samedi 31 décembre 2011

La réforme du « 100% monnaie »


Le « 100% monnaie » constitue à ma connaissance la meilleure tentative de repenser l’intégralité du système monétaire et bancaire pour en corriger les défauts majeurs qui sont plus clairs tous les jours. Même si je n’en maîtrise sans doute pas tous les aspects, il donne la bonne direction.

Le « 100% monnaie », c’est quoi ?

Tout d’abord, je vous invite à lire ce papier d’André-Jacques Holbecq et celui-ci de Christian Gomez pour aller à la source de l’information. Il faut noter que les idées qu’ils défendent ont été défendues avant eux par d’éminents économistes, et notamment Maurice Allais, notre seul « prix Nobel » d’économie. Les idées qu’ils proposent sont à la fois simples et radicales et vont nettement plus loin que le seul rétablissement du Glass-Steagall Act, qui ne corrigerait pas tous les problèmes actuels.

vendredi 30 décembre 2011

Introduction au « 100% monnaie »


Si la banque libre restera dans les oubliettes de la pensée économique, défendue par quelques marginaux ultra libéraux, il n’en reste pas moins qu’il faut absolument réformer le système monétaire actuel pour parvenir à corriger ses innombrables défauts.

Le constat qu’il faut partager

Cité par A-J Holbecq, Maurice Allais affirmait qu’« au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ».

jeudi 29 décembre 2011

La banque libre, un délire néolibéral daté (2/2)


A la décharge de George Séglin, ses écrits datent des années 1980, à un moment où toutes les conséquences délétères de la libéralisation n’étaient pas aussi claires qu’aujourd’hui. Ses écrits prennent en fait un aspect très daté, après s’être heurté contre le mur de la réalité.

La main invisible n’est pas divine

Bien sûr, les adorateurs du néolibéralisme ne manqueront pas d’affirmer que la crise est une conséquence de l’intervention de l’Etat et que si on avait laissé faire les marchés, alors, tout se serait mieux passé. Je les renvoie à la littérature qui démonte les travers de la libéralisation, dont un certain nombre d’écrits de libéraux pragmatiques et humanistes, qui démontrent toutes les limites du « laisser faire » et du « laisser passer » quand il devient dogmatique et qu’il n’a plus de limites.

mercredi 28 décembre 2011

La banque libre, un délire néolibéral daté (1/2)

Il y a quelques mois, un commentateur m’avait interpellé sur la banque libre, m’envoyant des références (Pascal Salin et George Séglin) à lire pour mieux comprendre cette théorie monétaire. L’occasion de constater à nouveau à quel point la théorie néolibérale est coupée de la réalité.

Un produit de la théologie néolibérale

La banque libre consiste en un système où des banques privées émettent librement des monnaies qui leur sont propres, des monnaies concurrentes mais échangeables. Dans ce système, qui a eu cours dans de nombreux pays au 19ème siècle, il n’y avait pas de banque centrale. Aujourd’hui, cela reviendrait à laisser la BNP, la Société Générale, ING…  émettre leurs euros, tout en supprimant la Banque Centrale Européenne et les banques centrales nationales.


mardi 27 décembre 2011

Quel système monétaire pour demain ?

La présidence française du G20 devait être l’occasion de réfléchir à l’organisation du système monétaire international. Comme presque toujours avec Nicolas Sarkozy, les annonces n’ont pas été suivies des faits. Il s’agit pourtant d’une question totalement essentielle.

