lundi 28 septembre 2015

De l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Iran, la Syrie, Cuba et de l’orwellisation du monde

« Ce fut plutôt un choc pour Winston de découvrir, à propos d’une remarque faite par hasard, qu’elle ne se souvenait pas que l’Océania, il y avait quatre ans, était en guerre contre l’Estasia et en paix avec l’Eurasia. Il est vrai qu’elle considérait toute la guerre comme une comédie. Mais elle n’avait apparemment même pas remarqué que le nom de l’ennemi avait changé », 1984, Georges Orwell (merci au blog d’Olivier Berruyer pour la retranscription)



1984 est sans doute le premier livre de politique que j’ai lu. Dans ce roman, le pouvoir réécrit constamment l’histoire et change d’ennemi, l’Océania affrontant tour à tour l’Estasia puis l’Eurasia, en effaçant toute trace du précédent conflit. Un parallèle troublant avec l’actualité internationale récente.

Des méchants et des gentils

Les dernières années ont de quoi donner le tournis. Il y a deux ans, il était entendu que la Russie, l’Iran et Bachar el-Assad étaient sans doute les pires méchants de la planète. Vladimir Poutine était coupable d’avoir envahi l’Ukraine, l’Iran, de préparer une bombe atomique et le régime Syrien, de massacrer son peuple. Et Cuba était toujours dans les limbes du blocus imposé par les Etats-Unis. Mais en quelques mois, la situation a complètement changé. Cuba a été reconnu par les Etats-Unis. Un accord a été trouvé avec l’Iran, offrant de juteuses perspectives d’affaires. Et le développement de Daech, qui contrôle une large partie de l’Irak et de la Syrie semble devoir imposer aux dirigeants de la planète de se rabibocher avec la Russie, et même en partie avec Bachar el-Assad pour faire barrage aux islamistes.


Ces 180° diplomatiques sont quelques peu perturbants. Même si le pragmatisme peut être une vertu dans les relations internationales (après tout, la Russie communiste a joué un rôle majeur pour battre les nazis), les récentes fluctuations amènent tout de même à se poser des questions sur les choix de nos dirigeants. On pourrait aussi questionner notre rapport à certaines monarchies pétrolières, au premier rang desquelles l’Arabie Saoudite. N’est-il pas inconfortable, a minima, pour ne pas dire très choquant moralement, de voir que tant de dirigeants des grandes démocraties de la planète sont allés à l’enterrement de l’ancien roi d’un pays dont les règles permettent de décapiter, puis crucifier pour un simple délit d’opinion. Ne franchissons-nous pas la compromission avec des valeurs fondamentales ?

La guerre, enjeu de communication

En outre, ce qui est extrêmement troublant avec ce ballet des méchants et des gentils planétaires  c’est que la guerre est largement devenue un enjeu de communication. On peut se souvenir de l’instrumentalisation des frappes aériennes dans l’Irak de Saddam Hussein par les Etats-Unis de Bill Clinton, un moyen de faire oublier les affaires personnelles qu’affrontait le président. Puis, frappée le 21 septembre 2001, Washington était intervenue bien rapidement, et sans véritable justification en Afghanistan et en Irak, au prix de centaines de milliers de mort pour des raisons qui avaient plus à voir avec de la communication qu’avec une véritable raison diplomatique. Avec l’Irak et l’Iran qui oscillent entre méchant et gentil depuis quatre décennies, il est difficile de ne pas voir un effarant parallèle avec le roman d’Orwell.

Cela ne veut pas dire qu’il y a un grand complot, que les Etats-Unis par exemple, manipuleraient la planète avec leur trop souvent sinistre balet géopolitique. Marc Rameaux, dans plusieurs papiers très intéressants, a très bien expliqué les dynamiques qui peuvent aboutir à croire à des complots quand il n’y a pourtant que des jeux de circonstances. Des sociétés aussi complexes que les nôtres produisent aussi une histoire de notre vie commune, des courants de fond d’opinion qui peuvent pousser nos dirigeants à prendre de telles décisions, sans qu’un grand dessein d’ensemble les ait motivées a priori. Mais cela amène à se demander jusqu’où nos sociétés pourraient prendre la direction du roman de Georges Orwell, aussi lentement soit-il. Certaines lois liberticides n’en deviennent que plus inquiétantes.

