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dimanche 8 mars 2015

Le désastre libyen, quatre ans après

Il y a quatre ans, après beaucoup d’hésitations, et sans enthousiasme (au point que certains pensaient que je m’y opposais), j’avais soutenu l’intervention en Libye. Quatre ans après, la situation désastreuse du pays démontre que c’était une grave erreur, même si certaines motivations étaient nobles.



Le chaos libyen


Mais les années ont passé, et comme le rapporte encore une fois The Economist dans un dossier accablant, la situation du pays est absolument calamiteuse. La Libye n’est plus un pays uni, il a fait place, comme en Irak auparavant, à une guerre tribale entre factions, qui font régner un climat de terreur entre elles. Alors que 60% de la population avait voté lors des élections de 2012, seulement 18% se sont déplacés deux ans plus tard. L’alliance, dont font partie les islamistes, a pris le contrôle de l’Est du pays, faisant fuir le parlement à 1300 kilomètres, à Tobrouk. Aujourd’hui, le pays est coupé en deux entre l’Est qui avait porté la révolution de 2011 et l’Ouest, un retour à la situation des années 1960

Des paradoxes de l’ingérence

lundi 11 août 2014

L’intervention militaire en Irak est une nouvelle faute des Etats-Unis


Devant la guerre civile qui déchire de manière horrible l’Irak, les Etats-Unis ont déclenché des frappes militaires contre les forces islamistes. Même s’il est impossible de ne pas être sensible au sort des irakiens persécutés pour leur foi ou leur choix politique, une telle intevention est une nouvelle faute.



Une troisième faute

Bien évidemment, les partisans d’une intervention ne manqueront d’ironiser sur ces souverainistes qui se réclament du Général de Gaulle et seraient si frileux. Mais je ne suis pas un pacifiste irréductible. Je pense qu’en 1938 ou en 1939, devant les avancées de l’Allemagne nazie, il aurait fallu respecter nos engagements et prendre les armes, ce qui aurait sans doute éviter la piteuse défaite de 1940. Mais pour la troisième fois en Irak, les Etats-Unis interviennent militairement et il s’agit à nouveau d’une grave faute. Bien sûr, il faut apporter du soutien aux réfugiés qui sont en Turquie et l’action de la France dans ce domaine est positive, mais c’est une erreur de soutenir les interventions des Etats-Unis.

En effet, il me semble que Washington intervient en dehors de tout cadre international, en fonction de son bon vouloir. Les Etats-Unis continuent à agir comme s’ils étaient les maîtres du monde, qui n’auraient pas à se soumettre aux règles internationales qu’ils imposent pourtant aux autres pays. Comme on le voit en Irak, ceci est complètement contre-productif. La situation dans ce pays que les Etats-Unis ont envahi en 1991 et en 2003 (sans la moindre raison valable la deuxième fois) est sans doute en partie la conséquence directe de ces agressions. Quelle meilleure publicité pour les islamistes que ces frappes qui les permettent ensuite de présenter les autorités du pays comme les poupées de Washington !

La chienlit au carré

mardi 29 juillet 2014

Ce chaos libyen qui disqualifie le droit d’ingérence

Il y a trois ans, avec le soutien de la grande majorité de l’opinion publique, plusieurs pays étaient intervenus dans la guerre civile libyenne. Les récents évènements démontrent plus que jamais que l’ingérence, fût-elle drapée d’humanisme, est sans doute une erreur.

 
Purgatoire en enfer

Qu’il est loin le temps où Nicolas Sarkozy pouvait s’afficher fièrement comme le sauveur du peuple libyen. Cela fait trois ans que le pays ne parvient pas à se stabiliser. Comme le rapporte le Monde : « la violence en Libye, qui dure depuis des mois, a pris une nouvelle dimension. Plus de cent morts en deux semaines d’affrontement, des combats qui s’intensifient près de Tripoli et à Benghazi, une menace de voir exploser un gigantesque dépôt de carburant aux portes de la capitale, sur fond de coupures d’eau, d’électricité et d’internet, alors que se confirme l’absence d’autorité centrale et que les étrangers quittent le pays aussi vite qu’ils le peuvent ».

