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samedi 7 novembre 2015

Sur les barrages, l’Europe atteint le comble de la bêtise

Au début, on pouvait croire à un mauvais poisson d’avril. Pour quelle raison les technocrates de Bruxelles pourraient-ils demander à la France de privatiser des barrages construits et entretenus par l’Etat ou par ses entreprises ? Quel pourrait être l’intérêt de les vendre à des intérêts privés ?



Des précédents inquiétants

Le Figaro rapporte que c’est François Fillon et Nicolas Sarkozy qui se seraient engagés auprès de l’UE à privatiser une partie des barrages, en contrepartie du maintien des tarifs réglementés de l’électricité. Déjà, on a du mal à comprendre le lien entre les deux, ni les techniques de négociation de l’ancienne majorité. Mais on peut malheureusement craindre que les choses ne se soient pas arrangées avec la nouvelle. Car il est tout de même fondamentalement absurde de privatiser de tels ouvrages collectifs. On voit bien, avec le cas des autoroutes, que la privatisation d’anciens services publics, n’aboutit qu’à créer une rentre lucrative pour des entreprises privées, avec des marges indécentes (près de 40% pour Vinci), et des destructions massives d’emplois : difficile de croiser un humain aux péages…

Dans presque tous les domaines, la privatisation des services publics n’apporte aucun bénéfice au public. Les éventuels gains de productivité ne viennent qu’enrichir des actionnaires qui n’ont aucune limite dans leurs demandes. La libéralisation des renseignements téléphoniques a provoqué une envolée des prix et n’a enrichi, temporairement, que les médias. De même, on voit bien que la libération du secteur de l’énergie ne pousse pas les prix à la baisse. Et la situation des Etats-Unis nous montre que la privatisation est synonyme de hausse de prix : l’éducation supérieure ou la santé, largement abandonnées au privé, coûtent beaucoup plus cher qu’en France. A contrario des mythes néolibéraux, le marché ne pousse pas toujours à une plus grande efficacité, comme le reconnaît même The Economist.

Entre lobbys et dogmatisme

dimanche 11 janvier 2015

Le sens de la hausse des tarifs du service public


Il y a quelques jours, de nombreux médias se sont émus de la hausse du prix de certains tarifs du secteur public ou para-public, le Monde titrant « pas de déflation pour les tarifs publics ». Mais, tristement, peu se posent la question des raisons de ces augmentations.



Pourquoi une telle inflation ?

A dire vrai, les médias mélangent des choux et des carottes, au point que le Monde en profite pour annoncer une hausse de son tarif de 10%, suite à la baisse de sa diffusion ! Elle est sans doute liée aux hausses de son prix et à un ciblage de plus en plus assumé sur les lecteurs les plus fortunés. Il ne s’agit pourtant pas d’un service public, même si l’Etat aide largement la presse. L’augmentation de 4 centimes des taxes sur le gazole sera largement compensée par la baisse récente du prix du baril et réduit un écart difficilement justifiable avec l’essence. Mais le ponpon est décerné à la Poste pour la hausse du prix du timbre, devant l’abonnement téléphonique d’Orange ou celle de la SNCF.

L’augmentation du prix du timbre vient en bonne partie de l’effondrement du volume du courrier et du recul moins rapide de sa couverture du territoire. Mais il ne faut non plus oublier les effets de la libéralisation de la distribution des colis, probablement plus rentable, qui elle, progresse. Bref, la partie la plus juteuse du chiffre d’affaire de la Poste a été ouverte à la concurrence, contrairement à la partie en chute. Pas étonnant que les tarifs du timbre s’envole. On peut aussi voir dans la hausse du prix de l’abonnement téléphonique d’Orange un effet de la libéralisation du marché. Quand à la SNCF, la crise joue sans doute un rôle, que la différenciation toujours plus grande des tarifs peut amplifier.

L’attaque contre le secteur public

mardi 10 septembre 2013

La libéralisation ubuesque des barrages


On peut supposer qu’il s’agit encore d’une des absurdités issues des règles européennes acceptées par Lionel Jospin et Jacques Chirac. Comme le titre Le Monde : « barrages : le gouvernement se range à la mise en concurrence ». Une nouvelle étape dans la liquidation du service public de l’énergie.



