mercredi 6 février 2013

Elkkabach et le gouvernement, valets de la mondialisation


Hier, Europe 1 a délocalisé sa matinale à Aulnay pour une émission spéciale sur les plans sociaux, qui pullulent en ce moment : Pétroplus, Goodyear, Renault, PSA. Jean-Pierre Elkabbach s’est illustré dans une défense sans nuance de la mondialisation, que même Arnaud Montebourg ne critique plus.

Le missionnaire de la mondialisation

L’interview du dinosaure de l’interview politique était incroyable. Il a commencé en parlant des « trois stars du syndicalisme de combat pour des industries mises à mal par l’inaptation à la compétition européenne et mondiale ». D’abord, on ne voit pas bien l’intérêt d’employer le terme « star », ensuite, présenter le débat de la sorte revient à le refuser, exactement ce qu’il a reproché ensuite aux syndicalistes d’Arcelor-Mittal et Goodyear, qui ont été bien patients devant ces réflexions...

Jean-Pierre Elkabbach a aussi avancé qu’Arnaud Montebourg « a compris qu’il n’y a pas grand chose à faire en dehors des plans de la direction de Peugeot ». Face au syndicaliste d’Arcelor-Mittal, il s’est contenté de dire qu’il « y a une mondialisation, une transformation des habitudes, des comportements ». En revanche, quand celui-ci lui a dit que si on suivait sa logique, alors « on ferme la boutique France et on part tous ailleurs, y compris vous les journalistes », alors là, il a dit qu’il n’en était pas question. Si la protection ne vaut pas pour les ouvriers, elle semble l’intéresser pour les journalistes…

Naturellement, il a évoqué le fait que les usines d’Aulnay et d’Amiens ne tournent qu’à 15% de leur capacité. Mais non seulement il a oublié de dire que l’usine PSA est plombée par l’effondrement de la demande du marché européen suite à la crise de la zone euro. Mais le représentant syndical de Goodyear a rappelé que la production européenne de l’entreprise est stable, ce qui signifie que la baisse de la production est en réalité un transfert vers des sites où le coût de production est inférieur. Si le site n’est pas rentable aujourd’hui, c’est parce que Goodyear a fait en sorte qu’il ne le soit plus…

Le gouvernement aux abonnés absents

Les syndicalistes ont parfaitement souligné la logique mortifère de cette course sans fin au moins-disant social et salarial en avertissant que toutes nos usines risquaient de mettre la clé sous la porte. Mais, ils en sont encore à invoquer plus d’Europe (salaire minimum) pour venir à bout de nos problèmes, comme s’ils n’avaient pas compris que les trente dernières années d’intégration étaient toutes allées dans un sens contraire au progrès social en ne suivant qu’un agenda de dérégulation…


Face à cela, le gouvernement donne de moins en moins le change. Jean-Marc Ayrault s’est montré pessimiste sur Pétroplus même si une offre a été finalement déposée. Bref, le doute persiste sur son maintien, alors que le pays importe de plus en plus. Même Arnaud Montebourg s’est fait fataliste sur le site d’Aulnay, admettant qu’il n’y avait pas d’autres solutions aujourd’hui que de le fermer, se contentant d’incriminer la mauvaise stratégie de PSA et son manque de transparence.

Le différentiel de traitement entre Renault et PSA est d’une hypocrisie redoutable. Tout d’abord, le ministre de l’effondrement productif ne peut ignorer que le marché automobile européen s’est effondré de plus de 20% en quatre ans. En outre, il feint également de ne pas savoir qu’alors que PSA a conservé environ 40% de sa production dans l’hexagone, quand Renault n’y produit plus qu’un quart de ses véhicules et que cet écart explique malheureusement en partie l’écart de compétitivité entre les deux. En outre, les plans sociaux des deux groupes sont de taille tristement comparable.

Bref, face à la mondialisation, Jean-Pierre Elkabbach et le gouvernement expliquent que l’on ne peut rien faire pour les plus de 1000 usines fermées depuis 2009. En ignorant, comme Lionel Jospin ou Nicolas Sarkozy, les solutions protectionnistes, ils méritent le même destin : la porte !