Petit rappel historique

Dans « la théorie de la banque libre », George Séglin affirme que « Carl Menger a montré que la monnaie, loin d’avoir été inventée ou instituée par une loi, est apparue comme le résultat spontané… d’efforts individuels et particuliers des différents membres de la société ». Ce sera le seul point d’accord avec ce théoricien de l’anarchie monétaire. Car, comme l’avait montré A-J Holbecq dans son livre, le système monétaire doit beaucoup au hasard et aux circonstances.

lundi 26 décembre 2011

Le PS a définitivement oublié le peuple



Un divorce ancien et définitif

On pourrait dater cette séparation à 1983 quand le gouvernement socialiste a choisi une certaine idée de l’Europe, libérale et dérégulée, et la rigueur. Frédéric Lordon attribue une responsabilité majeure aux « socialistes » dans la déréglementation : l’Acte Unique, traité très libéral, puis la libéralisation des mouvements de capitaux (directive Delors-Lamy). En 1991, le choix de la politique du franc cher marquait un arbitrage incroyable entre monétarisme et chômage.

dimanche 25 décembre 2011

Politique économique : les aberrations des années 1990 (archive)


Article publié dans Agora en octobre 1996. J’en profite pour vous signaler à nouveau ce texte « Pour un démontage concerté de l’euro », publié dans le Monde daté du 24 décembre et que je co-signe avec Gérard Lafay, Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau, Alain Cotta, Jean-Pierre Gérard, Claude Rochet ou Philippe Murer.

La gauche, qui en assume la responsabilité jusqu’en 1993 ne semble plus trouver d’arguments justifiant la politique qu’elle avait suivie. A droite, les plus libéraux ont tourné casaque et la critiquent violemment. Quand aux gaullistes, ils y ont toujours été opposés. Récit d’un gâchis économique.

En 1990, la conjugaison de deux phénomènes économiques a entraîné la récession dont nous ne sommes pas encore sortis. Aux Etats-Unis, les taux d’intérêts avaient beaucoup augmenté pour contenir une inflation croissante (que la hausse des prix du pétrole suite à la guerre du Golfe pouvait empirer). Les ménages américains, surendettés, mettent un frein à leur consommation et cherchent à se désendetter. Cette baisse de la consommation provoque une forte récession aux Etats-Unis.

samedi 24 décembre 2011

FMI, prêt aux banques : l’Europe perd la tête

Dans leur quête désespérée de sauver la monnaie unique, les dirigeants européens viennent d’annoncer deux décisions qui démontrent leur désarroi : un prêt de 150 milliards d’euros au FMI, qui pourra alors être prêter aux Etats en difficultés et un prêt de 489 milliards de la BCE aux banques.

Je te prête, tu me prêtes…

Le mécanisme du prêt au FMI en dit long sur l’impasse dans laquelle se trouvent les pays européens. Il est tout de même assez incroyable que des Etats européens prêtent au FMI pour que ce dernier prête ce même argent à d’autres pays européens ! En fait, ce mécanisme a deux avantages. Tout d’abord, il permet de mobiliser de l’argent supplémentaire par l’intermédiaire des différentes banques centrales nationales, sans enfreindre les limites édictées par l’Allemagne.

vendredi 23 décembre 2011

Europe : le piège venu des années 1930


The Economist a consacré un dossier passionnant sur le parallèle entre la crise que nous traversons et la Grande Dépression des années 1930. L’occasion pour l’hebdomadaire libéral de porter un jugement très sévère sur les politiques menées en Europe.

Une première leçon retenue

Tes banques tu ne laisseras pas faire faillite. C’était pour beaucoup d’économistes une des leçons majeures de la Grande Dépression. Les autorités étasuniennes l’ont questionné en laissant Lehmann Brothers disparaître. Et il faut dire que la promesse implicite d’un sauvetage par l’Etat pose d’immenses problèmes d’aléa moral et de distorsions des marchés, en faveur des établissements systémiques, appelant une réglementation radicalement plus contraignante.

jeudi 22 décembre 2011

Industrie : quand les pyromanes jouent au pompier


François Hollande et Nicolas Sarkozy s’affrontent de plus en plus sur le terrain industriel. Ils font le tour des usines pour parler de leur ambition industrielle. Il est pour le moins surprenant que ne soit pas davantage souligné ce que notre grande régression industrielle doit aux deux partis qu’ils représentent.