Une nouvelle aberration

La libéralisation du secteur de l’énergie produit une quantité d’absurdité incroyable. Tout d’abord, il faut découper le réseau de la production et la distribution (RTE et RFF pour l’électricité et le transport ferroviaire) pour permettre l’entrée de nouveaux acteurs. Ensuite, il faut mettre en place une autorité pour gérer les liens avec le gestionnaire du réseau et les différentes entreprises. Tout ceci multiplie les coûts et aboutit, comme on le voit bien en France, à une explosion des tarifs, totalement injustifiée quand on se penche un peu sérieusement sur les comptes d’EDF.

Mais là, on atteint un nouveau degré dans l’absurde avec le renouvellement des concessions des barrages. Aujourd’hui, elles sont majoritairement confiées à EDF et GDF, et il semble normal que de tels ouvrages, construits par la puissance publique, restent dans la sphère publique. Bien sûr, les défenseurs de la libéralisation (comme le Monde, décidemment peu porté à la nuance ces derniers temps) soutiennent que cela serait le moyen de tripler les recettes de l’Etat. Mais en augmentant les redevances, cela réduirait les profits d’EDF et donc les dividendes que l’entreprise verse à l’Etat…

La création de nouvelles rentes privées

samedi 15 juin 2013

Train, avion : derrière les grèves, le démantèlement des services publics de l’UE


On n’en a sans doute pas assez parlé, mais les grèves de la SNCF et des contrôleurs aériens avaient la même cause : les projets de déréglementation voulus par l’Union Européenne. Les grévistes refusent, à raison, le démantèlement artificiel et dogmatique des services publics.



Une logique de petits pas

La manière dont avance cette construction européenne est fondamentalement sournoise. Elle fuit les votes populaires qui exposent ses projets sous une lumière trop crue. Elle préfère avancer petit à petit, de manière technique, sur des périodes longues, comme pour le démantèlement du service public ferroviaire. Le texte contre lequel les grévistes protestaient est le 4ème paquet ferroviaire. Un précédent paquet nous a déjà imposé l’ubuesque coupure en deux de la SNCF, qui a enfanté RFF (Réseau Ferré de France). L’objectif est encore une fois de mettre en concurrence le transport ferroviaire.

Par conséquent, il faut séparer la gestion du réseau de la gestion du transport. Cela a été fait en partie, mais le nouveau projet doit permettre de le faire en totalité puisque 50 000 salariés de la SNCF seraient transférés vers RFF qui gèrerait intégralement le réseau, imposant la constitution d’une 3ème entité pour superviser les rapports entre RFF et les entreprises qui utiliseraient son réseau. C’est la même logique qui est à l’œuvre pour l’électricité avec EDF, ERDF et RTE. L’objectif de la Commission Européenne : ouvrir les lignes intérieures (TER et Intercités) à la concurrence à partir de 2019.

Les contrôleurs aériens protestaient pour des raisons similaires. En effet, avec le projet Ciel unique 2+, la Commission « veut unifier la navigation aérienne entre les différents pays européens, en créant six blocs aériens, qui fonctionneraient notamment avec un système informatique commun ». Une des idées serait de couper en 3 l’actuelle direction générale de l’aviation civile, avec possibilité d’en externaliser une partie et de la soumettre à la concurrence. La CGT dénonce « l’attaque directe contre le caractère de service public de ce secteur d’activité » et « l’atteinte à la souveraineté nationale ».

Des projets révoltants

jeudi 22 novembre 2012

Quand l’Etat abandonne la santé


La semaine dernière, les médecins libéraux et les internes ont manifesté à Paris après avoir déclenché un mouvement de grèves auquel ils ont mis fin vendredi dernier. Si certains n’y voient qu’un mouvement de protestation de personnes qui seraient favorisées, la réalité est bien différente.

Remise en perspective

Il y a fort à parier que le gouvernement a décidé de déclencher une guerre politicienne en s’en prenant aux dépassements d’honoraire, dans la logique bien sarkozyste qui consiste à trouver un bouc-émissaire (les 35 heures, mai 68, les juges) et poser le débat dans un sens qui lui soit plus favorable. La cible est commode : de riches médecins qui se font payer parfois 3 à 4 fois plus que le plafond de la Sécurité Sociale. Le parfait bouc-émissaire pour étouffer un débat plus vaste.

