Affichage des articles dont le libellé est Jean Quatremer. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jean Quatremer. Afficher tous les articles

dimanche 23 mars 2014

Pour Coralie Delaume, l’UE détruit l’Europe


Après sa prestation de vendredi soir aux côtés de Jacques Sapir et Emmanuel Todd, voici la seconde partie de mon compte-rendu du très bon livre de Coralie Delaume « Europe : les états désunis », qui étudie les mécanismes qui ont mené l’UE à devenir un Frankenstein politique et social.



La grande divergence européenne

Comme elle le note, à l’origine, le projet européen devait faire converger ses membres vers le haut. Mais elle constate que « de grandes divergences se font jour désormais entre ceux qui obtenpèrent parce qu’ils croient n’avoir pas le choix, et ceux qui s’accomodent de la situation parce qu’ils considèrent qu’elle leur est utile, ou, du moins, qu’elle le fut longtemps ». La divergence se lit aussi dans l’évolution du chômage ou de la dette depuis 2007. Les pays du sud de l’eurozone sont les « damnés de l’intégration européenne » car les « plans d’aide » sont des exercices de « répression économique » qui ont mené à une « tiermondialisation de la Grèce ». En même temps, elle note le paradoxe qu’il y a eu à prêter de l’argent à l’Irlande tout en lui laissant conserver son statut de parasite fiscal.

L’auteur note également que même la paix continentale se fissure. Une partie de l’Europe dénonce la fainéantise supposée des pays du Sud. Ce constat indigent a mené à des solutions indigentes, ces plans d’appauvrissement, d’humiliation et de ressentiment. Et tandis que le Bild propose à la Grèce de vendre ses îles, les manifestants défilent en grimant Angela Merkel en Hitler... Dans ce contexte, quand l’UE obtient le prix Nobel de la paix, « on hésite, décidemment, entre l’incrédulité muette et le rire jaune ». Il faut de l’« aveuglement » ou de la « démence » pour croire qu’une « Europe saine puisse se construire ainsi ». En outre, l’auteur constate justement que l’UE a choisi d’aider les banques (les créanciers étant les véritables bénéficiaires des plans) contre les peuples, mis à l’eau et au pain sec.

L’Allemagne, hégémon réticent

mardi 11 février 2014

Les Suisses reprennent le contrôle de leurs frontières





Finalement, 50,3% des Suisses ont soutenu l’initiative lancée par l’UDC visant à restreindre l’immigration dans leur pays. Une décision démocratique qu’il convient de respecter et qui révèle également la nature autoritaire de certaines institutions ou éditorialistes qui la critiquent.



Un simple contrôle des mouvements de personne

Tout d’abord, il faut relativiser le choix des Suisses. Premièrement, 50,3% de la population s’est prononcée en faveur de ce texte. Il s’agit donc d’un simple choix démocratique qui devrait être pris pour tel. Ensuite, on peut rappeler qu’il s’agit de revenir à la situation de 1999, avant les accords avec l’UE. Que l’on sache, la Suisse n’était pas une horrible dictature xénophobe à cette époque. Enfin, il faut lire le texte de la proposition de loi, qui n’a absolument rien de xénophobe. Il propose seulement de fixer des quotas pour le nombre d’immigrés acceptés chaque année (incluant le droit d’asile) et affirme la primauté du droit suisse sur tout traité international sur la question de la circulation des personnes.

Bref, même si la campagne a sans doute été l’occasion de dérapages, il s’agit simplement pour les Suisses de reprendre le contrôle de qui rentre chez eux, chose somme toute logique pour un petit pays riche de huit millions d’habitants au milieu d’un ensemble d’un demi-milliard de personnes. Il n’est pas choquant que la population ait voulu mettre un frein à une immigration nette de 80 000 personnes par an comme le rapporte le Monde, soit 5 à 10 fois plus qu’en France, proportionnellement. C’est un peu comme si les Suisses voulaient pouvoir à nouveau pleinement décider qui peut rentrer dans leur maison ou non, ce dont les textes européens les privent en partie, comme cela est le cas dans toute l’UE.

Une critique très révélatrice

vendredi 7 février 2014

L'Europe est-elle plus "à gauche" que ses états membres ?


Billet invité de Coralie Delaume, publié sur l’Arène Nue, qu’elle vient de relancer, avant la parution de son livre


A l’approche des élections européennes de mai 2014 et de la « déferlante eurosceptique » qu’on nous promet, il semble que l’Europe et ses institutions, soient devenue diablement prudentes. Pour un peu, elle passerait pour moins libérale voire pour plus « à gauche » que les différents États membres.