Le grand bluff industriel du président

Nicolas Sarkozy a un sacré culot de faire ainsi le tour des usines étant donné le bilan désastreux de son quinquennat sur la question industrielle. Le déficit commercial de notre pays a pulvérisé tous les records sous son mandat. Il a laissé faire une délocalisation massive de notre industrie automobile sans réagir le moins du monde. L’épisode de Gandrange a permis également de constater à quel point les promesses de ce président n’engagent que ceux qui les écoutent.

mercredi 21 décembre 2011

Le nouvel échec du dernier plan européen ?


Comme d’habitude, Nicolas Sarkozy  nous a raconté n’importe quoi sur le nouveau traité européen. Il n’aura pas fallu plus de dix jours pour que le rideau de fumée tombe et que les marchés s’aperçoivent qu’il ne sort en aucun cas les pays de la zone euro de l’impasse économique dans laquelle ils sont.

Le diable est dans les détails

Cet article du Monde décrit bien les raisons pour lesquels l’accord du 9 décembre ne règle rien. En premier lieu, cet accord était très superficiel puisqu’il laissait comme d’habitude de nombreuses zones d’ombre. C’est la raison pour laquelle les marchés ont trébuché de plus de 3% mercredi dernier et que l’euro est tombé à son plus bas face au dollar depuis plusieurs mois. La dernière nouvelle est très positive, même si la monnaie unique reste surévaluée d’au moins 20%.

mardi 20 décembre 2011

Sarkozy / Hollande : une posture partout !


La semaine dernière, François Hollande s’est opposé au traité européen, publiant dans le Monde une tribune expliquant sa position. Nicolas Sarkozy, lui, a enfourché le débat sur la désindustrialisation en défendant la production française. Deux postures qui sont des impostures.

La posture alter-européenne de François Hollande

Il faut absolument lire la tribune du candidat socialiste dans le Monde.  Elle sera une pièce à conviction importante de ses reniements s’il vient à être élu. Le constat que fait le candidat socialiste sur le dernier traité européen n’est pas inintéressant. Il souligne les failles de cet accord, qui apparaissent plus béantes tous les jours. Il dénonce son caractère « punitif » et « la généralisation de l’austérité », un constat que je partage volontiers, comme je l’écrivais pas plus tard qu’hier.

lundi 19 décembre 2011

L’Europe s’enfonce bêtement dans la dépression


Coup de semonce la semaine dernière : non seulement nous devrions perdre notre AAA, mais en plus, nous sommes sans doute rentrés en récession au 4ème trimestre. Le signe de l’échec patent de la politique du gouvernement et de l’impasse européenne dans laquelle nous sommes.

Une répétition des années 1930

Ce n’est pourtant pas faute d’appels à éviter les erreurs du passé. Très tôt, Paul Krugman avait averti Barack Obama en invoquant les « cinquante Hoover », les cinquante gouverneurs qui taillaient dans les dépenses, compensant en partie le plan de soutien fédéral. Mais en Europe, malgré de nombreux économistes qui nous avertissent des dangers des politiques déflationnistes, les dirigeants politiques continuent à aller dans le mur, en klaxonnant.

dimanche 18 décembre 2011

Renationalisons la Banque de France ! (archive)

Dans les prochaines semaines, je vais publier des articles écrits de 1996 à 1998 dans des journaux étudiants auxquels j’ai participés. L’occasion de voir à quel point les débats que nous menons aujourd’hui ressemblent aux débats d’hier. Le premier papier vient d’un numéro d’Agora de janvier 1996.

Le projet d’indépendance de la Banque de France, que nous devons à Edouard Balladur, doit beaucoup aux statuts de la Bundesbank. Pourtant, l’Allemagne est un cas particulier L’indépendance de la banque centrale allemande trouve ses origines dans l’histoire de ce pays. Par deux fois en 25 ans (au début des années 1920 et en 1945), le mark, victime de l’hyperinflation, s’est évaporé. Par deux fois, les politiques allemands ont trahi la confiance de leurs citoyens au travers du contrat que représente la monnaie nationale. Il est donc presque logique que la classe politique allemande ait été sanctionnée et que le pouvoir monétaire ait été rendu indépendant.


samedi 17 décembre 2011

La peur, dernier rempart de l’euro ?


