samedi 27 juillet 2013

Patrick Artus révèle le défaut à venir d’une partie des Etats de la zone euro


C’est un secret de polichinelle. Mais quand on constate l’envolée du niveau de la dette publique de la plupart des Etats de la zone euro, il devient chaque jour plus évident qu’un défaut au moins partiel est inévitable, comme l’explique Patrick Artus, même si d’autres options existent.



Vers un défaut des dettes souveraines

Le directeur de la recherche économique de Natixis est un économiste important. En effet, il est à la frontière des économistes bien-pensants et des économistes alternatifs. S’il défend toujours la monnaie unique, il ne cesse d’en souligner toutes les carences. S’il reste partisan du libre-échange, il n’hésite pas à pointer tous les risques que fait peser la mondialisation sur nos sociétés. Et il apporte suffisamment d’eau au moulin des analyses des économistes alternatifs pour être repris par Jacques Sapir et d’autres, notamment au travers de ses publications Flash pour Natixis, une mine d’informations.

Dans un entretien accordé à la Tribune, il dit être « persuadé qu’un défaut est inévitable pour les pays les plus vulnérables de la zone euro. Cela ne signifie pas un défaut violent où l’on décide du jour au lendemain de ne rien rembourser. Cela peut consister en une restructuration par un échange de titres à un taux plus bas ou avec une maturité plus longue. Ce qui correspond de plus en plus à l’analyse qui est faite par le FMI et les Allemands ». Pour lui, « aucun des pays en difficulté ne pourra raisonnablement atteindre un excédent primaire, c’est-à-dire l’excédent budgétaire hors coût des intérêts ».

Il souligne que pour l’instant, nous ne sommes pas prêts car les pertes que cela infligerait au secteur bancaire imposeraient une recapitalisation. Il rappelle que le FMI a affirmé que le cas de la Grèce montre qu’il vaut mieux « faire défaut au lieu de laisser la situation se dégrader ». Il pointe les risques à Chypre, au Portugal, en Irlande et rappelle que la situation actuelle fait fuir les jeunes, qui n’assument plus alors la dette qui reste. Il dénonce les politiques de suppression des dépenses publiques et d’augmentations des impôts qui n’aboutissent qu’à tuer le potentiel de croissance.

Une situation intenable

En effet, on constate depuis trois ans que les politiques menées ne marchent pas : la zone euro devrait afficher son 7ème trimestre d’affilé de baisse du PIB (ce qui fait monter le stock de dette en proportion) et la baisse des déficits est rendue particulièrement difficile de ce fait, ce qui accentue encore l’envolée de la dette. Patrick Artus a raison de dire que le niveau actuel d’endettement de plusieurs pays européens n’est pas tenable : la Grèce subit une dette de 160% de son PIB (malgré 107 milliards d’allègement, environ 55%), l’Italie, de 130%, le Portugal 127%, l’Irlande 125%.

Mais on pourrait également ajouter que cette restructuration des dettes publiques n’est que justice. En effet, il y a quelque chose d’anormal à ce que ceux qui financent les Etats en difficulté bénéficient à la fois des taux d’intérêts plus élevés des dettes souveraines de ces Etats tout en bénéficiant de facto de la garantie que donnent les fonds européens pour les rembourser. Ce faisant, ils touchent la prime de risques sans assumer ces risques. Un défaut partiel et organisé peut donc être considéré comme plus juste que les politiques actuelles, comme je l’écrivais déjà en novembre 2010.

Enfin, il omet d’évoquer une solution moins douloureuse, mais qui pourrait être couplée à une restructuration des dettes publiques, à savoir la monétisation des dettes publiques par la banque centrale, façon de faire moins douloureuse. Certes, cela n’est pas permis par les traités européens dans le cadre de la monnaie unique et nécessiterait sans doute d’en sortir. Mais la banque centrale d’Angleterre a monétisé pour 375 milliards de livres de dettes publiques, soit environ 6% du PIB par an. Et le Japon va beaucoup plus loin en poussant le curseur à plus de 10% du PIB par an pour deux ans.

Patrick Artus a bien raison de dire que dans le cadre actuel, plusieurs pays de la zone euro auront besoin de faire défaut sur leur dette publique. Et finalement, cela est sans doute plus juste que les plans européens. Mais il est dommage qu’il élude l’option de la monétisation de la dette par la banque centrale.

