La crise politique que notre pays traverse doit beaucoup à la politique de l’offre menée depuis la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy, accélérée par François Hollande à l’occasion du rapport Gallois, et amplifiée par Emmanuel Macron en 2017. C’est elle qui a créé cette impasse économique, qui nous coûte plus de 100 milliards par an, sans rien rapporter. Mais pourquoi ne marche-t-elle pas ?
Aussi dérisoire que doublement nocive
Mais plus de 15 ans après cette commission Attali, les résultats sont désastreux : loin d’attirer l’activité dans notre pays, notre déficit commercial n’a cessé de progresser. Le chômage reste à un niveau considérable, en dépit des manipulations statistiques de l’exécutif. Les 100 milliards d’euros par an mis sur la table par Macron, en comptant le mandat Hollande, sont passés par pertes et profits. Ils n’ont pas créé d’activité en plus. Ce faisant, nous nous retrouvons avec une des pires situations budgétaires de l’UE, avec la 4ème dégradation de la note de notre pays par FItch depuis 2012 et des taux qui montent. Pourtant, nos services publics manquent tristement de moyens, avec des hôpitaux en manque de lits, de médecins et de soignants, et une fonction publique maltraitée financièrement dans bien des domaines.
La première faille de cette politique, c’est qu’elle est négligeable. Même si 60 milliards ont été investis sous Hollande et Macron pour baisser le prix du travail autour du SMIC (par des exonérations de cotisations sociales part patronales), cela est dérisoire car même une baisse de 10% a peu d’effet quand les coûts sont 40% plus bas en Espagne et 70% plus bas en Roumanie. Nous ne pouvons pas gagner une seule usine malgré l’ampleur des sommes mises sur la table car nous partons de trop haut par rapport à des pays qui font partie du même espace que nous, et dont tous les produits peuvent venir chez nous sans la moindre barrière ou taxe. Pire, en contradiction avec la quête de compétitivité, nos normes sont parfois plus sévères que dans le reste de l’UE : nous sommes les seuls à vouloir interdire l’acétamipride par exemple…
La deuxième faille, c’est l’effet dépressif de cette politique. C’est bien parce que Hollande et Macron ont investi un total de 100 milliards par an pour être plus compétitif, que c’est l’austérité pour tous les autres : les chômeurs touchent moins d’allocations, les fonctionnaires voient leur point d’indice non revalorisé, les retraités ont subi une baisse de 10%, en réel, de leur pension. On remplace des postes de fonctionnaires mieux payés par des vacataires au statut et traitement plus bas. Mais tout ceci pèse sur la consommation, doublement : non seulement beaucoup de Français consomment moins, mais parce qu’ils ont perdu du pouvoir d’achat (le salaire médian a reculé de 21% depuis 2000), ils se tournent davantage vers des produits à bas coûts, souvent importés, creusant notre déficit et nous appauvrissant collectivement.
La troisième faille, c’est l’effet de cette politique sur l’offre d’emplois avec un chômage de masse. La quasi exonération de cotisations sociales sur les emplois au SMIC (6,9% contre plus de 45% au-delà de 2,5 SMICs), avec une demande d’emplois largement supérieure à l’offre, pousse l’offre vers le bas. Cela permet à l’État de recruter des enseignants à des salaires de misère, ou les entreprises de payer certains diplômés au SMIC. C’est la smicardisation du marché du travail, d’où la baisse du salaire médian de 21% depuis 2000. Pour couronner le tout, cela démultiplie le coût de la hausse des salaires au-dessus du SMIC : un salarié payé 1,5 SMIC coûte près de 2 fois plus cher qu’un salarié payé au SMIC par le jeu des exonérations. Les employeurs sont incités à garder des employés au SMIC et pas à les faire progresser.
La politique de l’offre est une des principales raisons du déclassement économique de notre pays (avec l’euro et un libre-échange totalement déraisonnable). Malgré un coût exorbitant, elle n’a eu presque aucun effet sur la création d’emplois, a paupérisé nos services publics et notre marché du travail, pesant directement sur notre croissance. C’est une des fautes majeures de l’UMPS que de l’avoir adoptée et d’y accrocher.
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