cas, ne vous en déplaise, et toute analyse économique se doit de tenir compte de ce fait objectif
HERBLAY et d'autres
RépondreSupprimerSoutenir comme vous le faites, que les prix de l' énergie sont la cause racine de l'inflation, signifie confondre la cause avec l'effet.
le prix de l'électricité en France a connu son pic durant toute l'année 2024, avec 25,16 centimes du Kwh
Quant à l'inflation, d'après l'INSEE, l'IPCH a connu son pic autour de 7% dans la période qui va de septembre 2022 a mars 2023.
Alors une cause qui se produit un an et demi après son effet, c'est bien typique du monde imaginaire de Herblay et co.
@ Troll pinailleur
RépondreSupprimerQuand je parle de « questionner les choix de politiques monétaires des banques centrales », ce que je dis s’applique globalement, à toutes les banques centrales, pas uniquement dans la zone euro, ni même en Europe. Pour moi, la monnaie doit revenir dans le cadre démocratique.
En matière de coupage de cheveux en quatre, pas mal votre digression sur la BCE et les banques centrales, puisque les banques centrales de la zone euro siègent au conseil de la BCE… Et les gouverneurs des banques centrales de la zone euro ne semblent pas avoir des vues très différentes de celle de Christine Lagarde.
Je sais bien que Paris ne décide pas de sa politique monétaire : j’ai voté contre cela en septembre 1992. En quoi le fait que nous ne décidions plus de notre politique monétaire (point que j’ai souligné souvent) est en quoi que ce soit contradictoire avec ce que j’ai écrit.
Vraisemblablement, vous n’êtes pas très fort en mathématiques : ce n’est pas parce qu’il y a eu un pic du prix de l’électricité en 2024 que le pic d’inflation devrait être au même moment. C’est le pic d’accélération des prix de l’électricité qui détermine le pic d’inflation…
HERBLAY
Supprimerl'ennui avec votre théorie originale que les prix de l'énergie seraient la cause de l'inflation, est qu'elle est contredite par la réalité de beaucoup de pays
Prenons les USA:
prix moyen national de l'électricité en cent/KWh
2020 13,15
2021 13,66
2022 15,04
2023 16,00
2024 16,48
2025* 19,00
source https://nypost.com/2025/07/24/business/us-electricity-prices-continue-to-climb-under-trump/
donc fort augmentation continue
Inflation
2020 1,2
2021 4,7
2022 8,0
2023 4,1
2024 2,9
2025* 2,7
source FED de Minneapolis
https://www.minneapolisfed.org/about-us/monetary-policy/inflation-calculator/
donc pic en 2022 puis baisse depuis 3 ans
si les prix de l'énergie provoquaient l'inflation, à leur pic, ou à leur accélération, alors l'inflation US continuerait de s'accroître ou du moins resterait au niveau de 8% connu en 2022
Mais le faits sont têtus et vous prouvent que ce n'est pas l'énergie à avoir provoqué l'inflation, aux US comme en Europe, mais plutôt le "quoi qu'il en coûte" des milliards balancés lors de la grippe Covid, au public, qui les a dépensé en faisant flamber les prix, comme toujours se produit quand il y a excès de demande.
@ Anonyme
RépondreSupprimerJe parlais de l’UE, où il y a un problème spécifique de fixation du prix de l’électricité et de sanctions contre la Russie, et vous me répondez par les USA…
C’est un marché très différent des marchés européens, à de multiples égards. Le mix énergétique n’est pas du tout le même, puisqu’il repose bien davantage sur les hydrocarbures, que le pays produit en abondance. Le pays a plus de croissance que nous, son marché de l’emploi est en tension, bref, les mécanismes de formation de l’inflation sont assez différents des mécanismes européens. Je rappelle ici que le prix du kWh tarif bleu a doublé en France de 2018 à 2024.
En revanche, le pic d’inflation a des similitudes, par sa force et sa brieveté qui indique qu’il y a aussi une « profitflation », un effet d’aubaine de certaines entreprises qui en ont profité de la hausse de certains prix (énergie notamment) pour en rajouter.