14 commentaires:

  1. Je crois qu'il est vain d'utiliser des raisonnements d’économistes pour la monnaie unique ; une monnaie n'est qu'un outil mais celle ci n'est pas celui qu'on pense mais bien un outil d’intégration dans l'ue et de disparition des nations d'ailleurs J Attali l'avoue la dessus je veux le croire . C'est pourquoi les morbacs qui vivent de l'ue la défendrons jusqu'au bout c'est un symbole celui ci s'effondrant l'ue suit

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    1. Edmond de Rothschild (1926-1997) : « Les structures économiques vont suivre la même évolution que les structures politiques. Dans ce dernier domaine, l’Europe de l’Ouest – c’est-à-dire les six pays du Marché Commun plus la Grande Bretagne, peut-être l’Irlande et les pays scandinaves selon des modalités à définir – vont constituer une Europe politique fédérale. Mais parce que chaque individu éprouve le besoin de se situer dans un milieu restreint, il s’identifiera à une province, que ce soit le Wurtemberg ou la Savoie, la Bretagne, l’Alsace-Lorraine ou le pays Wallon. Dans ces conditions, la structure qui va disparaître, le verrou qui doit sauter, c’est la nation parce qu’elle est inadaptée au monde moderne : tantôt trop petite, tantôt trop grande (1). »
      « Quand un Rothschild plaide le dossier des PME », Entreprise, 18 juillet 1970, page 64.

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    2. Il y aurait donc une taille idéale, pour ne pas dire optimale en jargon économique contemporaine.
      Un grand bravo à ce Monsieur pour avoir découvert une loi d'airain de l'économie politique.

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  2. Malgré tous ses efforts , la Belgique va passer au-dessus des 100%!

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  3. A mon avis aujourd'hui compte tenu à la fois des faibles taux de croissance, qui sont même en fait des récessions, et des situations d'endettement énorme des États, un système économique et monétaire viable dans une longue période de temps est un système monétaire où les banques ne financent plus du tout les États. Ça devrait être à la banque centrale de faire ce financement en mettant des gardes-fous pour éviter des crises d'inflation exagérée ou d'hyperinflation.

    Pour ce qui est de la problématique particulière à la zone euro, on risque d'être confronté au pire des scénarios, à savoir la prise en charge, dans un premier temps, du maintien à tout prix de l’euro, puis de son explosion, dans un second temps, dont le coût sera aggravé par ladite stratégie de maintien à tout prix qui est d'abord faite et qui risque d'échouer. Il y a déjà des dizaines de milliards d'euros d'engagements pris la France pour la Grèce seule.

    http://www.bfmtv.com/economie/grece-un-risque-financier-france-388010.html

    Qu'est-ce qui garanti que la Grèce et d'autres pays en difficulté de la zone euro ne se mettront jamais en défaut sans demander leurs avis à leurs partenaires. Qu'est-ce qui garanti que le cas de défaut coopératif de Patrick Artus :« Cela peut consister en une restructuration par un échange de titres à un taux plus bas ou avec une maturité plus longue » sera celui appliqué ? Même dans le cas de ce défaut coopératif il signale «  Il faut aussi prendre en compte le fait que les banques sont d'énormes détenteurs de dette publique. Pour qu'il y ait un défaut organisé, il faut prévoir avant une recapitalisation des banques. Or, le MES n'est pas prêt. Donc pour l'heure, un défaut signifierait automatiquement une crise bancaire. »

    La Grèce vient d'adopter d'urgence une loi pour s'assurer des prêts UE-FMI. Ont voté pour cette loi les parlementaires des deux partis au pouvoir. Ont voté contre tous les autres parlementaires.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/26/la-grece-adopte-en-urgence-une-loi-pour-s-assurer-des-prets-ue-fmi_3453915_3234.html

    Qu'adviendra-t-il du remboursement des prêts accordés à la Grèce si les « autres »arrivent un jour au pouvoir du fait de difficultés économiques et sociales persistantes dans ce pays? Même question pour les autres pays en difficulté : Chypre, Portugal, Espagne, Italie, Irlande, etc. Quel pourrait être le coût pour la France au total de plusieurs défauts de pays de la zone euro ? Comment le système bancaire français va pouvoir survivre à ces défauts de pays qui ne peuvent plus avoir un excédent primaire suffisant pour arrêter la progression de leur endettement en pourcentage de leur PIB.

    Saul

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    1. Ce qui est certain, c'est que ceux qui prospèrent grâce à l'UE vendront chèrement leur peau et que, dans tous les cas, j'en prends le pari, ce seront toujours les mêmes qui "trinqueront" et qui paieront. Seuls des événements, qui ne seront pas de l'ordre "normal" des choses, sont susceptibles de modifier le cours de leur évolution. Sans vouloir porter un jugement de valeur et en restant objectifs, nous avons tous noté que les peuples étaient résignés et étonnamment passifs face à la violence des politiques austéritaires liberticides.