L’intervention de 2011, qui a permis la chute de Kadhafi, n’a laissé qu’un immense chaos, un pays sans Etat, où les bandes tribales s’affrontent pour le contrôle du territoire, faisant d’innombrables victimes. Le plus effarant est que la situation continue à se dégrader trois ans après, dans une descente aux enfers représentée aujourd’hui par le sort incertain de la capitale, mais aussi de la ville phare de la révolution d’il y a trois ans, Benghazi. Les évènements de 2011 ont précipité le pays dans une guerre civile tribale dont on se demande bien quelle pourrait être l’issue aujourd’hui et qui impose de se demander si la situation n’était pas finalement moins mauvaise avant 2011, même si l’on reconnaît tous les aspects révoltants du régime de Kadhafi.

La fin de l’ingérence ?

mercredi 18 septembre 2013

Jacques Sapir, économiste souverainiste


Jacques Sapir n’est pas un économiste comme les autres. Passionné de géopolitique, ses écrits offrent également une lecture politique passionnante qui éclaire particulièrement bien les enjeux d’aujourd’hui et le « retour des nations » qu’il annonce.




L’illusion du droit d’ingérence


Dans la novlangue bien pensante, le « droit d’ingérence » est un morceau de choix. Il faut dire que le vocabulaire a été bien choisi pour éviter toute contestation. Mais ce n’est pas ce qui arrête un Jacques Sapir qui n’a que faire des convenances et attaque bille en tête. Il souligne que « l’ingérence humanitaire ne peut être que le fait du fort sur le faible, alors qu’un principe de droit doit par essence pouvoir être appliqué tout autant au fort qu’au faible » devenant au passage un « colonialisme humanitaire ».


Il souligne que cela « introduit une division immédiate au sein des nations entre celles dont les moyens de défense les protègent de toute tentative d’ingérence et celles dont les moyens de défense sont suffisamment faibles pour qu’elles puissent devenir, le cas échéant, des cibles dans une guerre humanitaire ».  Pire, pour lui, cela incite à « monter en puissance dans ses moyens de défense, l’échelon ultime (…) étant la possession d’armes de destruction massive »…


Au contraire, c’est « en rétablissant le principe de la souveraineté dans toute sa force (…) que l’on pourra réellement s’opposer au processus de prolifération des armes nucléaires ». Il souligne que cette violation de la souveraineté suspend « les conditions rendant possibles la production et la légitimation des institutions, la possibilité d’un enracinement légitime des institutions importées devient extrêmement problématique. L’ingérence devra donc soit être renouvelée, soit être étendue dans le temps ».


L’auteur souligne que l’intervention occidentale au Kosovo a plutôt empiré les choses dans un exposé très documenté et critique. Il affirme que « derrière le discours humanitariste (…), on retrouve la cruelle vérité de l’adage bismarckien : la force prime le droit »… Avec Guantanamo et le Patriot Act, il souligne que pour les Etats-Unis « la défense des libertés démocratiques n’a sa place que si elle peut affaiblir un adversaire. Elle cesse d’être un principe d’action si tel n’est pas le cas ».


Le siècle du retour des nations ?


dimanche 25 septembre 2011

Jacques Sapir, économiste souverainiste


Jacques Sapir n’est pas un économiste comme les autres. Passionné de géopolitique, ses écrits offrent également une lecture politique passionnante qui éclaire particulièrement bien les enjeux d’aujourd’hui et le « retour des nations » qu’il annonce.


L’illusion du droit d’ingérence


Dans la novlangue bien pensante, le « droit d’ingérence » est un morceau de choix. Il faut dire que le vocabulaire a été bien choisi pour éviter toute contestation. Mais ce n’est pas ce qui arrête un Jacques Sapir qui n’a que faire des convenances et attaque bille en tête. Il souligne que « l’ingérence humanitaire ne peut être que le fait du fort sur le faible, alors qu’un principe de droit doit par essence pouvoir être appliqué tout autant au fort qu’au faible » devenant au passage un « colonialisme humanitaire ».