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mardi 22 avril 2014

Réforme de la finance : l’Europe encore plus conservatrice que les USA !


Fait trop souvent ignoré : outre le fait que la grave crise financière de 2008 n’a en aucun cas permis de mener une réforme suffisante du secteur, les pays européens avancent encore moins vite que les Etats-Unis sur le sujet, ce qui est en dit long sur l’incompétence notoire de nos dirigeants.


Une histoire d’effet de levier

Ici, c’est un papier de The Economist sur l’évolution des régles bancaires outre-Atlantique qui révèle le pot aux roses. De nombreux économistes ont souligne le rôle joué par l’utilisation de l’effet de levier dans les crises financières. Pour une même somme de capital, les banques prêtent et placent davantage, ce qui augmente mécaniquement les résultats mesurés en fonction de ce capital. Comme les banques privées peuvent créer de l’argent, il leur suffit de parier plus pour gagner plus… L’histoire des crises financières repose souvent sur ce simple mécanisme, rappelée par The Economist dans la même édition, qui n’a été que très partiellement remise en cause par les règles Bâle 3.

En effet, les règles Bâle 3 imposent un minimum de couverture de 3% : les banques doivent avoir un capital équivalent à 3% de leur bilan. Déjà, on reste stupéfait par un chiffre aussi bas, qui ne semble pas du tout à la hauteur des leçons du passé. Mais les Etats-Unis ont décidé d’aller plus loin que les règles de Bâle 3, en imposant un ratio de 5%, et même de 6% pour certaines unités. Du coup, les banques étasuniennes vont devoir lever entre 22 et 68 milliards de dollars de plus de capital, somme qualifiable de « faisable » par The Economist étant donnés leurs profits. Il note que depuis 2008, les banques US ont levé plus de 500 milliards, contre 324 pour les banques européennes, pourtant plus lourdes…

L’Europe, pire que les Etats-Unis

dimanche 2 février 2014

Les mensonges de The Economist


Si The Economist présente le plus souvent les faits de manière honnête au point de prendre le risque de desservir les idées qu’il défend, comme avec les bonus des dirigeants d’ABI, ce n’est pas toujours le cas. Retour sur deux abus caractérisés, que l’hebdomadaire ne pouvait pas ignorer.

Nouveau dénigrement de la France

Avant la conférence de presse du président, et après les vœux de fin d’année, The Economist avait fait un papier intitulé « François Hollande, libéral ? », accompagné d’un petit graphique montrant l’évolution comparée du PIB de la France, de la Grande Bretagne et de l’Allemagne de 2010 à 2014. Si notre pays démarre mieux que notre voisin d’outre-Manche, fin 2014, notre PIB affiche une hausse de 3% seulement, contre 5% pour le Royaume Uni et 6% pour notre voisin d’outre-Rhin. Verdict : la croissance de notre pays serait plombée par notre manque de réformes (libérales s’entend).


Mais ce graphique est très critiquable. D’abord, il ne comprend pas l’Espagne ou l’Italie, qui vont nettement moins bien que nous. Ensuite, on peut contester le fait de prendre en compte les prévisions pour l’année 2014, qui restent encore assez aléatoires, et qui font l’essentiel de la différence entre Londres et Paris. Enfin, le choix de l’année de départ, 2010, n’est pas neutre, puisqu’en 2009, la récession a été nettement moins forte chez nous que chez nos voisins. De 2008 à 2013, si le PIB de la France n’a monté que de 0,7% (contre 3,1% en Allemagne), outre-Manche, il a baissé de 0,8%...



Des crises financières inévitables ?

lundi 27 janvier 2014

Bâle 3 : Il faut reprendre le contrôle sur les normes bancaires !


Malheureusement, l’information n’a pas fait la une des grands médias. C’est The Economist qui en a fait un sujet majeur il y a une semaine : dans la petite cuisine de Bâle 3, les normes bancaires ont été assouplies, au point de laisser les banques européennes dangereusement sous-capitalisées.



Un relâchement de la régulation

Ce qui est en jeu est assez technique. Les règles Bâle 2 imposaient théoriquement aux banques d’avoir 8 euros de capital pour 100 euros d’actif. Mais ces règles dépendaient du risque des actifs, à savoir que pour les meilleurs actifs (parfois, en fonction de leur notation), il suffisait d’avoir seulement 20% de ce capital, soit 1,6% de couverture !!! Quand on sait ce qu’il est advenu de certains titres notés AAA… Depuis la crise, le comité Bâle met au point de nouvelles règles, dites Bâle 3. Dans un précédent papier, j’avais déjà indiqué que les lobbys financiers oeuvraient dans l’ombre pour les assouplir.

Il était prévu que les banques soient contraintes d’avoir 3% de capital par rapport à leur actif. Mais alors que trois quarts des banques étasuniennes respectent déjà cette règle, du fait d’une pression plus importante des régulateurs outre-Atlantique, approximativement le même pourcentage ne les respecte pas en Europe. Comme le rapporte The Economist, certains actifs ne seront pas pris en compte et certains dérivés pourront se compenser entre eux. Résultat, la plupart des banques européennes passeraient les tests avec ces règles et n’auront pas à lever les 70 milliards d’euros dont elles avaient besoin.

Ce que cela dit des normes bancaires

vendredi 1 mars 2013

Quand les banquiers se croient immortels


Dommage que Frédéric Lordon n’ait pas été là pour participer à la discussion et la rapporter dans son style si fleuri (son dernier papier est un excellent cru). En discutant avec un ami de la crise financière, j’ai été interpellé par un banquier qui était à côté et nous avons entamé une conversation très éclairante.

« Une banque ne peut pas faire faillite »

Alors que nous parlions de la crise de 1929 et des similitudes avec celle de 2008 en évoquant la faillite des banques, notre banquier de voisin nous a alors poliment interrompu en nous disant qu’une « banque ne peut pas faire faillite ». J’avoue avoir mis quelques instants avant de pouvoir rentrer dans le débat tant cette affirmation me semblait incongrue. Il nous a alors soutenu que toutes les activités bancaires étaient par définition profitables et que les banques pouvaient s’assurer. Il nous a alors rappelé qu’en France, l’Etat avait prêté 10 milliards, plus pour la forme que pour le fond.

Je lui rétorquais alors avec le cas d’AIG mais il répliqua alors qu’AIG pouvait se réassurer, que l’Etat avait finalement fait un profit et que la crise de liquidités de l’assureur n’avait duré que 5 mois. Ce à quoi je répondai en lui rappelant qu’in fine, même avec une cascade d’assurance, il y avait bien quelqu’un qui devait assumer le risque, en critiquant justement la titrisation, où, à force de transférer le risque, il est à la fois nulle part et partout, et démultiplié. Je lui rappelai qu’il avait fallu 180 milliards de dollars d’aide publique pour sauver AIG, près de deux fois son chiffre d’affaires annuel.

Enfin, je croyais asséner un coup définitif en évoquant Lehman, en soulignant que sans l’intervention de l’Etat au sens large, tout le système bancaire se serait effondré fin 2008 et qu’il n’était pas très sain que la BCE se trouve contrainte de refinancer les banques à hauteur de 1000 milliards. Il me répliqua que 1000 milliards d’euros, ce n’était pas tant que cela à l’échelle de la zone euro (10% tout de même) et que Lehman n’avait pas fait faillite puisque d’autres banques avaient repris ses activités, vendues à la découpe lors de la liquidation de la banque, la poubelle de la finance internationale.

Certains banquiers se croient immortels