Après
sa prestation de vendredi soir aux côtés de Jacques Sapir et Emmanuel Todd,
voici la seconde partie de mon compte-rendu du très bon livre de Coralie
Delaume « Europe : les états
désunis », qui étudie les mécanismes qui ont mené l’UE à devenir un
Frankenstein politique et social.
La grande
divergence européenne
Comme elle
le note, à l’origine, le projet européen devait faire converger ses membres
vers le haut. Mais elle constate que « de
grandes divergences se font jour désormais entre ceux qui obtenpèrent parce
qu’ils croient n’avoir pas le choix, et ceux qui s’accomodent de la situation
parce qu’ils considèrent qu’elle leur est utile, ou, du moins, qu’elle le fut
longtemps ». La divergence se lit aussi dans l’évolution du chômage ou
de la dette depuis 2007. Les pays du sud de l’eurozone sont les « damnés de l’intégration européenne »
car les « plans d’aide »
sont des exercices de « répression
économique » qui
ont mené à une « tiermondialisation
de la Grèce ». En même temps, elle note le paradoxe qu’il y a eu à
prêter de l’argent à l’Irlande tout en lui laissant conserver son statut de
parasite fiscal.
L’auteur note
également que même la paix continentale se fissure. Une partie de l’Europe
dénonce la fainéantise supposée des pays du Sud. Ce constat indigent a mené à
des solutions indigentes, ces
plans d’appauvrissement, d’humiliation et de ressentiment. Et tandis que le
Bild propose à la Grèce de vendre ses
îles, les manifestants défilent en grimant Angela Merkel en Hitler... Dans ce
contexte, quand
l’UE obtient le prix Nobel de la paix, « on hésite, décidemment, entre l’incrédulité muette et le rire
jaune ». Il faut de l’« aveuglement »
ou de la « démence » pour croire
qu’une « Europe saine puisse se
construire ainsi ». En outre, l’auteur constate justement que l’UE
a choisi d’aider les banques (les créanciers étant les véritables bénéficiaires
des plans) contre les peuples, mis à l’eau et au pain sec.
L’Allemagne,
hégémon réticent