vendredi 3 février 2017

Pourquoi la croissance 2016 est décevante

Avec seulement 1,1% en 2016 (contre 1,2% en 2015), le chiffre de la croissance est en dessous de la prévision du gouvernement, malgré une croissance raisonnable de 0,4% pour le dernier trimestre. Le détail des chiffres de l’INSEE est très riche en enseignements.



Une vraie reprise… des importations

Le chiffre de croissance est d’autant plus décevant que nous faisons sensiblement moins bien que nos voisins, si ce n’est l’Italie. Mais un chiffre permet d’identifier d’où vient le problème : la demande intérieure a progressé de 1,9% en 2016, et, fait positif, la croissance des investissements a été plus forte que celle de la consommation (2,8% contre 1,8%). Deux moteurs essentiels de la croissance semblent allumés. Mais il faut noter que la croissance des investissements varie beaucoup selon les acteurs : 1,5% pour les ménages, 4,3% pour les entreprises et -0,7% pour les administrations. Bref, l’Etat coupe ses investissements pour financer la baisse des taxes des entreprises, qui investissent…


Des chiffres qui illustrent bien les choix faits par le gouvernement au pouvoir, aussi paradoxal cela soit-il pour une majorité dite de gauche. Mais, comme souvent en France, du fait d’un laisser-passer destructeur et d’une monnaie inadaptée à notre économie, ce regain de consommation et d’investissements profitent aux produits étrangers, déséquilibrant plus encore notre commerce extérieur et amputant ainsi plus de 40% de la croissance que nous aurions eu si les équilibres de notre commerce extérieur étaient restés stables. En 2016, les importations ont cru de 3,6%, quatre fois plus vite que nos exportations. Un nouvel élément qui montre que notre économie a besoin d’une politique protectionniste.

Ces chiffres montrent une fois de plus le caractère dérisoire de la politique de l’offre de la majorité actuelle, que Fillon propose d’accélérer. En effet, à quoi bon réduire le prix du travail de quelques pourcents quand il suffit d’aller produire en Roumanie, dans l’UE, pour diviser par 10 le coût du travail, tout en restant dans le marché unique ? Aujourd’hui, l’Etat coupe dans les investissements publics pour financer la baisse des taxes des entreprises, qui, si elle va dans les investissements, porte sur des produits que nous importons, outre le fait de gonfler des profits qui n’en n’ont pas besoin. Enfin, la hausse de la consommation des ménages a sans doute été soutenue par la baisse des taux.


Bref, derrière les chiffres de croissance de l’INSEE, on trouve un véritable réquisitoire contre les politiques de l’offre promue par la gauche et la droite. Ces politiques accentuent les déséquilibres économiques de notre pays et il est illusoire de faire la course à la compétitivité internationale.

6 commentaires:

  1. Au vu de ce billet de Laurent, on comprend pourquoi la destruction d'emplois industriels (1 million depuis 15 ans) s'est révélé catastrophique et a contribué à détériorer notre balance commerciale.

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  2. Pourquoi réduire le coût du travail? Au nom de la supposée "attractivité de la France". Au nom des supposés "choix des entreprises de s'installer dans un pays en fonction de sa fiscalité". Le problème, c'est qu'une telle politique susciterait avant tout l'installation d'entreprises tertiaires. Dans des zones déjà "nanties" moins touchées par le chômage et les délocalisations que le reste du pays. Loin des endroits qui auraient vraiment besoin de créations d'emplois. Cela équilibrerait peut être les finances publiques du pays.. sauf qu'après le landerneau médiatique s'étonnerait que le sortant soit sorti parce que les victimes de l'abandon d'une politique industrielle et la fraction de la population qui n'a pas les moyens du nomadisme professionnel auront voulu lui mettre une claque.

    JZ

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  3. Votre théorie de la dévaluation de la monnaie Franc est idiote, car dans ce cas tous les autres pays de l'UE ne resteraient pas les bras croisés et se livreraient à une dévaluation monétaire en concert avec la France, la guerre des monnaies, et la spéculation du carry trading comme cerise sur le gâteau.

    Votre dévaluation monétaire n'est qu'une course à l’échalote qui a montré inlassablement ses limites.

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  4. @ André

    C’est clair

    @ JZ

    Je suis favorable à une refonte du financement de la protection sociale, mais en effet, il faut mettre des écluses pour éviter cette course suicidaire au moins-disant salarial.

    @ Anonyme

    Les pays européens allaient bien mieux quand ils dévaluaient… La croissance était alors au moins aussi forte qu’aux Etats-Unis par exemple. Depuis l’euro, nous décrochons car il est absurde d’avoir une monnaie unique pour des pays aussi différents. Et naturellement, le franc baisserait face au mark, réduisant notre déficit avec l’Allemagne. Je vous rappelle aussi que les déséquilibres commerciaux étaient bien moins importants avec l’euro, la monnaie unique les a fait exploser.

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  5. "Je vous rappelle aussi que les déséquilibres commerciaux étaient bien moins importants avec l’euro, la monnaie unique les a fait exploser."

    Les déséquilibres commerciaux sont produits par une médiocre activité et positionnement des biens et services français, dus à une incurie des politiques fiscales et des dirigeants d'entreprises françaises.

    La monnaie idéologue est un cache misère d'une société qui est aveuglée par sa propre nullité.

    Vous attribuez tout à l'Euro, ce qui est totalement stupide, car vous laissez de côté tous les autres paramètres concomitants. Le simplisme, le vôtre, est la meilleure voie vers l'échec.

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  6. Je n'ai jamais tout attribué à l'euro. Mais cela ne fait que montrer la malhonnêteté de vos propos. Sur l'euro, je vous renvoie aux dires de 10 "prix Nobel d'économie" sur le sujet :

    http://www.gaullistelibre.com/2016/12/un-10eme-prix-nobel-deconomie-critique.html

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