L’institut néolibéral Montaigne a frappé les esprits en publiant une « étude » affirmant que la sortie de l’euro provoquerait une catastrophe économique, qui enverrait pas moins d’un million de Français au chômage. C’est sans doute le dernier moyen pour défendre la monnaie unique dans l’opinion.

L’euro ou le chaos

Il y a encore un an, les partisans de la monnaie unique affirmaient de manière péremptoire que la monnaie unique nous protégeait. Mais devant l’évidence que l’euro ne nous protège ni des récessions ni de la spéculation, ils ont du se retrancher au printemps dernier dans une autre rhétorique, moins facilement attaquable, en affirmant que la sortie de l’euro provoquerait une grave dépression économique, une envolée du chômage et un défaut sur les dettes.

vendredi 16 décembre 2011

L’Argentine est bel et bien un exemple pour la Grèce


Il y a un an, j’écrivais que la Grèce prenait le chemin de l’Argentine. Malheureusement, Athènes reste bloquée dans la phase d’austérité qui avait précédé la libération du lien avec le dollar. Un article du Monde a récemment étudié « les ressemblances et les dissemblances » entre les deux cas.

Des points de convergence

Tout d’abord, il faut reconnaître que Clément Lacombe présente le cas argentin avec précision et honnêteté, ce qui n’est pas courant dans l’évocation de cet exemple dans le cadre du débat sur la monnaie unique. Il explique que le pays est entré en récession dès 1998, bien avant la fin du peg du peso avec le dollar. En somme, il accrédite le fait qu’une monnaie trop chère pour une économie peut plonger cette dernière dans une grave dépression économique, comme la Grèce aujourd’hui.

jeudi 15 décembre 2011

La Grande-Bretagne, l’autre pays souverain en Europe


Vendredi, David Cameron a opposé une fin de non recevoir aux propositions européennes, refusant de ratifier le traité qui lui était proposé, à moins d’obtenir une exemption très large de toutes les règles financières qui régissent la zone euro. La Grande-Bretagne s’éloigne de l’UE.

Et si Londres quittait l’Union Européenne ?

C’est un point qui n’est guère évoqué, mais le débat britannique sur la question européenne est aujourd’hui à des années lumières du débat continental. Il y a quelques semaines, près d’une centaine de parlementaires du parti conservateur déclaraient vouloir un référendum sur la sortie de l’Union Européenne ! Même le parti libéral, le plus europhile des trois grands partis du Parlement, a abjuré une partie de sa foi européenne, reconnaissant l’échec de l’euro.

mercredi 14 décembre 2011

François Hollande, l’alternative en posture



Des propositions iconoclastes ?

François Hollande brouille les cartes. Si les idées protectionnistes restent relativement taboues malgré leur popularité auprès des Français, les candidats peuvent récupérer ce courant de pensée en évoquant le fait d’acheter français. De manière intéressante, Pierre Moscovici et Michel Sapin se sont empressés de dire qu’ils préféraient parler de produire en France plutôt que d’acheter français. Et le refus d’évoquer des mesures protectionnistes incite à la plus grande prudence.

mardi 13 décembre 2011

La fin de la zone euro est-t-elle proche ?



Les raisons de le penser

Tout d’abord, le plan décidé vendredi dernier ne résout pas grand chose à la crise que traverse la zone euro. Il n’y a pas d’augmentation significative des moyens destinés à refinancer les Etats auxquels les marchés ne voudraient plus financer, ce qui est sans doute le facteur le plus probable de déclenchement de la crise terminale de la monnaie unique. En outre, faire l’Europe de l’austérité risque surtout de faire basculer le continent dans une profonde récession économique.

lundi 12 décembre 2011

Le grand bluff du « acheter français »


C’est le grand coup de bluff idéologique des derniers jours. François Bayrou et François Hollande ont pris position en faveur d’un patriotisme économique destiné à pousser l’achat de produits français. Mais il est difficile de ne pas y voir une simple gesticulation électoraliste.