Bien sûr, il y a des abus à traiter. Mais si le dépassement moyen par acte atteint 14,8 euros à Paris, 8 euros à Lyon, il n’est que de 2,1 euros à Bordeaux ou 1,5 euros à Toulouse. Bref, il s’agit d’un phénomène très concentré. Et il faut rappeler deux choses : la plupart des actes médicaux ont été très peu revalorisés (une appendicite est remboursée 190 euros, 30 de plus qu’en 1992). En outre, l’ensemble des dépassements représente 2,4 milliards d’euros, soit 1,3% des dépenses de santé.

Bien sûr, les revenus des médecins sont élevés, mais outre le fait qu’ils n’ont pas progressé (contrairement à beaucoup de professions CSP+ : finance, avocats…) les comparaisons internationales démontrent que les médecins français ne sont pas spécialement bien traités (notamment les généralistes). En outre, leurs salaires ne sont pas délirants étant donnés la durée extrêmement longue des études, le niveau des charges (près de 50% des revenus) ou l’implication demandée.

Enfin, il ne faut pas oublier que les médecins ne sont pas opposés à des mécanismes de régulation, mais à condition que les tarifs du secteur 1 soient revus, ce qui serait la moindre des choses. Le Bloc, qui a été en pointe de ce mouvement, a fait des propositions équilibrées à la ministre. Il faut également noter que les médecins s’opposent également à la réforme du mécanisme de sanction, qui donnerait la main à l’administration, en en excluant les professionnels de santé.

Selon que vous êtes puissants…

dimanche 9 septembre 2012

Faut-il interdire les caisses automatiques des supermarchés ?


Dans son dernier livre, Joseph Stiglitz affirme « qu’il est curieux qu’à une époque où le chômage est si élevé, les supermarchés remplacent les caissiers par des caisses automatiques ». La remarque du « prix Nobel d’économie » amène à se poser la question de l’interdiction de ces caisses automatiques.

Une brèche importante dans la guerre contre le chômage

L’emploi est la mère de toutes les batailles. Il est essentiel de pouvoir trouver un emploi de manière à s’insérer dans la société. Le chômage de masse déstructure la société et provoque de véritables drames humains, désocialisant les personnes qui y restent trop longtemps. Cette urgence de la bataille contre le chômage n’a pas été suffisamment saisie et les derniers chiffres du chômage montre une détérioration inquiétante de la situation de l’économie.

Mais alors que le cap des trois millions chômeurs est passé, la grande distribution poursuit l’automatisation des caisses de ses magasins. Cette automatisation permet de réduire de manière importante les coûts des supermarchés en supprimant des emplois de caissières. Mais cette évolution technologique pèse et va peser fortement sur les chiffres du chômage dans les prochaines années, à un moment où la France aurait pourtant besoin de protéger ses emplois.

Faut-il s’opposer à ce progrès technologique ? Après tout, il y a quelques années, des pompistes servaient aux stations-service et nous nous sommes habitués au libre-service, comme dans le commerce alimentaire. Ces évolutions ont permis des gains de productivité importants. En outre, on peut argumenter que ce sont des emplois moins qualifiés, qui ne sont pas forcément les emplois sur lesquels il faut se battre. Et surtout, mettre un frein à une telle évolution représente un frein à la liberté.

L’Etat doit-il agir ?

samedi 22 octobre 2011

Pourquoi la libéralisation fait monter les prix


Il y a une dizaine d’années, on nous vendait la libéralisation des services publics comme un moyen de faire baisser les prix. Mais depuis, on constate qu’au contraire, les prix ont largement tendance à progresser, démontant l’argument principal des tenants du recul de l’Etat.

Un problème d’économie d’échelle

Il ne s’agit pas de remplacer un dogmatisme par un autre. Si la libéralisation n’est pas la solution dans bien des domaines, tout ne relève pas non plus du service public. Et si le marché a ses imperfections, l’Etat les a également. Néanmoins, pour de nombreux secteurs économiques, il est plus pertinent de les conserver dans le giron de l’Etat. C’est le cas pour les « monopoles naturels », les secteurs qui nécessitent d’énormes investissements qui conduisent à des oligopoles.