13 commentaires:

  1. Merci pour cet article, Laurent.

    J'ai écouté cet entretien hier et j'étais furieux du comportement d'Elkabbach. Le fatalisme, le défaitisme, la défense absurde des licenciements, des "efforts" et de la mondialisation... il a agi en véritable militant, sans aucune nuance et sans aucun recul.

    Il était bien plus agressif et arrogant face à ces syndicalistes que lorsqu'il est confronté à des hommes politiques. On était pas loin d'une forme de haine de classe...

    Pour ce qui concerne le discours des invités : s'ils analysent bien la situation (comme Mickaël Wamen de Goodyear) en dénonçant les délocalisations à l'intérieur de l'UE, ils refusent toujours d'envisager des solutions nationales. À nous de leur montrer que l'idée d'un SMIC européen est pour l'heure une vue de l'esprit et que pour prendre des décisions efficaces, il faut d'abord s'appuyer sur des réalités...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous avez raison il s'agit bien d'une forme de haine de classe, qui ne va probablement pas tarder à devenir réciproque. Elkabbach commence sans doute aussi à s'inquiéter au fond de lui-même devant les résultats de ce qu'il présente comme le seul comportement possible et la peur rend méchant, c'est bien connu.

      Sancelrien

      Supprimer
  2. Je crois que le mieux est de ne plus parler ni écrire sur ces gens cela leur fait de la réclame car de toute façon et cela explose dans les sondages plus personne n'a confiance en ce genre de personnage son agressivité et celle de ses congénères vient de la !
    Et contrairement a vous je crois effectivement que le plafond de verre du FN a sauté (voir BA) ; je ne crois pas que nous pourrons nous débarrasser de ces ordures sans celui ci

    RépondreSupprimer
  3. Elkkabach (et bien d'autres) n'est malheureusement pas un dinosaure sinon il aurait disparut depuis longtemps.
    C'est juste un parasite nuisible.

    Pour le reste... et bien un jour ça va péter... et ce jour là approche en grand pas. Et ces gens là, il faudra les raccourcir pour le bien de tous !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Etant contre la peine de mort je pense que ce serait plus pédagogique de les condamner à ne vivre qu'avec le Smic ou le RSA pour le reste de leurs jours.

      Supprimer
  4. Jean Pierre Elkabach n'est qu'un des nombreux chiens de garde de l'oligarchie libérale et européiste de toute la classe médiatique comme pour ne citer que les plus célèbres Franz-Olivier Giesbert et Christophe Barbier!

    RépondreSupprimer
  5. Malheureusement il y a beaucoup plus de français à écouter RTL, Europe 1 et RMC qu 'à lire les billets de Laurent Pinsolle ! et c'est là le drame, les médias.
    En ce qui concerne Marine Le Pen, regardez son intervention au parlement européen en réponse au discours de Hollande, mais là les médias n'en parlent pas.

    RépondreSupprimer
  6. Y a quand même un problème dans le modèle argentin présenté comme une réussite et qui annonce une inflation 2 fois moins que réelle :

    "Comme expliqué dans l'étude présentée dans cet article, si le déflateur du PIB, permettant de passer du PIB nominal au PIB réel (et donc d'estimer la croissance réelle) est lui aussi sous-estimé comme peut l'être l'inflation, alors la croissance réelle pourrait être sur-estimée de près de 10 points ! On comprend mieux maintenant l'intérêt de virer les statisticiens et de menacer les économistes..."

    http://www.captaineconomics.fr/actualite-economique/item/278-argentine-inflation-officielle-reelle-croissance

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/02/04/le-fmi-somme-l-argentine-de-corriger-ses-statistiques-truquees_1826635_3234.html

    RépondreSupprimer
  7. Hors sujet mais peut-être dedans quand même : il me semble que à part Laurent et H16, le blogueurs "significatifs" s'arrêtent ou se mettent en sommeil les uns après les autres ; on dirait des animaux avant l'orage. Ils sentent confusément qu'il va se passer quelque chose, ils ne savent pas quoi mais ils sentent que c'est dangereux et ils attendent. Des gens il n'y a pas si longtemps très "productifs" ne "postent" plus qu'une ou deux fois par mois quand ils n'arrêtent pas complètement. Et pourtant, à la vitesse où vont les choses !