Du protectionnisme mou

D’un côté, on peut se féliciter que des candidats établis reprennent une partie du vocable et même des idées des tenants de la démondialisation. Ce faisant, ils contribuent à populariser des thèmes importants et pourraient bien faciliter le travail des véritables partisans du protectionnisme tel que Nicolas Dupont-Aignan. Il est très positif que Bayrou parle d’acheter français ou Hollande dise que « la désindustrialisation que nous avons connue n'est pas une fatalité ».

dimanche 11 décembre 2011

Le roman de la fin de l’euro, partie 7 : la nouvelle Europe


Après la qualification surprise de Charles Delacroix face à François Hollande dans la partie 1, le Parti Socialiste contre-attaque dans la partie 2, provoquant une réponse du candidat gaulliste dans la partie 3. La dernière droite voit une intense activité diplomatique dans la partie 4. Le président élu prend alors rapidement les rênes du pouvoir dans la partie 5. S’engage alors la campagne pour les législatives et le référendum sur le retour au franc dans la partie 6.

10 juin 2012 : 59% des Français approuvent le retour au franc lors du référendum. Renforcée par le Pôle Progressiste et Républicain, la majorité présidentielle réalisé le score de 39%, devant l’alliance PS-Verts, 18%, l’UMP, qui tombe à 16%, le Front de Gauche 9%, le Front National 8%, le Modem 5%.

10 juin 2012 22h : à la même heure, les différents dirigeants européens annoncent à l’ensemble de leurs concitoyens que la monnaie unique a vécu et que les monnaies nationales vont être réintroduites. Les marchés financiers sont fermés pour quinze jours, le contrôle des changes est prolongé d’un mois. L’euro est transformé en monnaie commune, une monnaie de compte et de réserves, composée de fractions des monnaies nationales. Les pays européens fixent un objectif de cours compris entre 1 et 1,1 dollar. Un nouveau Système Monétaire Européen est mis en place avec un système de parités fixes et ajustables. Le mark est réévalué de 15% par rapport à l’euro, la lire et la peseta sont dévaluées de 15%, la drachme de 25%. Le nouveau franc s’échangera à parité avec l’euro. Parallèlement, un plan de relance est annoncé ainsi qu’un vaste plan de restructuration des dettes publiques car la plupart des pays qui dévaluent se retrouvent dans une position intenable avec des dettes en euros.

samedi 10 décembre 2011

Un énième sommet aussi inefficace que choquant


Ca y est, le énième sommet européen vient de se terminer. Il y a à peine un mois, après le sommet de fin octobre, je posais la question «  A quand un 6ème plan de sauvetage de l’Europe ? ». Les sommets se suivent et se ressemblent avec leur dramatisation ridicule et leurs solutions qui n’en sont pas.

L'Europe est toujours allemande

Bien sûr, le terme "Merkozy" peut donner l'impression que la France influe sur le cours des choses, tout comme la théâtralisation incessante des rencontres franco-allemandes. Mais comme on pouvait le pointer dès 2008 avec le traité de Lisbonne ou sur l'Union Pour la Méditerranée, notre président cède sur tout ou presque. Il n'y a qu'Alain Duhamel pour accréditer la communication de l'Elysée, et encore, il est obligé de remonter au printemps 2010 pour trouver des décisions sur lesquelles Berlin a cédé (décision d'aider la Grèce début mai 2010 et création du FESF). Dans la réalité des choses, Angela Merkel dicte son agenda et Nicolas Sarkozy cède sur presque tous les tableaux.

vendredi 9 décembre 2011

De l’exploitation politicienne de l’austérité


Après y avoir renoncé piteusement à la rentrée, Nicolas Sarkozy essaie par tous les moyens d’utiliser l’austérité comme une arme politique contre le PS, comme le rapporte Emmanuel Lévy. Une manœuvre qui serait plus crédible si ses initiateurs l’étaient davantage.