En réalité, j’ai surtout l’impression que nos dirigeants, à force de vouloir réagir, sans prendre le temps de réfléchir et d’agir, finissent par être balottés par les évènements, sans prendre la moindre perspective. D’où sans doute les revirements effarants de nos diplomaties depuis deux ans…

16 commentaires:

  1. Quoique l'on en pense de lui et de son régime Poutine fait preuve de plus de réalisme en politique étrangère quand il prend partie du régime syrien dans la mesure où l'objectif majeur doit être la destruction militaire et politique de l'Etat Islamique. Cet objectif militaire doit être mené en Syrie et Irak comme il est exprimé dans le blog "la Voie de l' Epée" de Michel Goya en date du 7 septembre, politique par la négociation auprès des Sunnites irakiens et syriens soutiens de Daech parce qu'ils ne sont pas reconnus en tant que tels par les pouvoirs en place. Une fois Daech détruit une conférence internationale avec tous les acteurs du conflit régionaux et mondiaux, Kurdes compris par l'attribution d'un état, devra avoir lieu pour un règlement politique durable. L'Administration Obama finira par se rallier à cette position et nous autres français, par l'entêtement absurde d' Hollande-Fabius, seront marginalisés comme dans l'accord US-Iran sur le nucléaire où la Russie a été l'acteur décisif.

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    1. Poutine est un truand :

      "Le 30 juin 2012, un groupe d’Action sur la Syrie se réunit à Genève, sous les auspices des Nations Unies. Qui est membre de cet aéropage ? Les diplomates en chef des Etats-Unis, de la Chine, de la France, de la Turquie, de l’Irak, du Qatar et… de la Russie, en la personne du tonitruant Sergeï Lavrov. Le groupe ne fait pas que discuter, il rédige un communiqué commun très précis qui tient compte des positions des uns et des autres, et donc notamment de la Russie.

      Remarquons au passage que ce texte, toujours juridiquement valable, prévoit "la mise en place d’un organe de gouvernement transitoire" à Damas. "

      http://tempsreel.nouvelobs.com/guerre-en-syrie/20150928.OBS6637/syrie-le-mythe-du-on-n-a-pas-parle-a-poutine.html

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    4. ah, cool !
      C'est beau comme la propagande se renouvelle.

      Personne ne suit l'avis de Poutine (personne n'est obligé de le faire, cela dit) est transformé en : personne n'a discuté ou écouté l'avis de Poutine (ou de sa diplomatie).
      J'adore l'art de la rhétorique.

      Poutine n'a pas du tout le même avis que les USA -et la France- sur la question Assad.

      Poutine a toujours été cohérent : on n'a pas à décidé qui gouverne en Syrie (ou en Irak, ou en Libye). Et là, c'est sûrement pas les USA qui vont écouter ça.

      Bref, encore et toujours : stop à la propagande.
      Poutine ne veut pas qu'une puissance étrangère décide qui gouverne ou pas un autre pays. Donc si on n'a tenu compte de l'avis de la Russie dans le document final...

      Lavrov a sans doute signé un document, mais en aucun cas il ne soutient que l'on doit se débarasser d'Assad... c'est aux Syriens de le faire selon les Russes.

      Poutine l'a encore répété en personne à l'ONU hier lundi, d'accord pour combattre l'E.I, mais on ne combat pas Assad.

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    5. Propagande vous même, si Poutine veut que les syriens décident eux même qui les gouvernera, qu'attend il pour organiser des élections démocratiques en Syrie en accord avec l'ONU ?

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  2. L'entêtement absurde, par pure idéologie, sur des sujets dont il n'a aucune connaissance et à propos desquels il n'a aucune idée des conséquences de ses décisions ( quand il parvient à en prendre une ), est la marque de François Hollande.

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  3. Je pense qu'il y a aussi des manipulations médiatiques, avec des officines suspectes, comme cette "Organisation syrienne des Droits de l'Homme".
    "Complots" je ne sais pas mais manipulations oui.