Pas très difficile me direz-vous, puisque nombre desdits États sont gouvernés par des conservateurs. Certainement vous répondrais-je, un peu vexée. Mais ils ne le sont pas tous. En tout cas pas la France, qui est dirigée par des socialistes paraît-il, même s’il faut le dire vite.
Quelques éléments témoignent de la prudence de sioux dont font actuellement preuve nos technocrates préférés. C’est qu’ils ont l’instinct de survie, les bougres. Ils le savent pertinemment : plus d’Europe supranationale, plus de technocrates. Il faut leur faut donc éviter que le bazar ne s’autodétruise complètement. Or pour l’éviter, il faut agir. Il faut « faire des trucs  ». Illustration.
La politique monétaire et la gestion de la crise de l’euro1

lundi 20 janvier 2014

Grèce : entre présidence de l’UE et sortie de l’euro


Cette année sera une année particulière à Athènes. D’une manière assez paradoxale, le pays occupe la présidence de l’Union Européenne. Certes, il a atteint ses objectifs financiers, mais il pourrait bien avoir besoin d’un nouveau plan et surtout, la perspective d’un conflit politique a fortement augmenté.



Un contexte économique compliqué

Jean Quatremer peut bien se réjouir de l’évolution de la situation en Europe (fermant les yeux sur la situation sociale dramatique des pays « aidés » ou sur le fait que le montant des créances douteuses en Espagne ne cesse de progresser, à 13,1%), la situation est moins stable que les euro béats ne veulent bien l’admettre, malgré le calme des marchés. Car le fait que la Grèce ait maintenant un excédent primaire de son budget (avant paiement des intérêts) veut aussi dire qu’une sortie de l’euro devient encore plus facile pour le pays, qui n’aurait pas besoin de plan d’austérité en cas de défaut sur sa dette.

Du coup, cela rend aussi le bras de fer entre les autorités grecques et la troïka plus équilibré, pour qui voudrait vraiment créer un rapport de force. Or, il y aura sans doute besoin d’une nouvelle aide pour le pays, comme même le ministre allemand des finances l’a reconnu. En effet, les banques grecques ont déjà bénéficié 40 milliards sur les 50 dont dispose le fond de soutien du pays. Mais le montant colossal des créances douteuses (24% fin 2012 !) pourrait nécessiter de nouveaux fonds et il n’est pas évident que le Fonds Héllénique de Stabilité Financière soit suffisant…

Vers une crise politique ?

mercredi 26 juin 2013

Les critiques légitimes mais incohérentes du PS contre Barroso



C’est déjà le 3ème épisode de cette mauvaise comédie où l’équipe aux affaires en France et la Commission Européenne échangent des amabilités. Une critique qui n’est pas injuste, mais qui pose problème dans la mesure où c’est bien le PS (entre autres) qui lui a donné ses pouvoirs, comme j'en ai débattu hier sur France 24 : partie 1 et partie 2.



Une tragi-comédie en trois actes

Sur le fond, François Hollande et son gouvernement n’ont pas tort quand ils critiquent les prises de parole de la Commission Européenne, qui s’était illustrée sur les propos de Nicolas Sarkozy sur les roms. Le premier épisode, fin mai, a eu lieu quand les eurocrates avaient publié un rapport qui donnait une feuille de route détaillée pour le gouvernement français, s’attirant la colère de François Hollande qui avait alors déclaré que « la Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire », étant donné son bilan désastreux dans la zone euro, comme le reconnaît même le peu progressiste FMI.

Puis, nous avons eu droit à la déclaration totalement hallucinante de José Manuel Barroso dénonçant le caractère réactionnaire de la position française consistant à défendre notre exception culturelle. François Hollande a décidé de pratiquer la politique de l’autruche devant cette provocation inexcusable de la part de celui qui doit négocier en notre nom de le très dangereux traité transatlantique de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, au sujet duquel Jean Quatremer a souligné le danger « d’abandonner le modèle européen au profit du modèle du tout marché ».

Cette fois-ci, c’est Arnaud Montebourg qui a déclenché les hostilités en faisant de Barroso « le carburant du Front National » et de la « façon dont l’UE exerce une pression considérable sur les gouvernements (…) la principale cause de la montée du Front National ». Le président de la Commission Européenne a répliqué en disant que « quand il s’agit de réformes économiques, d’ouverture, de mondialisation, de l’Europe et de ses institutions, certains souverainistes de gauche ont exactement le même discours que l’extrême-droite », s’attirant à nouveau des critiques de la gauche comme de la droite.

Incohérence à Paris, tyrannie à Bruxelles

vendredi 24 mai 2013

Les dangers du traité transatlantique UE-USA


Jeudi, le parlement européen a voté les amendements sur le projet déposé par la Commission Européenne pour négocier un accord de libre-échange transatlantique. Un accord qui révèle tout ce qui ne va pas dans cette Union Européenne, dogmatiquement néolibérale et sous influence étasunienne.