La nouvelle story élyséenne

Nicolas Sarkozy a décidé de jouer sa réélection sur sa crédibilité économique. Il serait un président responsable, qui nous protégerait de la crise et dont l’activisme aurait permis d’échapper plusieurs fois à des crises encore plus graves. En face, le Parti Socialiste serait un repère d’irresponsables prêts à ouvrir le robinet à dépenses, entre le retour de la retraite à soixante ans ou l’embauche de soixante mille professeurs supplémentaires. Bref, la responsabilité contre l’irresponsabilité.

jeudi 8 décembre 2011

AAA, ou quand la politique se fait à la corbeille


Il était un temps où le président de la République pouvait dire que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ». Aujourd’hui, comme le démontre cet interminable feuilleton qui va nous mener à la perte de notre AAA, c’est bien la corbeille qui dirige notre pays.

Des agences inhumaines, stupides et auto réalisatrices

Il est franchement désolant de voir un premier ministre qui se dit gaulliste se prosterner devant les agences de notation et promettre de « faire tout pour garder son AAA ». Car ces agences sont inhumaines. Leur jugement a des conséquences bien concrètes pour la vie des peuples. Une baisse de la note d’un pays peut se traduire par des baisses de salaires ou des coupes dans les budgets sociaux dont les conséquences sociales peuvent être dramatiques. Une responsabilité grave.

mercredi 7 décembre 2011

La bulle immobilière française va-t-elle exploser ?


Le baromètre trimestriel de The Economist, rénové à l’occasion, révèle une fois de plus à quel point les prix de l’immobilier en France sont extrêmement élevés. Tout semble indiquer que nous sommes sur le point de voir éclater une nouvelle bulle immobilière, comme dans les années 1990.

Des prix beaucoup trop élevés

L’opinion de l’hebdomadaire britannique n’est pas à prendre à la légère car il avait largement souligné la surévaluation des marchés étasunien, britannique et irlandais dans les années 2000, parlant de bulle bien avant la plupart des économistes et des commentateurs. Leur papier du 26 novembre est à ce titre extrêmement inquiétant pour notre pays. En effet, la France est particulièrement mise en avant parmi les pays dont les marchés sont surévalués.

mardi 6 décembre 2011

Farines animales et semences : l’horreur agricole


Il y a quelque chose de pourri dans la gestion de notre agriculture. Après l’autorisation du Conseil d’Etat à la commercialisation des OGM Monsanto, l’UMP veut interdire aux agriculteurs de ressemer les graines issues de leur culture et la Commission Européenne veut autoriser à nouveau les farines animales.

La privatisation du vivant

Cela m’a été signalé par un commentateur, et le blog économique et social, associé sur Marianne 2, a fait un excellent papier sur le sujet. Aujourd’hui, les espèces végétales créées par les laboratoires sont protégées par un COV, Certificat d’Obtention Végétale. Ce « brevet européen » interdit de ressemer les graines issues de la culture des agriculteurs pour garantir leurs revenus. Mais aujourd’hui, 50% des semences restent issues de la culture, ce que cette loi veut interdire.

lundi 5 décembre 2011

L’Europe reste dans une impasse


La semaine dernière, les marchés ont signé la plus forte hausse hebdomadaire depuis trois ans, avec une progression de 10,8%. Est-ce à dire que la crise de l’euro touche à sa fin ? Non naturellement, l’intervention prévisible des banques centrales ne fait que retarder l’issue de la crise.

L’intervention prévisible des banques centrales

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intervention concertée des banques centrales de la planète a fortement calmé les marchés. L’injection concertée de liquidités a permis de faire baisser les taux longs espagnols de 100 points de base, à 5,68% et a réussi à faire repasser les taux longs italiens sous le cap fatidique des 7%, à 6,68%. L’incendie n’est pas éteint, loin de là, mais il est largement circonscrit du fait de l’intervention des banquiers centraux.

dimanche 4 décembre 2011

Le roman de la fin de l’euro, partie 6 : le président en campagne


Après la qualification surprise de Charles Delacroix face à François Hollande dans la partie 1, le Parti Socialiste contre-attaque dans la partie 2, provoquant une réponse du candidat gaulliste dans la partie 3. La dernière ligne droite voit une intense activité diplomatique dans la partie 4. Le président élu prend alors rapidement les rênes du pouvoir dans la partie 5.