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  4. Assad joue double jeu, il avait mené des attentats contre la diplomatie française et contre les chrétiens du Liban, ne pas oublier qui il est :

    Ne nous y trompons pas : le régime syrien mène une politique du double jeu, une politique du pire. Sur la scène internationale, il a beau se positionner comme le meilleur rempart contre le terrorisme, sur le terrain, il ménage Daech pour affaiblir un peu plus les mouvements rebelles dits modérés qui sont ses véritables ennemis. Bachar Al Assad et Daech sont des alliés de fait !

    http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-frappes-francaises-contre-Daech-ne-changeront-rien-2015-09-27-1361677

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    1. C'est vrai que les USA ne jouent pas double-jeu...
      Et qu'en est-il de la France ?

      Du coup, on peut donner des leçons à Assad.

      Par contre, épargnez-nous la propagande de merde anti-Assad.... les ennemis d'Assad sont tous ceux qui veulent lui prendre le pouvoir, TOUS (séculiers ET islamistes ; et ses adversaires les plus efficaces sont les islamistes).

      Assad est suffisamment pourri tout seul, inutile d'essayer de le rendre encore plus méchant... pour orienter l'opinion public.

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    2. Commentaire merdique spécifique d'un franchouillard souverainiste pro-Assad et pro-Poutine .

      Les islamistes font partie du jeu d'Assad qui en a libéré un paquet de prison pour les opposer aux rebelles non islamistes et les affaiblir .

      Mais comme dans ta tête d'abruti bas de plafond mal informé tout se mélange, tu t'imagines Assad comme la solution, alors qu'il est à l'origine de cette guerre civile. Aucune paix ne sera jamais plus possible tant qu'Assad, qui a massacré 200 000 syriens ces dernières années, restera au pouvoir.

      Et les russes ne parviendront jamais à neutraliser Daesh tous seuls. Il se sont cassés les dents en Afghanistan et ont mis plus de 20 ans à lutter contre le terrorisme dans le Caucase.

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    3. @AbdSalam
      La France avec Fabius et BHL, anti perses et pro Israel notoires, est la seule à raconter la fable de l'alliance Assad-Daesh.

      De toutes façons plus personne ne fait attention à la France dans l'affaire syrienne. D'ailleurs les réunions USA Russie Iran sur la Syrie se passent sans elle.

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    4. Alors que j'écris noir sur blanc qu'Assad est une pourriture ; on arrive à me faire dire que je prétendrais qu'Assad est la solution ?

      Juste parce que j'exprime l'idée qu'Assad commet suffisamment d'atrocités tous seul, inutile de noircir encore davantage le tableau...

      Et que j'explique que nous n'avons rien à faire en Syrie... éh ben !

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  5. Laurent,

    Il n'existe qu'une minorité d'individus qui croient et, parfois, agitent la thèse du complot. Et il est évident pour un esprit sensé qu'il n'y a pas de complot tant cette hypothèse ne résiste pas à l'analyse : un monde complexe, des intérêts divergents, une incertitude quant aux résultats.
    Il n'en demeure pas moins que les Etats puissants, comme les Etats-Unis ou la Russie, même ballotés par les événements qu'ils ne maîtrisent pas complètement, ont une stratégie claire et impérialiste. Et, jusqu'à preuve du contraire, la déstabilisation de certains pays ou la défense, voire l'installation de dictateurs sont des éléments de cette stratégie pour peu qu'ils servent leurs intérêts propres.

    DemOs

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  6. Pourquoi toujours se justifier face à la "théorie du complot", nouvel anathème à la mode chez les bien-pensants formatés ?

    De toute façon, dès que vous critiquez une décision du gouvernement ou même l'idéologie ambiante, vous êtes automatiquement "complotiste", pourquoi se biler ?

    Dès qu'un journalope ou un donneur de leçon à bas niveau intellectuel accuse quelqu'un de "complotisme", je vais immédiatement voir de plus près : cela ne peut être qu'une pensée intéressante ou des vérités qu'ils veulent étouffer.

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  7. La fin des virus de la terre israél et Daech immédiatement pour éviter l'extermination des satellites et les crash d'avions par ces soldats d'ALLAH les astéroïdes les météorites les boules de feu et les tempêtes solaires si la fin du monde le 13.11.2015 aux non musulmans de se convertir a l'islam pour éviter l'enfer l'augmentation des séismes c'est la fin du monde en islam facebook l’architecte des révoltes arabe et la propagation de Daech normal facebook dejaal l'antéchrist.

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