    Je ressens cette même peur informulée chez des amis que je connais et qui me connaissent depuis longtemps : la gêne et le refus embarrassé d'aborder le moindre sujet non trivial. L'un d'eux a eu le courage de cette phrase magnifique : "Aujourd'hui on n'ose même pas dire ce qu'on pense à sa propre famille !".

    Je ne connais pas de symptôme plus inquiétant de ce qui se prépare.

    Sancelrien

    RépondreSupprimer
  8. En ce temps-là, dans un pays dont le roi avait pour nom une origine fromagère, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Le roi régnait, son Premier ministre construisait des pistes pour les nouveaux aéronefs de son domaine privé et ses ministres vaquaient à leurs occupations quotidiennes : l'un déplorait la fermeture des fabriques de son cher pays,versant
    à l'occasion moult larmes devant les gueux, qui pouvaient les voir, un autre s'enorgueillissait des progrès de la société qui étaient "si for-midables" (ce sont ses mots)et le troisième trouvait la situation économique plutôt rassurante
    "dans sa phase de redressement après quelque agitation des courtiers de la place" disait-il. Bien entendu, la cour était présente du lever au coucher du solei, avide de bienfaits, et les ménestrels, jamais à court de compliments, chantaient ad libitum les mérites du bon roi.

    Bref, tout allait pour le mieux et les jours s'écoulaient lentement dans la douceur ouatée du château où ne parvenaient jamais les cris si vulgaires et les injures obscènes des manants du village.

    Vous aimeriez savoir comment se termine l'histoire, mais il vous faudra attendre quelques lunes encore pour en connaître l'issue.

    Mon Dieu, dit le roi épuisé par ses bien lourdes charges, il faudra bien que je rencontre enfin mon cousin, l'Empereur de Germanie, pour décider avec lui de renforcer nos liens dans le commerce et la finance. Faisons-le, mais dans le plus grand secret. Mes sujets sont si sots qu'ils n'y comprennent goutte et je suis bien aise d'être de droit divin, sans quoi j'aurais fort à craindre qu'ils ne me choisissent pas.

    RépondreSupprimer
  9. @ BA

    En même temps, cela fait 20 ans que le Monde annonce cette banalisation. Quand on regarde le détail de l’étude, on constate que 32% des Français déclarent être tout à fait d’accord ou assez d’accord avec les idées du FN, soit le même score qu’en… octobre 1991 ! On est revenu à un étiage élevé, ni plus, ni moins. Certes, en revanche, le FN fait moins peur mais c’est logique, avec l’habitude mais aussi MLP qui fait moins peur que son père. Au global, je trouve que cette enquête démontre au contraire que le plafond de verre est extrêmement solide.

    @ Yohann

    Bien d’accord. Dommage qu’il ne leur ait pas demandé que faire s’il n’y a pas d’harmonisation européenne.

    @ Sancelrien

    En effet, cela confinait à cela. Pas d’accord sur le FN, cf % d’accord avec les idées, le même qu’en 1991.

    Je crois que beaucoup sont perdus. Les blogueurs de gauche ont du mal à défendre un gouvernement qui suit trop souvent son prédécesseur sur les questions économiques…

    @ Cording

    Bien d’accord

    @ Anonyme

    Oui, mais les Français ne suivent pas les grands médias quand ils le veulent (cf 2005)

    @ Olaf

    Bien sûr, il y a des limites au modèle argentin, même si, au global, le bilan reste positif :

    http://www.gaullistelibre.com/2012/08/la-faille-du-modele-argentin.html

    RépondreSupprimer
  10. Le soir du 10 mai 1981, lorsque un orage s'est déversé sur Paris, le "peuple de gauche" qui fêtait l'élection de François Mitterrand à la Bastille s'est mis à crier ironiquement « Elkabbach à la météo !»

    La disgrâce d'Elkabbach (viré de la direction de l'information d'Antenne 2 pour giscardisme militant) n'aura pas duré bien longtemps. Plus de 30 ans après, il continue de répandre son fiel sur Europe 1.

    RépondreSupprimer
  11. @ Marc Antoine,

    Il serait temps qu'il parte à la retraite !

    RépondreSupprimer