dimanche 4 juin 2017

Pourquoi il faut refuser les exportations de voitures chinoises

Quelques nouvelles passées trop inaperçues : la Chine vient d’accorder l’autorisation à BMW pour exporter ses voitures produites dans l’Empire du milieu, alors même que Vovo commence à exporter ses véhicules fabriqués en Chine en Europe. Rien d’anormal pour les partisans de cette anarchie commerciale qui profite à une petite minorité. Un deux poids deux mesures révoltant, pour qui sait.



Chine protectionniste et Europe naïvement libre-échangiste

Mais pourquoi l’exportation de véhicules chinois vers l’Europe devrait poser problème ? Après tout, nous achetons déjà tant de produits qui viennent quasi-exclusivement des usines de l’Empire du milieu, au premier rang desquels les produits électroniques. Sauf que le cas de l’automobile est un peu différent. En effet, pour attirer tous les grands constructeurs sur son territoire, Pékin a imposé (et impose encore toujours) des droits de douanes importants, plus de 30% encore aujourd’hui, et autour de 100% il y a plus de 10 ans, pour ne pas laisser le choix de produire ou pas en Chine pour y vendre. La production locale est obligatoire, qui plus est, en partenariat avec un constructeur local.

Ainsi, la Chine s’est assurée des investissements massifs, qui ont contribué à son décollage économique, refusant de vendre des produits basiques pour acheter des produits aussi sophistiquées que des voitures, tout en imposant un transfert technologique qui lui a permis de construire une industrie locale, malgré son retard économique. D’abord, la Chine a imposé de faibles droits de douanes sur les pièces détachées pour faire construire des usines d’assemblage qui se fournissaient ailleurs, avant de monter les droits de douane sur les pièces détachées pour imposer un transfert de toute la filière. Fasciné par la taille du marché, nos pays et nos constructeurs ont accepté ce jeu de dupes.

Après tout, pourquoi se voir barrer la route du marché automobile chinois tout en ouvrant nos frontières à toutes les productions de l’Empire du milieu ? Nous avons accepté un deux poids deux mesures qui produit chômage et appauvrissement chez nous, et enrichissement de la Chine à nos dépends. Et, naturellement, la Chine a fini par se mettre en position d’exporter, ce qui va accentuer des déséquilibres déjà bien trop importants. Pire encore, après nos propres constructeurs (Volvo a été acheté par un constructeur chinois), nul doute que les constructeurs locaux finiront par réussir à pénétrer notre marché, comme avant eux les japonais ou coréens, au détriment de nos constructeurs.


Le modèle de développement économique asiatique est profondément protectionniste, et il est d’autant plus efficace que d’autres adoptent une vision particulièrement naïve du libre-échange, au premier rang desquels les pays européens. La Chine ne mérite pas de voir le moindre de ses véhicules pénétrer nos territoires. Malheureusement, pas grand monde ne s’en rend compte.

3 commentaires:

  1. Une vision naïve, ou une vision cynique ? Si les pays européens ne voient plus leur unité et ne se définissent plus comme un Nous face à l'extérieur, pourquoi se protégeraient-ils ?

    Voyez-vous la France comme un Nous, Laurent Herblay ? Et dans ce cas comment le définiriez-vous ?

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  2. J'ai la flemme de retrouver la dépêche AFP, mais je me souviens que nos grands amis chinois s'étaient félicité de la défaite de MLP, "bonne pour la paix dans le monde" selon eux.

    Les mêmes, au moment d'un attentat en France (comme il y en a eu hier encore en Angleterre) reprenaient dans leur presse gouvernementale les accusations selon lesquelles ce terrorisme ne serait qu'une réaction à la politique interne et externe de la France.

    A bon entendeur...

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  3. @LH,

    On ne peut pas vouloir l'ordre marchand à moitié. Il n'y a pas de demi-libéralisme, de souhait demi-libéral. Il n'est pas dans la nature du libéralisme d’être tempéré contrairement à ce que l'on nous raconte. Le libéralisme est la démesure même, cet individualisme matérialisme ou l'homme est fin et mesure de toutes choses. Le règne de la marchandise est un système total.

    De même que le libéralisme n'a pas inventé la liberté ou l’égalité, il n'a pas non plus inventé l’opposition ou la limitation des pouvoirs ou du souverain, ce fameux "checks and balances", déjà présent à Rome (SPQR : Senatus populusque romanus) ou encore avec les Monarchomaques (XVIème siècle) bien après. En validant le libéralisme, pas même l’ultra ou le néo-libéralisme, on valide l'ordre marchand et ses évoluions naturelles et nécessaires (ultra et néo).

    Le libéralisme n'a rien inventé, pas même l’hybris qui est son principe fondamental ; il n'a fait que mettre au centre du monde le capital et son accumulation. Nous sommes en présence d'un économisme, d'un matérialisme, qui détruit le monde depuis deux siècles.

    L'ordre marchand, cette guerre des riches contre les pauvres, qui ne cesse de réifier le monde, est le cœur même du problème. Homo œconomicus est un problème. L'économie comme nouveau langage politique est un problème. Le matérialisme est un problème, tout comme les économismes (voir le XXème siècle).

    Le libéralisme est un affreux mensonge du capital voulant se donner les couleurs et l’aspect d'une doctrine de la liberté et de l’égalité. C'est le libéralisme lui-même, cette doctrine unitaire, qu'il faut récuser. Il n'est heureusement pas la fin de l’histoire.

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