16 mai : passation de pouvoir à l’Elysée. Une heure après est annoncé le nouveau gouvernement, qui comprend plusieurs figures de la gauche républicaine et des personnalités issues de la société civile. Le soir même, le Président donne une interview télévisée où il fixe ses priorités. L’emploi est la première. Il annonce que le référendum sur la sortie de l’euro se tiendra bien le 10 juin, date du premier tour des élections législatives. Enfin, il annonce que le contrôle des changes est prolongé jusqu’au 17 juin, en accord avec nos partenaires européens. La campagne démarre et elle est violente tant le sujet déchaine les passions.

17 mai : dans une tribune publiée dans le Monde, en réponse à l’annonce du président Delacroix, Alain Minc, Jacques Attali, Jacques Delors, Jean-Claude Trichet appellent les Français à « Sauver l’euro pour sauver notre avenir ». Le ton est volontiers dramatique, les auteurs annonçant une « décennie de dépression économique » si nous revenons aux monnaies nationales. Ils en appellent à la responsabilité et dénonce « l’illusion nationale ».

samedi 3 décembre 2011

Le chômage de masse, notre Munich social


Cette semaine, le nombre de chômeurs a atteint un plus haut depuis 1999. Pourtant, le gouvernement n’a que la réduction des déficits en tête. Pas une mesure n’est prise pour lutter contre le cancer de notre société qu’avait si bien dénoncé Philippe Séguin il y a près de vingt ans.

Une nouvelle aussi sinistre que prévisible

Ce sera une nouvelle ligne à porter au passif de Nicolas Sarkozy. Jamais le nombre de chômeurs n’avait été aussi élevé depuis plus de dix ans. Pire, le nombre de 2,8 millions de sans emplois n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, y compris officiellement, nous savons qu’il y a en réalité bien plus de 4 millions de personnes en recherche d’emploi en France, soit environ 15% de la population. Un Français sur six ne peut pas travailler faute d’activité.

vendredi 2 décembre 2011

Toulon, sanctuaire de la présidence de papier de Nicolas Sarkozy


Hier, le président de la République est revenu à Toulon pour y faire un discours fondateur sur la crise, trois ans après un fameux discours prononcé au même endroit. Et si cette mise en scène, loin de le servir, démontrait justement toutes ses carences et incohérences ?

Toulon 2008, trois ans après

En effet, comment ne pas revenir sur ce fameux discours fondateur pour comparer ce qui avait été dit et ce qui a été fait. En outre, la France vient de présider le G20, donnant une occasion unique à Nicolas Sarkozy de faire avancer la réforme de l’économie. Mais comme très souvent avec lui, les mots sont essentiellement restés des mots. La moralisation du capitalisme ? Quelques mesurettes totalement superficielles sur les bonus. La fin des parasites fiscaux ? Rien n’a changé en réalité.

jeudi 1 décembre 2011

Un autre regard sur la crise japonaise


C’est une des raisons pour lesquelles on peut aimer lire The Economist, malgré leur biais libéral. L’hebdomadaire britannique n’hésite jamais à aller contre les idées reçues en cherchant à analyser les informations avec un regard original qui fait réfléchir, comme ici sur le Japon.

Relativiser la crise du Japon

Pourtant, The Economist a souvent été très critique devant ce qu’il juge le conservatisme des autorités japonaises face à la crise qui secoue le pays depuis vingt ans. Bien sûr, le PIB Japonais n’a cru que de 0.8% par an de 2001 à 2010, contre 1.6% aux Etats-Unis et 1% dans la zone euro. Cependant, l’examen de la croissance du PIB / habitant inverse cette hiérarchie puisque le Japon passe en première position avec une croissance de plus 0.7% par an.