La course au moins-disant

Il faut remercier l’Humanité pour avoir publié le texte du projet de mandat de négociation de la Commission Européenne et sensibiliser l’opinion à cet accord dont on ne parle pas suffisamment, ainsi que Magali Pernin, qui a publié sa traduction en français. Vous pouvez également trouver de nombreuses informations sur la genèse et l’avancée de ce traité sur le site La théorie du tout, de Liior Chamla. Même l’ultra-fédéraliste Jean Quatremer s’est inquiété sur son blog de l’avancée de ce texte, qui donne du grain à moudre à ceux qui dénoncent « l’Europe pro-étasunienne et ultralibérale ».

Et il faut dire que c’est bien le cas. Comme d’habitude, la Commission annonce des bénéfices colossaux pour l’Europe : 119 milliards de dollars de PIB additionnel, sans que l’on comprenne bien comment, d’autant plus que les précédents traités ne semblent pas vraiment avoir soutenu notre croissance. Mais en plus, ce genre de pronostic est totalement ridicule sachant que l’euro est au moins surévalué de 15% par rapport au dollar. A quoi bon réduire des droits de douane, qui tournent entre 3 et 4%, si c’est pour être pénalisé de quatre fois plus du fait de la sous-évaluation chronique du billet vert ?

Ensuite, se pose aussi la question des normes. Cet accord représente aussi pour les Etats-Unis le moyen d’imposer à l’Europe de démanteler ses barrières contre les bovins aux hormones ou les poulets aux antibiotiques, après avoir déjà réussi à nous imposer les volailles lavées à l’acide. Mais pourquoi libéraliser le commerce si c’est pour faire reculer les normes sanitaires de notre continent ? On comprend l’intérêt mercantile des Etats-Unis, mais on ne voit pas bien l’intérêt pour les peuples européens, qui vont à la fois perdre des emplois et des ventes, mais aussi sur notre sécurité !

L’Europe étasunienne

mercredi 17 octobre 2012

Belgique, Catalogne, Ecosse : séparatisme et Europe – Réponse à Jean Quatremer



Lundi soir, j’étais invité par France 24 pour parler de la tentation séparatiste (partie 1 et partie 2) suite à la victoire du parti séparatiste flamand à Anvers, et l’annonce d’un référendum en Espagne et en Ecosse. L’occasion de revenir sur le débat qui m’a opposé à Jean Quatremer.

Une triple crise séparatiste

En quelques semaines, la cause séparatiste a avancé dans trois régions. David Cameron vient d’accorder à l’Ecosse le droit de faire un référendum sur son indépendance en 2014. En Belgique, la Nouvelle Alliance Flamande (N-VA) a remporté un succès historique à Anvers, que les socialistes tenaient depuis 90 ans, avec 38% des suffrages. Son leader et nouveau maire, Bart de Wever, a appelé à davantage de fédéralisme et à plus de transferts de pouvoir vers la Flandres.

En Espagne, un conflit majeur oppose la communauté autonome de Catalogne avec l’Etat central depuis que la première se retrouve contrainte à demander de l’aide à Madrid, du fait de la crise économique. Son président, Artur Mas, veut organiser un référendum sur l’indépendance, ce que le gouvernement refuse. Des élections régionales anticipées auront lieu en novembre à Barcelone. Et le Pays Basque va voter dès le 21 octobre, permettant aux indépendantistes de s’y compter.

Cette poussée séparatiste s’exprime logiquement en pleine crise économique européenne. En effet, toutes les régions concernées sont plus riches que la moyenne de leur pays, et, à ce titre contribuent largement à la solidarité nationale. Mais si cette contribution est relativement indolore en période de croissance, elle devient beaucoup moins acceptable quand les budgets régionaux doivent être coupés, ce qui pousse les citoyens à remettre en cause les transferts nationaux.

Europe et séparatisme : je t’aime, moi non plus

mercredi 19 octobre 2011

La défense impossible de l’euro

Les partisans de la monnaie respirent un peu avec la remontée de la bourse. La crise pourrait bien faire une pause, qu’ils essaient de mettre à profit pour faire avancer leur agenda fédéraliste. Mais leur défense ne résiste pas longtemps à l’analyse.

Jean-Claude Trichet face à ses contradictions

La personne qui fait les titres du Monde est-elle facétieuse, ou ne se rend-elle pas compte qu’elle démonte tout l’argumentaire du patron de la BCE en titrant « l’euro pas menacé par la crise, mais il faut changer les traités » ? La deuxième partie du titre contredit immédiatement la première. En effet, si l’euro n’était pas menacé par la crise, il n’y aurait pas besoin de modifier les traités européens… Bref, tels les dirigeants de l’URSS, Jean-Claude Trichet continue à nier la réalité.