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  4. Même en faisant défaut, cela ne changerait probablement pas grand chose pour les pays comme la Grèce dont la dette a été à plusieurs reprises restructurée ( des défauts partiels ont donc déjà eu lieu !) même si cela serait assez juste du point de vue des créanciers, qui ont prêté des liquidités à des taux exorbitants à des pays peu fiables ( Grèce), et qui crient à présent au scandale. Le vrai problème n'est pas tellement le montant de la dette, mais à mon sens surtout un manque de compétitivité : tant que la Grèce aura toujours aussi peu de recettes fiscales, les restructurations sont inutiles.
    La monétisation est intéressante à la fois parce qu'elle fait de l'inflation et parce qu'elle relance la demande ( aux Etats-Unis, elle a permis de lutter contre la destruction de monnaie engendrée par le désendettement des ménages), c'est de ça que la Grèce a besoin ! ... seulement pour ça, c'est toujours le même problème il faut dénoncer les traités ...
    Cordialement
    Antoine

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    1. Le défaut ou restructuration partielle de la dette privée grecque a été totalement insuffisante (juste pour éviter le naufrage par peur d'un précédent). Le défaut doit être sur la totalité de la dette publique accompagnée d'une sortie de l'euro et d'une dévaluation approprié dont Jacques Sapir a calculé le montant nécessaire selon le pays. Comme son scénario de dissolution concertée de la zone euro n'aura pas lieu parce que les dirigeants de l'UE "la troïka" FMI-BCE-UE sous la férule allemande et des commissaires européens ne sait faire que du trop peu et trop tard et parce que c'est tous les pays en difficulté qui devront suivre le chemin énoncé par Artus et Sapir ce qui risque de mettre en péril tout le système bancaire européen étant donné l'importance des créances irrécouvrables.
      Le scénario de Sapir que vous pouvez lire sur son blog "russeurope@hypothèses.org permet un retour conséquent de la croissance et de la compétitivité par un réalignement de toutes les parités des nouvelles monnaies nationales par dévaluation des uns et réévaluation des autres.

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  5. @Laurent Pinsolle,
    franchement, je suis exaspéré par ce type de personnage: un pied dehors, un pied dedans, c'est trop facile! Comme on dit souvent dans les partis de gauche que je fréquentais naguère, "Choisis ton camp, camarade!".
    Voilà un homme qui fait le constat que tout ce en quoi il a cru pendant des décennies est en train d'échouer: qu'est-ce qu'il espère que le maintien de l'euro va donner? Un miracle?
    Nous avons besoin de gens comme lui qui arrive à crier à la face du monde: "Oui, je me suis trompé tout ce temps-là!", plutôt que de louvoyer en disant que l'euro a des tares, qu'il est loin d'être parfait mais que malgré tout, il faut le garder. Vous le dites vous-mêmes, Laurent: c'est une position intenable...
    J'attends donc le jour où Patrick Artus tirera les conséquences de ses analyses sur les méfaits du libre-échange et de l'euro. Pour le moment, il va à la soupe car il travaille pour des banques, mais attendons qu'il prenne sa retraite pour voir ce qu'il a vraiment à dire, car pour le moment, il sert plus à enfumer les médias, et surtout à désespérer les adversaires de l'UE et du libre-échange en préemptant et en reprenant à son compte leurs critiques. Bref, c'est un de mes adversaires les plus redoutables car sournois.

    CVT

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  6. Je me demande si ces chiffres de croissance ne sortent pas de chapeau ; la Chine qui prétend être a 7,7% serait plutôt a 4% si nous regardons les cours du zinc ou de l'acier ; celle ci représente env 40% de la demande ( c'est un exemple)

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  7. @ Patrice

    Très juste. Cela ne doit être qu’un outil.

    @ Saul

    Totalement d’accord. Il est très juste que rien n’impose à la Grèce un défaut ordonné. Après être revenu à un excédent primaire, Athènes peut faire un défaut complet et désordonné.

    Très juste sur la croissance. Cela se voit dès la décennie 2000.

    @ Démos

    Très juste. C’est exactement ce que fait la BCE.

    @ Antoine

    Si car le pays devrait atteindre cette année l’excédent primaire, donc, s’ils font défaut, pas besoin de plan d’austérité… Et avec de la monétisation, ils peuvent retrouver des marges de manœuvre. Bien d’accord sur la monétisation.

    @ Anonyme

    Merci pour le lien.

    @ CVT

    Pas d’accord. Je pense au contraire qu’il est utile : c’est une passerelle vers nos idées.

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